Quand un expert statisticien dénonce les outrances gouvernementales de la gestion du Covid avec des arguments discutables

 Actualités et politique – Le Zoom

Covid-19 : la vérité des chiffres – Le Zoom – Pierre Chaillot (Décoder l’éco) – TVL

 25   févr. 6, 2023 

https://utreon.com/v/DcJslrfsRJe

Pour vous procurer le livre de Pierre Chaillot :

 http://bit.ly/3HBDsk6

Durant toute la période de crise sanitaire liée au Covid-19, l’exécutif n’a eu de cesse de brandir des chiffres anxiogènes : cas de contamination, hospitalisation, décès. C’était une véritable farandole de statistiques qui s’abattaient sur tous les écrans de télévision. L’objectif est désormais clair : le gouvernement assommait les Français pour les plonger dans la peur et les anesthésier. Et c’est sans nul doute cet état de stupeur et d’angoisse qui a permis à Emmanuel Macron de faire accepter sa politique vexatoire et liberticide grâce à des émissaires soumis tels que le ministre de la Santé de l’époque, Olivier Véran, ou l’ancien directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Bien sûr, ces chiffres brandis compulsivement étaient utilisés, manipulés pour ne pas dire torturés. Ils ont aussi permis de justifier le matraquage de l’injonction vaccinale.
Trois ans après le début de ce qui s’inscrira sans doute comme l’un des scandales sanitaires les plus graves de l’histoire, Pierre Chaillot, statisticien et animateur de la chaîne YouTube Décoder l’Eco a décidé de décrypter au scalpel ces fameux chiffres officiels. Dans « Covid 19, ce que révèlent les chiffres officiels », publié chez l’Artilleur (disponible sur la boutique TVL), il démonte les mensonges et les biais autour de ces prétendus chiffres qu’on ne pourrait pas discuter selon Olivier Véran. Pierre Chaillot revient aussi sur les données que les autorités sanitaires ne veulent pas donner ou affirment ne pas avoir… comme celles qui concernent le statut vaccinal des personnes décédées… Un livre-bombe par sa rigueur et son objectivité.

Commentaires

Laurent Heyer 

Qu’un scientifique « statisticien » puisse élaborer les hypothèses énoncées dans l’interview, en faire un livre, … est fascinant. Tout se passe comme si, un discours d’apparence rationnel est élaboré pour conjurer/expliquer une violence d’un gouvernement ou une gestion irrationnelle d’une crise sanitaire. C’est beaucoup de choses mais pas une démarche qui utilise les données en vue de la recherche de vérité. 

Les postulats de base sont indéniables et partagés (suppression des lits et crise hospitalière avant la crise, gestion politique de la crise sanitaire, sa traduction médiatique, …). En particulier la médiatisation qui avait ciblé et construit une culpabilisation des non vaccinés. 

Comme expert des données, l’auteur souligne tous les dysfonctionnements de la collecte des données de santé, systémique [avec d’un côté des données de remboursements de soins (pas de consommation), de l’autre de valorisation de l’activité avec des codification imparfaites (CIM10 à l’hôpital) et enfin d’autres codifications à ambitions épidémiologiques (cartographie des pathologies de la CNAM ou PICS des MG) avec un sous financement chronique de la santé publique] et aggravée par le choix du gouvernement de construire un modèle alternatif nouveau (SI-Dep; SI-Vaccination) sans régler le problème d’identité qui limite les fusions des différentes bases de données (cf les différents REX).   

Après le raisonnement s’éloigne de son champ de compétence pour devenir « politique » et proche des opposants à la politique sanitaire de vaccination : L’auteur élabore une thèse selon laquelle le gouvernement a biaisé les données pour se protéger ou encore pour susciter les vaccinations ….Ensuite, c’est là ou cela dérape un peu: nous aurions un gouvernement cynique qui aurait exploité les failles issues de ces dysfonctionnements pour mener une politique de manipulation …. 

Mais, là où cela ne va pas, c’est lorsque l’auteur se sert de son habit de « statisticien » pour exploiter les données et nourrir cette thèse. En effet, une fois qu’il est acquis que les données sont imparfaites, elles ne peuvent plus être utilisées qu’avec une extrême précaution pour argumenter. En effet, si elles sont imparfaites il faut les utiliser avec prudence ….  

