Les ministres de la santé se suivent et répètent d’été en été, « la situation n’est pas pas plus grave que l’année précédente »; ce n’est pas l’avis des syndicats de personnels et d’urgentistes

Urgences : face aux alertes des médecins, le ministre de la santé tente de rassurer

Alors que des services ont dû fermer durant les vacances faute de soignants, le syndicat SAMU-Urgences de France estime que « la situation est plus grave que l’été dernier ». S’il reconnaît les tensions, le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, réfute ce constat et promet que « l’hôpital fera face » en cette période d’épisode de canicule. 

Par Eléa PommiersPublié hier à 09h49, modifié hier à 16h15 https://www.lemonde.fr/sante/article/2023/08/19/urgences-face-aux-alertes-des-medecins-le-ministre-de-la-sante-tente-de-rassurer_6185900_1651302.html

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Le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, lors d’une visite au service des urgences et de la maternité de l’hôpital Jean-Leclaire de Sarlat (Dordogne), le 31 juillet 2023.
Le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, lors d’une visite au service des urgences et de la maternité de l’hôpital Jean-Leclaire de Sarlat (Dordogne), le 31 juillet 2023.  PHILIPPE LOPEZ / AFP

Dans les hôpitaux, la période des congés estivaux est connue pour exacerber toutes les tensions, mais la ligne de crête sur laquelle vivent désormais les services d’urgence semble un peu plus fine chaque année. Depuis quelques jours, les urgentistes multiplient les alertes et l’inquiétude monte encore d’un cran alors qu’un épisode de canicule touche la France à partir de samedi 19 août.

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« La situation est plus grave que l’été dernier », déjà théâtre de tensions inédites, a conclu mardi 15 août le président de SAMU-Urgences de France, Marc Noizet, s’exprimant sur Europe 1. Un constat largement partagé parmi les médecins urgentistes, chez qui le manque d’effectif est criant. « Plus aucun territoire n’est épargné, tous les départements connaissent des difficultés, y compris les zones très touristiques », détaille Agnès Ricard-Hibon, porte-parole de la Société française de médecine d’urgence, selon qui le nombre de services fermés n’a jamais été aussi élevé.

Sur les 680 services d’urgence du pays, dont 380 urgences générales dans le secteur public, cinq sont « fermés totalement » et « une quarantaine sont conduits à fermer partiellement », a déclaré le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, sur France Inter samedi matin.

Difficultés « mieux anticipées »

Dans le Var, première destination touristique française après Paris, les urgences de Draguignan ont été fermées la nuit pendant dix-neuf mois faute de médecins et continuent à connaître des difficultés ; celles de Saint-Tropez seront fermées la nuit entre le 18 et le 22 août. Celles de Manosque, dans le département voisin des Alpes-de-Haute-Provence, sont aussi contraintes à des fermetures ponctuelles. « Ça fait beaucoup sur un même territoire », relève le docteur Ricard-Hibon.

En Gironde aussi, où l’activité est soutenue, « la situation est beaucoup plus critique que l’an dernier », assure Philippe Revel, chef du service des urgences du centre hospitalier universitaire de Bordeaux, où manquent environ 25 % de l’effectif de médecins. « On a été obligés de réduire l’activité presque tous les jours de l’été, et certains services ont dû fermer, ce qui ne s’était jamais produit », souligne-t-il, citant les urgences de la commune de Sainte-Foy-la-Grande, fermées un mois. Son constat est sans appel : « Nous sommes sur une crise qui n’est pas maîtrisée. »

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Autre signal d’alarme, des structures mobiles d’urgence et de réanimation (SMUR) ont été fermées, comme dans les Pays-de-la-Loire le week-end du 15 août. « Avant, on préservait les SMUR parce qu’il s’agit des urgences vitales, là on n’y arrive plus partout », déplore Agnès Ricard-Hibon

Aurélien Rousseau ne nie pas des « tensions extrêmement fortes » sur tout le territoire mais a réfuté, vendredi 18 août sur Franceinfo, l’idée que la situation serait pire qu’en 2022. Le nouveau ministre a notamment fait valoir des difficultés « mieux anticipées », et assuré que « le passage par le 15 fait qu’aucun Français qui a besoin de soins n’est resté sans réponse médicale ».

Nouveaux engorgements redoutés

Début août sur RMC, la ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, avait déclaré que 18 % des services d’urgence recouraient à la régulation, l’obligation d’appeler le 15, pour être pris en charge. Une solution instaurée en 2022 qui n’est pas sans écueil : « Les services d’urgences restent sous tension et les SAMU [services d’aide médicale urgente] sont débordés ! », fustige Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France.

