La brutalité policière a un nouveau nom : Sainte-Soline.
C’est « en état de choc » que les manifestant·es ont quitté le village des Deux-Sèvres. Comme Sacha, 27 ans, qui ne cessait d’entendre des voix paniquées dans son talkie-walkie réclamant « ils sont où les médics, ils sont où ? » entre les détonations des 4000 grenades tirées ce samedi. Les soignant·es sur place disent leur « sidération ». Tel Clara, sage-femme, qui doit écouter une régulatrice puis un médecin du Samu affirmer qu’ils ne peuvent dépêcher une ambulance sur place alors qu’elle se tient près d’un blessé « en état d’urgence absolue ». Nous aussi à basta! sommes « hébétés » devant ces récits. Au lieu de dénoncer la violence de la police, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé ce mardi vouloir dissoudre les Soulèvements de la terre, l’une des organisations à l’origine de la manifestation.
Manifestants dans le coma, blessés graves : des professionnels de santé racontent Sainte-Soline
28 mars 2023 par Guy Pinchard
La répression policière de la manifestation contre les mégabassines le 25 mars dans les Deux-Sèvres a causé de nombreux blessés, dont deux personnes au pronostic vital engagé. Des professionnels de santé qui étaient sur place racontent.

- Temps de lecture :7 min
Médecins, infirmiers et sages-femmes, elles et ils étaient sur place le samedi 25 mars à la manifestation contre les mégabassines à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. La répression policière a conduit à au moins 200 blessés, selon les Soulèvements de la Terre, à l’origine de la manifestation (avec notamment la Confédération paysanne et le collectif d’associations Bassines non merci).
« Parmi eux, 40 ont été blessés gravement dont 20 ont été hospitalisés. Il y a des pieds arrachés, une personne éborgnée, détaille l’un des organisateurs, sous couvert d’anonymat. Trois personnes ont été évacuées en urgence vitale, deux sont entre la vie et la mort ». Choqués, les organisateurs de la contestation ne s’attendaient pas un tel déchaînement de la part des forces de l’ordre qui auraient tiré près de 4000 grenades, a affirmé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.« Je peux confirmer que les 200 blessés annoncés ne sont pas une exagération des organisateurs, assure Anna* [1], médecin généraliste qui était sur place dans l’équipe de médics [2]. Nous étions plusieurs dizaines de médics et heureusement, même si sur certaines blessures nous ne pouvions faire grand-chose. Nous n’avions pas le matériel nécessaire pour intuber des gens par exemple. »
Les quatre professionnels de santé dont nous avons recueilli le témoignage décrivent les mêmes scènes d’une gravité inédite pour elles et eux, malgré leur expérience quotidienne. Parmi les nombreux blessés qu’ils ont pris en charge, deux, S. et M. le sont plus que grièvement. Leur pronostic vital est à ce jour engagé. S. a été grièvement touché au crâne et est actuellement dans le coma.
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L’opératrice du Samu refuse d’envoyer un véhicule
Sage-femme de profession, Clara n’a pas l’habitude de soigner des blessures comme ce jour-là, mais est rodée à communiquer avec les secours. « La première victime que j’ai rencontrée était déjà examinée par des médics au niveau de la cuisse, explique-t-elle. Ils pensaient que c’était une fracture ouverte, mais avec la crainte que l’artère fémorale soit touchée, ce qui aurait représenté une urgence vitale absolue. Nous hésitions à comment la déplacer, et avons alors passé un coup de fil au Samu pour cette personne. »
S’en suit selon Clara un coup de fil qui a duré une vingtaine de minutes. « Avec la régulatrice en ligne, il y a eu un travail d’explication avec la position GPS, la situation alentour et nos premières constatations médicales. La route où nous nous trouvions était dégagée et nous semblait accessible au Samu. » Au même moment, un autre médecin décide de réexaminer la plaie et découvre que ce n’est pas une fracture ouverte, mais un gros éclat dans la jambe.