Or la lecture des données est faites sans filtre mais toujours avec une part de vérité tangible suivi d’une interprétation spéculative : 

– les taux d’occupation des lits sont faux ou ont été manipulés pour faire croire à la saturation des hôpitaux et entretenir le catastrophisme. En effet, des lits étaient disponibles dans certains territoires principalement lors de la première vague mais avec des saturation critiques dans d’autres. Cette diffusion hétérogène sur le territoire est interprétée comme la preuve d’une manipulation (pour l’offre de soins critiques, l’hétérogénéité territoriale de la première vague a été exploitée avec le déplacement d’équipes soignantes entières dans les territoires saturés du grand Est et de l’IdF). La médiatisation des transferts de patients de réanimation indue car se serait habituel (ces transferts étaient probablement inappropriés mais représentent une solution exceptionnelle). L’activation du plan ORSAN aurait exclu des hôpitaux et réduit d’autant l’offre de soins, …

– la prévalence des patients en réanimation selon le statut vaccinal a été manipulée puisque les tests diagnostics sont imparfaits. C’est oublier que les diagnostics virologiques effectués en réanimation ne sont pas ceux développés pour les actions épidémiologiques. Ce qui reste vrai est le financement de tests grands publics dont les valeurs diagnostiques (VPP ou VPN) étaient ou déplorables ou inconnues. Les laboratoires de villes en ont fait des choux gras et ont un bilan financier exceptionnel grâce au remboursement de tests qui n’ont une utilisation potentielle que dans le champ de l’épidémiologie, éventuellement pour décrire la diffusion du virus (en encore, l’organisation de la biologie en France ne permettait pas de suivre précisément les variants – question de primer des PCR). Il reste vrai que les soignants hospitaliers n’ont pas priorisé la qualité du codage pour que des données épidémiologiquement valides soient générées (d’autant que le codage PMSI sert pour valoriser l’activité). Ils avaient probablement autre chose à faire …Donc ces données sont forcément fausses mais de là à dire qu’il y a de la tromperie? 

– La corrélation directe entre la mortalité des PA en EHPAD et le remboursement du RIVOTRIL en ambulatoire. Cela est interprété comme un  lien de causalité avec l’organisation de « fin de vie » ou cette prescription était subordonnée à une déclaration de statut COVID (à ne pas confondre avec des soins palliatifs comme le fait l’auteur). Plusieurs inférences sont proposées par l’auteur. Au mieux, l’auteur laisse entendre que ces déclarations de maladie étaient fausses, uniquement suscitées par la nécessité d’une telle déclaration pour accéder à cette molécule en raison de pénurie sur les autres benzodiazépines. Au pire, les équipes soignantes ont organisé des fins de vie actives pour ces PA. Cette dernière assertion a été fortement médiatisée et mériterait enquête. Mais comme il n’y a pas de telle enquête cela reste des suppositions et corrélation ne veut pas causalité.  

– Les données de consommation des médicaments comme le RIVOTRIL sont absentes pour l’hôpital (cela ne m’étonne pas) mais l’auteur glisse sur l’observation d’une mortalité exceptionnellement élevée à J1 chez les PA. Cela le conduit à nouveau, à inférer sur la mise en place de pratiques de sédation terminales précoces chez ces patients (l’une des deux autres hypothèses est que les médecins, de par leurs mauvais choix thérapeutiques, tuaient rapidement les patients. La troisième, est celle d’une gravité élevée des patients). Le problème est que tous ces cas de figure sont possibles. Même si les données n’apportent pas de réponse, l’auteur aurait pu contextualiser un minimum son observation: où et à quel moment de la crise ? Par exemple, la première publication d’un grand hôpital public new yorkais observait dans les premières semaines de l’épidémie des mortalités précoces dramatiques, de l’ordre de 70%. Des mauvais choix thérapeutiques ont certainement contribué, comme des retards de prise en charge. Même si une surmortalité a persisté, décrite comme associée aux comorbidités de la population de cet hôpital (surpoids et co-morbidités suffisent sans ajouter des questions de « race »), elle est rapidement revenu à des valeurs « normales » avec l’introduction des traitement adaptés: Oxygène, Corticoïdes et anticoagulants. 