« On est maintenant avisés tous les jours par les agences régionales de santé des services qui sont ouverts, fermés, ou régulés, la situation engendre un surcroît d’activité et nous oblige à une gymnastique compliquée », raconte Yann Rouet, coprésident de l’Association française des assistants de régulation médicale du SAMU, profession en grève depuis le 3 juillet dans 71 des 100 SAMU français pour demander des revalorisations salariales et des embauches.

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La résurgence du Covid-19, qui amène des patients vers l’hôpital et peut affecter des soignants, n’arrange en rien la situation. Et l’installation des fortes chaleurs sur une partie du territoire laisse redouter de nouveaux engorgements alors que, outre les médecins urgentistes, les lits d’hospitalisation manquent pour faire face à un afflux de patients. « L’hôpital a fait face, l’hôpital fera face, (…) l’organisation du système de santé, elle est extrêmement robuste et elle sera robuste face à cet épisode de chaleur », a tenté de rassurer Aurélien Rousseau, vendredi. Chez les urgentistes, où personne ne voit la sortie de crise, on se demande pour combien de temps encore.

Eléa Pommiers

La vague de chaleur menace l’hôpital déjà sous tension

Alors que de nombreux services ont connu des fermetures temporaires, le ministre de la santé Aurélien Rousseau répétait que la situation n’était pas « plus grave » que l’été dernier, à rebours des syndicats hospitaliers. 

Le Monde avec AFPPublié le 18 août 2023 à 17h35, modifié le 18 août 2023 à 19h23 https://www.lemonde.fr/sante/article/2023/08/18/la-vague-de-chaleur-menace-l-hopital-deja-sous-tension_6185838_1651302.html

A Arcachon, le 10 août 2023, les autorités ont ouvert les locaux aux médecins généralistes pour qu’ils puissent voir les patients et tenter de désengorger le service des urgences.
A Arcachon, le 10 août 2023, les autorités ont ouvert les locaux aux médecins généralistes pour qu’ils puissent voir les patients et tenter de désengorger le service des urgences.  ROMAIN PERROCHEAU / AFP

Fermetures de services jusque dans les zones les plus fréquentées par les touristes, unités mobiles du SAMU à l’arrêt : cet été, la crise aux urgences « est pire » qu’en 2022, alertent les urgentistes qui peinent à faire face dans les services « qui résistent ».

Très présents ces derniers jours dans les médias, les principaux représentants d’urgentistes, de l’Association des médecins urgentistes de France à SAMU-Urgences de France (SUdf), se sont inquiétés que la crise touche désormais « tous les départements », des petits aux gros services, jusqu’aux « zones extrêmement touristiques »Invité sur Franceinfo, le ministre de la santé Aurélien Rousseau répétait au contraire que la situation n’était pas « plus grave » que l’été dernier, en assurant que « l’hôpital fera face ».

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« On n’a jamais vécu une telle ampleur de fermetures de structures d’urgence », affirme Agnès Ricard-Hibon, porte-parole de la Société française de médecine d’urgence. Cas emblématique, l’accueil des urgences de Saint-Tropez (Var), station balnéaire star de la Côte d’Azur, est resté fermé trois nuits en août, l’hôpital assurant par communiqué avoir « tout » tenté pour éviter cette « situation extrême ».

Pénurie d’urgentistes, d’intérimaires, de paramédicaux, de lits d’aval… « Les alertes remontent de partout », déplore la docteure Ricard-Hibon. Cheffe du SAMU du Val-d’Oise, elle a « appris mardi la fermeture nocturne, pour quinze jours, d’un service d’Ile-de-France ».

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La psychiatrie « s’effondre »

Un SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation) des Hauts-de-Seine a transféré dimanche un nourrisson atteint de bronchiolite à Rouen, faute de lit en réanimation pédiatrique en Ile-de-France. La situation est depuis « revenue à la normale », selon l’Agence régionale de santé. « Il y a peu de lits parce qu’il y a heureusement peu de besoins. Là, on était dans une période où se cumulaient » vacances et arrêts maladie, a expliqué le ministre de la santé à Franceinfo en évoquant ce cas.

« Les pires jours, c’était le pont du 15 août », raconte Dominique Savary, chef des urgences du CHU d’Angers et représentant SUdf : dans les Pays-de-la-Loire, « quatre services étaient fermés », en plus de « six lignes de SMUR à l’arrêt » et d’un hélicoptère « pas fonctionnel » à Nantes.