« Je corrige donc l’information auprès de la régulatrice Samu et à nos yeux, le niveau d’urgence baisse alors. Inutile donc d’envoyer une ambulance immédiatement selon nous. Elle conteste notre analyse et décide d’envoyer tout de même une ambulance. L’idée nous paraît finalement bonne, car de toute façon il y aura des blessés à évacuer, se souvient Clara. C’est alors qu’on m’interpelle pour un autre blessé où la situation semble très grave. »
S. est « inconscient, il saigne énormément à la tête. Il y a déjà des médics autour de lui qui nous disent que cela fait une heure qu’ils essaient d’avoir le Samu et que ça n’arrive pas. Pendant que quelqu’un l’examine à nouveau, je reprends un téléphone pour appeler les urgences. Le nouvel examen de la victime est gravissime, inconscient. Je comprends que c’est un état d’urgence absolue et je le dis à la première opératrice du Samu. »
Clara demande un véhicule du Samu et même un hélicoptère, de suite. « L’opératrice refuse, elle me dit que c’est une zone de combat. Cela me surprend, car lors du premier appel, ce n’était pas le cas et c’était quelques dizaines de minutes plus tôt ! »
Vient alors au téléphone un médecin régulateur et elle laisse le combiné à une urgentiste, plus technique. « Le médecin du Samu reste alors sur sa position et dit que c’est beaucoup trop dangereux alors qu’il n’avait pas eu connaissance encore de la gravité du diagnostic ! La conversation prend fin sans que l’on nous dise qu’une ambulance ou quoi que ce soit arrive. Nous étions sidérés d’une telle réception ! »
Le groupe étant désespéré, l’un d’eux décide alors d’aller vers les forces de l’ordre muni d’un drapeau, improvisant « un signe de paix ». « Il les a informés que quelqu’un était en train de mourir et alors un médecin et un infirmier de chez eux sont arrivés. Ils ont complété notre prise en charge médicale. Nous leur avons suggéré d’appeler une ambulance et quelques minutes plus tard, elle était enfin là ! »
« Des grenades explosaient autour de nous »
Venu avec peu de matériel médical (des bandes, de la biseptine), Paul* est infirmier. Il estime que M. fait partie des premières victimes des nombreux projectiles envoyés sur les manifestants. « Il était porté par quatre à cinq personnes, se souvient-il. Je demande alors aux gens de le mettre au sol. Il est inconscient et j’ai du mal à évaluer son score de Glasgow. » Le Glasgow Coma Scalepermet d’évaluer la gravité des comas traumatiques, par l’ouverture des yeux, s’il y a ou non une réponse verbale, ou une réponse motrice. « Très vite, je vois qu’il a un hématome en plaie très important dans le cou et de grosses difficultés respiratoires. »
Éloignée de la zone et examinée à nouveau, la victime est dans un état encore plus grave que constaté initialement, car elle aurait été touchée à la tête à la suite de l’explosion d’une grenade. « D’autres médics ont vu qu’il avait aussi un hématome crânien, analyse Paul. Cela nous avait échappé… il faut imaginer le contexte et la scène de guerre que c’était. Des grenades explosaient autour de nous pendant l’évaluation, en plus de la panique des gens vu son état, ajoute-t-il, ému. La personne a donc été transportée plus loin par d’autres médics. Une médecin a hurlé pendant 22 minutes au téléphone avec le Samu, à travers les détonations. »
La médecin en question s’appelle Perle, elle exerce d’habitude son métier à Nantes. « La communication au téléphone était très laborieuse, car nous ne nous entendions pas , s’explique-t-elle. L’opérateur du Samu exigeait que l’on aille dans le bourg de Sainte-Soline qui est situé à une dizaine de kilomètres du site. C’était impossible sans un véhicule à nous ! J’aurais bien aimé qu’un hélicoptère atterrisse sur notre zone. Au pire, j’imaginais très bien que l’on puisse amener une ambulance à nous. À la fois, les organisateurs manquaient de véhicule pour évacuer les gens et les secours ne sont pas venus à nous. »
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« Toutes ces personnes avec des couvertures de survie »
Le temps d’arrivée des secours et les deux cas les plus graves ne sauraient éclipser les autres blessés et les scènes traumatisantes auxquelles ont été confrontés bon nombre de manifestants. « J’étais tellement concentré sur mon premier patient que je n’ai pas tout de suite remarqué toutes ces personnes avec des couvertures de survie et parfois le visage en sang autour de moi, se remémore Perle, visiblement marquée. Certains pleuraient, j’étais totalement dépassée. On m’a demandé d’examiner le visage d’une personne qui avait un pansement sur l’œil et en fait, en soulevant la compresse, son œil était éclaté. Je ne pouvais rien faire d’autre, je ne pouvais pas examiner un œil dans ces conditions. Le jeune m’a suppliée de lui dire qu’il allait conserver son œil et j’en étais incapable. Après cela, j’ai perdu de vue beaucoup de blessés, car la même route a été gazée et les gens ont pris les victimes à bras le corps pour les évacuer », décrit-elle. SUR LE MÊME SUJET
Incapables de correctement prodiguer leurs soins, les soignants questionnés ici ignorent s’ils et elles retourneront manifester. « J’ai du mal à savoir si je réitérais l’expérience d’être médic, mais je pense que ce rôle est nécessaire actuellement, surtout dans le climat de la réforme des retraites », dit Anna.
Guy Pichard
Photo : ©Soulèvements de la terre
Notes
[1] Les prénoms suivis d’un astérisque ont été modifiés.
