Le contournement de la loi RIST s’organise avec des recrutements en CDD fortement rétribués, mais des fermetures d’urgences la nuit sont annoncées

« Intérim médical : comment des hôpitaux s’adaptent au plafonnement des tarifs »

Date de publication : 17 avril 2023

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Mattea Battaglia relève dans Le Monde que « 2 semaines après l’entrée en vigueur du plafonnement de rémunération de l’intérim médical, dite « loi Rist » – à 1390 euros la garde de 24 heures –, il est encore difficile d’en mesurer les effets ».


La journaliste rappelle que « le ministre (de la Santé) a pris deux engagements : éviter les «fermetures sèches» de services et ne laisser aucun patient «sans solution» de soins. Depuis, le ministère fait un «point quotidien» avec les agences régionales de santé (ARS) pour identifier les sites et/ou les services hospitaliers où, faute de médecins en nombre suffisant, la pression monte ».


« Une dizaine a été recensée. Selon le Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH), ce chiffre doit être au moins multiplié par 5 », 
observe-t-elle.
Mattea Battaglia note ainsi que « la presse régionale se fait l’écho des tensions et des dysfonctionnements qu’elle peut repérer. Souvent dans des hôpitaux de proximité ou des maternités, même si de plus gros centres hospitaliers ne sont pas épargnés ».
« Souvent, aussi, dans des services qui, parce qu’ils sont à pied d’œuvre 24 heures sur 24 (les urgences, l’anesthésie, l’obstétrique, les soins de suite, etc.), ont besoin de renforts pour tourner à plein. (…) Mais comment inciter les médecins intérimaires à rester en poste, avec un tarif de garde au moins inférieur de 20% à 30% à ce qu’ils touchaient jusqu’à présent ? », 
s’interroge la journaliste.


Elle poursuit : « En mettant sur la table d’autres types de contrats, pour des temps de travail différents mais des montants qui peuvent, parfois, être supérieurs. Au risque de donner, localement, le sentiment de contourner la loi, quand bien même les autorités de santé (…) font valoir que ce recours est «réglementaire» ».


Benoît Elleboode, directeur général de l’ARS de Nouvelle-Aquitaine, explique ainsi que « les contrats proposés, dits “de motif 2”, sont prévus sur autorisation des ARS, pour des territoires en tension et/ou les spécialités en tension ».
Mattea Battaglia note que le responsable « a autorisé tous les établissements sous sa responsabilité à y avoir recours. Sans cela, selon ses calculs, ce sont 8 services d’urgence et 6 maternités qui auraient dû fermer. Mais il ne s’agit ni de «dérogations» ni même d’une «nouveauté», assure-t-il ».


Benoît Elleboode précise : « On a proposé des CDD d’un mois comprenant au moins quatre gardes. L’objectif est de procéder par étapes en commençant par couvrir avril ».
« A partir de mai, il espère aboutir à «des engagements de 4 à 5 mois, pour passer la période des ponts et, après, tenir l’été» ; une saison toujours compliquée pour remplir les plannings », 
relève la journaliste.


Mattea Battaglia continue : « Cette «parade», comme la qualifie Jean-François Cibien, président de l’intersyndicale Action Praticiens Hôpital, tendrait à se développer un peu partout. «On est au début d’une épidémie de signatures de contrats de contractuels, avec des plafonds qui s’envolent», redoute-t-il ».


La journaliste observe que « pour «passer le cap», on défend, avenue de Ségur, d’autres leviers sur lesquels s’appuyer, à commencer par la «solidarité territoriale» entre établissements (dont ceux du privé, où la loi Rist ne s’applique pas) et la mobilisation des praticiens hospitaliers incités, par l’intermédiaire d’une prime revalorisée, à prêter main-forte dans les services et sites en tension ».


Mattea Battaglia conclut qu’« un point fait consensus entre les différentes parties : la nécessité de revaloriser les carrières des praticiens hospitaliers, quand 30% des postes sont estimés vacants. Des concertations très attendues sur le sujet ont démarré, au ministère, le 11 avril. Elles devraient durer jusqu’à l’été ».

