Julien Bayou démissionne, les écolos sidérés
Visé par une enquête interne de son parti pour « violences psychologiques », le secrétaire national d’Europe Écologie-Les Verts et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale a démissionné de ses fonctions. Il dénonce une « instrumentalisation des souffrances » à l’ère de #MeToo et à deux mois du congrès des écologistes.
Lénaïg Bredoux et Mathieu Dejean
26 septembre 2022 à 20h34
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Julien Bayou n’est pas venu devant la presse, lundi 26 septembre, après sa démission surprise du secrétariat national d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) et de la coprésidence du groupe à l’Assemblée nationale. C’est son avocate Marie Dosé qui s’en est chargée durant 26 minutes. Comme un symbole du brutal changement de statut du député de Paris, passé en quelques jours de chef de parti à mis en cause.
Il est visé depuis le début de l’été par une enquête interne d’EELV après l’envoi d’une lettre d’une de ses anciennes compagnes évoquant des violences psychologiques. L’histoire était restée confidentielle – Le Figaro s’en était fait l’écho en juillet sans que l’information ne soit reprise –, jusqu’à la semaine dernière.
À la fin d’une émission de France 5, lundi 19 septembre, la députée écologiste Sandrine Rousseau est interrogée sur une campagne de tweets demandant des comptes à EELV sur une enquête interne au parti visant Julien Bayou. La féministe annonce alors avoir reçu chez elle une ancienne compagne de son camarade, et parle de comportements présumés « de nature à briser la santé morale des femmes ». Mais aucun fait précis n’a à ce jour été dévoilé.

EELV annonce quelques heures plus tard que le député se met en retrait. Un choix qui avait été discuté par les instances du parti et qui semblait convenir à tout le monde. C’est cet apparent consensus que l’écologiste est venu briser lundi 26 septembre, « pour pouvoir se défendre en toute liberté contre des accusations dont il ignore tout » et « tout en protégeant des organisations et des collectifs qu’il a contribué à construire ». Il craint, dit Marie Dosé, que la « volonté de nuire de son ex-compagne [soit] susceptible de tout emporter sur son passage ».
Sur le fond, il nie avoir « jamais exercé la moindre violence psychologique à l’égard de ses compagnes ». « Les séparations avec ses compagnes ont parfois été douloureuses », a ajouté Marie Dosé, qui a regretté un « vulgaire déballage indigne d’une société aussi avancée que la nôtre ». « C’est Kafka à l’heure des réseaux sociaux », écrit aussi Bayou dans un bref communiqué.
Une procédure interne mise en cause par les deux parties
Que sait-on, à ce stade, des accusations visant Julien Bayou ? Rien ou presque. Selon les informations de Mediapart, une ancienne compagne de Julien Bayou a adressé, le 30 juin, un mail à plusieurs militantes et responsables d’EELV, dans lequel elle accuse le secrétaire national de « briser psychologiquement en toute impunité » des femmes. Dans ce mail, consulté par Mediapart, elle évoque ses « idées suicidaires » et ajoute : « Je me demande s’il faut que je passe à l’acte pour qu’enfin quelqu’un réagisse. »
Six heures après son mail, la cellule d’EELV lui répond. Elle salue sa démarche « courageuse » et lui propose plusieurs dates pour « un entretien ». Mais l’ex-compagne de Julien Bayou n’a pas confiance dans le fonctionnement de cette instance – qui dépend d’un parti dirigé par celui dont elle dénonce le comportement. Elle souhaite confier l’affaire à l’AVFT (Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail). Malgré les gages donnés par la cellule, elle n’accepte pas l’audition, inquiète du « poids » de Bayou en interne.
Contactée par Mediapart, elle explique ne pas vouloir s’exprimer publiquement à ce stade. Elle souhaite simplement préciser que ce mail « n’était pas une saisine », mais une « lettre de suicide » visant à alerter sur le comportement du responsable du parti.
