« Plutôt que travailler plus, il faut travailler autrement à l’aune du dérèglement climatique »
Date de publication : 26 avril 2023
Libération annonce que « le Conseil économique, social et environnemental recommande (…) d’adapter l’organisation des entreprises aux canicules pour protéger la santé physique et psychique des travailleurs, aujourd’hui un «angle mort». Il prône notamment un arrêt des chantiers en cas de forte chaleur dès cet été ».
Le journal souligne en effet : « Problèmes d’attention, malaises, coups de chaleur mortels, exposition à davantage de pollution… Travailler sous des chaleurs caniculaires multiplie les risques pour les salariés. Les secteurs du bâtiment, des travaux publics, de l’agriculture, des transports, des secours et de la sécurité civile sont en première ligne. Mais l’ensemble des travailleurs est concerné, avec parfois des conséquences peu connues, avertit le Cese ».
Libération livre un long entretien avec Jean-François Naton, rapporteur du texte et représentant CGT, et Sophie Thiéry, présidente de la commission travail-emploi et représentante CFDT.
Jean-François Naton déclare notamment que « le Cese a voulu anticiper sur ce sujet avant qu’il ne devienne majeur. Nos travaux vont participer à la prise conscience de l’inéluctabilité du dérèglement climatique et donc de la nécessité absolue de réinterroger le travail, les situations de travail, et d’inventer des manières de travailler autrement ».
Sophie Thiéry ajoute que « l’actualité de 2022, marquée par plusieurs canicules, a montré que les conditions de travail sont directement touchées par le changement climatique. Cela concerne tous les travailleurs. Il y a des métiers plus affectés, ceux qui se pratiquent à l’extérieur, mais le problème se pose aussi dans les bureaux, les hôpitaux, les entrepôts… ».
« La plupart des risques, préexistants, sont accentués, vont gagner de l’ampleur avec le changement climatique. Nous avons fait le choix de prendre les canicules comme fil rouge. (…) Nous sommes dans une volonté de passage à l’action, concrète et rapide », poursuit-elle.
Jean-François Naton relève que « nos travaux ont révélé que, pour la plupart des produits chimiques (solvants, peintures…), la réaction aux chaleurs extrêmes n’avait pas été analysée. Nous préconisons donc de mettre des moyens supplémentaires dans la recherche car on n’a pas, ou très peu, de connaissance sur les modifications moléculaires et les effets cocktails auxquels les travailleurs sont exposés lorsqu’ils utilisent des produits sous 45°C voire plus ».
« Par ailleurs, les travailleurs ont beaucoup fait remonter leurs difficultés à récupérer après un épisode de chaleur. Il va falloir repenser l’organisation du travail. Cela aurait pu être le débat d’une vraie réforme des retraites : plutôt que travailler plus, il faut travailler autrement à l’aune du dérèglement climatique », continue le rapporteur.
Sophie Thiéry indique en outre qu’« il y a beaucoup de malaises et de risques pour la santé mentale en temps de canicule, mais ces situations ne sont pas assez déclarées. Il y a un vrai enjeu d’identification, de classification des origines des pathologies ».
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