Les séniors en institution plus vulnérables qu’à domicile
Par Marielle Ammouche le 06-02-2023 https://www.egora.fr/actus-pro/politique-de-sante/78966-proposition-de-loi-regulant-l-installation-des-medecins-battu#xtor=EPR-3-1%5BNews_En_Bref%5D-20230206-%5B_1%5D

Une étude de la Drees met en lumière les difficultés plus importantes sur le plan socio-économique, mais aussi fonctionnel, auxquelles sont exposées les personnes âgées résidant en établissement, en comparaison de celles vivant à domicile.
Une étude, réalisé dans le cadre des enquêtes Capacités, aides et ressources des seniors (Care) menées par la Drees en 2015 et 2016 auprès de personnes de 60 ans ou plus, a comparé, en fonction de l’âge, les profils des séniors vivant en institution par rapport à ceux étant restés à domicile. Les résultats confirment des données – qui avaient d’ailleurs déjà été suggérées dans de précédentes études – à savoir que les personnes en établissement, et « surtout les plus jeunes », soulignent la Drees, sont plus isolées sur le plan familial et plus défavorisées sur le plan économique que les personnes à domicile.
Ainsi, près d’1 sénior de plus de 75 ans sur 10 vit en établissement d’hébergement. Ils ont, en moyenne 86 ans, et ce sont, pour les trois quarts, des femmes. Sur le plan familial, les séniors en établissement apparaissent moins entourés : 1 sur 4 en établissement n’a aucun enfant en vie (contre 1 sur 10 à domicile), et 1 sur 3, aucun petit-enfant (contre 1 sur 5).
Ils sont aussi issus de catégories socio-professionnelles plus défavorisées. Les établissements comptent ainsi une proportion d’ouvriers, et de personnes sans profession beaucoup plus importante, en particulier chez les hommes de moins de 80 ans (11% contre 0,2% à domicile, pour cette dernière catégorie). « Ce pourcentage très important peut indiquer qu’il s’agit de personnes ayant eu un handicap avant leur entrée en établissement, ou des difficultés d’insertion les ayant maintenus dans l’inactivité, et souligne encore une fois la plus grande vulnérabilité sociale de ces résidents les plus jeunes », souligne la Drees. Les revenus et les niveaux de vie sont aussi plus élevés pour les séniors à domicile. Cela s’observe particulièrement jusqu’à 75 ans ; puis les niveaux se rapprochent.
L’étude souligne, par ailleurs, l’importance des troubles moteurs, chez les personnes vivant en institution. Ils sont présents dès 60 ans, et se manifestent par des difficultés à se pencher, s’agenouiller, monter un escalier, ou porter une charge lourde. Sur le plan cognitif aussi, les difficultés (troubles de mémoire, difficultés à comprendre, à résoudre un problème, …) sont plus fréquentes en établissement qu’à domicile. « Les personnes de moins de 75 ans en établissement ont donc des limitations particulièrement importantes pour leur âge, tandis que les résidents les plus âgés ont des limitations sensorielles et physiques proches des personnes vivant à domicile, mais bien plus de limitations cognitives », résume la Drees. En conséquence, il y a un taux élevé de personnes sous protection juridique en établissement (supérieur aux deux tiers pour les résidents de moins de 75 ans).
Pour la Drees, il existe donc deux populations en institution, avant et après 75 ans environ, très différentes ; ce qui interroge sur l’accueil en un même lieu, et selon les mêmes modalités. « On trouve ainsi, parmi les plus jeunes résidents d’Ehpad, des personnes handicapées vieillissantes, aux besoins d’aide assez importants, ou des personnes présentant des troubles psychiques. Les besoins de ces publics sont différents, leur prise en charge n’implique pas les mêmes tâches et pas nécessairement la même charge de travail, ce qui a des conséquences sur l’organisation des établissements et de leur personne », ajoutent les auteurs. Et, à l’heure « virage domiciliaire », ces données posent aussi de nombreuses questions concernant les modalités d’un maintien à domicile de ces populations.