Quant à lui, il n’a pas été auditionné, malgré ses demandes. Logique, du point de vue de la cellule, qui auditionne les personnes mises en cause au terme de son processus d’enquête. Sauf que dans ce cas précis, la victime n’a elle-même pas été auditionnée… L’impasse est sur ce point manifeste. À LIRE AUSSI#MeToo : face à l’immobilisme des partis, les féministes se radicalisent
20 septembre 2022Lire plus tard
« Cette procédure paralysante n’offre aucune garantie et ne respecte en rien les principes démocratiques élémentaires des droits de la défense et du contradictoire », a dénoncé Marie Dosé. Interrogée sur le fait d’accepter une enquête qui serait menée par un cabinet extérieur, comme l’AVFT, l’avocate n’a pas répondu fermement. « On ne peut pas être juge et partie. Il y a là un problème d’indépendance », a-t-elle simplement souligné.
Autre difficulté : la cellule ne communique jamais sur ses procédures en cours – y compris en interne du parti –, car elle est statutairement indépendante. Sur le papier, la direction d’EELV ne sait elle-même rien du processus en cours, du degré de gravité des accusations, de leur caractère répété – ou non –, de la durée de l’enquête… Elle doit donc arbitrer à l’aveugle, alors même que son numéro 1 est concerné.
« Notre système n’est pas à la hauteur face à la nature de ce qui est reproché, et à l’identité de la personne mise en cause : on est sur une faille », déplore Hélène Hardy, membre du bureau exécutif.
Un règlement de comptes politique
Mais Julien Bayou ne s’est pas arrêté là dans la dénonciation des procédures internes à son parti – des process qu’il a lui-même contribué à mettre en place. Lors de la conférence de presse du 26 septembre, Marie Dosé a notamment affirmé : « Personne n’ignore que le congrès des écologistes se tient en fin d’année : l’ambition politicienne ne saurait justifier toutes les croisades », visant sans la nommer Sandrine Rousseau. Son avocate a également dénoncé un risque « d’instrumentalisation des souffrances ».
De fait, Rousseau et Bayou, qui ne s’apprécient pas particulièrement, défendent des motions concurrentes pour le congrès d’EELV prévu en décembre – une échéance qui génère par ailleurs de vives tensions liées à la refonte des statuts.
D’après l’avocate de Julien Bayou, Rousseau avait prévenu son camarade en juillet qu’elle avait « mené son enquête » et n’y avoir rien trouvé « d’illégal ». Des propos qu’elle aurait également tenus hors antenne sur France 5.
Questionnée par Mediapart la semaine dernière, Sandrine Rousseau explique s’être décidée à évoquer l’affaire parce que « depuis trois mois, cette femme n’a toujours pas été auditionnée… ». « Cela pose un problème de fond : le cas de Julien Bayou ne peut pas être réglé par une cellule interne à son parti. Cela marche pour un militant, mais pas pour un secrétaire national. »
Elle expliquait aussi être « interpellée non-stop sur ce qu[’elle a] fait, pas fait ». « Dès qu’il y a un problème de violences, c’est moi. C’est pour ça que j’ai dit la vérité de ce que je savais. Sinon j’aurais menti, on aurait dit que j’avais couvert… et ça, ce n’est pas possible. »
Les écolos, stupéfaits, sont sceptiques
Cette thèse de l’instrumentalisation politique ne semblait guère convaincre les cadres écolos interrogés par Mediapart. « Je ne vois pas pourquoi on parle de complot : Julien Bayou ne se représentait pas, il n’était pas candidat à sa succession, il n’y avait pas d’intérêt à agir contre lui », affirme ainsi Chloé Sagaspe, porte-parole d’EELV. « Sandrine a été interrogée là-dessus dans des conditions scandaleuses, explique une cadre, pourtant proche de Bayou. Je plaide plutôt pour une réaction sans filtre… Car la limite de Sandrine, c’est utiliser la fragilité des femmes. »
Cette accusation ressemble à la réaction de nombreuses personnes mises en cause, quel que soit le sujet, estime aussi Cyrielle Chatelain, l’autre coprésidente du groupe écologiste, qui précise que Rousseau n’avait pas demandé la démission de Bayou. « Nous sommes face à un mouvement de fond depuis 2018 qui connaît des pics de manière régulière, poursuit-elle. C’est un mouvement de fond nécessaire, et positif, sur ce qu’il est acceptable de faire. »
En attendant, en interne, les mines sont déconfites et le sentiment de « précipitation »partagé. Julien Bayou n’avait prévenu ni le bureau exécutif, qui se réunit tous les mardis, ni le bureau du groupe parlementaire. D’après les cadres interrogés par Mediapart, il a pris seul une décision. « Il s’agit d’un choix personnel que j’ai appris ce matin, confirme la secrétaire nationale adjointe Sandra Regol. Nous avions pris la décision collective, avec Julien Bayou, de sa mise en retrait, car c’est ce que nous prônons quand une enquête est en cours. » « L’affaire étant mise sur la place publique, les médias s’en emparant, ça devenait très difficile d’exercer sereinement ses fonctions », observe Hélène Hardy.