« Privées d’intérimaires, les urgences de Grenoble au bord du craquage »

Date de publication : 17 avril 2023

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C’est ce que titre Libération, qui constate que « depuis l’entrée en vigueur de la loi Rist, le sous-effectif est devenu si critique qu’un signalement pour «mise en danger de la vie d’autrui» a été adressé au procureur de la République ».
Nathalie Raulin évoque ainsi « le mort inattendu de trop pour les urgentistes du CHU de Grenoble. Mercredi 12 avril, un nonagénaire admis pour une infection pulmonaire a été retrouvé sans vie sur un brancard après avoir attendu 3 jours dans le service un lit d’hospitalisation ».
Un médecin souligne que « lors de son admission, son pronostic vital n’était pas engagé. Il était âgé mais autonome chez lui. Comme on n’est pas assez nombreux pour s’occuper de tous les patients qui stagnent aux urgences, on avait relevé les barrières de son lit porte par mesure de sécurité. Il a fait toutes les complications dues à l’alitement prolongé ».
La journaliste indique que « pour l’équipe soignante, le choc est rude ». Une médecin déclare que « cet homme est mort seul dans une salle sans fenêtre et sans pouvoir revoir sa famille. Depuis le Covid, l’encombrement est tel qu’on n’accepte plus les proches. En apprenant le décès, la famille nous a traités d’“hôpital de salauds”. C’est raide mais on comprend. On est les seuls témoins de ce qui se passe aux urgences et ce qui s’y passe est terriblement malsain. On est plus que maltraitant malgré nous ».
Nathalie Raulin souligne que « sur les 6 derniers mois, c’est le troisième décès imprévu que l’équipe encaisse. Début décembre, le corps médical s’est mis en grève illimitée après qu’une jeune femme en attente d’un lit en psychiatrie a été retrouvée morte dans les toilettes. Façon d’alerter sur le sous-effectif intenable : alors que le fonctionnement normal du service requiert 52 médecins urgentistes à temps plein, ils ne sont que 29… ».
La journaliste indique que « cela empire. Car avec l’entrée en vigueur de la loi Rist sur le plafonnement des tarifs de l’intérim médical, les urgentistes déjà sursollicités ont perdu une bouée salvatrice ».
Un médecin observe que « depuis le 4 avril, les intérimaires refusent de venir. Grâce à leur renfort, on pouvait jusque-là être trois médecins de garde après minuit. C’est un minimum vu l’engorgement du service. (…) A deux médecins, c’est intenable ».


Nathalie Raulin poursuit : « La direction restant sourde aux alertes, l’équipe médicale décide de «rendre l’invisible, visible» : le 11 avril, «avec leur accord et ceux de leur famille», 9 patients stables qui patientent aux urgences depuis plus de 24 heures sont transférés dans le couloir central de l’hôpital ».


La journaliste relève que « le ton monte. Par mail, la direction du CHU rappelle aux médecins que si leur responsabilité «ne pourra être engagée pour des difficultés à l’organisation des prises en charge au sein du service», il n’en va de même en cas de transferts de patients dans une «zone publique hors soin». Pour le reste, elle se dit confiante dans «les actions engagées collectivement depuis plusieurs mois» pour «sortir durablement d’une crise inédite» ».


Nathalie Raulin note que « l’épuisement guette. (…) Car le pire est à venir ». La Dr Stéphanie Bernard, praticien hospitalier, explique que « pour tenir la permanence en avril, on s’est tous rajouté des demi-gardes jusqu’à 23 heures. Tous les urgentistes valident aujourd’hui les critères de burn-out. Il va y avoir des arrêts et des démissions ».
« Entre mai et septembre, il nous manque 5000 heures de présence médicale pour boucler les plannings ! La réforme de l’intérim est peut-être un enjeu national, mais ici on a des problèmes plus cruciaux que de savoir combien les gens sont payés », 
remarque-t-elle.