[2] Sur le fonctionnement de ces équipes de soignants bénévoles lors des manifestations, lire notre reportage à Toulouse.
La répression, les menaces et intimidations s’accentuent contre les opposants aux mégabassines
15 novembre 2022 par Guy Pichard
Violente et frontale, la répression qui a frappé les opposant.es aux mégabassines à Sainte-Soline fin octobre s’inscrit dans la continuité des pressions et menaces qu’ils subissent déjà depuis plusieurs mois et qu’ils racontent en détail à Basta!.

- Temps de lecture :10 min
Gérald Darmanin les a qualifiés d’« écoterroristes », la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté, Sonia Backès, de « séparatistes » [1]… La répression des activistes contre les bassines dans le Marais poitevin est montée d’un cran lors de la manifestation du week-end du 29 et 30 octobre à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), sur le terrain comme dans les discours. Après l’usage de grenades et de lanceurs de balles de défense (LBD) sur les manifestants et les verbalisations pour participation à une manifestation interdite, ce 14 novembre, cinq militants ont reçu la visite des gendarmes venus leur remettre une convocation à la gendarmerie de Niort et de Parthenay, selon un communiqué du collectif Bassines non merci. Les opposants aux mégabassines font face à diverses formes de pression, de surveillance voire de répression depuis le début du mouvement.

À la suite de son passage lors d’un reportage sur TF1, un couple de retraités a trouvé ce ragondin mort chez eux. Le message est clair.
« Pour nous, cela a débuté bien avant Sainte-Soline », se rappelle un retraité de Charente, voulant garder l’anonymat. Après son témoignage lors d’un reportage sur TF1 à propos de la sécheresse, le 12 août 2019, l’homme, familier du monde paysan et lui-même chasseur, a reçu une mauvaise surprise. « La séquence portait sur les rivières à sec en Vendée et montrait bien l’impact des bassines sur l’environnement, avec des champs de maïs autour. Le lendemain, nous avons trouvé un ragondin mort chez nous avec une bague siglée TF1. »
Choqués de trouver le cadavre de l’animal chez lui à la vue de ses petites-filles, le retraité et sa femme interpellent le maire du village afin qu’il intervienne. « L’élu m’a répondu qu’il n’y pouvait rien si ce ragondin était venu crever dans ma cour », s’étonne encore le retraité. « Nous le tenions à la disposition de la gendarmerie pour qu’elle fasse éventuellement une enquête, mais aucun agent ne s’est déplacé. » Le couple affirme aussi avoir subi des menaces de mort et avoir déposé ensuite une main courante à la gendarmerie. « Une fois, j’étais seul à la chasse avec mon fils et on est venu me voir pour me dire qu’il allait m’arriver prochainement quelque chose », rapporte-t-il.
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La police fouille des poulaillers
La médiatisation de la lutte contre les mégabassines a réellement pris de l’ampleur il y a un an, lors de l’invasion du chantier de Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) le 22 septembre 2021, et le retour de bâton judiciaire a suivi peu après. « Parmi les quatre personnes mises en garde à vue à la suite de leur interpellation, un agriculteur de la Conf’ était convoqué à la gendarmerie et s’y est normalement rendu », se souvient Benoît Jaunet, porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres. « En revanche, ils sont allés chercher sa femme sur son lieu de travail, à la fromagerie, pour ensuite aller fouiller toute sa maison, de la chambre des enfants au poulailler ! »
Parmi les autres gardés à vue, se trouve évidemment la figure publique des contestataires, Julien Le Guet. « Les forces de l’ordre sont venues me chercher chez moi à 6 h 30 du matin en présence de mes trois filles », confirme le porte-parole du collectif Bassines Non Merci. « On me reprochait notamment ma prise de parole publique à Mauzé-sur-le-Mignon : j’avais prévenu l’État que pour une bassine construite il y en aurait trois de détruites. »

Julien Le Guet, porte-parole de Bassines Non Merci
Julien Le Guet, porte-parole de Bassines Non Merci, a durement été touché lors de la manifestation du week-end du 29 et 30 octobre à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Au début de la mobilisation, un an plus tôt, « les forces de l’ordre étaient venues me chercher chez moi à 6 h 30 du matin en présence de mes trois filles ».
©Guy Pichard
Cette phrase prononcée lors de la manifestation fut interprétée comme une « provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un délit » par le procureur de la République de Niort. Toutefois, Julien Le Guet reconnaît avoir été mieux traité que certains de ces camarades, probablement du fait de sa médiatisation. « Les gendarmes ce jour-là ont été corrects dans la manière de m’interpeller », reconnaît-il. « C’était mon téléphone et mon ordinateur qui les intéressaient. Quand je les ai donnés, j’ai obtenu qu’ils ne rentrent pas dans les chambres de mes filles. »
40 000 euros de matériel d’espionnage
Avec le printemps suivant vient le temps des nouvelles actions pour les opposants aux bassines, qui vont d’abord avoir une (grosse) surprise. Le 18 mars 2022, ils découvrent à Sevreau (79), caché sous un filet de camouflage et des feuilles, du matériel militaire d’écoute habituellement utilisé par la gendarmerie ou l’armée… « C’était placé à côté de chez mon père, les renseignements ont su que l’on y organisait des réunions », détaille Julien Le Guet.
