Bien que peu fréquent, le cancer du pancréas est en passe de devenir, dans les années 2030, la deuxième cause de mortalité par cancer après celui des poumons,

« Les médecins alertent sur l’inquiétante progression du cancer du pancréas »

Date de publication : 22 février 2023

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C’est ce que titre Le Monde, qui indique que « les praticiens déplorent l’insuffisance des progrès face à une maladie dont le nombre de cas augmente chaque année et pour laquelle le pronostic est toujours très pessimiste ».
Nathalie Brafman remarque ainsi que « le cancer du pancréas est en passe de devenir, dans les années 2030, la deuxième cause de mortalité par cancer après celui des poumons, en Europe et aux Etats-Unis. Et cette mortalité est parfaitement corrélée à l’augmentation du nombre de cas ».


A l’occasion d’une journée spéciale cancer du pancréas organisée vendredi dernier par l’Académie nationale de chirurgie, Vinciane Rebours, cheffe du service de pancréatologie de l’hôpital Beaujon (AP-HP, Clichy), a souligné qu’« en France, l’incidence est galopante, un doublement a déjà eu lieu entre 2000 et 2006 puis entre 2006 et 2012. Et alors que la mortalité de tous les autres cancers a diminué, celui-ci n’a pas bénéficié des progrès actuels ».


Nathalie Brafman indique que « s’il reste encore relativement rare par rapport aux cancers du poumon, du sein, de la prostate ou encore du côlon, chaque année, le nombre de nouveaux cas augmente de 3%. En 2018, selon l’Institut national du cancer (INCA), il s’élevait à 7301 chez les hommes et à 6883 chez les femmes, le nombre de décès atteignant 5790 pour les premiers et 5666 chez les secondes ».


La journaliste précise que « parmi les facteurs de risque figurent le tabagisme (impliqué dans 20% à 30% des décès liés au cancer du pancréas), le diabète, l’obésité (…), le vieillissement (l’âge médian au diagnostic est de 70 ans) et, de façon moins importante, une inflammation (pancréatite chronique). L’alimentation ultratransformée ainsi que l’exposition à la pollution joueraient un rôle dans cette «épidémie» ».


Nathalie Brafman souligne en outre que « la particularité du cancer du pancréas est qu’il peut rester silencieux pendant des années. Dans 8 cas sur 10, lorsque des symptômes apparaissent (douleurs abdominales, ictère, amaigrissement rapide, diabète récent…), la maladie est généralement bien avancée ».


Elle ajoute que « la chirurgie, très lourde avec des risques opératoires élevés, ne concerne que 2 patients sur 10. […] Lorsque la chirurgie est possible, elle est de plus en plus souvent encadrée par de la chimiothérapie et, même parfois, de la radiothérapie ».


Nathalie Brafman note que « l’une des pistes pour enrayer la progression de ce cancer redoutable serait un meilleur dépistage pour les personnes à risque : qui ont des cas de ce cancer dans leur famille ou celles qui sont atteintes de pancréatite chronique génétique. ».


Louis de Mestier, gastro-entérologue et hépatologue à l’hôpital Beaujon, déclare toutefois que « sur 100 familles dans lesquelles il y a plusieurs cas de cancer du pancréas, on sait identifier une anomalie génétique chez seulement 20 familles, partagée avec d’autres cancers [sein, ovaire, mélanome]. Mais jusqu’à présent, aucune découverte n’a permis de mettre en évidence un gène de prédisposition spécifique familiale ».


La journaliste explique que « l’enjeu de demain sera de pouvoir utiliser des biomarqueurs circulants comme il en existe déjà avec la prostate et le dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA) pour la population générale ».


« Deuxième enjeu : intégrer des données d’intelligence artificielle sur les différents examens d’imagerie réalisés. En clair : pouvoir analyser ce que l’œil humain, même celui d’un radiologue expert, interprète comme un pancréas globalement normal avec comme objectif de détecter sur une zone d’hétérogénéité un stade très précoce des lésions précancéreuses », 
continue Nathalie Brafman.


Elle note enfin qu’« il faut avancer sur les thérapies ciblées. Mais contrairement à d’autres cancers, elles ne sont utilisables que dans un petit nombre de cas, car il faut être capable de connaître le portrait moléculaire de la tumeur. Or, l’Assurance-maladie ne prend pas en charge ce coût ».

Les médecins alertent sur l’inquiétante progression du cancer du pancréas

Les praticiens déplorent l’insuffisance des progrès face à une maladie dont le nombre de cas augmente chaque année et pour laquelle le pronostic est toujours très pessimiste. 