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https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/17/plafonnement-de-l-interim-medical-le-centre-hospitalier-de-nogent-le-rotrou-retient-son-souffle_6169841_3224.html

Plafonnement de l’intérim médical : le centre hospitalier de Nogent-le-Rotrou retient son souffle

Cet établissement de proximité fonctionne à plein régime, grâce au renfort d’intérimaires et à la coopération entre public et privé. Mais la perspective de devoir se passer de certains urgentistes et anesthésistes, en plein désert médical, inquiète. 

Par Mattea Battaglia (Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), envoyée spéciale)Publié aujourd’hui à 10h00

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/04/17/plafonnement-de-l-interim-medical-le-centre-hospitalier-de-nogent-le-rotrou-retient-son-souffle_6169841_3224.html

Temps de Lecture 3 min. 

Service des urgences du centre hospitalier de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 12 avril 2023.
Service des urgences du centre hospitalier de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 12 avril 2023.  NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

« Jusqu’ici, on tient… » : c’est la petite musique qu’on entend au ministère de la santé, quinze jours après l’entrée en vigueur de la loi Rist, le 3 avril, contrôlant les tarifs de l’intérim médical. Celui-ci assume un ton rassurant, malgré les premières fermetures de services recensées.

« Mais jusqu’à quand ? », interroge Harold Huwart, maire (Parti radical) de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), 10 000 habitants, et président du conseil de surveillance du centre hospitalier du même nom. Un hôpital de proximité installé dans le Perche, en plein désert médical, dont l’activité repose sur la coopération entre une offre de soins publique et privée.

Comment continuer à faire tourner les urgences, la chirurgie ambulatoire et les consultations de spécialistes, si les médecins intérimaires – dont la rémunération, désormais plafonnée à 1 390 euros la garde partout en France, contre 1 600 euros les vingt-quatre heures jusqu’à présent à Nogent-le-Rotrou (et 640 euros les dix heures) – venaient à faire défection ?

Pour l’édile, quelques chiffres résument, mieux qu’un discours, le « renfort » dont il ne voit pas comment se passer : ici, les intérimaires sont une vingtaine à assumer des gardes – huit des quinze urgentistes, quatre des cinq anesthésistes, trois des quatre radiologues… Ils interviennent aux côtés d’une trentaine de chirurgiens et d’autres spécialistes libéraux, et d’une dizaine, « seulement », de praticiens hospitaliers publics.

Mehdi Cherif, ophtalmologue du centre hospitalier en consultation avec des patients à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 12 avril 2023.
Mehdi Cherif, ophtalmologue du centre hospitalier en consultation avec des patients à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 12 avril 2023.  NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Ensemble, ils sont les rouages d’une organisation peu ordinaire reposant, notamment, sur un service de médecine spécialisée et une unité de chirurgie ambulatoire, sorte de clinique installée au cœur de l’hôpital qui propose, les jours ouvrés, des consultations au tarif opposable. « Un atout, en zone rurale, pour des gens comme nous dans la fleur de l’âge », sourient Josette et Richard Bauduin, octogénaires, croisés ce mercredi d’avril, au sortir d’un rendez-vous de pneumologie, en salle d’attente. « Pour mon mari, handicapé, aller jusqu’au Mans ou Chartres, c’est compliqué, confie Josette. Que les médecins viennent à nous et nous épargnent le déplacement, comment s’en plaindre ? »

« Au tarif plafonné, j’arrête »

L’unité chirurgicale ad hoc a contribué à sortir le centre hospitalier de la crise qu’il a traversée, il y a vingt ans, après la fermeture de la maternité et de la chirurgie conventionnelle. Depuis, les interventions – avec l’ophtalmologie et la gastro-entérologie en spécialités reines – se font en ambulatoire. Au pas de course, cinq jours sur sept, pour lepatients« éligibles » – les autres sont adressés ailleurs. Leurgences, elles, sont à pied d’œuvre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, adossées à un SMUR et à une unité d’hospitalisation de courte durée.