Composé d’une caméra orientable à distance, d’un kit de batterie au lithium, d’un traceur et d’un système de transmission, le tout a été évalué pour une valeur d’environ 40 000 euros ! « Notre conviction est que ce matériel appartenait à la cellule Déméter », juge le porte-parole de Bassines Non Merci. Mise en place en 2019 par le ministère de l’Intérieur, en partenariat avec la FNSEA, le principal syndicat agricole, la cellule Déméter visait au départ « des actions de nature idéologique » consistant en « de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ». Suite à une saisine du tribunal par des associations environnementales, cette cellule se concentre aujourd’hui sur la lutte contre tout ce qui relève d’« infractions pénales (vols, dégradations, cambriolages, violations de domicile, occupations illégales de terrains) ».
« À la suite de la révélation de nos découvertes dans la presse, il y a eu un jeu ridicule des services préfectoraux qui ont d’abord affirmé découvrir l’existence de ce matériel par voie de presse et quelques jours après, la préfète a finalement avoué que le matériel leur appartenait bien et qu’il était là de manière préventive. » Si le matériel se voulait discret, il fera au final grand bruit dans le Marais poitevin et aura, selon les membres du collectif, détourné plusieurs personnes engagées pour les bassines, outrées devant un tel déploiement de matériel d’espionnage. Quelques jours plus tard a lieu le printemps maraîchin autour du 25 mars, pour une manifestation joyeuse qui a réuni, à La Rochénard (Deux-Sèvres), près de 6000 anti-bassines.
Une incitation d’un cadre des Jeunes Agriculteurs à brûler une ferme
C’est lors de cet événement que Benoît Jaunet, porte-parole de la Confédération paysanne des Deux-Sèvres, est alerté par sa femme d’un message menaçant sur les réseaux sociaux. Le statut Facebook, que nous avons retrouvé, dit « S’il y en a qui sont chauds pour une journée festive à la Ferme (de Benoît Jaunet) je suis chaud de night », le tout agrémenté d’une image d’un hangar en feu. L’auteur n’est pas moins que le président des Jeunes Agriculteurs des Deux-Sèvres, section syndicale « jeunesse » de la FNSEA.

Blessures par grenades
Des grenades de désencerclement GM2L ont été lancées sur la foule (environ 200 cartouches ont été ramassées), provoquant ce type de blessures.
© Guy Pichard
« Dès le soir même, le message a été supprimé, sans doute après une prise de conscience », se remémore Benoît Jaunet. « Nous avons eu vraiment très peur, car j’ai déjà été victime d’un tel acte il y a 8 ans : un feu d’origine criminelle et non élucidé. Avec ma femme et mes enfants à la maison, je n’en menais pas large. » L’agriculteur, installé en polyculture-élevage, qui avait déjà reçu des appels anonymes et des menaces, rédige alors une lettre ouverte notamment à l’adresse de la direction de la FNSEA et des services de l’État pour qu’ils prennent position. « Personne ne m’a répondu », regrette-t-il. « Mes plaintes déposées sont toujours en cours d’instruction et pis encore, un gradé de la gendarmerie est tout de même venu me voir pour me dire qu’il n’avait pas assez de gendarmes pour protéger toutes les fermes et que je l’avais bien cherché. »
Benoît Jaunet, qui siège aussi à la chambre d’agriculture, déplore ces vives tensions entre agriculteurs, qui l’ont poussé à quatre mois d’arrêt, délivré pour surmenage par son médecin. « Face à toutes ces menaces, ma collègue qui était aussi porte-parole a préféré se mettre en retrait de ses fonctions ; nous frôlions tous les deux le burn-out », continue-t-il. Les mégabassines, en plus d’enflammer l’opinion, semblent creuser le fossé qui sépare deux conceptions de l’agriculture. « J’ai l’impression qu’ici le climat est plus violent entre agriculteurs qu’ailleurs », confirme Nicolas Girod, porte-parole national de la Confédération paysanne.
Des sanctions encore à venir
Chacun des temps forts de la lutte contre les bassines ayant vu son lot de sanctions judiciaires tomber, difficile d’imaginer que le week-end de Sainte-Soline sera sans conséquences. « Avec la prise d’identité de nombreuses personnes durant le week-end, il est fort probable que des manifestants reçoivent dans les semaines à venir des contraventions », prévient Alexis Baudelin, avocat au barreau de Paris, codéfenseur de cinq personnes dont le procès est fixé au 28 novembre, à Niort, à la suite du « regroupement interdit » de Sainte-Soline.