Si la décision est globalement qualifiée de « raisonnable » par ses collègues verts, certains s’interrogent sur la méthode comme sur le timing. La semaine dernière, ses opposants au bureau exécutif l’avaient interpellé en vain. « Il n’avait même pas réagi. Il était passé à un autre sujet sans même répondre à notre interpellation », rapporte Alain Coulombel.
Pour Jérôme Gleizes, également membre de l’aile gauche, « c’était raisonnable de démissionner, mais ça aurait dû être fait avant. Tout cela ressemble à de la précipitation ».
Le bureau exécutif (BE) et le groupe parlementaire devront décider, ce 27 septembre, de la suite. L’intérim au niveau du parti pourrait être assuré, selon les statuts, par les deux secrétaires nationaux adjoints, Léa Balage El Mariky et Jérémie Crépel, ou par une gouvernance transitoire élargie.
Lénaïg Bredoux et Mathieu Dejean
Julien Bayou en retrait d’EELV : cinq questions sur les accusations visant l’ex-patron des Verts
Par Hadrien Mathoux , Jean-Loup Adenor et Pierre Lann

Publié le 21/09/2022 à 20:30 Mariane
La militante écologiste Sandrine Rousseau a rapporté en direct à la télévision des accusations de « comportements de nature à briser la santé morale des femmes » imputés au secrétaire national d’EELV Julien Bayou. L’affaire était déjà connue de la cellule d’écoute et d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles du parti et Julien Bayou s’était déjà exprimé à ce sujet en juillet auprès du « Figaro ». Pour comprendre l’enjeu posé par les propos de Sandrine Rousseau, « Marianne » répond à cinq questions. La députée et finaliste de la primaire écologiste Sandrine Rousseau a rapporté lundi 19 septembre sur France 5, dans l’émission « C à vous », avoir reçu chez elle une femme accusant le secrétaire national d’EELV Julien Bayou de « comportements de nature à briser la santé morale des femmes ». Les faits présumés, sur lesquels Julien Bayou s’est déjà exprimé en juillet dernier dans les colonnes du Figaro, ont entraîné le retrait politique du secrétaire national du parti. Pour tout comprendre de cette affaire, de sa chronologie et de ses conséquences, Marianne répond à cinq questions.
DE QUOI JULIEN BAYOU EST-IL ACCUSÉ ?
À ce stade, les accusations visant le patron des écologistes restent floues : sur le plateau de France 5, Sandrine Rousseau a expliqué qu’elle basait ses informations sur le témoignage de l’ex-compagne de Julien Bayou, qu’elle a longuement rencontrée. La députée a évoqué « des comportements de nature à briser la santé morale des femmes », ajoutant que l’ancienne petite amie du secrétaire nationale avait « d’ailleurs fait une tentative de suicide quelques semaines après tellement elle allait mal ».
Sur le volet judiciaire, l’affaire semble mince : aucun signalement au parquet n’a été effectué, la victime présumée n’a pas non plus été accompagnée auprès des forces de l’ordre, et la seule enquête en cours est « journalistique ». Autre aveu de Sandrine Rousseau, réalisé micro coupé mais relaté par le journaliste Patrick Cohen : « Le problème, c’est qu’il n’y a rien de pénalement répréhensible dans cette histoire ». Conclusion de l’ancien présentateur de France Inter : « Autrement dit, le chef des Verts n’aurait commis aucun délit mais dans l’esprit de Sandrine Rousseau, son comportement conjugal mérite la honte et l’opprobre du déballage de sa vie privée, et sans doute une sanction politique. »
POURQUOI L’AFFAIRE ÉCLATE-T-ELLE MAINTENANT ?
