« AVC : les nouveaux traitements et la recherche contre les récidives »
Date de publication : 30 octobre 2023

A l’occasion de la Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux (AVC), Nathalie Brafman rappelle dans Le Monde que « chaque année, on dénombre 140.000 AVC en France, dont 40.000 conduisant au décès et 30.000 laissant la personne lourdement handicapée ».
Philippa Lavallée, neurologue, cheffe du centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale de l’hôpital Bichat, souligne ainsi que « cela touche toutes les tranches d’âge et augmente de façon linéaire ».
Nathalie Brafman explique que « pour ne pas perdre une minute, le Groupe hospitalier universitaire Paris (GHU Paris, hôpital Sainte-Anne), le SAMU de Paris et la brigade de sapeurs-pompiers de Paris testent la première unité neurovasculaire mobile française, avec à l’intérieur un scanner et un laboratoire biologique ».
« A son bord, un médecin urgentiste ou un neurologue, un manipulateur d’électroradiologie et un ambulancier. Le scanner permet de déterminer si le patient fait un AVC ischémique et de commencer une thrombolyse dans l’ambulance », précise la journaliste.
Le Pr Guillaume Turc, neurologue au GHU Paris et coordinateur de l’étude, indique ainsi : « L’étude, baptisée “Asphalt”, a été lancée le 16 octobre, et nous prévoyons d’inclure 450 patients en 3 ans ».
Nathalie Brafman évoque la thrombolyse intraveineuse, « consistant à injecter un médicament qui dissout le caillot. […] Mais ce traitement n’est efficace que dans les 4 heures et 30 minutes qui suivent le début des symptômes et n’est pas sans risque d’hémorragie. […]
Au-delà de 4 heures et 30 minutes, c’est la thrombectomie. Cela consiste à introduire un cathéter dans une artère, à le faire progresser jusqu’à l’artère cérébrale bouchée puis à déployer un stent-retriever, une sorte de filet qui accroche le caillot pour le retirer ».
La journaliste note que « l’autre type d’AVC (20% des cas) prend la forme d’une hémorragie cérébrale provoquée le plus souvent (65%) par une rupture d’anévrisme. Longtemps, le traitement a consisté à ouvrir le crâne et à poser un clip au niveau du collet de l’anévrisme sur l’artère ».
Aymeric Rouchaud, neuroradiologue au CHU de Limoges, précise qu’« aujourd’hui, grâce à la chirurgie endovasculaire, qui est utilisée dans 95% des cas d’anévrisme, qu’il soit rompu ou pas, nous pouvons naviguer dans les artères cérébrales avec un microcathéter jusqu’à l’anévrisme, dont l’intérieur sera rempli de fils de platine. On remonte jusqu’au sac anévrismal et on le remplit avec ces fils. Dans un anévrisme qui fait 7-8 mm on peut être amené à mettre deux mètres de fil de platine qui vont s’enchevêtrer comme une pelote pour l’occlure ».
Nathalie Brafman note en outre que « depuis des années, un triptyque constitué d’un antiplaquettaire (aspirine ou clopidogrel, molécule du Plavix) ou d’un anticoagulant pour fluidifier le sang, d’une statine (le traitement de référence pour soigner l’excès de cholestérol) et d’un traitement contre l’hypertension permet de réduire les facteurs de risque et diminue la récidive ».
Philippa Lavallée indique qu’« il y a d’autres médicaments antithrombotiques [anticaillot] actuellement testés dans des essais thérapeutiques pour diminuer le risque de récidive d’AVC, notamment un en France qui teste le ticagrélor, une molécule qui ressemble au clopidogrel mais qui a l’avantage, contrairement à ce dernier, d’être efficace chez tout le monde et déjà utilisé en prévention de l’infarctus du myocarde ».
La journaliste relève qu’« un autre facteur de risque vasculaire est actuellement ciblé : le risque inflammatoire. […] Les chercheurs se sont tournés vers un vieux médicament, la colchicine. Ce très puissant anti-inflammatoire administré depuis longtemps dans le traitement de la goutte a aussi montré son efficacité dans la prévention de récidive de l’infarctus du myocarde. Deux grands essais (Colcot et Lodoco-2) ont en effet montré, comparativement au placebo, qu’après 2 à 3 ans de traitement il y avait de 25% à 30% en moins de récidives d’événement vasculaire majeur, y compris une diminution de l’incidence des AVC chez ces patients ».