– Les données disponibles ne permettent pas de faire la preuve des mesures de protection. Les masques ou les gestes barrières ou le confinement (comme la vaccination …). L’auteur a raison sur l’impuissance de la preuve à partir des données de la pandémie. La population Française n’a pas été randomisée dans les différents bras selon les mesures de protection. De la même manière, l’intérêt du masque n’avait probablement pas été étayée par des données lors de l’épidémie de Harbin. Pourtant, ce type de protection a été retenue comme un enseignement de la gestion de cette crise sanitaire pour une maladie alors sans traitement et à transmission aéroportée directe (la situation sanitaire était plus tranchée qu’avec le SARS COVID 19 puisque la mortalité de la peste pulmonaire est de l’ordre de 100% en quelques jours et avec une phase contagieuse symptomatique). Une autre histoire fascinante est le contrôle de l’épidémie de typhus par des mesures de protection et d’hygiène dans le getto de Varsovie (combinaison d’acculturation avec des campagnes d’éducation plus des gestes de protection et d’hygiène). Au total, la critique aurait été plus pertinente si elle s’adressait au confinement dont la preuve reste à trouver pour contrôler une épidémie infectieuse à contamination interhumaine directe à la phase d’incubation, sans symptômes (pas comme la variole donc). Une telle mesure est vouée à l’échec avec un virus à transmission aéroportée et interhumaine (cf la tragique correction dans la population urbaine chinoise). Cette interprétation est de la même nature que celle d’un lien direct entre la température (marqueur de causes environnementales extérieures) et la prévalence de la grippe (ou autre syndrome « respiratoire »). Ce lien est du registre des raisonnements pré pastoriens de génération spontanée des agents infectieux, lorsque les hygiénistes (les premiers « statisticiens » en santé), fort de la constatation d’une corrélation entre l’insalubrité de l’habitat des pauvres, attribuait aux miasmes de leurs quartiers d’être les pourvoyeurs des maladies. Le lien entre l’incidence des maladies et la pauvreté ou l’insalubrité est réel, surtout si se surajoute de la malnutrition, l’absence d’accès aux soins, ..  et finalement de la promiscuité, des défauts d’hygiène, de toilettes privatifs ou d’eau courante salubre. Tout cela concourt à la transmission des agents infectieux (un facteur principal de contamination intrafamiliale du COVID était le nombre de résidents par piece de la résidence). Les dernières épidémies de poliomyélites ont été éradiquées à Paris avec la fermeture des points d’eaux contaminés et la résorption des bidonvilles (c’était il y a moins de 100 ans et après la vaccination qui ne fait pas tout). Mais finalement, ce ne sont pas les miasmes ….ou la température de l’air. Les données disponibles pousseraient plutôt à formuler l’hypothèse (à valider) de l’impact sur les contaminations des habitants dans des logements étriqués et avec une mauvaise isolation dont l’air n’est pas renouvelé dès qu’il fait froid et qu’il faut chauffer. La pauvreté nue. Comme ce sont les mêmes qui ont été amenés à circuler dans les transports en commun bondés, la valeur ajoutée de l’utilisation d’un masque ou non, de la distanciation sociale risque d’être difficile à montrer.

– pour la fin, le couplet selon lequel les médecins ne sont ni scientifiques, ni chercheurs et à même de traiter des données (si d’aventure, les traitent des chiffres, c’est pour les falsifier afin de faire la promotion de médicaments) et, a contrario, seuls les vrais scientifiques (statisticien faut-il entendre ?) sont capable de travailler les données.. Il faut oser. Là encore, les « médecins » des plateaux télé ont fait beaucoup de mal à une profession qui n’avait pas besoin de cela pour se perdre. De même pour les conflits d’intérêts avec l’industrie qui gangrènent les processus de publication.. Mais de là à dire que ceux-ci auraient codés les pathologies COVID selon des consignes (du gouvernement, des tutelles, ..QUI ?) pour affecter les résultats des données de comptabilité des cas reste à démontrer.