Julien Bayou s’est déjà expliqué en juillet dernier sur ces accusations de violences sans s’attirer, à l’époque, les foudres de Sandrine Rousseau. Au Figaro, il confirmait que « la commission a été saisie », selon lui dans un contexte de « rupture douloureuse et difficile », évoquant « une rancœur qu’elle ne cache pas puisqu’elle m’a clairement écrit, trois jours après avoir saisi la commission interne d’EELV : “Inquiète-toi. Je vais revenir et en force. (…) La chute va être douloureuse” ». Il attendait à l’époque d’être auditionné par les membres de la commission « dans les meilleurs délais sur ce qui ne constitue en rien des violences sexistes ou sexuelles ni des comportements inappropriés envers quiconque », assurait-il.
Alors pourquoi revenir sur cette affaire maintenant ? Sandrine Rousseau fait part du témoignage de l’ex-compagne de Julien Bayou alors qu’elle est invitée à réagir au retrait d’Adrien Quatennens de ses fonctions au sein de la France insoumise, après qu’il a admis avoir été violent envers sa compagne. En fin d’émission, la présentatrice de « C à vous » l’interroge sur un tweet publié par Mathilde – une militante féministe du collectif NousToutes – plus tôt dans l’après-midi, dans lequel la militante interpelle les cadres de EELV au sujet de Julien Bayou.
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C’est alors que Sandrine Rousseau répond en déroulant le témoignage qu’elle affirme avoir recueilli directement de la part d’une ex-compagne de Julien Bayou. Sandrine Rousseau poursuit : « [Les victimes présumées ] sont manifestement plusieurs, moi je n’ai entendu qu’un seul témoignage. » Interrogée par Mediapart, Sandrine Rousseau a expliqué avoir décidé d’évoquer ce témoignage parce que « depuis trois mois, cette femme n’a toujours pas été auditionnée…Cela pose un problème de fond : le cas de Julien Bayou ne peut pas être réglé par une cellule interne à son parti.
Cela marche pour un militant, mais pas pour un secrétaire national ». Juste avant l’émission, ayant pris connaissance du tweet de Mathilde (qui qualifie par ailleurs Sandrine Rousseau de « sœur de lutte »), l’écolo affirme avoir appelé l’ex-compagne de Julien Bayou pour s’assurer de son accord : « Elle m’a autorisée à dire ce que j’ai dit. »
Sandrine Rousseau explique également à Mediapart avoir ressenti une forme de pression à s’exprimer : « Je suis interpellée non stop sur ce que j’ai fait, pas fait. Dès qu’il y a un problème de violences, c’est moi. C’est pour ça que j’ai dit la vérité de ce que je savais. Sinon j’aurais menti, on aurait dit que j’avais couvert… et ça, ce n’est pas possible. »
interrogent Sandrine Rousseau sur l’éventuel retrait de Julien Bayou.
« Ça fait partie des questions qui vont venir sur la table » au parti, répond-elle. « On verra, step by step. » Comprendre : « chaque chose en son temps ». Le lendemain, c’est pourtant déjà chose faite : Julien Bayou se retire de ses fonctions à la direction d’Europe Ecologie-Les Verts.
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Pour Sandra Regol, la vice-présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, ce retrait est nécessaire pour « envoyer un signal » aux femmes : « Face au questionnement légitime des femmes, des féministes, des personnes qui ont été victimes et qui se sentent blessées à chaque fois qu’une histoire de ce type sort dans les milieux politiques, nous avons un devoir supérieur, un devoir de représentativité » en tant qu’« élus du peuple français », a expliqué sur franceinfo la députée EELV pour justifier cette « décision collective ». « A partir du moment où la rumeur part, il est important d’arriver à clarifier pour Julien, pour son ex- compagne », a-t-elle complété.
POURQUOI LA COMMISSION N’A-T-ELLE PAS STATUÉ ?
Mais alors, pourquoi le cas de Julien Bayou n’a-t-il pas été réglé par la
« cellule d’enquête interne et de sanctions » du parti écologiste, lancée en 2016 dans le sillage des accusations d’agressions sexuelles contre Denis Baupin ? C’est l’une des inconnues à ce stade. Dans un communiqué publié ce mardi, EELV indique que cette cellule a « été saisie au mois de juillet 2022 pour un signalement concernant Julien Bayou », ce qui confirme l’information révélée alors par Le Figaro. Le flou demeure sur ce qui s’est passé par la suite.
