L’efficacité du donanemab, un anticorps qui cible les protéines amyloïdes impliquées dans la maladie d’Alzheimer, est effective sur les plaques mais faible sur les troubles cognitifs .

« Une nouvelle ère dans la maladie d’Alzheimer ? »

Date de publication : 18 juillet 2023

Le Figaro
Le Parisien

https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=0b913f849a08080e564ccf1c99a28f6f&id_newsletter=18626&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=18626&from=newsletter

Soline Roy note en effet dans Le Figaro qu’« après des années d’espoirs infructueux dans la recherche pharmaceutique, une équipe internationale annonce une nouvelle réussite dans le réputé Journal of the American Medical Association (Jama), en marge d’un congrès international à Amsterdam ».
La journaliste explique qu’« au terme d’un essai de phase 3 (…), les chercheurs démontrent l’efficacité du donanemab, un anticorps qui cible les protéines amyloïdes impliquées dans la pathologie ».
« Il n’est pas le premier de ce type : l’aducanumab, du laboratoire Biogen, a été autorisé aux États-Unis en juin 2021 (…) ; puis cela a été le tour du lecanemab (laboratoires Biogen et Eisai), en urgence en janvier 2023, puis au terme d’une procédure standard il y a quelques jours »,
relève Soline Roy.
Elle indique que « le donanemab (du laboratoire américain Eli Lilly) affiche des performances tout aussi impressionnantes, avec des perfusions moins fréquentes (toutes les 4 semaines, contre toutes les 2 semaines pour le lecanemab) ».
« À l’issue de 18 mois d’essai, près de 80% des patients traités n’avaient plus de plaques amyloïdes (des agrégats de protéines autour des neurones observés dans la maladie) ! Leurs fonctions cognitives, elles, ont continué à décliner, mais plus lentement que les patients ayant reçu un placebo »
, précise la journaliste.
Soline Roy remarque que « ce succès est pourtant à nuancer. (…) Le ralentissement dans la dégradation des facultés cognitives est «faible en valeur absolue» : 0,7 point de différence sur une échelle d’évaluation de la démence clinique, qui en compte 18, environ 4 mois de «gagnés» sur les 18 mois qu’a duré l’étude. Cela peut toutefois représenter un véritable progrès pour les patients, leurs proches, et leurs médecins ».
Le Pr David Wallon, neurologue au CHU Rouen et codirecteur du Centre national de référence malades Alzheimer jeunes, observe ainsi : « La question, c’est : cette différence continuera-t-elle de se creuser entre les patients traités et les patients non traités ? Dix-huit mois d’essai, c’est court pour une maladie qui évolue pendant 10 à 15 ans, et même 30 si l’on démarre à l’apparition des premiers signes biologiques. La différence persistera-t-elle, pour aboutir au bout de plusieurs années à un écart considérable, avec un impact majeur sur l’autonomie du patient ? ».
Soline Roy relève en outre que « ces produits sont chers. (…) L’effet clinique sera-t-il suffisant pour le justifier ? (…) Autre critique récurrente, les quelque 1700 patients inclus dans l’essai ne sont pas représentatifs de la population concernée. D’une part, les plus de 85 ans étaient exclus, un choix contestable concernant une pathologie du vieillissement ».
« Mais surtout, comme ses prédécesseurs et malgré les efforts des chercheurs, le donanemab a été testé sur des patients dont plus de 90% étaient blancs ; or certaines populations, noirs et hispaniques notamment aux États-Unis, sont plus à risque de développer la maladie pour des raisons à la fois génétiques et sociales, et elles sont diagnostiquées plus tard »,
explique la journaliste.
Elle note en outre que « la protéine bêta-amyloïde, longtemps contestée, semble bien être une cible pertinente ». Le Pr Sylvain Lehmann, responsable de l’équipe biochimie protéomique clinique au CHU de Montpellier, indique toutefois qu’« agir sur cette cible-là ne suffira probablement pas pour avoir un effet complet ou maximum sur le cours de la maladie. On peut penser qu’à terme, on aura des associations de traitements, ciblant les peptides bêta-amyloïdes et autre chose, par exemple les protéines Tau ».
Le Parisien titre quant à lui : « Maladie d’Alzheimer : un deuxième traitement novateur bientôt autorisé aux États-Unis ».
Le journal évoque ainsi « la capacité du traitement, le donanemab, à ralentir la progression de la maladie chez les patients, notamment lorsque pris très tôt. Mais certains experts restent prudents concernant ce nouveau traitement, dont les bénéfices restent «modestes» et qui comporte des effets secondaires potentiellement dangereux ».
Le quotidien explique que « le traitement peut entraîner des effets secondaires graves, comme des œdèmes ou hémorragies cérébrales. Trois décès de participants à l’essai clinique sont probablement liés au traitement, selon l’étude ».
Le Parisien note que selon ces experts, « récolter davantage de données, y compris au-delà de 18 mois, sera crucial pour mieux appréhender l’équilibre entre les bénéfices et les risques de ces médicaments ».

Voir aussi;

https://environnementsantepolitique.fr/2023/01/19/alzheimer-un-nouveau-traitement-un-anticorps-monoclonal-le-lecanemab-qui-vise-la-proteine-dite-beta-amyloide-avec-un-effet-modeste-et-de-nombreux-effets-secondaires-potentiellement-graves/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire