Conséquences sur la santé de la consommation d’édulcorants.

La consommation d’édulcorants serait associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires

(Communiqué INSERM)

08/09/2022

https://presse.inserm.fr/la-consommation-dedulcorants-serait-associee-a-un-risque-accru-de-maladies-cardiovasculaires/45775/

Émis par : Inserm

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Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. Identifier les facteurs de risque associés à ces maladies pour mieux les prévenir représente un véritable enjeu de santé publique. 

Une équipe de chercheurs et chercheuses de l’Inserm, de l’INRAE, du Cnam et de l’Université Sorbonne Paris Nord, au sein de l’Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Eren), s’est intéressée aux conséquences sur la santé de la consommation d’édulcorants. Ils ont analysé les données de santé de 103 388 adultes participants à l’étude de cohorte française NutriNet-Santé au regard de leur consommation globale de ce type d’additifs alimentaires.

Les résultats de ces analyses statistiques à paraître dans le British Medical Journal suggèrent une association entre la consommation générale d’édulcorants et un risque accru de maladies cardiovasculaires.

Les effets délétères des sucres ajoutés ont été établis pour plusieurs maladies chroniques, ce qui a conduit les industries alimentaires à utiliser des édulcorants artificiels comme alternatives dans une large gamme d’aliments et de boissons. Cependant, l’innocuité des édulcorants artificiels fait l’objet de débats et les données restent contrastées quant à leur rôle dans l’apparition de diverses maladies. Une publication récente avait par exemple observé une association entre la consommation d’édulcorants et le risque accru de cancer.

Sur les bases d’une même méthodologie impliquant une vaste étude en population, l’équipe, a voulu examiner les associations entre la consommation d’édulcorants et le risque de maladies cardiovasculaires (maladies coronariennes et maladies cérébrovasculaires). Alors que l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires associée à la consommation de boissons édulcorées a été suggérée par plusieurs études épidémiologiques, aucune ne s’était, jusqu’à présent, intéressée à l’exposition aux édulcorants artificiels dans leur ensemble, et pas seulement aux boissons qui les contiennent. Or les édulcorants sont par exemple présents dans certains produits laitiers, et une multitude d’aliments allégés.

Les scientifiques se sont ici appuyés sur les données communiquées par 103 388 adultes français participant à l’étude NutriNet-Santé. Les volontaires ont eux-mêmes déclaré, via des questionnaires spécifiques, leurs antécédents médicaux, leurs données sociodémographiques, leurs habitudes en matière d’activité physique, ainsi que des indications sur leur mode de vie et leur état de santé. Ils ont également renseigné en détail leurs consommations alimentaires en transmettant aux scientifiques des enregistrements complets sur plusieurs périodes de 24 heures, incluant les noms et marques des produits. Cela a permis d’évaluer précisément leurs expositions aux additifs, et notamment aux édulcorants.

Après avoir recueilli les informations sur le diagnostic de maladies cardiovasculaires au cours de la période de suivi (2009-2021), les chercheurs et chercheuses ont effectué des analyses statistiques afin d’étudier les associations entre la consommation d’édulcorants et le risque de maladies cardiovasculaires des participants. Ils ont tenu compte de nombreux facteurs potentiellement confondants tels que l’âge, le sexe, l’activité physique, le tabagisme, les antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires, ainsi que les apports en énergie, alcool, sodium, acides gras saturés et polyinsaturés, fibres, sucre, fruits et légumes et viande rouge et transformée.

Les scientifiques ont constaté que la consommation totale d’édulcorants était associée à une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, et plus précisément de maladies cérébrovasculaires. Concernant les types d’édulcorants, l’aspartame était plus étroitement associé au risque de maladies cérébrovasculaires et l’acésulfame-K et le sucralose au risque de maladies coronariennes.