Par Nathalie BrafmanPublié aujourd’hui à 06h00, mis à jour à 06h00  

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/02/22/les-medecins-alertent-sur-l-inquietante-progression-du-cancer-du-pancreas_6162794_1650684.html

Le cancer du pancréas est en passe de devenir, dans les années 2030, la deuxième cause de mortalité par cancer après celui des poumons, en Europe et aux Etats-Unis. Et cette mortalité est parfaitement corrélée à l’augmentation du nombre de cas. « En France, l’incidence est galopante, un doublement a déjà eu lieu entre 2000 et 2006 puis entre 2006 et 2012. Et alors que la mortalité de tous les autres cancers a diminué, celui-ci n’a pas bénéficié des progrès actuels », a alerté Vinciane Rebours, cheffe du service de pancréatologie de l’hôpital Beaujon (AP-HP), à Clichy, dans les Hauts-de-Seine, lors d’une journée spéciale cancer du pancréas organisée, vendredi 17 février, par l’Académie nationale de chirurgie.

S’il reste encore relativement rare par rapport aux cancers du poumon, du sein, de la prostate ou encore du côlon, chaque année, le nombre de nouveaux cas augmente de 3 %. En 2018, selon l’Institut national du cancer (INCA), il s’élevait à 7 301 chez les hommes et à 6 883 chez les femmes, le nombre de décès atteignant 5 790 pour les premiers et 5 666 chez les secondes.

Cette hausse serait-elle liée à un meilleur dépistage ? « Il n’y a pas encore de dépistage organisé comme pour le cancer du sein ou du côlon, qui permettrait de le détecter à un stade précoce (sans symptômes) », indique David Malka, cancérologue digestif à l’Institut mutualiste Montsouris.

Polluants et pesticides

Parmi les facteurs de risque figurent le tabagisme (impliqué dans 20 % à 30 % des décès liés au cancer du pancréas), le diabète, l’obésité (en France, 49 % de la population est en surpoids ou obèse), le vieillissement (l’âge médian au diagnostic est de 70 ans) et, de façon moins importante, une inflammation (pancréatite chronique). L’alimentation ultratransformée ainsi que l’exposition à la pollution joueraient un rôle dans cette « épidémie ». « Des analyses des ongles de pied montrent plus de traces de polluants dans l’air et de pesticides chez les gens qui vont développer un cancer du pancréas », observe Vinciane Rebours.

La particularité du cancer du pancréas est qu’il peut rester silencieux pendant des années. Dans huit cas sur dix, lorsque des symptômes apparaissent (douleurs abdominales, ictère, amaigrissement rapide, diabète récent…), la maladie est généralement bien avancée, les cellules cancéreuses présentes au niveau de l’organe pouvant rapidement migrer dans le sang. Lorsqu’on le découvre, la tumeur mesure souvent autour de 3 centimètres et, à cette taille, la moitié des cas ont déjà métastasé.Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Diabète : ces dispositifs intelligents qui révolutionnent l’administration de l’insuline

La chirurgie, très lourde avec des risques opératoires élevés, ne concerne que deux patients sur dix. En effet, 50 % des cancers du pancréas sont métastatiques au diagnostic donc non opérables, et 30 % sont dits « localement avancés ». Dans ce cas, la tumeur envahit les vaisseaux sanguins de l’abdomen, qui sont vitaux, rendant la chirurgie aussi impossible. Enfin, 20 % sont opérables, soit d’emblée, soit après une chimiothérapie pour les cas limites. Mais même pour ces patients, les pronostics ne sont pas très bons.

Les thérapies ciblées ne sont utilisables que dans un petit nombre de cas, car il faut être capable de connaître le portrait moléculaire de la tumeur. Or, l’Assurance-maladie ne prend pas en charge ce coût

Lorsque la chirurgie est possible, elle est de plus en plus souvent encadrée par de la chimiothérapie et, même parfois, de la radiothérapie. « La chimiothérapie est efficace sur de nombreux patients. Il y a encore dix ans, ce n’était pas le cas », affirme Olivier Farges, chirurgien viscéral et digestif à l’hôpital Beaujon. « Actuellement, en routine, elle n’est systématique que de façon postopératoire, complète David Malka. Pourtant, la recherche suggère qu’en préopératoire elle aurait de nombreux avantages : elle pourrait faciliter la chirurgie en réduisant la tumeur et éradiquer les micrométastases… Grâce à la chimiothérapie, nous avons amélioré les résultats de la chirurgie et réduit quand même le risque de rechute, c’est un progrès. » Pour l’instant, l’immunothérapie, qui stimule le système immunitaire pour détruire la tumeur et a montré une certaine efficacité dans le cancer du poumon et le mélanome, ne fonctionne pas sur le cancer du pancréas.

La particularité du cancer du pancréas est qu’il peut rester silencieux pendant des années. Dans huit cas sur dix, lorsque des symptômes apparaissent (douleurs abdominales, ictère, amaigrissement rapide, diabète récent…), la maladie est généralement bien avancée, les cellules cancéreuses présentes au niveau de l’organe pouvant rapidement migrer dans le sang. Lorsqu’on le découvre, la tumeur mesure souvent autour de 3 centimètres et, à cette taille, la moitié des cas ont déjà métastasé.Lire aussi :  Article réservé à nos abonnés  Diabète : ces dispositifs intelligents qui révolutionnent l’administration de l’insuline

La chirurgie, très lourde avec des risques opératoires élevés, ne concerne que deux patients sur dix. En effet, 50 % des cancers du pancréas sont métastatiques au diagnostic donc non opérables, et 30 % sont dits « localement avancés ». Dans ce cas, la tumeur envahit les vaisseaux sanguins de l’abdomen, qui sont vitaux, rendant la chirurgie aussi impossible. Enfin, 20 % sont opérables, soit d’emblée, soit après une chimiothérapie pour les cas limites. Mais même pour ces patients, les pronostics ne sont pas très bons.