« La pression retombe sur les services qui résistent, au prix d’heures supplémentaires majeures », les SMUR devant se déplacer « beaucoup plus loin » et parer « au plus grave ». Dans une zone où la psychiatrie « s’effondre », les urgentistes ont aussi vu des patients psychiatriques « en état grave arriver de la Sarthe, à 100 kilomètres », raconte M. Savary.

« Dans certains secteurs », notamment dans des zones touristiques, « la tension est extrêmement forte », a reconnu lundi le ministre de la Santé Aurélien Rousseau. « Je ne dis pas que la situation est satisfaisante » mais « par rapport à l’an dernier, (…) on a réussi à anticiper une partie de ces situations »« on n’a pas aujourd’hui de service d’urgence qui ferme d’une heure sur l’autre », a-t-il fait valoir.

Pour maintenir « l’essentiel », les urgences vitales, les autorités enjoignent la population de « toujours appeler » les cabinets de ville ou le 15 avant de se déplacer.

Un filtrage devenu la règle

Si les chiffres varient beaucoup, la ministre déléguée chargée des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, a indiqué le 3 août que les services « réellement fermés » restaient rares, « 18 % » fonctionnant « avec régulation », c’est-à-dire avec l’obligation d’appeler le 15 pour être pris en charge.

Un filtrage devenu la règle dans tous les hôpitaux de Mayenne, de la Manche, dans plusieurs villes bretonnes comme Carhaix (Finistère), ou la nuit à Dax, Pau ou Niort. Au CHU Pellegrin à Bordeaux, elle est appliquée 24 heures sur 24 et les patients se présentant spontanément sont refoulés, constate Julien Dulou, aide-soignant et représentant de Sud-Santé Sociaux. Parmi ces patients, des cas graves mais aussi des « gens qui essaient par tous les moyens d’entrer, en surjouant ». En triant les patients, « on n’est pas à l’abri d’une erreur », déplore sous couvert d’anonymat un médecin urgentiste du CHU.

L’hôpital n’est « plus attractif », clament depuis longtemps les urgentistes, plaidant pour faire aboutir la revalorisation des gardes de nuit et week-end, promise par Emmanuel Macron.

Pour Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale Action praticien hôpital, la régulation « est une solution », à condition de préserver les « forces vives » : les assistants de régulation médicale – premiers à décrocher au SAMU – en grève dans les trois quarts du territoire. En sous-effectif, ils ont par endroits « + 45 % d’activité, sans aucune valorisation », déplore-t-il, appelant le ministère à leur donner la « prime de risque » qu’ils réclament.

La vague de chaleur attendue ces prochains jours pourrait encore plus asphyxier les services. Dix-neuf départements sont placés vendredi en vigilance orange canicule par Météo-France, un coup de chaleur qui devrait encore s’intensifier.

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Le Monde avec AFP

En Auvergne-Rhône-Alpes, les services d’urgence retiennent leur souffle face à la canicule et au Covid-19

Dans la région la plus touchée par les fortes chaleurs, les hôpitaux se préparent à affronter une recrudescence d’activité, dans un environnement déjà dégradé. Les personnels se disent « épuisés ». Autre source d’inquiétude : le manque d’antibiotiques

Par Richard Schittly(Lyon, correspondant)Publié hier à 06h00, modifié hier à 09h13

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/08/19/en-auvergne-rhone-alpes-les-services-d-urgence-retiennent-leur-souffle-face-a-la-canicule-et-au-covid-19_6185883_3224.html

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Dans le service des urgences de l’hôpital d’Arcachon (Gironde), le 10 août 2023.
Dans le service des urgences de l’hôpital d’Arcachon (Gironde), le 10 août 2023.  ROMAIN PERROCHEAU / AFP

Centre-ville de Lyon, vendredi 18 août. En plein après-midi, une septuagénaire avance péniblement dans la pharmacie Lafayette. Souffle court, « à cause du Covid long », dit-elle. Elle souhaite un conseil pour affronter la canicule, un endroit où trouver un peu de fraîcheur. La pharmacienne lui indique une maison de retraite proche. La voilà repartie dans la ville écrasée de chaleur, pâle sous le soleil de plomb.