« Vous sortez du jeu les intérimaires, notamment les anesthésistes, dont dépend l’activité du bloc opératoire, et c’est tout l’équilibre organisationnel et financier du centre qui est en péril, alerte le maire. Comment éviter la désorganisation, pire, des fermetures ? » Le risque n’est pas écarté : la direction – qui n’a pas souhaité s’exprimer – est en pleine renégociation avec ces personnels. Certains accepteraient de nouveaux contrats de « motif 2 » (autorisés par les agences régionales de santé pour des territoires en tension et/ou les spécialités en tension), quand bien même cela pourrait coûter plus cher à l’hôpital, relèvent des soignants. Quelques-uns – dont, déjà, deux anesthésistes – mettraient un terme à leur collaboration. « La plupart attendent de voir », souligne Violetta Jauriac, cheffe des urgences et présidente de la commission médicale d’établissement.

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Elle aussi manie les chiffres : à ce jour, 90 % de son équipe vient de la région parisienne. Le reste de Chartres. Dans d’autres services, les médecins viennent aussi du Mans, ou de plus loin. « Ce sont des urgentistes polyvalents, réguliers, avec lesquels on a appris à travailler, explique-t-elle. Un hôpital comme le nôtre en a besoin. » Tous font des allers-retours, jusqu’à Nogent-le-Rotrou, plusieurs fois par mois ; tous ont une ancienneté à faire valoir, de deux à dix ans aux urgences ; huit ans, en moyenne, dans le centre. « Si on leur enlève les 200 à 300 euros de plus qui compensent leur déplacement, un lever aux aurores, trois journées en une pour tenir vingt-quatre heures, ils iront pluprès de chez eux, tout simplement. Et quelque part, je les comprends… »

Violetta Jauriac, médecin urgentiste et chef de service, avec une patiente reçue aux urgences de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 12 avril 2023.
Violetta Jauriac, médecin urgentiste et chef de service, avec une patiente reçue aux urgences de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), le 12 avril 2023.  NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »

Marianne (elle a requis l’anonymat), urgentiste intérimaire, a déjà tranché : « Au tarif plafonné, j’arrête. » Elle avait commencé à prêter main-forte à Nogent durant la crise liée au Covid-19. Une activité, pour elle, « occasionnelle ». Antoine Rogeau, anesthésiste intérimaire est, lui, un « historique » de l’unité de chirurgie ambulatoire. Depuis 2007, il répartit son activité entre une clinique de la banlieue parisienne et Nogent-le-Rotrou. « Ces histoires de gardes mirobolantes qui ont servi à justifier le plafonnement me font un peu rire, dit-il. C’est un peu comme celle de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours… Bien sûr que des excès doivent existerMais certainement pas partout. Avant de taper sur l’intérim, c’est le problème de l’attractivité des carrières à l’hôpital qu’il faut résoudre. » A 69 ans, ce médecin a annoncé sa décision de démissionner… pour redevenir « mercenaire », ironise-t-il.

Lire le reportage :  Article réservé à nos abonnés  De la pénurie de généralistes jusqu’aux urgences, le système de soins à l’hôpital est au bord de la noyadeAjouter à vos sélections

Les plannings sont remplis en avril, à une journée près, glisse un médecin. « Les collègues viennent aux conditions antérieures. Ils ont signé avant la date butoir, ça donne un sursis… » La situation pourrait se compliquer en mai, et plus encore avec l’arrivée de l’été. L’Association des petites villes de France, dont M. Huwart est vice-président, réclame que des dérogations ou des délais puissent être accordés, au moins « au cas par cas », aux hôpitaux de proximité.