« Écoterroristes » ?
Après avoir symboliquement fait tomber les grilles du chantier, la foule est rentrée calmement au campement. Les participant.e.s ont ensuite été qualifiés d’« écoterroristes » par Gérald Darmanin.
© Guy Pichard
« On sent bien que le gouvernement a voulu mettre au pas ce mouvement qui prend de l’ampleur », constate Alexis Baudelin. « Le procureur a dit que c’était pour l’exemple, il n’y a absolument rien contre eux. Ces personnes ont été « punies » de 24 heures de garde à vue et déférées en comparution immédiate, ce qui est une procédure assez violente alors qu’elles ne faisaient que manifester. » Bien que manifester soit un droit fondamental, la préfète des Deux-Sèvres avait interdit l’événement et dans les textes, cela exposait les 7000 manifestants présents à 135 euros d’amende chacun. Ainsi, la maire écologiste de Poitiers, Léonore Moncond’Huy a été verbalisée… Mais le week-end fut surtout marqué par une violence nouvelle de la part des forces de l’ordre, évidemment traitée différemment selon les médias (lire l’encadré ci-dessous).
Repère :
« L’État a recréé les conditions du drame de Sivens »Lire l’encadré DANS LE MÊME DOSSIER
« On peut s’attendre à des milliers d’euros d’amendes, voire davantage. Taper dans le portefeuille des opposants de cette manière a pour effet de les dissuader de manifester, c’est comme ça depuis le mouvement des Gilets jaunes. » Pas de quoi visiblement ralentir le mouvement qui s’organise au fil des mois pour contrer la construction des bassines sur tout le territoire. « Plus ce mouvement collectif est réprimé, plus notre détermination en sort renforcée », prévient Julien Le Guet. Dans les campagnes, la guerre de l’eau risque d’être rude.
Guy Pichard
Photo de Une : Opposant face aux forces de l’ordre lors de la manifestation contre les mégabassines fin octobre à Sainte-Soline. ©Guy Pichard
Blocage des secours à Sainte-Soline : un enregistrement enfonce les autorités
29 mars 2023 | Par Youmni Kezzouf, Jade Lindgaardet Camille Polloni
Dans un enregistrement révélé par « Le Monde », un pompier et un opérateur du Samu confirment que les secours ont été bloqués, alors qu’un manifestant était en danger de mort sur le site, samedi dernier. Mediapart diffuse des extraits sonores qui contredisent la version des autorités.
Il y avait une multiplicité de témoignages. Voici désormais qu’un enregistrement confirme que les secours ont été bloqués au moment d’intervenir lors de la mobilisation contre la megabassine de Sainte-Soline, samedi 25 mars, alors que plusieurs manifestants étaient grièvement blessés, dont un en danger de mort.
Le document sonore – révélé par Le Monde et dont Mediapart diffuse ci-dessous des extraits – est tiré d’une conversation entre deux hommes, un observateur de la Ligue des droits de l’homme (LDH) et un médecin présents sur la base arrière de la manifestation où ils assuraient le suivi des opérations à distance, et à l’autre bout du fil, les pompiers des Deux-Sèvres, puis un opérateur du Samu.
Dans les échanges, les services des pompiers comme du Samu affirment à la LDH qu’ils ne peuvent pas intervenir sur place, malgré les alertes sur l’état de santé d’un manifestant (toujours entre la vie et la mort à ce jour). Pourtant d’autres membres de l’association de défense des droits humains présents à ce moment-là dans la manifestation les avaient alertés sur la situation en urgence vitale d’une personne très gravement blessée.
« On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation, c’est qu’on n’enverra pas d’hélico ou de Smur sur place, parce qu’on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l’ordre », affirme notamment l’opérateur du Samu.
Le médecin généraliste sur la base arrière de la manifestation relance alors en expliquant être en contact avec des « observateurs sur place [qui] disent que c’est calme depuis trente minutes et qu’il est possible d’intervenir ». Ce à quoi l’opérateur du Samu répond : « Je suis d’accord avec vous, vous n’êtes pas le premier à nous le dire. Le problème, c’est que c’est à l’appréciation des forces de l’ordre dès qu’on est sous un commandement, qui n’est pas nous. »
Ces échanges confondants, auxquels ont assisté trois avocats (Mes Sarah Hunet-Ciclaire, Chloé Saynac et Pierre-Antoine Cazau), contredisent la version des autorités, mais aussi du Samu, qui ont expliqué depuis samedi qu’aucune entrave aux secours n’avait eu lieu le jour de la manifestation.