– Pour le sujet ciblé par frederic, l’auteur reprend des thèmes selon lesquels le ministère de la santé refuse de réaliser telle ou telle étude (comme la recherche d’un lien entre la mort subite du nourrisson et la vaccination). Son souhait serait de disposer des données pour analyser le lien entre la vaccination et les décès. Il n’est pas très étonnant que cette demande n’ait pas été honorée même si ces travaux sont en cours (cf DREES). Il est probable que ces données ne sont pas encore consolidées même si les données de chaque base sont disponibles. Cependant, le déploiement de bases de données distinctes pose le problème majeur de leurs fusions. A titre d’exemple, la fusion des informations de la base SI-VIC, VAC-SI, .. avec l’historique des vaccinations de chacun (Gestion ANS et SPF) et Monespace santé (gestion CNAM avec l’INS et son cadre d’identitovigilance et données dont vous êtes le propriétaire) s’est heurtée à des difficultés d’identité numérique car les critères d’identification dans les deux bases n’étaient pas les mêmes (https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sources-outils-et-enquetes/les-appariements-si-vic-si-dep-et-vac-si). Pour le registre de certificats de décès, cette base de données n’est que imparfaitement opérationnelle avec encore une partie des déclarations au format papier (sur le dernier bilan de la mortalité périnatale de l’OCDE, la France était dans l’incapacité de fournir la mortalité néonatale récente). 

Bon courage pour analyser les mécanismes sous-jacents à des telles constructions de l’esprit. Cela signe un désarroi majeur combiné à de la colère. Cela va laisser des traces durables.

Raphaël BRIOT

Alors je vais y aller de mon petit couplet scientifique.

Pierre Chaillot fait de GROSSES ERREURS méthodologiques : il évoque la « corrélation » entre Rivotril et mortalité ; un peu plus loin il parle de « corrélation » entre Température de l’air et mortalité.

Il ne faut pas confondre CORRÉLATION  et CAUSALITÉ.

Par exemple il existe un forte corrélation entre le nombre de cheveux blancs et la mortalité … mais ce n’est pas en se teintant les cheveux qu’on réduit la mortalité !

Au moment où on a cessé de tuer les renards pour prévenir la Rage (on les avait quasiment tous vacciné avec un vaccin per os mis dans de la nourriture disposée dans les bois à leur intention !), des statisticiens espiègles ont montré une corrélation statistiquement significative entre la progression de la re-population de renards en France (repopulation qui a migré du Nord Est vers le Sud Ouest en suivant grosso modo la « diagonale du vide ») et la progression du vote Front National ! Il y a peut-être un lien indirect entre les deux (la « diagonale du vide » ?) mais aucun lien direct de cause à effet !

Pour affirmer la causalité d’une intervention extérieure (nouveau médicament, vaccin, nouvelle procédure de soin etc ..), il faut randomiser (tirer au sort) le groupe qui « bénéficie » de la nouvelle intervention versus le groupe qui reçoit le traitement habituel (ou bien un placébo s’il n’y a aucun traitement de référence). Il faut vérifier que, hormis la nouvelle procédure qu’on cherche à tester, on applique par ailleurs les mêmes soins dans le même timing pour tous les sujets afin de contrôler d’éventuels biais, ce qui n’est pas facile du tout … d’où le sacro-saint « double-aveugle », où à la fois le patient mais aussi le médecin prescripteur (et le soignant qui administre) ignorent si le sujet et dans le groupe « nouveau traitement » ou bien dans le groupe « contrôle ». Ceci n’est pas toujours possible par exemple dans les procédures chirurgicales : difficile de cacher qu’on a fait une opération « à ciel ouvert » versus opération endoscopique (ou avec un robot d’aide à la chirurgie ce qui est très à la mode … mais difficile de prouver l’Amélioration du Service Médical Rendu … le fameux ASMR sur lequel se base l’ANSM et l’HAS pour délivrer une AMM et accepter le remboursement par la SS).

