L’académie de Médecine souhaite la fermeture urgente de 111 maternités qui réalisent moins de 1000 accouchements/an

Un rapport recommande la fin des accouchements dans les petites maternités 

Par M.G. le 01-03-2023 

Le professeur Yves Ville, chef du service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital Necker (AP-HP), a travaillé avec 14 spécialistes sur les accouchements dans les établissements français. Il a remis son rapport à l’Académie de médecine, et préconise la fin des accouchements dans les petites structures pour sauver les maternités. 

Le 28 février, le professeur Yves Ville a remis un rapport à l’Académie de médecine. Il a collaboré avec 14 spécialistes sur les accouchements en France. Il recommande de ne plus faire accoucher les femmes dans près d’une centaine de « petites maternités », afin de renforcer les moyens dans « les plus grosses structures ».

Dans ces établissements, le manque de personnel est grandissant. En conséquence, 30% des maternités ont dû fermer depuis une vingtaine d’années. « Aujourd’hui, aucune maternité ne vous dira : ‘On a assez de sages-femmes. Ce n’est pas possible, cela n’existe plus »,explique la présidente de l’Organisation nationale syndicale de la profession (ONSSF) à nos confrères du Parisien, qui ont révélé le contenu du rapport. 

Pour le Pr Yves Ville, il faut prendre sa recommandation au sérieux. « On doit regrouper 100 maternités en France, au nom de la sécurité de la mère et de l’enfant. Si on ne le fait pas, on court à la catastrophe », estime-t-il. Comprendre : ces établissements risquent de fermer définitivement. Peu de naissances sont réalisées dans les petites structures, environ 1 000 par an. « On y pratique moins d’accouchements, on perd en expérience, ce qui est dangereux », conclut-il. 

Il souligne que les femmes préfèrent d’ailleurs accoucher dans des maternités de niveau 2 ou 3, disposant de services de soins intensifs. Pour les spécialistes-auteurs du rapport, il ne faut pas pour autant fermer ces établissements plus petits. Il faut seulement ne plus y faire accoucher les mamans et y effectuer uniquement « le suivi avant et après grossesse ». Yves Ville suggère d’y transférer les mamans venant d’accoucher en ambulance. 

[Avec francebleu.fr et Le Parisien]

100 maternités où il ne faudrait plus accoucher, selon un rapport choc »

Date de publication : 1er mars 2023

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Le Parisien

Elsa Mari relaie dans Le Parisien les conclusions du Pr Yves Ville, chef de la maternité de Necker à Paris, qui « recommande de ne plus donner naissance dans ces petites maternités et de les regrouper avec les plus grosses pour éviter de mettre en danger les femmes et les enfants. Le sujet, brûlant, divise ».
Le spécialiste évoque ainsi son rapport présenté hier à l’Académie de médecine, « réalisé avec 14 autres spécialistes » : « On doit regrouper 100 maternités en France au nom de la sécurité de la mère et de l’enfant. Si on ne le fait pas, on court à la catastrophe. [Leur] maintien est illusoire ! À terme, elles finiront par fermer ».
Elsa Mari explique : « Dans son viseur, les petites maternités qui prennent en charge les grossesses sans risque et mettent au monde moins de 1000 bébés chaque année, partout en France. «On ne peut plus continuer à y accoucher !» tonne le professeur. […] D’un côté, faute de personnels, certains établissements sont menacés et ferment déjà quelques jours par semaine ».
Le Pr Ville remarque qu’« on y pratique moins d’accouchements, on perd en expérience, ce qui est dangereux. Pour continuer à tourner, ils font appel à des intérimaires. Cette organisation sous forme de rustines ne permet pas d’assurer la sécurité et la qualité des soins. De l’autre, les femmes privilégient de plus en plus les grosses maternités ».
La journaliste note ainsi que « même si leurs grossesses se passent bien, les futures mères préféreraient accoucher dans des établissements de type 2 et 3, plus sécurisés, selon le rapport. Mais problème, elles sont «saturées», parfois surnommées «usines à bébé» et offrent «des conditions de travail dégradées» ».
Elsa Mari livre la proposition du rapport : « Renforcer d’urgence ces maternités en leur donnant plus de moyens et permettre ainsi un suivi plus personnalisé, conformément aux désirs des mamans. La liste en recense 59 : Laon, Montluçon, Antibes, Auch, Dax… ».
« Mais faut-il, en contrepartie, aller jusqu’à sacrifier 111 petites maternités sur les 452 que compte la France ? Pour Yves Ville, pas question de les condamner ! »,
continue la journaliste.
Le chef du service de gynécologie obstétrique de Necker déclare que « le suivi avant et après grossesse y serait toujours assuré, mais les femmes n’y accoucheraient plus ». « Il propose ainsi que les jeunes mères soient transférées en ambulance dans leur petite maternité, quelques heures après la naissance », relève Elsa Mari.
Le Pr Ville ajoute que « 89% des naissances auraient lieu au maximum à 30 minutes de la maternité la plus proche, 3% à plus de 45 minutes soit une hausse de 1,8% et 0,9% à plus d’une heure ».
Joëlle Belaisch Allart, présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français, réagit : « C’est vrai, on ne peut plus continuer comme ça. Aujourd’hui, il n’y a pas assez de gynécos et de sages-femmes en salle de naissance. Beaucoup ne veulent plus accoucher, c’est trop dur, trop de pression, mal payé et les mentalités ont évolué, les médecins n’ont plus envie d’enchaîner les gardes. Il n’y a plus le choix. C’est dur à entendre mais il faut regrouper les petites maternités ».
Elsa Mari remarque toutefois que « le sujet, brûlant, est loin de faire consensus ». Michèle Leflon, présidente de la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, déclare ainsi : « Nous sommes complètement contre ! C’est une angoisse terrible pour les femmes d’accoucher loin de chez elles ! ».
Michel Gabriel Cazenave, gynécologue obstétricien, interne à Paris, note quant à lui qu’« on va au-devant de situations dramatiques ».

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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