En réaction aux éléments contenus dans l’enregistrement, la direction du Samu des Deux-Sèvres a seulement indiqué sur Twitter, mardi soir : « Nous n’intervenons pas en zone d’exclusion. Il n’y a pas de débat. »
La préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée (qui présente la particularité d’avoir été la directrice adjointe du cabinet du ministre Gérald Darmanin) a estimé quant à elle, dans un communiqué de presse, que des blocages de secours avaient effectivement pu avoir lieu pour des raisons de sécurité. « Il n’est pas surprenant que, si [les] conditions de sécurité n’étaient pas réunies, les forces de l’ordre aient pu, pour certaines géolocalisations et dans certaines périodes de temps, indiquer qu’un envoi d’ambulance n’était pas possible dans l’immédiat », a-t-elle déclaré.
« Ce n’est donc que pour éviter que le Samu ou les pompiers ne soient pris à partie ou victimes collatérales des affrontements violents que cette consigne a pu être passée, dans un contexte où les groupes violents se déplaçaient très rapidement. »
Une plainte contre X a par ailleurs été déposée pour « tentative de meurtre » et « entrave aux secours » par les parents d’un manifestant dans le coma après une blessure grave à la tête, survenue lors du rassemblement de Sainte-Soline.
Retrouvez ci-dessous l’intégralité de notre enquête, publiée dès mardi 28 mars, sur le blocage des secours à Sainte-Soline.
***
Deux manifestants dans le coma, une jeune femme au visage brisé, un jeune homme souffrant d’une fracture ouverte du pied, d’innombrables plaies et traumatismes : le bilan dramatique des blessé·es de la manifestation contre la megabassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, samedi 25 mars, pose une question grave : les autorités ont-elles empêché les secours d’intervenir et de soigner celles et ceux qui en avaient besoin ?
Mediapart a recueilli un grand nombre de témoignages attestant de blocages de la part des gendarmes, ayant eu pour conséquence une intervention tardive du Service d’aide médicale d’urgence (Samu) et des pompiers « alors qu’on avait un blessé par minute », décrit Antoine, street medic pendant la manifestation et secouriste de métier dans une association.
Une vingtaine de participants à la manifestation joints par Mediapart décrivent des medics « débordés » par le nombre de blessés, cherchant désespérément à accélérer l’intervention de professionnels munis du matériel nécessaire. Selon le cabinet de la première ministre, désireux de nuancer ce constat, « les services de l’État ont agi et porté secours dans une situation d’offensive particulièrement violente de plusieurs centaines de personnes ». De leur côté, des membres du Samu soulignent la « confusion » de la situation, leurs difficultés à accéder aux blessés et le besoin de faire le point sur ce qui s’est passé.
Des manifestants sous les gaz lacrymogènes lors de la manifestation appelée par le collectif « Bassines non merci » à Sainte-Soline, le 25 mars 2023. © Photo Ugo Amez / Sipa
Pierre-Antoine Cazau, avocat mandaté par la Ligue des droits de l’homme, rapporte avoir assisté à une conversation téléphonique sur haut-parleur entre un médecin et le régulateur du Samu. Depuis Melle, la ville toute proche où se déroulaient des conférences organisées par les anti-bassines, ce soignant, présent sur cette sorte de base arrière, tente à plusieurs reprises de joindre le Samu.
Il a reçu des alertes venues du champ de bataille qu’est devenue la manifestation : un jeune homme est très gravement blessé, et se trouve en « urgence vitale ». Mais au téléphone, le Samu « lui a répondu qu’il avait eu l’ordre du commandement de ne pas intervenir » et « ils ont parlé des forces de l’ordre », affirme Pierre-Antoine Cazau. Selon l’avocat, ce blessé est le trentenaire ensuite héliporté au CHU de Poitiers qui se trouve aujourd’hui entre la vie et la mort.
« Nous n’avons pas été obstrués dans l’exercice de notre fonction mais bien assurés les soins dans des circonstances particulièrement dangereuses pour nos équipes », a déclaré le Samu des Deux-Sèvres sur un réseau social, en réponse à un article de la Charente-Libre.
« Non, les forces de l’ordre n’ont pas empêché les secours d’intervenir, ce sont les gendarmes et les secours qui ont été empêchés d’intervenir par certains casseurs », a au contraire affirmé lundi après-midi le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. « Ce que je peux dire, c’est qu’à chaque fois que nous avons été appelés par les services de secours […], nous avons envoyé des médecins pour les soigner en premier secours », a-t-il ajouté.
