La recherche en santé humaine à ajouter aux déserts médicaux, là aussi une solution: Le Clinicat Assistanat pour Tous, obligatoire pour futurs généralistes et spécialistes.

Pour sauver la filière de la recherche clinique, il faut soutenir l’emploi

Tribune

Alors que la recherche clinique peine à recruter, le directeur de F-Crin, plate-forme nationale qui fédère seize réseaux d’infrastructures de recherche clinique, plaide notamment pour la création d’une formation spécifique de recherche en santé humaine.

Publié aujourd’hui à 12h00  Temps de Lecture 3 min.  https://www.lemonde.fr/sciences/article/2023/02/10/pour-sauver-la-filiere-de-la-recherche-clinique-il-faut-soutenir-l-emploi_6161287_1650684.html

Attention, filière en danger ! A la liste déjà longue des secteurs d’activité qui peinent à recruter s’ajoute aujourd’hui celui de la recherche en santé humaine, et plus précisément de la recherche dite clinique, d’expérimentation sur l’homme. Plusieurs études publiées par France Biotech ou le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales se font l’écho des tensions rencontrées pour pourvoir les postes en unités de recherche et développement. Une situation surprenante alors qu’il ne se passe pas un jour sans que les résultats d’essais cliniques, les succès ou les échecs de nouvelles expérimentations soient mis en avant. L’activité est en pointe : le nombre d’essais cliniques sur le portail international de référencement Clinicaltrials.gov enregistre une croissance moyenne annuelle de près de 35 % depuis vingt ans et de plus de 40 % depuis 2015.

Pour autant, s’il s’agit aujourd’hui d’une activité reconnue, elle reste méconnue. Concevoir, élaborer, réaliser et analyser les résultats d’un essai clinique sont un travail de longue haleine qui mobilise de nombreuses compétences et équipes expertes : celles des médecins et cliniciens-chercheurs, des équipes médicales chargées de la conception du protocole d’inclusion et de la définition des budgets, des équipes d’investigation assurant la conduite et la bonne réalisation des essais et le suivi des patients, sans oublier celles des analystes recueillant les données afin de déterminer les résultats des recherches. Il s’agit donc d’une matière complexe, en constante mutation, affectée par l’évolution des connaissances, des moyens techniques ou numériques disponibles, et des réglementations diverses liées à la sécurité des participants aux essais.

Rien d’étonnant, donc, à ce que les besoins en ressources humaines explosent, sans que l’on ait pour autant d’éléments chiffrés précis. A ce jour, on ne dispose que de données parcellaires, datées ou approximatives.

Les besoins en ressources humaines explosent, sans que l’on ait pour autant d’éléments chiffrés précis

Le chiffre de six mille postes pour trente-deux CHU sur le plan national donné dans un rapport de la Cour des comptes, selon un recensement réalisé en 2014, est bien loin de la réalité de l’emploi du secteur. Si l’on extrapole à l’ensemble des hôpitaux l’évolution constatée en dix ans dans deux CHU d’envergure (Toulouse et les Hospices civils de Lyon) dont les équipes de recherche ont augmenté de plus de 60 % depuis 2013, et que l’on y ajoute les effectifs des sociétés spécialisées dans la gestion des essais cliniques, appelées Contract Research Organizations, des laboratoires pharmaceutiques, de l’industrie biomédicale, de la HealthTech, on peut estimer que la filière de la recherche clinique en France représente plus de soixante mille emplois ! Encore ne s’agit-il que d’une estimation et d’un nombre amené à évoluer considérablement dans les années à venir… pour autant que les postes offerts trouvent preneurs.

Donner de la visibilité

Combien de professionnels de la recherche clinique sont-ils formés chaque année en France, dans quelle filière, pour quels diplômes et pour quels métiers ? Où ces formations sont-elles localisées ? Là aussi, faute de recensement et d’étude globale, impossible, à l’heure actuelle, de répondre à ces questions pourtant essentielles pour équilibrer le marché de l’emploi.

Il est urgent d’agir, sous peine de mettre toute une filière française en péril. La priorité des priorités est de donner de la visibilité et de la perspective. Comment agir, en effet, sans savoir ? Il est nécessaire que les ministères concernés impulsent le mouvement et que tous les acteurs se mobilisent pour évaluer la taille du bassin d’emploi, son évolution par métier, et dressent l’inventaire des offres de formation. Cette étude pourrait être confiée à l’Agence de l’innovation en santé, et régulièrement mise à jour.

Pourquoi ne pas mettre en place un parcours universitaire Métiers de la recherche en santé ?

