Médicobus ou pas, la pénurie médicale restera prégnante au moins jusqu’en 2030.

Publié le 19/06/2023

« Médicobus » : la « médecine foraine » contre les déserts 

Liglet, Vienne, le lundi 19 juin 2023

https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/_medicobus_la_medecine_foraine_contre_les_deserts__197784/document_actu_pro.phtml

– La médecine foraine était strictement interdite jusqu’en 2012. Un décret pris le 7 mai de cette année-là permet de déroger à la prohibition de la médecine foraine « quand les nécessités de la santé publique l’exigent ». Un médecin peut alors « être autorisé à dispenser des consultations et des soins dans une unité mobile selon un programme établi à l’avance ».

C’est sur cette base juridique qu’Élisabeth Borne s’est appuyée pour annoncer, à l’occasion de la présentation du plan France Ruralité à Liglet dans la Vienne, la mise à disposition de 100 « Médicobus » censés contribuer à réduire les déserts médicaux. Le plan prévoit également le déploiement de 4 000 nouvelles maisons de santé d’ici 2027, en particulier (mais pas seulement) dans les territoires ruraux. Cette initiative intervient alors que l’Association des maires ruraux de France (AMRF) a publié une étude dont la conclusion (attendue) est qu‘il est six fois plus difficile de consulter un médecin en milieu rural qu’en ville.

Ces Médicobus seront utilisés par des généralistes et des spécialistes dans des zones géographiques, qui restent à définir. 

Deux exemples en Champagne-Ardenne et dans l’Orne 

En Champagne-Ardenne, un dispositif similaire existe déjà pour les soins ophtalmologiques. Il permet de comprendre l’intérêt de cette initiative. Du lundi au vendredi, au départ de Reims, un camion chargé en matériel médical prend la route en direction des « déserts médicaux » champenois avec à son bord des orthoptistes qui ont pour mission le dépistage de pathologies ophtalmologiques. Après avoir réalisé les examens nécessaires, ils transmettent les résultats à un ophtalmologue, basé sur le même territoire que les patients.

« La mobilité, c’est devenu nécessaire quand on a vu que l’accès à l’ophtalmologie devenait trop compliqué. Nous, on n’a pas choisi d’examiner les patients dans le camion, mais d’installer le matériel dans des salles simplement pour que ce soit plus confortable. Notre camion sert à déplacer nos appareils », explique à France 3 Matthieu Birebent, directeur de l’Association d’appui aux professionnels de santé de Champagne-Ardenne. 

Autre exemple, dans l’Orne, Radio France rapporte : « ce jour-là, le grand camping-car blanc est stationné sur la place de Randonnai, petit village situé à l’est du département. Et c’est le médecin généraliste Jean-François Lamé qui nous accueille. « Bienvenue à bord du Médicobus, il y a une partie bureau de consultation et de l’autre côté, on examine le patient ». L’espace est exigu, mais il y a tout le matériel nécessaire pour un médecin généraliste : un tensiomètre, un électrocardiogramme, un stéthoscope. Dans ce département où près de 20 % des assurés sociaux sont sans médecin traitant, soit deux fois plus que la moyenne nationale, ce dispositif est très utile. (…) Le « Médicobus » se déplace tout au long de la semaine dans sept villages différents. Au total, huit médecins se relaient pour voir une trentaine de patients par jour ».

Un pis-aller et une réserve de taille

Jean-François Lamé est ravi de prolonger un peu son activité. À la retraite depuis deux ans, ce médecin généraliste avait envie de se « sentir utile pour la société ». Mais pour lui cette solution, pour lutter contre les déserts médicaux, doit être « transitoire ». « Il faut former beaucoup plus de médecins », estime-t-il. « Et surtout, il faut les installer là où on a besoin d’eux, et pas uniquement dans des endroits privilégiés comme certaines villes ou certains littoraux. Il faut en fait répondre aux besoins de la patientèle ».

Sur France 3, Hervé Ruinart, le président de MG France dans la Marne émet lui aussi une réserve de taille : « C’est bien de vouloir mettre en place des Médicobus, encore faut-il que des médecins puissent les occuper ! »

Médicobus ou pas, la pénurie médicale restera prégnante au moins jusqu’en 2030.

F.H.

Déserts médicaux : « On ne gouverne pas la France contre les médecins », affirme Dominique Faure

Invitée d’ExtraLocal, Dominique Faure a défendu le plan « France Ruralité », présenté ce jeudi avec la Première ministre. Concernant la lutte contre les déserts médicaux, la secrétaire d’Etat à la ruralité a rappelé le déploiement de 100 médicobus, mais se dit défavorable à une mesure coercitive pour obliger des médecins à s’installer en zone sous-dense.Louis Mollier-Sabet

Par Louis Mollier-Sabet

https://www.publicsenat.fr/actualites/sante/deserts-medicaux-on-ne-gouverne-pas-la-france-contre-les-medecins-affirme-dominique-faure

Mis à jour le 16/06/2023 à 16:05

https://youtu.be/5_tBrxxIJyM

Alors qu’un amendement transpartisan de restriction de la liberté d’installation des médecins a été rejeté par la majorité présidentielle, LR et le Rassemblement national à l’Assemblée nationale, la secrétaire d’Etat à la ruralité se range à l’avis du gouvernent. « Je ne suis ni ministre de la Santé, ni de la territorialisation de la santé. Agnès Firmin Le Bodo, François Braun et la communauté médicale sont contre toute forme de coercition », explique Dominique Faure. Si la ministre « comprend très bien » la frustration de certains citoyens dans les déserts médicaux face à ce refus, elle estime que « l’on ne peut pas gouverner la France contre les médecins » : « Ils ont de bonnes raisons que je respecte, j’ai beaucoup d’amis médecins, ils sont attachés à cette liberté d’exercice de leur fonction. Aller contre nos médecins, ce ne serait pas une bonne décision. »

Déploiement de 100 médicobus

Pour tenter d’attaquer le problème des déserts médicaux, Dominique Faure préfère – dans son plan France Ruralité présenté ce jeudi avec Elisabeth Bone – miser sur les « médicobus », un dispositif qui va être évalué et pourrait être renforcé le cas échéant : « Une centaine de médicobus vont être déployés. On va ajuster ce plan tous les six mois. Au départ, on s’appuie sur l’expérience des gynécobus, qui marchaient très bien dans la ruralité. Donc pourquoi pas envisager d’en développer d’autres ? Même dans trois ou quatre ans, quand nos jeunes internes arriveront en ruralité et on aura plus de médecins avec la fin du numerus clausus, je pense que les médicobus seront encore utiles. »

Voir aussi:

https://environnementsantepolitique.fr/2023/06/15/des-helicopteres-la-telemedecine-des-generalistes-la-ou-il-en-reste-correspondants-samu-des-medecins-retraites-pour-des-soins-non-programmes-et-maintenant-100-medico-bus-pour-des-milliers-de-dese/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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