Y aura-t-il bientôt trop de médecins en France ?

Jim 24 Octobre 2024 https://www.jim.fr/viewarticle/y-aura-t-il-bientôt-trop-médecins-france%E2%80%89-2024a1000jhl?ecd=wnl_all_241027_jim_top-jim_

Paris – A l’occasion d’une réunion à l’Académie de médecine la semaine dernière, plusieurs doyens se sont inquiétés d’une possible « pléthore médicale » d’ici une dizaine d’années.

Aura-t-on un jour trop de médecins en France ? La question peut sembler saugrenue aujourd’hui, mais elle a pourtant bel et bien été soulevée par les doyens de plusieurs facultés de médecine à l’occasion d’un colloque organisé à l’Académie de médecine de Paris. 

Une situation de « pléthore médicale »

« Compte tenu du nombre de jeunes qu’on forme en médecine [environ 10 500 par an à l’heure actuelle], je pense qu’on n’est pas à l’abri de se retrouver un jour dans une situation de pléthore médicale », a averti Patrice Diot, doyen honoraire de la faculté de médecine de Tours. « On fait du yo-yo en permanence », regrette-t-il. En effet, comme nos lecteurs le savent, ces dernières années, les gouvernements successifs ont mis l’accent sur la formation de nouveaux médecins dans le but de résoudre le problème des déserts médicaux.

Une politique qui suit celle, contraire, du numerus clausus, dont on rappelle qu’elle avait été lancée en 1971 avant de connaitre un pic en 1993. Année pendant laquelle la France n’avait accueilli que… 3500 étudiants en deuxième année de médecine ! null

Après un relâchement du numerus clausus à la fin des années 1990, les ministres, respectivement de la Santé et de l’Enseignement supérieur, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, avaient finalement décidé de le supprimer en 2020. Il a depuis été remplacé par un numerus apertus, avec un minimum de places allouées.

16 000 carabins formés chaque année

En plus de la fin du numerus clausus, les gouvernements d’Emmanuel Macron ont aussi demandé aux universités d’accélérer la formation de nouveaux étudiants. En avril dernier, le Premier ministre Gabriel Attal avait ainsi fixé un objectif de 16 000 carabins formés chaque année.

Sauf que ce nouveau contingent d’étudiants en médecine, plus que conséquent, commencerait à exercer aux alentours de l’année 2035, à un moment où, selon les doyens des facultés, les départs en retraite diminueront problablement. « Le chiffre de 16 000 n’est pas documenté de façon scientifique », soutient Benoit Veber, président de la conférence des doyens, à l’origine du colloque.

Surtout, il n’est pas dit que la « pléthore médicale » que connaitra (semble-t-il) la France d’ici une dizaine d’années permettra vraiment de résoudre le problème des déserts médicaux. « Il y a bien un moment où il va falloir un peu contraindre, comme les pharmaciens l’ont fait [et] favoriser les installations dans les zones sous-denses », a affirmé le Pr Thierry Moulin, de l’Université de Besançon. Il propose d’ailleurs de réformer le classement national du concours de l’internat, qui oblige de nombreux étudiants à quitter leur région d’origine. 

D’autres intervenants, comme Benoît Veber et Patrice Diot, ont, quant à eux, de nouveau défendu leur idée du « service médical national », c’est-à-dire une sorte de contrat d’un an proposé aux jeunes praticiens afin qu’ils s’installent dans les zones sous-denses. 

Déléguer davantage

Enfin, plusieurs intervenants ont soutenu l’idée que les médecins devraient davantage déléguer. «Il faut qu’on casse […] ce patriarcat du monde médical sur des exécutants », soutient Thierry Moulin. « Le temps médical, il faut le réserver pour les choses complexes. Ce qui est moins complexe, on délègue et on contrôle ».  

https://945ff2db3790be7584f391ba53b7515c.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-40/html/container.html

De fait, la question des délégations de tâches et du partage de compétences, par exemple avec les infirmières de pratique avancée ou encore les pharmaciens, fait polémique au sein du corps médical. Pourtant, ces délégations pourraient faire gagner un temps précieux à des médecins déjà surchargés de travail… « Une infirmière de pratique avancée, c’est cinq ans d’études, l’équivalent d’une formation d’ingénieur. On peut apprendre un certain nombre de choses dans ce temps-là », ajoute Benoît Veber, qui soutient lui aussi cette proposition. 

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire