« Hôpital : avoir plus de soignants par patient est bénéfique, c’est prouvé scientifiquement »
Date de publication : 1er février 2023

Victor Garcia note dans L’Express que ce 1er février, « le Sénat examine une proposition de loi […] pour instaurer des ratios de soignants par patient à l’hôpital ».
Le journaliste rappelle qu’« en France, le nombre de patients simultanés dont un infirmier(e) ou aide-soignant(e) a la charge est déterminé par la loi depuis une vingtaine d’années. Mais cette disposition ne concerne que des activités spécifiques : soins critiques, réanimation, unité de soin intensif, obstétrique, hémodialyse et chirurgie cardiaque ».
« Dans les services dits « non normés », le calcul tient le plus souvent compte des préconisations de l’Agence nationale de la performance sanitaire (Anap), selon lesquelles un infirmier peut s’occuper simultanément de… 12 à 14 patients hospitalisés ! Un chiffre largement supérieur aux moyennes européennes »,relève-t-il.
Victor Garcia indique que « l’objectif de la proposition de loi, selon ses défenseurs, consiste à diminuer ce ratio afin de garantir une meilleure qualité de soin pour les malades, une meilleure sécurité pour les soignants, ainsi qu’un gain d’attractivité pour les établissements. Ils rappellent aussi que des lois similaires sont déjà appliquées, avec succès, dans d’autres pays. […] Mais qu’en dit la science ? ».
Le journaliste explique que « la littérature scientifique est particulièrement abondante. Année après année – et depuis plus de 20 ans -, les résultats se confirment et un consensus semble se dégager : imposer un ratio d’infirmier(e)s par patient permettrait de baisser la mortalité des patients, de diminuer le temps d’attente aux urgences, le nombre d’accident du travail et le turn-over des équipes tout en augmentant le temps passé au chevet des patients et la qualité des soins. Finalement, une telle mesure permettrait même de faire des économies ».
Victor Garcia revient sur plusieurs de ces études, relevant notamment qu’« en 2014, des chercheurs menant une enquête sur 300 hôpitaux européens incluant plus de 26.000 infirmiers et 422.000 patients confirmaient […] dans The Lancet, qu’à chaque patient supplémentaire par infirmier, le « taux de décès à 30 jours » augmente de 7% ».
« Sept ans plus tard, ils publiaient une nouvelle étude, cette fois dans BMJ Open, incluant 87 hôpitaux de l’Etat de l’Illinois (Etats-Unis), 210.000 patients et 1391 infirmiers établissant que chaque patient supplémentaire par infirmier augmente le risque de décès (+16%) et la durée du séjour (+5%) et indiquaient qu’un ratio de 4 patients pour 1 infirmier – comparé à un ratio supérieur à 6 pour 1 – permet d’éviter près de 1600 décès […] par an », observe le journaliste.
Il note que « si ces résultats n’ont pas été dupliqués en France, leur confirmation au fil du temps et dans de nombreux autres pays, leur donne un poids certain. L’OMS a d’ailleurs lancé un appel aux Nations Unis afin que ses Etats membres réalisent des efforts d’investissements importants en matière d’embauche d’infirmiers afin notamment de garantir des ratios sûrs. Un appel partagé par le Conseil international des infirmiers ».