Publié le 16/01/2023
Quatre députés critiquent la politique du gouvernement concernant les SDF

Paris, le lundi 16 janvier 2023 – Quatre députés du groupe LFI-NUPES ont publié une tribune dans le journal La Croix où ils s’en prennent vivement à la politique du gouvernement vis-à-vis des sans-abris. Ils lui reprochent notamment un manque de place d’hébergement d’urgence.
« Il n’y a jamais eu autant de personnes à la rue dans notre pays », affirment William Martinet, François Piquemal, Danielle Simonnet et Thomas Portes, tous les quatre députés du groupe La France Insoumise (LFI).
Comme le rappellent les élus, la situation du système d’hébergement d’urgence s’est aggravée ces dernières années : chaque soir, près de 5000 personnes ne trouvent pas de solution malgré leurs appels au 115. Parmi eux, on compte 1300 enfants en moyenne.
Face à cette situation, le gouvernement « s’entête à nier la crise humanitaire », se désolent les parlementaires. Ils reprochent notamment à l’Etat de ne pas avoir tenu ses promesses en termes de logement social.
Des carences en matière de logement social
Les quatre élus de gauche rappellent que le gouvernement avait engagé, dès 2017, un plan quinquennal nommé « Logement d’abord », qui consistait à favoriser l’accès direct au logement pour les personnes sans-abris. Reprise d’une méthode promue par les associations du secteur, la procédure était censée éviter aux SDF un « parcours en escalier », les faisant passer dans des hébergements d’urgence puis dans des dispositifs d’insertion.
Si les députés ne critiquent pas ce dispositif en tant que tel, ils reprochent à l’État de ne pas avoir mis assez de moyens pour l’appliquer véritablement. Ils estiment que le gouvernement aurait dû lancer un grand plan de construction de logement social, dont ils déplorent « l’effondrement » du parc en cinq ans.
En outre, les parlementaires reprochent à l’Etat la réinstauration de la « gestion au thermomètre », qui consiste à ouvrir ou à fermer des places d’hébergement d’urgence en fonction des conditions météorologiques. Une partie des sans-abris qui ne trouve pas d’hébergement grâce au 115 peut effectivement se voir proposer un lit si les températures deviennent trop froides, par exemple dans un gymnase. Mais cette gestion « court-termisme » ne « permet pas de sortir durablement de la rue », estiment les députés.
Plusieurs propositions pour « éradiquer le sans-abrisme »
Les quatre élus insoumis proposent donc au gouvernement plusieurs mesures pour « rompre avec l’inaction de ces dernières années », affirmant que « tout n’a pas été fait pour éradiquer le sans-abrisme ».
Les députés souhaitent, tout d’abord, interdire les expulsions sans solution de relogement. Une mesure qui doit être accompagnée d’une « garantie universelle des loyers » afin de mutualiser le risque d’impayés et de soutenir les propriétaires.
Les élus insoumis veulent également une forte augmentation de places d’hébergement pérennes. Pour cela, ils veulent remplacer les « hôtels sociaux insalubres » en « véritables centres d’hébergement avec un accompagnement social digne de ce nom ». Les parlementaires sont aussi favorables à la réquisition de bâtiments inoccupés, une décision qui avait déjà été prise pour l’accueil de réfugiés ukrainiens.
Enfin, plus largement, les auteurs de la tribune appellent le gouvernement à engager une « politique de construction volontariste ».
Pour rappel, selon la Fondation Abbé Pierre, il y aurait environ 300 000 personnes sans-abris en France et près de 4,1 millions de personnes mal logées.
Raphaël Lichten