Dissolution : les syndicats infirmiers inquiets pour l’avenir
Raphaël Lichten| 17 Juin 2024 https://www.jim.fr/viewarticle/dissolution-syndicats-infirmiers-inquiets-lavenir-2024a1000b7x?ecd=wnl_all_240617_jim_daily-pharma_etid6601763&uac=368069PV&impID=6601763&sso=true
Paris, le lundi 17 juin 2024 – Une « douche froide » : c’est ainsi que les syndicats et de très nombreux infirmiers et infirmières ont accueilli la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. En cause : l’avenir plus qu’incertain de très nombreux textes réclamés de longue date par la profession, et dont certains étaient en passe d’être publiés.
« La dissolution de l’Assemblée nationale est un choc, car nous avions une actualité politique importante, avec des décrets et des arrêtés qui étaient prêts et devaient être prochainement publiés », a déclaré Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre national des infirmiers (ONI) à nos confrères d’Infirmiers.com.
Les décrets d’application de la loi Rist en question
On pense évidemment aux décrets d’application de la loi Rist, votée en 2023, relatifs à la primoprescription et à l’accès direct pour les infirmiers en pratique avancée (IPA). Les décrets portant sur la prise en charge des plaies et de la cicatrisation et celui encadrant le statut d’infirmier référent étaient également fortement attendus par les infirmiers et les infirmières.
En l’état, la dissolution n’empêche pas véritablement le gouvernement de publier ces textes, mais elle perturbe forcément le fonctionnement de l’exécutif… « Nous avons pris contact avec le cabinet [du ministère de la Santé] pour que ces trois textes soient publiés avant le 30 juin », soit avant le 1er tour des élections législatives, explique la présidente de l’Ordre. « Ce sont des mesures qui ont un impact direct en termes de santé publique », soutient-elle.
Même son de cloche du côté des syndicats. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) et l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (UNIPA) s’inquiètent toutes les deux d’un éventuel report de la publication de ces textes, et appellent donc le gouvernement à les faire paraître au Journal officiel dans les plus brefs délais — de préférence avant les élections, évidemment.
Quel avenir pour le CNR de la santé mentale et la loi de refonte du métier d’infirmier ?
Deuxième grande inquiétude : la réingénierie du métier d’infirmier. Combat de longue date de nombreux infirmiers et infirmières et de leurs syndicats, un projet de loi devait finalement être présenté à l’Assemblée nationale cette semaine, après une longue concertation avec les principaux intéressés.
Le texte était censé prévoir une montée en compétence plus facile, le tout en partenariat étroit avec les médecins. La définition de missions plus adaptées aux pratiques actuelles devait aussi être incluse dans le projet de loi. « Nous allons adresser une lettre ouverte aux partis politiques pour leur rappeler la nécessité de rénover la profession infirmière et insister sur le fait qu’elle est en attente de ces changements, que c’est fondamental pour elle », relate Sylvaine Mazière-Tauran, qui espère donc que ces propositions seront reprises par la nouvelle Assemblée nationale.
Enfin, et la nouvelle est forcément dure à avaler pour tous les praticiens, mais le Conseil national de refondation sur la santé mentale a lui aussi été annulé. Il devait se tenir lundi dernier, mais le ministère de la Santé a expliqué que « pour un sujet aussi important que la santé mentale des Français, le ministère ne souhaite pas maintenir un CNR qui ne pourra pas se dérouler dans de bonnes conditions ».
Pour rappel, le CNR devait inclure des ateliers et des contributions écrites pour faire remonter et valoriser les «initiatives issues des territoires et de la société civile» sur le sujet de la santé mentale, dans un contexte de crise de la psychiatrie et de hausse des troubles psychiatriques. Le ministère de la Santé a tout de même précisé que le CNR sera «reprogrammé» à une date ultérieure… sans plus de précisions.