Donc je réfute les deux affirmations que Pierre Chaillot (« statisticien » ?) énonce : Le Rivotril serait cause de la surmortalité pendant le COVID. Ben … Non … On ne peut pas dire ça même si on peut voire une corrélation. Et son argumentaire est assez facile à démonter : Le Rivotril n’est quasiment pas (très rarement) prescrit dans les EPHAD. Il y a eu effectivement des ruptures de stock sur des médicaments d’anesthésie comme le midazolam et le propofol. Le Rivotril a été utilisé en substitution du Midazolam mais c’est la même famille de médicaments (les benzodiazépines). Il y a sûrement eu un pic de prescription de Rivotril (parce qu’il n’y avait plus de Midazolam) concomitant de la surmortalité COVID et il y a peut-être eu un « mésusage » du Rivotril qui a provoqué une surmortalité lié à ce médicament mais la simple corrélation « Mortalité <–> ventes de Rivotril » ne permet pas de statuer là-dessus ; d’autant que si on prescrit du Midazolam en EPHAD c’est en général pour abréger une fin de vie pénible et douloureuse et ça se traduit généralement par un décès dans les 24h … donc même en « utilisant mal » le Rivotril, on ne risque pas grand chose, par rapport au Midazolam, sauf peut-être raccourcir de quelques heures l’agonie épouvantable de ces personnes en fin de vie. Mais impossible à démontrer si on ne tire pas au sort deux groupes de patients homogènes, l’un recevant du midazolam, l’autre du rivotril.

Idem quand il affirme que les masques ne servent à rien et que c’est la Température de l’air qui régit tout : il y a plus de morts quand l’air est froid (d’après lui à cause de la sécheresse de l’air). Purée ! Il n’a pas inventé l’eau tiède lui ! Il y a belle lurette qu’on sait que les épidémies de grippes, de bronchiolites sévères chez le nourrisson, surviennent en (début) d’hiver … mais c’est parce que tout le monde se « claque-mur » dans des pièces closes pour rester au chaud sans ouvrir les fenêtres (ou bien rester au frais quand il y a la clim’ l’été) , du coup l’air d’une pièce est faiblement renouvelé et ça favorise la transmission des infections aéroportées entre des gens entassés dans un lieu clôt. Le problème ne vient pas du froid mais de la concentration de germes par mètre-cube d’air. Dans mes jeunes années, j’ai passé 2 mois, comme médecin d’expédition, à camper à plus de 5000 mètres d’altitude, au camp de base du K2 sur le glacier du Baltoro au Pakistan, . On était 5, ça gelait toutes les nuits, mais on n’a jamais choppé une grippe ! Par contre en plein mois d’août, après 3 heures de TGV climatisé on est sûr de sortir avec « la goutte au nez » ! Question de « confinement » justement ! D’où l’intérêt, plus que probable, des masques ! Il y adrai quand même eu des études sur le nombre de particules dans l’air d’un bloc opératoire et sur l’intérêt de porter le masque au bloc (ce qui est très pénible et pas toujours respecté comme il faut … c’est bien là le problème).

Globalement, le laïus de Pierre Chaillot est quand même très très connoté antivax ; on sent qu’il a ciblé son auditoire et son lectorat potentiel pour vendre son bouquin.

Je passe sur le coup pied de l’âne que ce « savant cosinus » décoche aux médecins … qui ne seraient pas des vrais scientifiques et qui ne comprennent rien aux statistiques etc …

Pour prendre mon pauvre exemple de MCU-PH de province, j’ai quand même, après mes études de spécialité médicale, comme des milliers de collègues (pas tous les médecins mais des milliers quand même) fait un DEA (à l’époque les Master2 recherche s’appelaient comme ça) puis un PhD, très matheux, en Modèles et Instruments en Médecine et Biologie. J’ai par ailleurs (comme beaucoup de médecins) un diplôme Inter-Universitaire de Statistiques Appliqué à la Médecine (CESAM). Par ailleurs, comme beaucoup de collègues en France, j’enseigne la Lecture Critique d’Article aux étudiants en médecine (matière qui compte pour 10% de la note au concours de l’Internat). Je me sens un peu insulté. Si ! Il existe des médecins convenablement instruits en statistiques et en méthodologie. C’est d’ailleurs les médecins qui ont dénoncés les conneries méthodologiques et les fausses conclusions du Sieur Raout ! Et c’est encore des médecins qui ont fait retirer la publication précipitée dans le Lancet sur l’intérêt de la chloroquine.

