« Avec les traitements de niche, les labos pharmaceutiques de plus en plus riches »
Date de publication : 30 octobre 2023

C’est ce que titre Libération, qui « révèle les sommes exorbitantes réclamées par les laboratoires à l’Etat pour rembourser les médicaments traitant les maladies rares. Un constat alarmant, alors que le Parlement débat du projet de loi de financement de la Sécu ».
Rozenn Le Saint évoque ainsi « la part grandissante des traitements de niche dans les sommes versées par l’Etat aux laboratoires pharmaceutiques. Distribués à quelques milliers de patients en France, ces médicaments de pointe, indispensables pour maintenir en vie ou drastiquement améliorer le quotidien, représentent souvent un dernier espoir pour les malades et leurs proches ».
« Un enjeu bien compris par les labos, qui facturent ces médicaments à des prix faramineux, décorrélés de leurs coûts de recherche et développement, comme de fabrication », note la journaliste.
Rozenn Le Saint abotrde « le top 10 des médicaments qui ont le plus coûté à la Sécurité sociale en 2022. L’an passé, l’assurance maladie a dépensé 5,8 milliards d’euros, uniquement pour cette short list. Un montant à mettre en regard avec les 30,4 milliards d’euros versés par l’Etat aux laboratoires pharmaceutiques en 2021 pour l’ensemble des traitements remboursés. […] Ce classement montre clairement la montée en puissance des médicaments de niche comme le Kaftrio [contre la mucoviscidose], en neuvième position ».
La journaliste indique que « deux autres petits nouveaux font leur apparition dans le top 10, soignant à chaque fois des maladies rares (celles qui touchent une personne – ou moins – sur 2000). Le numéro 7 du classement, le Vyndaqel du laboratoire Pfizer, est destiné aux personnes souffrant de problèmes cardiaques notamment liés à l’amylose à transthyrétine ; le huitième, l’Hemlibra de Roche, aux malades atteints d’hémophilie A. L’assurance maladie a spécifiquement pointé du doigt ces trois remèdes, avec le Kaftrio, parmi les «déterminants de la croissance des dépenses» dans ses propositions annuelles pour les maîtriser, publiées en juillet ».
Rozenn Le Saint continue : « Outre les médicaments contre les maladies rares, une autre catégorie de traitements accapare trois places du classement, dont les deux premières : celle des anticancéreux. Point commun : il s’agit à l’origine de soigner des cancers peu répandus ».
Agnès Buzyn, qui « a été à la tête de l’Institut national du cancer puis a présidé la Haute Autorité de santé », note que « les laboratoires sont en position de force pour faire du chantage au prix quand les médicaments sont très attendus. La France ne peut pas priver un patient d’un
traitement pour des questions de tarif ».
La journaliste observe que « pour le premier, le Keytruda de MSD, et le cinquième, l’Opdivo de BMS, les fabricants ont utilisé ce qu’Agnès Buzyn appelle «le coup de la niche» ».
L’hématologue explique : « Les laboratoires développent une technologie sur un cancer bien particulier qui concerne très peu de patients. Ainsi, ils arrivent à négocier un tarif très élevé. Puis ils étendent les indications à des cancers pour lesquels les données d’efficacité sont moins spectaculaires, mais ils ont déjà réussi à cranter le prix. Sauf qu’il ne s’agit plus de payer très cher un médicament de niche. Cela concerne au final des dizaines de milliers de patients ».
Sanofi se sépare de son pôle de santé Grand Public et prépare un plan d’économies
LE 27 OCT. 2023 À 07H52 (TU)
Mis à jour le 27 oct. 2023 à 16h30 (TU)
Https://information.tv5monde.com/science/sanofi-se-separe-de-son-pole-de-sante-grand-public-et-prepare-un-plan-deconomies-2673204?amp
Par AFP Par Anne PADIEU

Sanofi va se séparer de sa division Santé Grand Public pour se concentrer sur de nouveaux relais de croissance dans les médicaments innovants, financés grâce à un plan d’économiesAFP/Archives
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Sanofi va se séparer de sa division Santé Grand Public (Doliprane, Mucosolvan…) en la cotant séparément en Bourse en 2024 pour se concentrer sur de nouveaux relais de croissance dans les médicaments innovants qu’il veut financer grâce à un plan d’économies.
