Attractivité de la psychiatrie: lutter contre des attitudes stigmatisantes à l’égard de la santé mentale de la part du public et d’autres spécialités

Publié le 08/02/2023

Plus assez de psychiatres !

https://www.jim.fr/medecin/actualites/medicale/e-docs/plus_assez_de_psychiatres__196070/document_actu_med.phtml

Le thème évoqué par l’Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, faire face à la pénurie de psychiatres, se limite à la situation particulière en Australie, mais ce sujet concerne de nombreux pays car les adeptes de cette spécialité sont plus rares, avec le départ en retraite des « baby-boomers » et la faible inclination des jeunes étudiants pour les remplacer. Quand on recherche par exemple sur Google l’âge moyen des psychiatres en France, la réponse est : « 52 ans » (49 ans pour les femmes et 56 ans pour les hommes) [1].

Confrontés à cette pénurie, les auteurs des antipodes s’interrogent sur les « stratégies pour améliorer le recrutement des étudiants en médecine » et leur orientation vers une spécialité en crise. D’autant plus que, déplorent-ils, cette pénurie chronique de « main-d’œuvre psychiatrique » en Australie continue de nuire à l’efficacité de la profession, et que les projections prédisent un manque alarmant de 124 psychiatres d’ici 2030, avec 43 % des psychiatres envisageant de prendre leur retraite durant la décennie (selon les données du Department of Health, le ministère de la Santé d’Australie). Si le recrutement de psychiatres étrangers est depuis longtemps utilisé pour combler ces lacunes, cet expédient ne constitue pas à long terme une stratégie viable.

Un choix de spécialité précoce, pourtant

Les auteurs citent une enquête réalisée aux États-Unis en 2017 auprès de 29 713 étudiants en médecine : elle a révélé que 50,2 % des étudiants ayant l’intention de poursuivre des études en psychiatrie lors de leur entrée à l’université de médecine maintiennent ce choix après l’obtention de leur diplôme (en médecine générale). En d’autres termes, l’attirance vers la psychiatrie est une fois sur deux un choix précoce et/ou motivé (d’après l’expérience des auteurs) par des expériences d’apprentissage et de mentorat positives pendant un stage de psychiatrie, par des conditions de travail comparativement meilleures, et par une participation à des activités d’enrichissement para-universitaires.

Pour attirer les candidats, les universitaires doivent plaider pour la pertinence de la psychiatrie et les auteurs préconisent de renforcer son attrait par l’intégration de modules pertinents dans le programme préclinique des études médicales, comme l’anamnèse psychiatrique de base, les sciences du comportement et les neurosciences. 

Stigmatisation par ricochet

 Il faut aussi optimiser le recrutement des futurs psychiatres en s’attaquant aux facteurs qui dissuadent les étudiants de poursuivre des études en psychiatrie. Le rejet de cette discipline provient notamment des attitudes stigmatisantes à l’égard de la santé mentale de la part du public et d’autres spécialités. Touchant par ricochet les psychiatres, cette stigmatisation des malades mentaux doit être combattue lors des études par un enseignement plus poussé et en facilitant l’approche précoce des personnes avec une expérience vécue de la maladie mentale, pour donner aux étudiants une compréhension fondamentale de la psychiatrie et l’envisager avec un esprit plus ouvert avant de commencer un stage. 

[1] https://www.profilmedecin.fr/contenu/chiffres-cles-medecin-psychiatre/

Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE

Nguyen TP et coll.: Addressing the shortage of psychiatrists in Australia: Strategies to improve recruitment among medical students and prevocational doctors. Australian & New Zealand Journal of Psychiatry 2023; 57(02): 161–163.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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