« Les patients en difficulté augmentent. Beaucoup viennent pour un mal de tête persistant. Je conseille sans arrêt de s’hydrater, je dis aux personnes âgées qu’il faut absolument éviter de sortir l’après-midi », témoigne Ingrid Paradis. Selon cette pharmacienne, « la chaleur commence à produire ses effets ». Les ventes de compléments alimentaires contre la déshydratation ou le sommeil perturbé ont augmenté de 10 % par rapport à l’été 2022 dans le réseau des 300 pharmacies Lafayette en France. Signaux précurseurs ?

La situation est tendue mais sous contrôle, sans symptôme alarmant. Du moins pour l’instant. Tel est en substance le tableau des services de santé de la région Auvergne-Rhône-Alpes, décrit par les directions d’établissement, alors qu’une période de lourde chaleur s’installe et qu’une suspicion de reprise de Covid-19 se fait sentir.

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Après quatre départements concernés la semaine dernière, les douze départements de la deuxième région de France sont désormais placés en vigilance orange canicule. Les huit prochains jours s’annoncent éprouvants, avec des températures nocturnes elles aussi en hausse. A Lyon, lundi 21 août, le thermomètre pourrait atteindre les 41 °C en journée et 25 °C la nuit, selon les prévisions de Météo-France. Ce qui dépasserait le record de chaleur de 40,5 °C enregistré le 13 août 2003.

« Effort d’anticipation »

« Nous n’avons constaté aucun cas grave directement lié à la canicule dans nos services d’urgence. L’effet de la chaleur peut intervenir au bout de plusieurs jours. Tous les professionnels de santé sont mobilisés », affirme Anne Roux, directrice des affaires générales et de la communication des Hospices civils de Lyon (HCL). Les hôpitaux lyonnais ont mis en place des espaces rafraîchis, avec climatiseurs, ventilateurs et brumisateurs dans les chambres et les couloirs, ainsi que des menus adaptés et la diffusion systématique des bonnes pratiques. « Nous faisons un effort d’anticipation pour éviter une situation de surchauffe », précise Anne Roux« Pour l’instant, nous ne constatons pas d’embouteillage dans les urgences. Nous n’avons pas enregistré d’augmentation significative des admissions liées aux conditions climatiques. Les personnes âgées risquent des répercussions au bout de plusieurs jours », dit avec prudence Charles-Henry Guez, vice-président du Syndicat des médecins libéraux et de l’Union régionale des professionnels de santé d’Auvergne-Rhône-Alpes. Les services d’urgence lyonnais enregistrent en moyenne 400 passages par jour, contre 380 en août 2022. Une légère hausse qui incite à la vigilance.

Outre les conséquences des chaleurs discontinues, les urgences redoutent une recrudescence des cas de Covid-19. Médecin généraliste à Sainte-Foy-lès-Lyon (métropole de Lyon), Charles-Henry Guez observe « un retour du Covid et une augmentation des pathologies infectieuses », sans disposer d’indicateurs chiffrés, compte tenu de la fermeture du service intégré de dépistage et de prévention, qui collectait les résultats des tests Covid-19.

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A Grenoble ou à Annecy, plusieurs professionnels de santé font le même constat. Contactée, l’agence régionale de santé n’a pour sa part pas donné de précision. Si les autorités se veulent rassurantes, les personnels s’inquiètent. Il faut dire que les maux de l’été arrivent dans un contexte bien fragile.

A Lyon, la direction des HCL a dû se résoudre à fermer 1 300 lits sur les 4 000 que comptent l’ensemble des hôpitaux publics lyonnais. C’est 2 % de plus que lors la saison estivale 2022. « Chaque été, les fermetures de lits sont traditionnelles. Cette année, il y en a un peu plus parce que nous sommes confrontés à des difficultés de recrutement de personnel », a expliqué Raymond Le Moign, directeur général des HCL, en annonçant la mesure sur BFM-Lyon début juillet, juste avant de rejoindre le poste de directeur du cabinet d’Aurélien Rousseau, nouveau ministre de la santé.

« Insécurité sanitaire »

Dans l’hebdomadaire Tribune de Lyon, Frédérique Dechiron a alors réagi : « Mille trois cents lits, c’est comme si on fermait un hôpital entier. » Pour la déléguée CGT des HCL, « certes, les urgences restent ouvertes mais en procédure dégradée. Chaque année, l’attente s’allonge, l’effectif diminue, et il n’y a plus de remplaçants d’été. Tout cela met en péril la santé des patients. La fatigue s’accumule chez les soignants. » Selon la direction, les services des urgences, des soins critiques et de prise en charge des brûlés sont préservés. Dans la région lyonnaise, les horaires de certains services d’urgence ont toutefois été limités, comme à l’hôpital Saint-Joseph ou au centre hospitalier de Givors (métropole de Lyon).