Le protocole de fonctionnement de cette cellule, accessible sur le site du parti, ne définit pas précisément tout ce que peut recouvrir le spectre des « violences sexuelles et sexistes » dont elle peut être saisie, se bornant à rappeler les définitions légales du viol, du harcèlement sexuel et de l’agression sexuelle. Rien n’indique, donc, que cette cellule ne traiterait uniquement de faits qui pourraient avoir un caractère pénal. Elle prescrit par ailleurs que ses « membres s’astreignent à une stricte confidentialité sur les cas traités ». Une obligation qui est répétée plusieurs fois dans ce guide. La liste des membres de cette cellule est publique : Sandrine Rousseau n’en fait pas partie. Ce n’est donc pas dans le cadre de cette cellule qu’elle a rencontré l’ancienne compagne de Julien Bayou.
Selon Mediapart, la cellule aurait donné suite au message de l’ancienne compagne de Julien Bayou en lui proposant plusieurs dates pour convenir d’un entretien. Une rencontre que la victime présumée aurait déclinée, préférant se tourner vers une autre structure, l’AVFT (Association de lutte contre les violences faites aux femmes au travail), en indiquant qu’elle ne faisait pas confiance à la cellule du parti écologiste. Selon Sandrine Rousseau, interrogée par Mediapart, c’est ce point qui l’aurait motivé à s’exprimer sur France 5. Pourtant, dans son communiqué, le parti écologiste maintient que « la cellule d’enquête doit continuer son travail en toute indépendance et sérénité » et qu’elle suivra ses recommandations. Signe d’une divergence d’appréciation de la situation au sein d’EELV qui contribue à la diffusion d’informations éparses et incomplètes.
POURQUOI C’EST IMPORTANT POUR L’AVENIR D’EELV ?
La controverse survient alors que les différents courants de l’écologie politique s’apprêtent à s’affronter au congrès du parti qui se tiendra en décembre. L’objectif : élire son prochain secrétaire national. Si ni Julien Bayou ni Sandrine Rousseau ne peuvent se présenter – ils sont tous deux députés et le règlement du parti interdit le cumul – leurs courants sont eux bien déterminés à asseoir leur hégémonie au sein d’EELV. Sandrine Rousseau et son aile éco-féministe, jusqu’ici relativement en marge de l’appareil pourraient soutenir Mélissa Camara, une élue écologiste lilloise. Julien Bayou, le secrétaire national sortant, devrait soutenir Marine Tondelier : la conseillère municipale d’Hénin- Beaumont, initiatrice d’un collectif interne nommé « La Suite », a quasiment fait acte de candidature en publiant à la fin de l’été une tribune appelant à la refondation d’EELV, appuyée par plusieurs centaines de cadres. Yannick Jadot a signé ce texte, mais n’est pas encore fixé quant à l’identité du candidat qu’il soutiendra lors du congrès, alors que d’autres concurrents devraient se présenter sur la ligne de départ — l’adjoint à la mairie de Paris David Belliard et le porte-parole Alain Coulombel y songent, notamment. La lutte entre Sandrine Rousseau et Julien Bayou s’opère donc sur fond de compétition électorale en vue de la conquête du parti écologiste.
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En parallèle, les douze mille adhérents du parti sont invités cette semaine à se prononcer sur un référendum d’initiative militante (RIM) porté par Marine Tondelier, qui entend succéder à Julien Bayou comme secrétaire national. Le scrutin vise à remodeler profondément l’organisation du parti en en modifiant les statuts, notamment pour donner plus de marge de manœuvre à ses dirigeants, dans un parti historiquement porté sur l’horizontalité et l’engagement des militants. Selon Politico, Julien Bayou est favorable à cette initiative. De même source, un contre référendum, porté par Henri Arévalo, le président du Conseil fédéral du parti, est en préparation, soutenu par des représentants de la sensibilité de Sandrine Rousseau. Avant que l’affaire Bayou ne revienne sur le devant de la scène médiatique, c’était ce débat-là qui animait les cadres d’EELV.
Par Hadrien Mathoux Par Jean-Loup Adenor Par Pierre Lann