Une zone difficile à sécuriser pour les blessés
Pourtant, depuis samedi, de nombreuses personnes assurent exactement le contraire. Aux alentours de 13 h 30, soit environ une demi-heure après le début des hostilités, le député européen Benoît Biteau rassemble plusieurs élues, repérables par leurs écharpes tricolores, et tente de « sécuriser un endroit »pour les nombreux blessés « qu’on voit arriver de la première ligne du front ».
Car la manifestation s’est décomposée en trois cortèges ; le jaune, le bleu et le rose, en fonction de leur degré de conflictualité. Certain·es anti-bassines ont tenté de pénétrer sur le chantier, et se sont durement affronté·es aux gendarmes positionnés tout autour du site. Les grenades pleuvent, l’air se remplit de gaz lacrymogène, repoussé vers les forces de l’ordre par le vent tandis que des gendarmes en quad prennent une partie du cortège à revers et tirent de nouvelles munitions en direction des parlementaires et des blessés.
« On choisit une zone sécurisable et à proximité d’un chemin goudronné qui permet l’accès des secours dans les meilleurs délais », précise Benoît Biteau, et « on se met autour d’eux en bouclier pour les protéger ». « Nous recevons rapidement beaucoup de lacrymo, commençons dans la précipitation à nous organiser et à nous répartir pour porter les blessés plus loin, car cela devient rapidement irrespirable », témoigne Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV. Elle ajoute : « À ce moment-là, une grenade explose à un mètre de moi, près d’Emilio Meslet, journaliste à L’Humanité, qui la sent juste à côté de son pied. » Les élu·es courent avec les blessé·es, disent avoir du mal à respirer et ne pas y voir grand-chose.
C’est à ce moment-là que leur vient l’idée d’appeler la cheffe du pôle « affaires intérieures » de Matignon, Marie-Emmanuelle Assidon, avec qui ils sont en contact au sujet de la mise sur écoute de certains militants anti-bassines. Le téléphone de Marine Tondelier a gardé la mémoire de cet appel : 14 h 07. « Le cabinet d’Élisabeth Borne prend l’engagement d’envoyer des véhicules de secours et autant que nécessaire », raconte Benoît Biteau.
L’entourage de la première ministre confirme avoir reçu l’appel de la cheffe du parti écologiste : « Nous avons transmis son message au ministère de l’intérieur pour que le contact soit rapidement repris avec elle, ce qui a été immédiatement fait ». À 14 h 16, la préfète des Deux-Sèvres, Emmanuelle Dubée (également ancienne directrice de cabinet adjointe de Gérald Darmanin), l’appelle, lui demande où elle est et la géolocalise par la messagerie WhatsApp. Elles se rappellent ensuite à plusieurs reprises jusqu’à 15 h 16.
« Des grenades à hauteur de tête »
À ce moment de la manifestation, un drame s’est déjà noué pour S., le manifestant dont la vie est toujours menacée aujourd’hui après une grave blessure à la tête.
Benoît*, l’un des premiers manifestants arrivés au pied de la bassine, décrit une scène apocalyptique où les gendarmes lançaient « des grenades de désencerclement à hauteur de tête ». Il était tout près de S. quand celui-ci a été touché. « J’ai entendu une détonation, puis je l’ai vu tomber. Du sang coulait de sa tête. » Nous sommes peu avant 14 heures.
Éloïse, manifestante et infirmière diplômée venue de Bretagne, avec « une trousse de soins au cas où », s’est rapidement retrouvée dans un nuage de lacrymos face à « des medics débordés » par les nombreux blessés. Sur son chemin, elle aperçoit « un homme d’une trentaine d’années à terre, inconscient » et entend deux medics crier « urgence vitale ».
Quand Éloïse s’approche de ce blessé isolé, « il y avait déjà deux personnes au téléphone avec le Samu, une jeune femme et un garçon », raconte-t-elle. Elle aide à dégager la route pour permettre l’accès d’une ambulance qui ne vient pas. Pendant ce temps, des manifestants équipés de boucliers de fortune tentent de créer « un périmètre de sécurité » autour de S. Ils se positionnent en cercle, face aux gendarmes.
Benoît en fait partie. « Les lacrymos et les désencerclantes continuaient à tomber », raconte-t-il. Lui-même a été blessé aux jambes par des grenades. « Des gaz étaient tirés à moins de cinq mètres de nous », confirme Éloïse. « Des gens crient “putain” et enterrent les galets [de lacrymogènes, NDLR]. Je n’avais aucune protection, les soignants et le blessé non plus, il était impossible de le soigner. »
Le groupe décide d’évacuer S. en le portant vers l’arrière. Éloïse raconte : « Quelqu’un tenait une compresse au niveau de son œil droit, il était très pâle. Nous sommes passés à travers les gaz pour l’emmener le plus loin possible. » « Moi je continuais à faire bouclier », complète Benoît, pendant que « les copains du blessé lui maintenaient une pression sur le crâne ». Lorsque S. se retrouve un peu à l’écart, pris en charge, Benoît et Éloïse s’éloignent.