« Cette étude à grande échelle suggère, en accord avec plusieurs autres études épidémiologiques sur les boissons édulcorées, que les édulcorants, additifs alimentaires utilisés dans de nombreux aliments et boissons, pourraient représenter un facteur de risque accru de maladies cardiovasculaires », explique Charlotte Debras, doctorante et première auteure de l’étude. Des recherches supplémentaires dans d’autres cohortes à grande échelle seront nécessaires pour venir reproduire et confirmer ces résultats.

« Ces résultats, en accord avec le dernier rapport de l’OMS publié cette année, ne soutiennent pas l’utilisation d’édulcorants en tant qu’alternatives sûres au sucre et fournissent de nouvelles informations pour répondre aux débats scientifiques concernant leurs potentiels effets sur la santé. Ils fournissent par ailleurs des données importantes pour leur réévaluation en cours par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et d’autres agences de santé publique dans le monde », conclut Dr Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm et coordinatrice de l’étude.

Lire sur le site de l’Inserm

Contact presse : presse@inserm.fr

Les édulcorants associés à un risque accru de maladies cardio-vasculaires

Des travaux issus de la cohorte épidémiologique NutriNet publiés jeudi suggèrent que les plus gros consommateurs d’édulcorants ont un risque augmenté d’environ 10 % de subir une pathologie cardio-vasculaire par rapport à ceux qui s’en passent. 

Par Stéphane FoucartPublié aujourd’hui à 00h30, mis à jour à 09h39  

Temps de Lecture 3 min. 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2022/09/08/les-edulcorants-associes-a-un-risque-accru-de-maladies-cardio-vasculaires_6140638_3244.html#xtor=AL-32280270-%5Bmail%5D-%5Bios%5D

Des pastilles édulcorantes.
Des pastilles édulcorantes.  MAXIMILIAN STOCK LTD / PHOTONONSTOP

Garder le goût du sucre, sans les calories, le surpoids et aussi les risques sanitaires associés ? Près d’un demi-siècle après leur arrivée sur le marché, alors qu’ils sont désormais intégrés à des centaines de produits alimentaires et qu’ils font partie des habitudes de millions de personnes dans le monde, les édulcorants intenses (aspartame, sucralose, acésulfame-K…) ne semblent pas avoir tenu leurs promesses. S’ajoutant à de nombreuses données défavorables sur le cancer et les troubles métaboliques, les derniers résultats issus de la cohorte épidémiologique NutriNet, publiés jeudi 8 septembre dans le British Medical Journalsuggèrent que leur consommation est associée à un risque accru de maladies cardio-vasculaires.

Ces travaux, les plus précis disponibles à ce jour sur le sujet, montrent que parmi les quelque 100 000 membres de la cohorte, les plus gros consommateurs de ces édulcorants ont, toutes choses égales par ailleurs, un risque augmenté d’environ 10 % de subir une pathologie cardio-vasculaire, par rapport à ceux qui s’en passent, au cours de près de neuf années de suivi.

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Les associations les plus marquées sont celles qui lient l’acésulfame-K et le sucralose aux maladies coronariennes (risques accrus de 40 % et 31 % respectivement), et celles entre l’aspartame et les maladies cérébrovasculaires – attaques cérébrales ou accident ischémique transitoire – avec un risque accru de 18 %. A l’échelle de l’individu, ces élévations de risque demeurent modestes, mais vu l’intensité avec laquelle ces produits sont consommés et la fréquence des maladies considérées, les effets en matière de santé publique pourraient être importants.

Résultats frappants et « cohérents »

Pour mener leurs calculs, les chercheurs ont mis à profit la précision des informations obtenues auprès des membres de la cohorte pour corriger leurs résultats de nombreux facteurs de confusion comme l’âge, le sexe, l’activité physique, le tabagisme, les antécédents familiaux de maladies cardio-vasculaires, ainsi que les apports alimentaires en énergie, en sel, la consommation d’alcool, d’acides gras saturés et polyinsaturés, de sucre, de fruits et légumes, de viande rouge et transformée. C’est-à-dire la plupart des facteurs de risques connus pour les maladies cardio-vasculaires.