Le géant pharmaceutique français a décidé de faire de la Santé Grand Public « une entité commerciale mondiale autonome au sein du groupe » à travers « la création d’une entité cotée en bourse dont le siège sera en France », a-t-il annoncé à l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels.
« Sous réserve des conditions du marché, la séparation pourrait être réalisée au plus tôt au quatrième trimestre 2024 après consultation des partenaires sociaux », souligne le groupe.
En parallèle, Sanofi vise des économies pouvant aller jusqu’à 2 milliards d’euros entre 2024 et fin 2025 et assure que « la majeure partie sera ré-allouée au financement de l’innovation et des moteurs de croissance ».
Après ces annonces, l’action de Sanofi a plongé de plus de 15% à la bourse de Paris, son plus gros plongeon en séance depuis 1997.
Ces projets font aussi hurler les syndicats qui doivent participer à une réunion avec la direction à 10H00.
« C’est le tarif!. Tous les deux ans, depuis 2008, on a des plans d’économies entre 1 et 2 milliards d’euros » et « depuis 2008, c’est 16 usines et centres de recherche qui ont disparu de l’Hexagone, tout ça c’est le résultat des plans d’économies », enrage Jean-Louis Pérenne de la CGT Sanofi.
« Mais nos gouvernants continuent de faire des ponts d’or à Sanofi » notamment en crédit d’impôt car « nos dirigeants n’aiment que les actionnaires », se désole-t-il.
Accélérer les investissements en R&D
« Nous renforçons nos investissements en R&D et franchissons des étapes pour devenir un +pure player+ biopharmaceutique, tout en optimisant encore davantage notre structure de coûts », a déclaré Paul Hudson, directeur général de Sanofi.

Paul Hudson, directeur général de Sanofi, lors de l’Assemblée générale du groupe, le 3 mai 2022 à ParisAFP/Archives
L’objectif pour Sanofi, qui a arrêté la recherche sur le secteur très concurrentiel du diabète et du cardiovasculaire pour aller de plus en plus vers les produits de spécialité, est d’accélérer dans l’innovation et de se concentrer sur les maladies rares, l’immunoinflammation, l’hématologie, les vaccins et certains domaines de l’oncologie.
Pour innover, Sanofi a augmenté de plus d’un milliard par an ses dépenses en R&D depuis 2019 et l’arrivée du britannique Paul Hudson aux manettes.
Les segments de biopharmacie comprennent la médecine de spécialité, la médecine générale ainsi que l’activité vaccins tandis que l’activité Santé Grand Public couvre les compléments alimentaires et divers produits vendus sans ordonnance.
On y trouve Mucosolvan contre la toux, Allegra dans la rhinite, la marque Novanuit pour le sommeil mais aussi le très populaire paracétamol Doliprane pour soulager la douleur.
Au troisième trimestre, cette entité présente dans 150 pays avec plus de 11.000 employés, s’affiche en hausse de 4,6%, soutenu par les produits liés à la digestion et aux allergies, représentant 1,245 milliard d’euros, soit un plus de 10% de son chiffre d’affaires.
Le chiffre d’affaires trimestriel du groupe a reculé de 4,1% à 11,964 milliards d’euros mais à taux de change constants les ventes s’affichent en hausse de 3,2%.
La rentabilité, elle, ne fléchit pas avec un bénéfice net en hausse de 21,6% à 2,525 milliards d’euros.
Du côté de la biopharmacie, les ventes ont progressé de 3,1% (à 10 719 millions d’euros), soutenues par la forte performance du blockbuster Dupixent (immunologie, médecine de spécialités), dont le champ de commercialisation ne cesse de s’élargir alors que les ventes de médecine générale et des vaccins ont elles enregistré une baisse respectivement de 6,6% et de 0,6%.
Le succès du lancement de Beyfortus (nirsevimab) un nouveau traitement préventif contre la bronchiolite des bébés, est venu compenser la baisse des vaccins contre la grippe.
Sanofi pourrait se séparer de son activité santé grand public et de produits comme Doliprane, Mucosolvan ou Novanuit
Le groupe pharmaceutique français souhaite se concentrer sur les médicaments et les vaccins innovants et précise viser des économies d’un montant pouvant aller jusqu’à 2 milliards d’euros entre 2024 et fin 2025.