« Un barrage de gendarmes », puis deux médecins
À la demande des manifestants, Agathe, une médecin urgentiste qui participait à la manifestation à titre personnel, sans faire partie de l’équipe officielle de medics, se rend auprès de S. Reporterre a publié son témoignage, lundi 27 mars. Elle aussi insiste sur l’impossibilité pour les ambulances, « bloquées par les gardes mobiles », d’accéder à la zone. Elle fait une première évaluation de ses blessures – une plaie, un grave traumatisme crânien – et parle avec le médecin du Samu au téléphone. Elle n’arrive pas à le convaincre de venir.
Lionel Brun-Valicon, secrétaire général adjoint de la LDH et à ce titre observateur dans la manifestation, assiste aux appels au Samu. Les téléphones sont placés en haut-parleur : il entend le service d’urgence refuser de venir et assure avoir « très clairement vu un barrage de gendarmes » au bout de la route où a été installé le blessé, à l’écart. De l’autre côté stationnent des pompiers, qui attendent pour intervenir. « On leur a demandé : est-ce que les gendarmes vous empêchent de passer ? Ils nous l’ont confirmé. »
Les medics sur place ne disposent pas du matériel nécessaire pour porter secours au blessé resté au sol pendant « une heure et demie » et protégé tant bien que mal. Son état s’aggrave. Deux autres manifestantes jointes par Mediapart témoignent de la confusion qui régnait autour de lui. Le téléphone de Caro, l’une d’entre elles, a gardé la trace de son propre appel au Samu, à 13 h 49. Alors que cette ancienne infirmière patientait au bout du fil, un medic lui a indiqué qu’il venait lui-même de raccrocher avec le 112.
Comme Éloïse, Caro et son amie précisent que les plus proches du blessé demandaient régulièrement aux manifestants de « libérer la route » dans l’hypothèse où une ambulance arriverait. « À un moment j’ai entendu une énième personne appeler le Samu en haut-parleur, précise Caro, le gars du Samu a dit “nos ambulances sont bloquées par la police”. »
Caro rapporte avoir « couru vers les gendarmes qui protégeaient la bassine, alors que ça s’était calmé depuis une bonne demi-heure » : « J’ai dit aux gendarmes qu’un jeune homme était en train de mourir à cent mètres d’eux et qu’ils bloquaient l’ambulance. » Lionel Brun-Valicon, de la LDH, a assisté à la scène et confirme le récit de Caro, qui poursuit : « Ils m’ont dit qu’ils ne savaient pas et ont prévenu leur chef. Le chef m’a dit “on va certainement provoquer une sortie”. Au même moment, un homme en salopette bleue, qui était au téléphone, a crié vers les gendarmes “c’est bon, on a l’autorisation de la préfète”. »À lire aussiMégabassines, la guerre de l’eau
D’après, Caro, Lionel Brun-Valicon et le témoignage écrit d’Agathe, deux médecins militaires, issus des rangs des gendarmes, sont alors arrivés. « Ils ont commencé à le perfuser et lui apporter des soins dans le van des medics », précise Caro.
La première ambulance arrive à 14 h 58, selon la journaliste indépendante Marion Lopez, qui a photographié son arrivée. Le véhicule s’avance jusqu’au talus où les élus protègent les blessé·es. Mais il repart vite de l’autre côté, pour rejoindre le blessé le plus grave. « Il y avait une jeune fille de 19 ans, avec un enfoncement oculaire et une fracture de la mâchoire, explique Benoît Biteau. Elle était dans un état dramatique. Quand elle a vu l’ambulance repartir, elle s’est mise à pleurer. C’était insupportable. »
Après l’arrivée du véhicule auprès de S, Lionel Brun-Valicon voit arriver « un officier médical, avec une croix rouge visible, passer un appel demandant de lever le barrage » . L’ambulance démarre mais s’arrête quelques mètres plus loin du fait de l’état du blessé.
Selon les organisateurs de la manifestation, il s’est écoulé trois heures avant que S. puisse être héliporté jusqu’à l’hôpital. Au total, 4 000 grenades ont été tirées ce jour-là par les forces de l’ordre, selon le ministre de l’intérieur.
Marine Tondelier sur Sainte-Soline : « Les secours n’ont pas été anticipés pour les blessés manifestants »
28 mars 2023 | Par Valentine Oberti et Berenice Gabriel
La secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts revient sur la manifestation de samedi, où elle était présente. Elle dénonce le mensonge de Gérald Darmanin à propos de tirs de grenades lacrymogènes en direction des blessés. Et pointe un manque d’anticipation pour faire évacuer les personnes touchées côté militants.