Je ne suis pas un spécialiste du COVID mais je pense m’être convenablement tenu au courant via des News-Letters de collègues pointus sur la question qui nous faisaient des revues de littératures relativement exhaustives et convenablement argumentées. Un exemple, si besoin, la News-letter diffusée tous les quinze jours par le Pr Frédéric ADNET (Bobigny) à une mailing liste de plusieurs centaines de confrères. J’avoue honteusement que je les ai supprimées au fur et à mesure, mais je suis sûr qu’on peut demander à Fredéric Adnet de tout ressortir. C’était remarquable de concision, de rigueur scientifique et fraicheur des publications (qui sortaient à un rythme effréné à ce moment là et un médecin quidam ne pouvait pas tout lire). J’ai lu ces news-letters comme des roman-feuilletons et évolué dans mon jugement au fil des rebondissements scientifiques (et il y en a eu des tas ; pleins de molécules ou de stratégies de ventilation ont été tentées avec plus ou moins de bonheur), il faut dire que ma thématique de recherche est précisément sur les œdèmes inflammatoires pulmonaires et j’ai « vécu » avec grand intérêt les essais-erreurs des différentes études ; études qu’à Grenoble on ne pouvait pas mener en vrai sur des patients du fait de la « surface » ridicule de notre CHU de province. Néanmoins j’ai participé à cette glorieuse avancée scientifique en testant (sur des cochons endormis) de nouveaux respirateurs que des « start-upeurs » issus du monde informatique, pensaient pouvoir fabriquer en grand nombre et pour pas cher grâce à des imprimantes 3D. Résultat : très peu efficace sur des cochons en bonne santé ! … Je n’ose pas imaginer ce que ça aurait donné chez des patients avec des poumons malades ! Comme quoi fabriquer des respirateurs de réanimation c’est quand même un métier et ça ne s’apprend pas en deux clics sur internet ! Le projet a coulé je crois … après que les investigateurs principaux aient raflé les 500 000 Euros obtenus sur l’appel à projet lancé- … par l’armée ! (moi j’ai juste perdu mon temps ; pas touché un rond et même pas cité sur une publication !).

Pour finir, il m’est impossible de vérifier ses chiffres sur l’exagération de l’ampleur de l’épidémie. Effectivement tous les soins programmés à l’hôpital ont été stoppés pour faire face aux déferlement de patients graves qui a submergé les hôpitaux de l’Est de la France en début de COVID. Les « soins aigus » (Réa  ; Soins intensifs et Soins continus) étaient remplis à plus de 100% (ouverture de lits supplémentaires) alors qu’il n’y avait aucun programme réglé au bloc et aucun touriste sur les pistes (ce qui rempli la moitié de nos réas en ces périodes de vacances au ski). Donc effectivement, la structure hospitalière a tenu le coup et beaucoup de gens « surmobilisés » (annulation de tous les congés ; astreinte permanente dans le cadre d’un « planc blanc élargi » qui à duré des semaines) ont eu l’impression de ne servir à rien et de « tenir les murs ». Mais effectivement on n’a soigné personne d’autre que les COVID pendant toutes ces semaines ; du moins à l’hôpital car les cliniques continuaient à se faire du pognon sur la chirurgie mineure. Et les complications des pathologies qui ont trop attendues (cancer, cardiopathies etc …) se sont fait sentir dans les 6 à 12 mois suivants.