La deuxième priorité est de « muscler » l’offre de formations afin qu’elle réponde mieux aux besoins du secteur. Pourquoi ne pas mettre en place un parcours universitaire Métiers de la recherche en santé ? Afin que, à l’issue de leur première année de parcours d’accès spécifique santé (PASS) ou de licence accès santé (L.AS), nos étudiants n’aient pas seulement le choix de cinq filières (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kinésithérapeute, les MMOPK), mais six, avec une filière de formation spécifique de recherche en santé humaine. De quoi offrir des perspectives supplémentaires et une orientation métier répondant réellement aux besoins des différents secteurs d’activité. Cette filière pourrait être ouverte aux professionnels en santé déjà en fonctions avec un système d’équivalence par une reconnaissance des acquis, offrant une option nouvelle de reconversion. La troisième priorité est la valorisation salariale et statutaire des métiers de la recherche clinique du secteur académique ou hospitalier, à l’instar de ce qui se fait dans le secteur privé.

La France souffre actuellement d’un important déficit en recherche et développement, cette dernière ne représentant que 2,21 % du PIB, contre 2,67 % en moyenne dans les pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] et 3,13 % en Allemagne. Il devient urgent de revaloriser nos filières de recherche en donnant aux professionnels qui y travaillent la reconnaissance et les moyens qu’ils méritent afin de ne pas souffrir d’un double handicap humain et financier dans ce secteur stratégique. Car la conséquence pourrait bien être la sortie de la France du bal des nations les plus innovantes.

Vincent Diebolt, directeur de F-Crin, plate-forme nationale d’infrastructures de recherche clinique.

Le Monde

Commentaire Dr Jean SCHEFFER

Certes en plus de la santé publique , il y a tout le domaine de la recherche en médecine, depuis la recherche clinique jusqu’à la recherche fondamentale. Ce sont des secteurs en difficulté qu’il faut ajouter à la longue liste des déserts médicaux.

Ministère, syndicats de médecins libéraux et d’internes, ordre national des médecins, n’ont toujours pas compris qu’il est inutile de vouloir résoudre seul la problématique des déserts médicaux en médecins généralistes.

Les déserts médicaux sont partout (déserts en généralistes en milieu rural et dans les quartiers, déserts hospitaliers comme les 40% de postes vacants dans nos hôpitaux généraux et psychiatriques, certains médecines spécialisées comme pédiatrie, gynécologie médicale, ophtalmologie…, CMP, PMI, médecine scolaire et universitaire, médecins du travail et pénitentiaire, santé publique, …). Il faut donc une vision globale et arrêter de vouloir solutionner à part chacun des secteurs. A vision globale, solution globale et elle existe, mais personne accepte de l’entendre à part l’ Académie de médecine*, mais que pour une année et l’Association des Citoyens contre les Déserts Médicaux (ACCDM)**

La solution c’est un « Clinicat-Assistanat pour tous », en fin d’internat, obligatoire pour tous les futurs généralistes et les futurs spécialistes, d’une durée de 3 ans. L’activité serait partagée entre divers établissements, à l’image des assistants partagés actuels entre hôpitaux Généraux (CHG) et CHU. Les chefs de clinique-Assistants auraient leur activité entre CHU et CHG pour les futurs spécialistes; entre CHG-CHU et PMI, CMP, santé publique, santé scolaire, médecine pénitentiaire, médecine du travail, EHPAD… ; entre CHG et centres de santé et maisons de santé… Il s’agit donc par un seul et même dispositif de solutionner en quelques années l’ensemble des manques criants et urgents de médecins dans tous les domaines, dans toutes spécialités, sans pénaliser une catégorie, les futurs généralistes par exemple, ou les étudiants en médecine peu fortunés, obligés de s’installer dans un désert pour se payer leurs études.  Cela évitera de plus le dumping entre villes, entre départements pour recruter ou débaucher, les jeunes en fin d’internat, ou ceux déjà installés et répondant à une offre plus alléchante. Il faudra définir par région, département et territoire, les manques les plus urgents en généralistes et spécialistes, et en tirer les conséquences sur la répartition par spécialité pour la première année d’internat et pour les postes de « Clinicat-Assistanat »

La motivation de ma proposition est sur le lien « Vision Globale -Solution globale »:

https://1drv.ms/w/s!Amn0e5Q-5Qu_sAoKetf_T8OKk2Io?e=GfjeRj?e=4YzGt2

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* https://environnementsantepolitique.fr/2022/12/26/lacademie-de-medecine-plus-constructive-pour-les-deserts-medicaux-que-toutes-les-autres-organisations-y-compris-le-gouvernement/

**https://desertsmedicaux.org/cinq-associations-representants-des-elus-et-des-usagers-ont-ete-recues-par-une-dizaine-de-deputes/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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