« Il manque du personnel, les blocs opératoires ne tournent pas à plein. Nous manquons de médecins et d’anesthésistes. Cet été, c’est très dur », confie une infirmière expérimentée de l’hôpital Edouard-Herriot, qui préfère ne pas donner son nom. « Cet été, je dois m’occuper de trente patients dans mon service, contre vingt d’habitude. On court partout », dit une de ses collègues, d’un autre établissement.

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La fatigue des personnels de santé se fait plus dure dans les zones touristiques. « Les activités dans les secteurs des lacs, des rivières ou des montagnes augmentent la pression sur les urgences. Les personnels sont épuisés. Si la vague de chaleur se répercute aux urgences, ça va être compliqué », dit Eric Perret, régulateur aux urgences et représentant CGT au centre hospitalier Annecy-Genevois, où les assistants régulateurs sont en grève et réquisitionnés depuis le 3 juillet.

Plus inquiétant : « le manque criant d’antibiotiques dans les pharmacies. L’accès problématique aux médicaments nous place en insécurité sanitaire », s’alarme Pascal Dureau, délégué national de MG France, syndicat de médecins généralistes. Médecin à Vénissieux (métropole de Lyon), il constate « l’aggravation de tous les phénomènes infectieux » à cause de la chaleur, avec augmentation d’angines, de pneumopathies et de problèmes circulatoires aux membres inférieurs. Avec ses patients âgés, le docteur appelle les pharmacies avant de prescrire. Par sécurité, canicule oblige.

Richard Schittly(Lyon, correspondant)

Urgences : la « situation est plus grave que l’été dernier », selon Samu-Urgences de France 

Par M.J. le 17-08-2023 

https://www.egora.fr/actus-pro/urgences/81883-urgences-la-situation-est-plus-grave-que-l-ete-dernier-selon-samu-urgences?utm_source=ownpage&utm_medium=email&utm_campaign=20230820&_ope=eyJndWlkIjoiOGFhNDgzMzIwMWE0MDhlOGE1ZDc3NmFjMGI4NDRiYmMifQ%3D%3D

Aux urgences, « la situation est plus grave que l’été dernier » en France, a estimé mardi 15 août Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France, soulignant que tous les départements sont touchés mais aussi des zones touristiques en pleine saison.

« La situation est plus grave que l’été dernier parce qu’elle touche dorénavant tous les départements de France, des gros services et des petits services. L’été dernier, on avait des zones rouges », a déclaré le Dr Marc Noizet ce mardi 15 août sur Europe 1. Également chef du service d’urgence du groupe hospitalier de la région de Mulhouse et Sud-Alsace, le médecin a estimé que « la nouveauté est que des zones extrêmement touristiques (…) sont aujourd’hui en très, très grande précarité », citant par exemple Les Sables-d’Olonne (Vendée) ou Arcachon (Gironde) « où ils ont été obligés de mettre en place sur le parking devant l’hôpital une structure où les médecins font de la petite traumatologie pour alléger les urgences » ou encore Saint-Tropez (Var) « qui a failli fermer son service d’urgences ».

« Plus pernicieux », selon lui, « on ferme des Smur, la partie de l’hôpital qui se déplace sur la voie publique ou à votre domicile quand il y a un incident grave », « parfois pour une nuit ou un weekend ». « Par exemple, autour d’Angers, ce week end prolongé avec le pont du 15 août, sept Smur sont fermés, or ça touche l’urgence vitale », a-t-il ajouté.

Chef du Smur des Hauts-de-Seine, Gilles Jourdain, a aussi « lancé l’alerte » dans Le Parisien mardi après-midi, affirmant notamment que son équipe a dû transférer un nourrisson de deux mois dimanche à Rouen, faute de lits en réanimation pédiatrique en Île-de-France. « Sa bronchiolite s’aggravait, le petit garçon avait besoin d’être admis en réanimation. Les équipes ont fait trois fois le tour des places disponibles dans les cinq services d’Île-de-France ayant les compétences nécessaires pour ce type de soins. Rien, zéro lit », a-t-il raconté.