Mattea Battaglia(Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), envoyée spéciale)

« La direction nous a traités de terroristes »: surchargés, les soignants des urgences de Grenoble réquisitionnent le hall   

Par M.J. le 17-04-2023 https://www.egora.fr/actus-pro/urgences/79987-la-direction-nous-a-traites-de-terroristes-surcharges-les-soignants-des#xtor=EPR-3-1%5BNews_En_Bref%5D-20230417-%5B_1%5D

Aux urgences du CHU de Grenoble, les médecins et les soignants ont décidé de mener des actions chocs pour dénoncer leur important sous-effectif et leurs conditions de travail, rendues compliquées par la mise en place de l’encadrement de l’intérim médical. La semaine dernière, un nonagénaire est mort dans le service après trois jours passés sur un brancard. C’est le troisième décès imprévu en six mois. 

“On est les seuls témoins de ce qui se passe aux urgences et ce qui s’y passe est terriblement malsain. On est plus que maltraitant malgré nous”, témoigne anonymement auprès de Libération un soignant du service des urgences du CHU de Grenoble (Isère), quelques jours après le décès d’un nonagénaire. Ce patient, admis pour une infection pulmonaire le 12 avril, a été retrouvé sans vie sur un brancard, après trois jours d’hospitalisation. “Lors de son admission, son pronostic vital n’était pas engagé. Il était âgé mais autonome chez lui. Comme on n’est pas assez nombreux pour s’occuper de tous les patients qui stagnent aux urgences, on avait relevé les barrières de son lit porte par mesure de sécurité. Il a fait toutes les complications dues à l’alitement prolongé”, indique un médecin. 

Pour l’équipe soignante, c’est le décès “de trop”. “Cet homme est mort seul dans une salle sans fenêtre et sans pouvoir revoir sa famille, s’étrangle une collègue. Depuis le Covid, l’encombrement est tel qu’on n’accepte plus les proches. En apprenant le décès, la famille nous a traités d’’hôpital de salauds' », lâche un membre de l’équipe, désabusé. Comme ce patient, deux autres personnes sont mortes pendant leur passage aux urgences. Début décembre, lorsqu’une patiente de psychiatrie avait été retrouvée morte dans les toilettes, le corps médical avait même initié une grève pour dénoncer leurs conditions de travail et surtout, le grave manque d’effectif. 

« Sédater les patients pour qu’ils puissent rester sur un brancard » pendant des jours : le SOS des soignants des urgences d’Alençon

Aux urgences du CHU de Grenoble, les médecins ne travaillent plus que sur réquisition, confie l’un d’eux. Ils sont 29 à tourner, alors qu’il en faudrait 52. Lors de la mise en place de la Loi Rist et du plafonnement de l’intérim médical au début du mois, tous ont décidé de se mobiliser en commençant par signaler tous les événements indésirables du service (décès, passages de plus de 24h, etc)… mais rien n’y fait : la direction reste “sourde aux alertes”. 

L’équipe a donc décidé de mettre en place une action choc afin de “rendre l’invisible, visible”. Le 11 avril dernier, 9 patients stables qui attendaient ont été transférés dans le couloir central du service (avec leur accord et celui de leurs proches), transformé pour l’occasion, en “zone d’attente d’hospitalisation”. “On a transformé le hall en Zadh”, glisse une urgentiste. “La direction nous a traités de ‘terroristes’. “Mais c’était le seul moyen de la contraindre à chercher des solutions d’hospitalisation pour des patients que nous n’avons pas les moyens de prendre en charge sur la durée.” 

Suite à cette action, la direction a décidé de rappeler aux médecins que “si leur responsabilité ne pourra être engagée pour des difficultés à l’organisation des prises en charge au sein du service, il en va de même en cas de transferts de patients dans une ‘zone publique hors soin’”. Libération précise que cette dernière se dit en “confiance dans les actions engagées collectivement depuis plusieurs mois”. Mais, plutôt que d’ouvrir de nouveaux lits et d’engager de nouveaux médecins, elle a décidé de déprogrammer des patients des étages.“On en a assez de devoir assumer seuls vis-à-vis des familles alors qu’on n’a pas les moyens de prévenir les drames”, a réagi un médecin. 

