Prévention de la récidive d’infarctus: il n’y a pas que le LDL cholestérol et les statines qui comptent,

« Récidive d’infarctus : faut-il aussi se soucier de l’inflammation ? »

Date de publication : 17 avril 2023 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=c7bf2b6ff480a34b76bbbd33bf762d27&id_newsletter=18168&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=18168&from=newsletter

Pauline Fréour observe dans Le Figaro que « les victimes d’infarctus ne le savent pas toujours, mais leur risque de récidive est élevé. Réduire les facteurs ayant favorisé le premier accident cardio-vasculaire fait donc partie des recommandations qui leur sont faites pour leur «vie d’après», selon les facteurs de risque comportementaux ».


La journaliste rappelle qu’« un traitement à base de statines leur est par ailleurs quasi systématiquement prescrit car ces molécules, bien tolérées, permettent de faire baisser le taux de mauvais cholestérol (LDL) responsable de la formation des plaques d’athérome dans les artères ».


« Mais si le taux de cholestérol est un bon indicateur du risque de premier infarctus, il en est un autre qu’il pourrait être utile de prendre davantage en compte pour évaluer et combattre le risque de récidive : l’inflammation »,
indique Pauline Fréour.
Elle évoque ainsi une étude menée par le Pr Paul Ridker (Brigham and Wo

men’s Hospital, Harvard, Boston), parue en mars dernier dans The Lancet : « Le cardiologue s’est appuyé sur trois essais cliniques américains de grande ampleur pour évaluer le risque d’accident cardio-vasculaire, de mort par infarctus et de décès en général chez des patients après un premier infarctus, et a mis ces résultats en regard du niveau de «mauvais» cholestérol (LDL) et du niveau d’inflammation (mesurée par CRP, ou «protéine C réactive») ».


Pauline Fréour retient que « le risque de décéder d’une maladie cardio-vasculaire était multiplié par presque 3 chez ceux présentant l’inflammation la plus élevée, par rapport au groupe avec l’inflammation la plus basse ».


« En comparaison, le surrisque de mourir d’une maladie cardio-vasculaire est moindre (× 1,3) chez les patients ayant un taux de mauvais cholestérol relativement élevé par rapport à ceux chez qui il est le plus bas »,
 ajoute-t-elle.


Le Pr Ridker estime qu’« il est peu probable qu’on réduise complètement le risque d’athérosclérose en se focalisant seulement sur le cholestérol LDL. (…) Nous pensons que la combinaison de traitements agressifs contre l’hypercholestérolémie (…) et de thérapies anti-inflammatoires pourrait devenir la norme dans la prise en charge de l’athérosclérose ».


Le Dr François Paillard, cardiologue au CHU de Rennes et vice-président de la Fédération de cardiologie, remarque pour sa part : « On pourrait croire que les conclusions de cette étude plaident contre le LDL comme indicateur pertinent de risque cardio-vasculaire après un infarctus, mais il n’en est rien. Baisser le “mauvais” cholestérol reste la première mesure à instaurer en prévention après un infarctus, et la plus solidement démontrée, c’est indiscutable. Toutefois, on voit ici que même chez ceux chez qui ce taux est normalisé, il existe un risque résiduel, d’une autre nature, pouvant nécessiter des mesures complémentaires ».


Pauline Fréour note que « plusieurs essais ont été conduits pour tester des anti-inflammatoires en prévention de récidives, avec des résultats mitigés. (…) Au CHU de Montpellier, le Pr François Roubille a conduit l’essai franco-canadien Colcot pour tester une molécule très ancienne (donc peu coûteuse) utilisée notamment dans le traitement de la goutte, la colchicine. Les résultats, présentés dans le New England Journal of Medicine, sont positifs ».


Le cardiologue explique que « le traitement a permis de réduire de 30% les événements cardiaques majeurs, notamment les AVC ».
La journaliste note qu’« à faible dose, ce traitement figure d’ailleurs désormais dans les recommandations de la Société européenne de cardiologie, mais à discrétion des cardiologues (…) et pour un profil restreint de patients (ceux qui continuent de subir des événements cardiaques malgré un traitement optimal). Ce nouvel usage de la colchicine représente toutefois un «changement de paradigme qui peine à rentrer dans les mœurs», observe Franck Boccara ».
Pauline Fréour conclut qu’« en attendant que les indications de la colchicine soient éventuellement élargies, ou d’autres traitements anti-inflammatoires adéquats développés, certaines mesures d’hygiène de vie recommandées aux patients ayant subi un infarctus ont elles aussi une portée anti-inflammatoire, comme perdre du poids pour réduire le tissu adipeux et pratiquer une activité physique ».

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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