« L’hôpital se décharge totalement sur les libéraux » : en Mayenne, la fermeture nocturne des urgences malmène les généralistes

Pour le Dr Jourdain, « les tensions en personnels soignants sont si fortes que la situation dégradée de l’hiver perdure et se refait sentir dès l’été. Les autorités semblent incapables d’apporter une solution ». Aux urgences, comme ailleurs à l’hôpital, « tous les renforts qu’on a pu mobiliser l’ont été », et « la régulation de la rémunération des intérimaires a fait beaucoup de mal, même si c’était un mal nécessaire », a affirmé le président de Samu-Urgences de France à la radio.

Quant aux assistants de régulation médicale (ARM), en grève dans 69 des 100 « centres 15 » départementaux« ils sont mal rémunérés, ont des problématiques d’avancement dans leur carrière et d’adéquation de leur nombre au flux », a-t-il exposé. « Il y a une vraie problématique, le ministre le reconnaît, maintenant il faudrait que les choses avancent », a lancé Marc Noizet.

En visite lundi au Samu de Toulouse, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a déclaré qu’« une partie »des revendications des ARM grévistes étaient « légitimes » et qu’il comptait « y travailler dans les toutes prochaines semaines ».

[avec AFP] 

Urgences: « Fermé la nuit »

L’été dernier le précédent ministre de la Santé, François Braun, avait dans un premier temps nié la fermeture de services d’urgences puis avait parlé de mesures exceptionnelles en instaurant l’appel préalable au centres 15 pour pouvoir avoir accès aux urgences. Cette année, la situation est encore plus dégradée et il n’est plus possible de poursuivre le discours de déni…

Christophe Prudhomme

Médecin au Samu 93

Abonné·e de Mediapart

https://blogs.mediapart.fr/christophe-prudhomme/blog/150823/ferme-la-nuit

(Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.)

L’été dernier le précédent ministre de la Santé, F. Braun, avait dans un premier temps nié la fermeture de services d’urgences puis avait parlé de mesures exceptionnelles en instaurant l’appel préalable au centres 15 pour pouvoir avoir accès aux urgences. 

Dans une situation de tension majeure, sans état d’âme, il a appliqué de manière brutale la régulation de l’intérim médical sans prendre de mesures de compensation afin d’éviter des situations de rupture dans les hôpitaux déjà fragilisé par le manque de médecins titulaires obligeant à un recours massif aux intérimaires. 

Cette année, la situation est encore plus dégradée et il n’est plus possible de poursuivre le discours de déni sur l’absence de fermeture de très nombreux services certaines nuits, pour quelques jours, voire plus, et ce qui est encore plus grave dans les zones touristiques où la fréquentation augmente fortement pendant les vacances.

Un nouveau ministre a été nommé et il reconnaît enfin les difficultés.

Cependant, après ses premières déclarations lors de sa prise de fonction, il a disparu des radars sans aucune prise de décision pour essayer de répondre aux alertes multiples, notamment dans le secteur de la psychiatrie confronté à une fermeture massive de lits par manque de personnel.  

Mais visiblement, le ministre ne restait pas inactif auprès de ses services car une dépêche nous apprend voici quelques jours que des projets de décrets sont en cours de finalisation  pour acter définitivement une organisation dégradée des services d’urgences sur l’ensemble du territoire.

Il s’agit de valider la création d’antennes de médecine d’urgence qui ne seront plus ouvertes 24 h sur 24. Pour être plus clair, elles seront en fait fermées la nuit.

Cette réorganisation est un non-sens en termes de santé publique car le propre des urgences est qu’elles ne sont pas programmables et faire reposer la nuit la prise en charge des patients uniquement par les SMUR est une aberration.

D’une part, ces unités du SAMU fonctionnent également dans de nombreux départements en mode dégradé avec de  nombreuses unités qui ferment de manière brutale par manque de médecins, comme cela a été le cas récemment en Mayenne ou en Vendée, ou qui sont remplacés par des équipes infirmières. 

Tous les urgentistes savent que dans de nombreux cas, un retard de prise en charge peut avoir des conséquences catastrophiques.

Cela va être le cas avec la mise ne place de cette organisation, ce qui se traduira statistiquement par une augmentation de ce qu’on appelle pudiquement des « morts évitables ».

Cette politique est meurtrière et est inacceptable.

En effet, comment expliquer que les plages d’ouverture des commerces, notamment alimentaires, ne cessent de s’élargir, ce qui les rendra bientôt plus accessibles que des services essentiels comme les services d’urgence.

L’explication me paraît évidente quand on examine les choix idéologiques d’E. Macron : ce qui prime c’est le marché et non les services publics essentiels. En résumé, c’est le choix de l’argent contre la vie. Il est urgent de se lever pour refuser ce choix de société mortifère.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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