Sources :
Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statist
Publié le 06/02/2023
Plus pauvres et plus isolés : triple peine pour les vieux en EHPAD

Paris, le lundi 6 février 2023
– La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques a publié, le 3 février dernier, une étude inédite comparant les caractéristiques des personnes de 60 ans ou plus selon leur lieu de vie à domicile ou en établissement.
Les seniors en établissement sont majoritairement plus isolés et viennent de milieux plus défavorisés que les personnes vivant à domicile : c’est le principal constat qui ressort d’une étude qui vient d’être publiée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Des résultats qui ne font que conforter les observations de la grande majorité des professionnels de santé.
Réalisée à partir des enquêtes Capacités, aides et ressources des seniors (Care), la Drees a comparé les caractéristiques des personnes de 60 ans ou plus, résidant en France métropolitaine, selon qu’elles vivent à domicile ou en établissement pour personnes âgées (maisons de retraite).
Les résidents d’établissement viennent de milieux socialement défavorisés
La Drees rappelle tout d’abord que 10 % des seniors de 75 ou plus vivent en établissement d’hébergement. La moyenne d’âge des résidents est de 86 ans environ, et les trois-quarts sont des femmes.
Le premier constat qui ressort de cette étude est que les seniors en maison de retraite sont plus isolés que ceux vivant à domicile : 1 sur 4 vivant en établissement n’a aucun enfant en vie et 1 sur 3 n’a aucun petit-enfant. En comparaison, pour les seniors résidant à domicile, 1 sur 10 seulement n’a pas d’enfant en vie, et 1 sur 5 n’a aucun petit-enfant.
Ces résultats confirment une étude précédemment parue en 2021, qui indiquait que les seniors en établissement, notamment les plus jeunes, sont plus isolés sur le plan familial que les personnes vivant à domicile. Mais l’étude de la Drees explique qu’ils sont également plus socialement défavorisés, notamment les moins de 80 ans.
Les anciens ouvriers sont ainsi très fortement surreprésentés en établissement parmi les hommes. Chez les hommes de moins de 80 ans vivant en établissement, 11 % n’avaient aucune profession avant leur départ en retraite, alors que ça ne concerne que 0,2 % de ceux vivant à domicile. La Drees explique que ces hommes avaient très probablement des handicaps ou des difficultés d’insertion les ayant maintenus dans l’inactivité — ce qui souligne leur vulnérabilité sociale.
Des limites motrices et cognitives plus importantes en maison de retraite
La Drees explique que les difficultés sensorielles à chaque âge sont équivalentes que les seniors vivent à domicile ou en établissement, notamment les limitations auditives. En revanche, les difficultés motrices importantes, à tous les âges, sont beaucoup plus fréquentes chez les résidents d’établissement. Dès 60 ans, une majorité de seniors ont des difficultés à se pencher, s’agenouiller ou à monter un escalier.
Les limites cognitives augmentent avec l’âge pour les seniors vivant chez eux, mais en maison de retraite, les trous de mémoire et les difficultés de compréhension sont fréquents à tous les âges. La Drees fait d’ailleurs remarquer que ce constat explique le taux très élevé de personnes sous protection juridique en établissement.
La « dualité » des publics accueillis en EHPAD
La Drees explique que l’étude met en évidence un fait déjà connu : les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) accueillent des publics très différents, en deçà et au-delà de 75 ans. L’étude permet d’interroger sur l’accueil, dans un même lieu, de personnes aux caractéristiques très différentes : personnes handicapées vieillissantes avec des besoins d’aide importants ou encore des personnes présentant des troubles psychiques.
Enfin, la comparaison des caractéristiques des seniors, selon qu’ils vivent à domicile ou en établissement, permet de « préciser les conditions de possibilité concrètes d’un maintien à domicile important, voire total, des publics actuels des EHPAD », affirme la Drees. La Direction indique qu’il est pour cela nécessaire d’anticiper les conditions économiques et sociales du soutien à leur autonomie, au regard des caractéristiques décrites, à savoir leur relatif isolement social et les faibles revenus des plus jeunes.
Raphaël Lichten