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Le groupe pharmaceutique français Sanofi a annoncé, vendredi 27 octobre, son intention de séparer de son activité santé grand public en 2024 pour se concentrer sur les médicaments et les vaccins innovants. Cette activité comprend des compléments alimentaires et divers produits vendus sans ordonnance comme Mucosolvan contre la toux, Allegra contre la rhinite ou encore la marque Novanuit pour le sommeil. On y trouve aussi le paracétamol Doliprane pour soulager la douleur.
Cette séparation interviendra « au plus tôt au quatrième trimestre 2024, à travers la création d’une entité cotée en Bourse dont le siège sera en France », détaille le groupe dans un communiqué publié à l’occasion de la présentation de ses résultats trimestriels.
Cette opération « permettra d’adapter encore davantage la gestion et l’allocation des ressources aux besoins de l’activité biopharmaceutique », où « des opportunités de création de valeur et des leviers opérationnels à plus long terme ont été identifiés pour soutenir l’accélération des investissements en recherche et développement », explique le groupe.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Sanofi dope la fabrication de ses vaccins contre la grippeAjouter à vos sélections
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Divers produits vendus sans ordonnance
Au troisième trimestre, l’activité santé grand public de Sanofi s’affiche en hausse de 4,6 %, soutenue par les produits liés à la digestion et aux allergies, représentant 1,245 milliard d’euros, soit un plus de 10 % de son chiffre d’affaires.
En juillet, Sanofi avait annoncé l’acquisition de l’entreprise américaine Qunol pour se renforcer dans les compléments alimentaires sans dévoiler le montant de la transaction.
Par ailleurs, Sanofi vise des économies pouvant aller jusqu’à 2 milliards d’euros entre 2024 et fin 2025 et « dont la majeure partie sera réallouée au financement de l’innovation et des moteurs de croissance ».
Lire aussi : Le vaccin contre le Covid-19 de Sanofi approuvé par l’Europe
Le Monde avec AFP
Le laboratoire Sanofi tourne la page du Doliprane
Le groupe pharmaceutique abandonne son pôle de santé grand public pour se concentrer sur la recherche et le développement de médicaments et de vaccins innovants. Son activité de distribution en France serait, elle aussi, sur la sellette.
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Après plus d’un demi-siècle dans le giron de Sanofi, le Doliprane s’apprête à quitter sa maison mère pour voler de ses propres ailes. Le laboratoire pharmaceutique a annoncé, vendredi 27 octobre, son intention de se séparer de son activité de santé grand public, qui regroupe ses médicaments vendus sans ordonnance, dont sa célèbre marque de paracétamol, et ses compléments alimentaires.
Cette déclaration, saluée par les investisseurs, n’a toutefois pas suffi à dissiper la migraine des marchés, occasionnée par une autre annonce du groupe : l’abandon de son objectif visant à atteindre une marge opérationnelle de 32 % en 2025. En Bourse, le titre a cédé près de 19 % au cours de la journée.
Lire aussi : Sanofi dope la fabrication de ses vaccins contre la grippe
Le projet de scission du pôle de santé grand public, qui compte treize sites de production dans le monde, dont deux en France, à Lisieux (Calvados) et à Compiègne (Oise), 11 000 salariés, 125 marques environ, et pèse 5,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires, n’est pas une surprise. En 2019, l’annonce de la création d’une entité commerciale autonome, abritant sous une même bannière l’ensemble des médicaments sans ordonnance et des compléments alimentaires vendus par le groupe, avait semé le doute. En 2022, celle du transfert du siège de cette filiale, de Gentilly (Val-de-Marne), où est installé le siège de Sanofi France, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), a achevé de convaincre les derniers sceptiques.
La décision présentée vendredi n’en a pas moins créé une onde de choc parmi les salariés, lesquels espéraient encore un sursis d’un an ou deux. « Les collaborateurs ne comprennent pas. Il y a seulement quelques jours, Sanofi annonçait un nouvel investissement de 20 millions d’euros à Lisieux, où est fabriqué le Doliprane, et, aujourd’hui, ils découvrent que le groupe vend leur usine. Certains salariés étaient en pleurs ce matin », raconte une source syndicale au sein d’Opella, la holding qui rassemble les activités de santé grand public du laboratoire.
Les conditions de l’annonce ont heurté les salariés, qui dénoncent la « culture à l’anglo-saxonne » insufflée par la direction ces dernières années. « On découvre les projets de Sanofi dans la presse. Il n’y a eu aucune information préalable communiquée aux salariés. C’est un manque de respect total des collaborateurs du groupe », s’offusque cette même source.