« Nos résultats sont cohérents avec ceux de précédentes études épidémiologiques, résume Mathilde Touvier, directrice de l’Equipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN), coordinatrice de ces travaux. Mais nous sommes les premiers à être parvenus à quantifier l’apport quotidien en édulcorants, et à associer ces quantités avec une élévation de risque. » Jusqu’à présent, la plupart des études observationnelles se contentaient d’évaluer le nombre de boissons aux édulcorants consommées. « Nous constatons que, en intégrant toutes les sources alimentaires, les boissons ne représentent en moyenne qu’environ la moitié de l’apport en édulcorants », précise la chercheuse.

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Le résultat est frappant. Les 19 000 membres de la cohorte NutriNet inclus dans le groupe des plus gros consommateurs – ceux dont le risque de maladies cardio-vasculaires s’est avéré augmenté de 10 % par rapport aux 65 000 individus se passant d’édulcorants – ne consomment ainsi, en moyenne, qu’un total de 77 milligrammes (mg) de « faux sucres » par jour. Soit l’équivalent d’à peine plus de 200 millilitres (ml) de Coca-Cola Zéro qui, selon la base de données OpenFoodFacts, contient 46 mg d’acésulfame-K, 85 mg d’aspartame, pour 355 ml de boisson.

Lien entre cancer et édulcorants

Les chercheurs mettent en garde contre la généralisation de leurs résultats à l’ensemble de la population française. « Comme on l’observe généralement dans les cohortes de volontaires, les participants à l’étude NutriNet-Santé sont plus souvent des femmes, avec des niveaux d’éducation élevés, appartenant à des catégories socioprofessionnelles favorisées, écrivent Charlotte Debras, de l’EREN, première autrice de ces travaux, et ses collègues. Ils sont aussi plus susceptibles d’avoir des comportements alimentaires et un mode de vie sains. Par conséquent, la consommation d’édulcorants artificiels chez les participants à l’étude NutriNet-Santé pourrait être plus faible que celle des Français en général. » Les effets réels pourraient ainsi être plus marqués que ce que suggèrent les chercheurs, les gros consommateurs d’édulcorants de la cohorte ayant toutes les chances d’en consommer moins que les gros consommateurs de la population générale.

Toutefois, même corrigée de nombreux facteurs de confusion, une étude observationnelle ne peut à elle seule démontrer un lien de causalité. « Nous restons prudents et nous appelons à ce que d’autres équipes cherchent à reproduire nos résultats, prévient Mme Touvier. Cependant, ces derniers sont non seulement cohérents avec d’autres études épidémiologiques disponibles, mais aussi avec des études expérimentales, notamment sur des animaux de laboratoires, qui ont conduit à proposer des mécanismes biologiques susceptibles d’expliquer l’association entre édulcorants et maladies cardio-vasculaires. » Parmi ces mécanismes possibles, l’altération de la sécrétion d’insuline – l’hormone chargée de réguler la glycémie – ou encore la perturbation du microbiote intestinal. Les chercheurs mentionnent également l’existence de données, obtenues in vitro ou sur des rongeurs, suggérant un effet délétère des édulcorants sur le système vasculaire

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La publication de ces nouveaux résultats intervient quelques mois après que la même équipe a publié, en mars dans la revue PLOS Medicine, et à partir des données de la même cohorte, des conclusions inquiétantes sur le lien entre cancer et édulcorants. Les plus gros consommateurs d’édulcorants de la cohorte avaient un risque accru de contracter un cancer, avec une augmentation du risque du même ordre que pour les maladies cardio-vasculaires.

Les mois à venir pourraient être charnière dans l’histoire de ces substances : l’Organisation mondiale de la santé et l’Autorité européenne de sécurité des aliments réévaluent actuellement leurs positions officielles sur les éventuels bénéfices et risques liés à ces produits. Avec, face aux exigences de santé publique, un marché mondial de plusieurs milliards de dollars, toujours en forte croissance.

Stéphane Foucart

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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