Les thérapies ciblées ne sont utilisables que dans un petit nombre de cas, car il faut être capable de connaître le portrait moléculaire de la tumeur. Or, l’Assurance-maladie ne prend pas en charge ce coût

Lorsque la chirurgie est possible, elle est de plus en plus souvent encadrée par de la chimiothérapie et, même parfois, de la radiothérapie. « La chimiothérapie est efficace sur de nombreux patients. Il y a encore dix ans, ce n’était pas le cas », affirme Olivier Farges, chirurgien viscéral et digestif à l’hôpital Beaujon. « Actuellement, en routine, elle n’est systématique que de façon postopératoire, complète David Malka. Pourtant, la recherche suggère qu’en préopératoire elle aurait de nombreux avantages : elle pourrait faciliter la chirurgie en réduisant la tumeur et éradiquer les micrométastases… Grâce à la chimiothérapie, nous avons amélioré les résultats de la chirurgie et réduit quand même le risque de rechute, c’est un progrès. » Pour l’instant, l’immunothérapie, qui stimule le système immunitaire pour détruire la tumeur et a montré une certaine efficacité dans le cancer du poumon et le mélanome, ne fonctionne pas sur le cancer du pancréas.

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L’une des pistes pour enrayer la progression de ce cancer redoutable serait un meilleur dépistage pour les personnes à risque : qui ont des cas de ce cancer dans leur famille ou celles qui sont atteintes de pancréatite chronique génétique. « Aujourd’hui, sur cent familles dans lesquelles il y a plusieurs cas de cancer du pancréas, on sait identifier une anomalie génétique chez seulement vingt familles, partagée avec d’autres cancers [sein, ovaire, mélanome], indique Louis de Mestier, gastro-entérologue et hépatologue à l’hôpital Beaujon. Mais jusqu’à présent, aucune découverte n’a permis de mettre en évidence un gène de prédisposition spécifique familiale. » De plus, ce dépistage, qui repose sur des alternances entre IRM et endoscopie sous anesthésie générale, est encore imparfait. Il est lourd économiquement, psychologiquement et médicalement.Lire aussi :  Eliminer une tumeur grâce à un traitement antifongique

L’enjeu de demain sera de pouvoir utiliser des biomarqueurs circulants comme il en existe déjà avec la prostate et le dosage de l’antigène prostatique spécifique (PSA) pour la population générale. « Des groupes de recherche travaillent partout dans le monde sur des tests de dépistage multicancer par détection de traces infinitésimales d’ADN tumoral circulant dans le sang, dont les premiers résultats sont encourageants. On espère que ça arrivera dans un avenir pas trop lointain, mais, pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour », affirme David Malka.Chaque jour de nouvelles grilles de mots croisés, Sudoku et mots trouvés.Jouer

Deuxième enjeu : intégrer des données d’intelligence artificielle sur les différents examens d’imagerie réalisés. En clair : pouvoir analyser ce que l’œil humain, même celui d’un radiologue expert, interprète comme un pancréas globalement normal avec comme objectif de détecter sur une zone d’hétérogénéité un stade très précoce des lésions précancéreuses. Ce qui permettra d’intervenir de façon plus précoce.

Un aspect épidémique

Enfin, il faut avancer sur les thérapies ciblées. Mais contrairement à d’autres cancers, elles ne sont utilisables que dans un petit nombre de cas, car il faut être capable de connaître le portrait moléculaire de la tumeur. Or, l’Assurance-maladie ne prend pas en charge ce coût. « Pour que des traitements pharmacologiques puissent être développés, reste à mieux décrire les mécanismes sous-jacents à la maladie – qui semblent particulièrement complexes », souligne ainsi Louis de Mestier. « Pour l’heure, un traitement oral par Olaparib [laboratoire AstraZeneca], le seul validé pour le cancer du pancréas, peut être une alternative, mais il ne s’adresse qu’à un nombre de patients très limité, présentant une prédisposition héréditaire », reconnaît David Malka. Autre problème soulevé, l’accès à des thérapies ciblées commercialisées à l’étranger. Alors que des patients sont éligibles, ils ne le peuvent pas faute de remboursement et d’accord avec les laboratoires.

Le cancer du pancréas est encore considéré comme une maladie rare et l’on estime trop souvent que les traitements ne vont pas concerner suffisamment de patients. Malgré l’aspect épidémique, les autorités publiques n’ont, semble-t-il, pas pris conscience de l’urgence.

Nathalie Brafman

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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