En attendant de trouver une sortie de crise, tous les médecins de l’équipe se sont ajouté des demi-gardes jusqu’à 23 heures. “Entre mai et septembre, il nous manque 5 000 heures de présence médicale pour boucler les plannings ! Si on veut éviter la catastrophe cet été, soit on obtient du renfort des spécialistes des étages, soit il nous faudra des intérimaires.” 

Ils envisagent de se mettre en arrêt à partir du 24 avril prochain si rien ne venait à changer. 

[avec Libération

« Intérimaires médicaux en Vendée (Fontenay-le-Comte) : « Si je ne viens plus, la maternité risque de fermer » »

Date de publication : 18 avril 2023 https://www.mediscoop.net/index.php?pageID=26a7266263c00acb7244000609f6459b&id_newsletter=18169&liste=0&site_origine=revue_mediscoop&nuid=44baf5968540a6248a8065e80f2f7273&midn=18169&from=newsletter

Marine Dumeurger remarque en effet dans Libération : « En Vendée, la petite maternité de Fontenay-le-Comte passera-t-elle le mois de mai ? Dans une région où les soignants manquent cruellement, la loi Rist pourrait lui porter le coup fatal ».


La journaliste explique qu’« en plafonnant à 1390 euros brut une garde de 24 heures dans le public, son ambition est de rétablir l’équité au sein des équipes, éviter les situations où certains intérimaires sont mieux payés que les titulaires sans les contraintes de garde, aller dans le sens de l’engagement des professionnels ».


« Mais si sur le papier l’intention de la réforme est louable, à Fontenay, où certains médecins comme les anesthésistes ou les gynécologues obstétriciens sont uniquement des intérimaires, la loi pourrait bien décourager les derniers volontaires », 
relève-t-elle.
Marine Dumeurger observe ainsi que « Fontenay-le-Comte illustre le lent déclassement d’un établissement de santé, qui fait les frais autant de son manque d’attractivité pour la profession que des politiques publiques ».


La journaliste relève que « même si son nom figure toujours sur le site internet de l’hôpital, le dernier gynécologue titulaire, chef de service, est parti en 2020. Il a porté la maternité pendant des années. En témoignent encore les articles de presse locale relatant les soirées de réveillon qu’il y a passées. Un rapport au métier qui semble aujourd’hui éculé. Idem pour les trois anesthésistes titulaires ».


Abdul Kader El Soufi, « un des deux professionnels qui les ont remplacés en intérim », explique que « deux sont partis dans le privé et le dernier a pris sa retraite. Depuis des années, l’hôpital n’arrive à recruter que des intérimaires. […] Il faut être réaliste. Les jeunes désirent s’installer dans une ville dynamique, avec des choses à faire ».


Marine Dumeurger indique que le médecin de 64 ans « refuse la loi Rist. Question de liberté et de fonctionnement. (…) Il assure n’avoir jamais été payé au-delà du plafond imposé, loin des missions mirobolantes à 5000 euros par 24 heures évoquées pour justifier la réforme. Remonté contre les mots du gouvernement, il se défend d’être un «mercenaire» de passage ».
Il déclare ainsi : « Depuis 2014, je viens régulièrement à Fontenay. C’est un hôpital que je connais bien. J’ai instauré un protocole, je connais le personnel, chaque armoire et chaque produit là-bas ».


Marine Dumeurger poursuit : « Tandis que la liste des services fermés s’allonge dans les hôpitaux français à la suite de la loi Rist, on retient son souffle. Avec l’impression tenace que la réforme pourrait être l’ultime coup de pioche pour un établissement déjà en souffrance ».


Le Dr El Soufi souligne : « Je refuse les nouvelles mesures mais si je ne viens plus ici, la maternité risque de fermer, puis ce sera la pédiatrie. Fontenay va devenir une maison de retraite ».