Dire qu’on ne savait rien de la surmortalité Covid par rapport à la mortalité habituelle est faux. On avait dès le début de l’épidémie le résultat d’une expérience de population isolée dans un paquebot de croisière de 4 000 places qui est resté confinée dans le bateau pendant des semaines sans pouvoir mettre pied à terre et équipé de services médicaux de pointe (avec réa ; respirateurs etc …). Il y a eu 800 cas avérés de Covid sur les 4 000 personnes à bord (dont beaucoup de retraités) et une vingtaine de personnes décédées. Soit une mortalité estimée d’eniron 0,5% de la population. Tous les pays ont faits leurs calculs de prospectives épidémiologiques et avant même que le Covid n’arrive en France ont pouvait craindre près de 300 000 morts « exédentaires » par rapport à la mortalité « de base » d’environ 600 000 décès « normaux » par an (renouvellement des générations).

Heureusement on a confiné tout le monde, masqué tout le monde, vacciné (presque) tout le monde … et on n’a eu que 150 000 morts « excédentaires » ; chiffres exacts à revoir avec les publications, car il y a eu des publications malgré ce que dit Pierre Chaillot. Parmi ces décès il y avait bien sûrs des personnes très agées et très malades qui n’avaient pas une grande espérance de vie et que le Covid a rayé de ce monde un peu précocément. Du coup ces patients fragiles « morts un peu trop tôt » n’apparaissent plus dans les chiffres de mortalité de l’année suivante (comme lors de la Canicule chère à Patrick Pelloux : surmortalité l’été et sous-mortalité à l’automne) et ce d’autant plus qu’on avait commencé par vacciner les vieux d’abord ! Difficile de démêler ce qui est dû aux vagues de mortalité et à la protection vaccinale mais encore une « menterie » de Pierre Chaillot qu’il faut souligner :  la mortalité en réanimation, alors que le vaccin était bien déployé, montrait clairement dans plein d’études, une grosse sur-représentation des non-vaccinés dans les patients décédés du Covid par rapport à la couverture vaccinale de la population générale.

Donc « foin-du-loup » ! Pas de complotisme désuet … les données sont publiées … et réfutables (comme l’engouement pour la chloroquine l’a montré).

Bonne fin de soirée et bravo si vous m’avez lu jusque là !

Raphaël Briot

Dr. Raphaël Briot

Anesthésiste-Réanimateur

MCU-PH de Thérapeutique (48-04)

Habilité à Diriger les Recherches

SAMU 38
Pôle Urgences Médecine Aiguë
CHU Grenoble

Jean-Pascal DEVAILLY

La question obsédante est celle de la spirale de la défiance
– d’un côté les manipulations médiatiques pour culpabiliser les non vaccinés et antivax avec des outrances qui frisent la chasse aux sorcières. On ne peut être contre les tracts Gallimard de B Stiegler.
– de l’autre une explosion apparente du nombre des gens, même ayant une forte culture scientifique, ce n’est donc pas le seul critère de croyance erronée, loin de là, qui devraient savoir s’interroger sur la qualité des données mobilisées autant que sur l’art de « partir de véritéstangibles pour déployer une interprétation spéculative ». Est-ce l’échec de la pédagogie émancipatrice selon Condorcet? Ne forme-t-on plus que des clercs formatés pour la trahison?
Je viens de déjeuner avec un ami très cultivé et intelligent, même si cela ne veut pas dire grand-chose en termes de déterminants des croyances. Il m’a inscrit dans une pseudo-rationalité implacable tout le processus COVID dans la perspective d’un plan de dépopulation mondiale, de la création du virus dans un labo (américain bien entendu) au déploiement d’un vaccin destiné à diminuer la fertilité et l’immunité de la population dans une spéculation aussi infalsifiable que vérificationnisteIl me cite une multi-foultitude de sources qu’il juge des plus sérieuses. Je connais cette théorie et ses variantes, qui fonctionnent comme des virus sur les réseaux sociaux, vous aussi. 
Pauvre science et pauvre vérité. Les deux notions sont mobilisées par tous les camps, la division des camps étant possiblement entretenue par un troisième larron à l’origine d’un complot. Les complots sont gigognes.
L’angoisse c’est quand la vérité semble devenir une des formes les moins efficaces de la connaissance.


Jean-Pascal DEVAILLYMédecin des Hôpitaux, AIHP – ACCAService de Médecine Physique et de Réadaptation (MPR)Groupe hospitalier Lariboisière – Fernand Widal – Saint Loui

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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