Publié le 24/02/2023
L’espérance de vie en bonne santé progresse en France, un trompe l’œil ?

Paris, vendredi 24 février 2023
– La Drees a publié ce jeudi une nouvelle étude sur l’espérance de vie en bonne santé des Français. Celle-ci a légèrement augmenté depuis la précédente étude, parue en 2020.
À partir de 65 ans, la part des années vécues sans incapacité est de 54,4 % pour les hommes et de 59,3 % pour les femmes. C’est ce qui ressort de la dernière étude réalisée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) sur l’espérance de vie en bonne santé (ou espérance de vie sans incapacité, EVSI), publiée ce jeudi.
Une hausse de l’EVSI depuis 2008
En 2021, les hommes âgés de 65 peuvent espérer vivre en bonne santé 11,3 années et les femmes 12,6 années.
Cet indicateur a progressé depuis 2008 de façon assez conséquente : l’EVSI a crû de 2 ans et 7 mois pour les femmes et de 2 ans et 8 mois pour les hommes. La Drees précise d’ailleurs que l’EVSI a augmenté plus rapidement que la simple espérance de vie sur cette même période.
Parmi les années restant à vivre à 65 ans, la part de celles vécues en bonne santé (ou du moins, sans incapacité) est donc passée, pour les femmes, de 44,7 % à 54,4 % entre 2008 et 2021. Pour les hommes, cette part est passée de 47,7 % à 59,3 %.
Les femmes peuvent donc espérer vivre 67 années sans incapacité et les hommes 65,6 années en 2021.
Une espérance de vie en bonne santé supérieure à la moyenne européenne
Comme le rappelle la Drees, en 2020, lors de la précédente étude sur l’espérance de vie en bonne santé à 65 ans, la France se trouvait au 10e rang des pays de l’Union européenne (UE) concernant les hommes, et au 5e rang concernant les femmes, ce qui la situait au-dessus de la moyenne européenne.
La France est également au-dessus de la moyenne européenne pour l’EVSI à la naissance, que ce soit pour les femmes (+10 mois) ou pour les hommes (+5 mois).
Une étude à analyser avec prudence
La Drees précise enfin que la pandémie de Covid-19 a eu une « incidence forte sur l’évolution des espérances de vie et des espérances de vie en bonne santé ». En 2020, l’EVSI a stagné et l’espérance de vie a baissé. Mais, en 2021, l’espérance de vie augmente de nouveau légèrement, et l’EVSI progresse quant à elle fortement.
Pour la Drees, l’évolution de l’EVSI sur la période COVID (2020 – 2021) est à analyser avec prudence, car cet indicateur repose sur des estimations de la part de population se considérant être limitée depuis au moins six mois dans ses activités habituelles du fait d’un problème de santé. Ces estimations sont recueillies à travers une enquête, habituellement réalisée en face à face. Mais, en 2020 et en 2021, ces enquêtes ont dû être réalisées par téléphone.
Pour la Drees, cela constitue une réserve importante, car une partie des personnes déclarant des limitations dans leur vie quotidienne est plus difficile à joindre par téléphone, ce qui « a pu conduire à sous-estimer la prévalence des limitations dans la population ».
Enfin, la Drees indique que se déclarer restreint dans ses activités quotidiennes dépend de son état de santé, de son environnement et de la manière dont celui-ci est adaptable à la vie de chacun. Or, pendant la pandémie et les nombreuses interdictions mises en place pour diminuer la circulation du virus, les personnes souffrant de problèmes de santé ont pu moins fortement ressentir leurs limitations « que dans des circonstances plus habituelles, car toute la population était restreinte dans ses activités ».
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques juge donc qu’il faudra attendre les données de l’année 2022 et la fin des restrictions causées par la pandémie de COVID-19 pour observer si l’augmentation des EVSI en 2021 se poursuit.
Raphaël Lichten