Grève des intérimaires : 20 fermetures de services hospitaliers en 48 heures   

Par Louise Claereboudt le 18-04-2023 

https://www.egora.fr/actus-pro/hopitaux-cliniques/80013-greve-des-interimaires-20-fermetures-de-services-hospitaliers-en#xtor=EPR-3-1%5BNews_En_Bref%5D-20230418-%5B_1%5D

Selon le syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux, la situation se tend chaque jour un peu plus depuis la mise en application de la loi Rist, plafonnant la rémunération des intérimaires. 70 services hospitaliers en feraient actuellement les frais.

Il y a comme une dissonance entre les annonces d’Emmanuel Macron et les chiffres du Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux. Lors d’une allocution télévisée, ce lundi 17 avril à 20 heures, le chef de l’Etat a promis de « désengorger » les services d’urgence « d’ici fin 2024 ». Une projection dans un avenir radieux qui détonne. Deux semaines après la mise en application de la loi Rist, encadrant les rémunérations des médecins intérimaires, nombreux sont les hôpitaux à être en difficulté.

Selon une liste non exhaustive établie par le SNMRH, 70 services hospitaliers seraient fermés (à la date du 17/04), en majorité des services d’urgence mais aussi de pédiatrie, de gastroentérologie, de médecine, etc. De nombreux SMUR seraient également à l’arrêt, faute de médecins pour fonctionner. « En 48h, on a relevé 20 fermetures supplémentaires », écrit le syndicat dans un tweet publié hier soir. Plus de 20 autres services seraient par ailleurs en grande difficulté, alerte le SNMRH.  

https://twitter.com/cdmrehp/status/1648041836554907658?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1648041836554907658%7Ctwgr%5E25479ccf9f68a46e227960c11b901b376358d5f9%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.egora.fr%2Factus-pro%2Fhopitaux-cliniques%2F80013-greve-des-interimaires-20-fermetures-de-services-hospitaliers-en

SNMRH

@cdmrehp

Nouvelle mise à jour du 17 Avril : En 48 h on a relevé 20 fermetures supplémentaires: Soit 70 SERVICES FERMÉS et + de 20 services en grande difficulté. Nous sommes désemparés de recenser ces fermetures que nous avions annoncées

@FrcsBraun

avez-vous conscience des conséquences ?

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« Il n’y a pas de service qui va fermer de façon sèche », avait pourtant promis le ministre de la Santé, François Braun, le 3 avril – jour de la mise en application de la loi Rist, sur le plateau de RMC et BFMTV. Le locataire de l’avenue de Ségur avait par ailleurs indiqué que « des solutions » avaient été trouvé « pour les trois premières semaines d’avril » pour « tous les services ». Une illusion, pointe le Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux.

1800 euros les 24 heures : pour ramener les médecins intérimaires à la maternité de Sarlat, l’ARS relève (déjà) le plafond

Engagé dans un bras de fer avec l’exécutif, le syndicat a saisi le Conseil d’Etat, demandant l’annulation de l’instruction ministérielle de l’instruction ministérielle du 17 mars dernier qui vise l’application des dispositions de la loi Rist, qui « fait s’effondrer l’hôpital public ». L’audience a été fixée au mardi 2 avril prochain à 11h, a indiqué ce mardi le SNMRH, se réjouissant de la réactivité de la plus haute juridiction administrative française.

« Les médecins ont tous marqué leur attachement profond aux hôpitaux publics », en particulier lors de l’épidémie de Covid, « et le ministère se met dans une impasse dramatique pour les patients en voulant agir par autoritarisme. Il doit retrouver raison et admettre qu’il ne peut construire l’hôpital de demain en agissant contre les principaux acteurs que sont les médecins », a déclaré le président du syndicat, le Dr Éric Reboli, dans ce communiqué.

NB: au centre hospitalier d’Albi, il, est prévu en Mai prochain la fermeture des urgences pour 6 nuits.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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