Craintes des salariés
Sanofi a livré peu de détails sur les modalités du divorce, qui devrait être entériné « au plus tôt au quatrième trimestre de 2024 ». S’il précise étudier « les scénarios de séparation possibles », une préférence semble se dessiner pour une introduction en Bourse par le biais d’une société dont le siège serait installé à Paris. Une option qui n’est pas sans rappeler le choix effectué par le laboratoire, en 2022, lorsqu’il s’était délesté d’une partie de sa chimie pour créer un champion européen des principes actifs, Euroapi.
Lancé il y a un an et demi, ce dernier, dont Sanofi est actionnaire à hauteur de 30 %, et l’Etat de 12 % par le truchement de Bpifrance, n’a, pour l’heure, pas eu le destin flamboyant qu’il espérait. Son cours de Bourse a dérapé de plus de 60 % depuis son introduction sur le marché, ce qui a conduit à l’éviction, mercredi 25 octobre, de son directeur général, Karl Rotthier.
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« Aujourd’hui, on nous sert la même soupe qu’au moment de la création d’Euroapi, en nous disant que la scission du pôle de santé grand public lui permettra de davantage se développer que s’il restait au sein de Sanofi. C’est écœurant », s’indigne Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT au sein du groupe pharmaceutique. Comme la plupart des représentants syndicaux qui ont assisté à la réunion à distance organisée vendredi matin avec la présidente de Sanofi France, Audrey Derveloy, et la directrice des ressources humaines, Florence Cauvet, il est inquiet. L’industriel, lui, tempère. « Il s’agit de deux activités différentes, avec des marchés différents. La conjoncture n’est pas la même que celle d’Euroapi », assure-t-il.
Dans l’Hexagone, les craintes des 1 600 salariés concernés demeurent. « Qui va nous gouverner ? Quelle sera la stratégie adoptée ? Les emplois seront-ils maintenus ? », s’interroge Christophe Quillet, délégué syndical CGT du site Sanofi de Lisieux. Contacté, Bercy déclare suivre le dossier. Le ministre délégué chargé de l’industrie, Roland Lescure, et son collègue de la santé, Aurélien Rousseau, « vont recevoir rapidement Sanofi ».
Augmenter la marge opérationnelle
Ils « veilleront, de manière exigeante, à la continuité d’approvisionnement de l’ensemble des médicaments concernés pour les Français, et à la préservation des capacités de production française et de l’emploi », précise-t-on. Car là est l’autre problème, relève un délégué syndical : « Tout le monde connaît le Doliprane. Mais, demain, la France n’aura peut-être plus la main sur ce médicament majeur, alors même que l’on ne cesse de parler de souveraineté sanitaire. »
Selon nos informations, la santé grand public ne serait pas la seule entité vouée à quitter Sanofi. Depuis plusieurs mois, le laboratoire aurait engagé une réflexion sur l’avenir de ses centres de distribution en France. Trois sites seraient concernés, à Amilly (Loiret), Croissy-Beaubourg (Seine-et-Marne) et Saint-Loubès (Gironde). L’industriel envisagerait de les céder à l’allemand DHL et d’externaliser auprès du logisticien son activité de distribution de médicaments dans l’Hexagone. « Aucune décision n’a été prise sur une quelconque évolution de nos modèles », commente Sanofi à ce sujet.
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En s’allégeant de son pôle de santé grand public, le groupe ne fait qu’emboîter le pas de ses rivaux, qui, tous, ont cédé ces dernières années leurs divisions de médicaments sans ordonnance, moins rentables que les ventes de médicaments innovants. Dernier en date, le britannique GSK s’est séparé, en 2022, de son portefeuille en créant Haleon. Avec le recentrage de son activité sur les traitements et les vaccins innovants, Sanofi espère augmenter sa marge opérationnelle, un indicateur financier scruté par les investisseurs.
Il s’agit aussi, pour lui, de prouver sa capacité à préparer l’avenir, alors que son traitement vedette, le Dupixent, qui « s’approche des 11 milliards d’euros de ventes annuelles », observe le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, constitue sa principale source de revenus. La société projette à cette fin d’accroître ses investissements dans la recherche et le développement, grâce à un nouveau programme de réduction des coûts de 2 milliards d’euros en 2024 et en 2025. « En gros, on fait un plan d’économies pour reconstruire ce que les précédents plans d’économies ont cassé depuis quinze ans », ironise Jean-Louis Peyren.