« Macron et ses voeux aux soignants : et surtout la santé ! »
Date de publication : 9 janvier 2023
Dans Libération, Christian Lehmann, médecin et écrivain, remarque que « dans ses vœux aux soignants, Emmanuel Macron a une fois de plus révélé ce que les lecteurs de ce Journal d’épidémie auront compris depuis longtemps, à savoir que, pour le Président comme pour le gouvernement, le Covid est affaire classée ».
Le président de la République a déclaré : « Après deux années de Covid, après une série d’épidémies qui se sont accumulées ces dernières semaines, vous continuez de tenir bon, et vous suscitez par vos efforts l’estime de la nation. […] Mais je sais l’épuisement personnel et collectif, le sentiment parfois de perte de sens qui s’est installé et le sentiment au fond, de passer d’une crise à l’autre, alors qu’on venait même de sortir du Covid, de réaffronter des crises à nouveau et de ne jamais sortir de ce jour de crise sans fin, avec l’idée qu’il n’y a pas de perspective ».
Christian Lehmann écrit qu’« Emmanuel Macron continue de penser et d’agir comme si la pandémie avait pris fin en janvier 2022, date à laquelle fut décidé, pour raisons électorales, d’affirmer qu’omicron était une chance d’obtenir une immunité collective, et de programmer la fin des mesures barrières ».
Le médecin poursuit : « Passons sur l’incohérence assumée des éléments de langage sans cesse reproduits selon lesquels les difficultés actuelles du système de santé sont liées à des changements profonds de la nature des soins : «Et donc, au fond, on a de plus en plus de maladies chroniques, on a de plus en plus de vulnérabilité qu’on veut prendre en charge. Et là où notre système avait été conçu historiquement pour des pathologies plus aiguës et ponctuelles, en quelque sorte, le besoin a été vers, au fond, de plus en plus de maladies chroniques complexes qu’on veut de mieux en mieux prendre en charge» ».
Christian Lehmann remarque que « cette tarte à la crème des économistes de santé, expliquant que les médecins de ville n’ont pas su s’adapter à cette nouvelle donne, est basée sur le principe que nous, soignants, serions maintenant essentiellement confrontés au suivi de pathologies chroniques (qui pourraient utilement être prises en charge par certains paramédicaux) et que les pathologies aiguës ont disparu ».
« Répéter cette énormité alors que l’hôpital explose sous le poids de trois épidémies liées à des pathologies virales aiguës, et alors que l’on incite dans le même temps les médecins de ville à participer à une permanence de soins y compris la nuit, pour faire face à ces «soins non programmés»… justement causés par des pathologies aiguës, n’est qu’un des nombreux signes de la déconnexion des discours techno avec le réel », continue le médecin.
Il conclut : « Nulle part il ne semble venir à l’esprit de ces décideurs que la catastrophe actuelle est la résultante de choix politiques, et non une malédiction divine. Et lorsque les décisions prises se paient dans la vie des soignants et la souffrance des malades, il ne s’agit pas d’une faute politique, c’était juste «plein de bonnes volontés qui voulaient faire des économies» ».
La Croix retient pour sa part : « Des mesures pour alléger la charge de travail des médecins ». Le journal note ainsi qu’« Emmanuel Macron a annoncé […] une batterie de mesures pour inciter les généralistes à prendre de nouveaux patients ».
Le quotidien explique notamment que « le président veut accélérer le recrutement des assistants médicaux pour réaliser des actes simples et des tâches administratives. L’objectif est de passer de 4000 assistants actuellement à 10.000 d’ici à la fin de 2024 ».
« La délégation du renouvellement d’ordonnance pour les maladies chroniques, de la vaccination ou du dépistage doit être « généralisée ». Évoquant des expériences permettant aux pharmaciens d’orienter des pathologies bénignes, le président demande au ministre de la Santé de lui présenter avant le 1er mars un programme », continue le journal.
La Croix note qu’« Emmanuel Macron promet également de continuer à supprimer des tâches inutiles, telle la délivrance de «certains certificats» et de libéraliser la télémédecine. Pour le moment, un médecin ne peut réaliser plus de 20% de son activité à distance. Le président annonce la suppression de ce plafond avec un renforcement des contrôles pour «réguler les excès» ».
« Une approche froidement accueillie par une partie de la profession. Le syndicat des généralistes MG France a fait part de sa «consternation» », relève le journal. Le syndicat esime ainsi que cette « dérégulation du parcours du patient et du système de soins aura des effets rapidement délétères pour la santé publique ».
La Croix ajoute qu’« Emmanuel Macron a pris l’engagement que les 600.000 personnes atteintes d’une maladie chronique se verront proposer un médecin traitant avant la fin de l’année. Pour y parvenir, il mise sur l’incitation. […] Le président envisage des efforts financiers, mais uniquement pour ceux qui assurent la permanence des soins, prennent en charge de nouveaux patients ou forment des internes. «On sort d’un financement à l’acte pour être sur un financement à la mission», raisonne le président ».
Macron et ses vœux aux soignants : et surtout la santé !
Libération 9 Janvier 2023 Article réservé aux abonnés https://www.liberation.fr/societe/sante/macron-et-ses-voeux-aux-soignants-et-surtout-la-sante-20230109_3S7XVN2QZFFNZGSSDFUVZZD3EQ/
Journal d’épidémie, par Christian Lehmanndossier
Trois ans après le début de la pandémie, alors que 2022 a vu la France affronter cinq vagues successives et que 2023 démarre avec un système de santé à terre, le Président continue de penser et d’agir comme si la pandémie avait pris fin en janvier 2022.
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par Christian Lehmann, médecin et écrivain
publié aujourd’hui à 8h12
Dans ses vœux aux soignants, Emmanuel Macron a une fois de plus révélé ce que les lecteurs de ce Journal d’épidémie auront compris depuis longtemps, à savoir que, pour le Président comme pour le gouvernement, le Covid est affaire classée : «Après deux années de Covid, après une série d’épidémies qui se sont accumulées ces dernières semaines, vous continuez de tenir bon, et vous suscitez par vos efforts l’estime de la nation», a-t-il dit en préambule, avant de répéter quelques minutes plus tard : «Mais je sais l’épuisement personnel et collectif, le sentiment parfois de perte de sens qui s’est installé et le sentiment au fond, de passer d’une crise à l’autre, alors qu’on venait même de sortir du Covid, de réaffronter des crises à nouveau et de ne jamais sortir de ce jour de crise sans fin, avec l’idée qu’il n’y a pas de perspective.» Trois ans après que le docteur Li Wenliang a lancé l’alerte sur la survenue de ce qui devait devenir une pandémie mondiale, alors que 2022 a vu la France affronter cinq vagues successives, et que 2023 démarre avec
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Des mesures pour alléger la charge de travail des médecins
Analyse
Emmanuel Macron a annoncé vendredi 6 janvier une batterie de mesures pour inciter les généralistes à prendre de nouveaux patients. Le député socialiste Guillaume Garot dépose, lundi 9 janvier, une proposition de loi visant à instaurer une régulation de l’installation des médecins en fonction des besoins de santé. (Suite Abonnés)
- Bernard Gorce,
- le 08/01/2023 à 17:39
https://www.la-croix.com/France/mesures-alleger-charge-travail-medecins-2023-01-08-1201249736