Le prix de gros de l’électricité en France dépasse 1 000 euros le mégawattheure, contre 85 euros il y a un an
Plusieurs causes sont à l’origine de la forte augmentation des cours, à commencer par le tarissement des flux de gaz russe vers l’Europe et l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires français, gérés par EDF.
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Dans une semaine folle pour les cours de l’énergie en Europe, les prix de gros de l’électricité pour 2023 en Allemagne et en France ont battu des records, vendredi 26 août, à respectivement 850 euros et plus de 1 000 euros le mégawattheure (MWh).
Il y a un an, les prix étaient, pour ces deux pays, d’environ 85 euros le mégawattheure. Plusieurs causes sont à l’origine de la forte augmentation des cours, à commencer par le tarissement des flux de gaz russe vers l’Europe depuis le début de la guerre en Ukraine (nombre de centrales thermiques utilisent du gaz pour générer de l’électricité) et l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires français d’EDF.
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En France, seulement vingt-quatre des cinquante-six réacteurs nucléaires d’EDF fonctionnent actuellement, notamment en raison d’un problème de corrosion, ce qui réduit la production électrique française, qui se trouve à un niveau historiquement bas, et fait mécaniquement augmenter les prix. Pour décembre spécifiquement, le mégawattheure d’électricité s’échange déjà à plus de 1 600 euros, un niveau extraordinaire.
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Réunion des Vingt-Sept
L’Union européenne et les Etats membres sont en train de mettre en place des plans d’économies d’énergie et de sobriété, sachant qu’à l’approche de l’hiver le risque de pénuries et de coupures de courant augmente.
Le premier ministre tchèque, dont le pays assure la présidence de l’Union européenne, a déclaré vendredi que son pays allait convoquer une réunion d’urgence pour faire face à la crise énergétique. La présidence tchèque « convoquera une réunion d’urgence des ministres de l’énergie afin de discuter de mesures d’urgence spécifiques pour faire face à la situation énergétique », a déclaré le premier ministre, Petr Fiala, dans un tweet. « Le plus tôt possible », espère Jozef Sikela, le ministre tchèque de l’industrie et du commerce. « Nous sommes dans une guerre énergétique avec la Russie et cela nuit à l’ensemble de l’UE », a-t-il écrit sur Twitter.
Approuvée par Ursula von der Leyen, cheffe de la Commission européenne, cette volonté tchèque intervient alors que les vingt-sept Etats membres de l’UE tentent de réduire leur dépendance envers la Russie en matière d’approvisionnement en pétrole et en gaz.
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Le Monde avec AFP
Electricité : nouveau coup dur pour le parc nucléaire d’EDF
L’arrêt prolongé de quatre réacteurs alimente la flambée des prix de l’électricité, qui ont atteint 900 euros le mégawattheure, pour livraison l’an prochain, contre moins de 100 euros il y a un an.
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A l’approche de la rentrée, la tension monte encore d’un cran en France sur le front de l’approvisionnement en électricité. Alors qu’il compte trente-deux de ses réacteurs nucléaires sur cinquante-six à l’arrêt, EDF a fait savoir, jeudi 25 août, que quatre d’entre eux, affectés par des problèmes de corrosion sous contrainte, des petites fissures, verront leur non-fonctionnement prolongé de plusieurs semaines cet automne. Cette extension est liée à « une meilleure estimation » du temps nécessaire à mener les investigations et travaux de réparation, a justifié l’énergéticien, alors que ces problèmes ont mis à l’arrêt douze réacteurs, les autres l’étant pour des questions de maintenance.
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Plus en détail, et selon le nouveau calendrier prévisionnel publié par EDF, les réacteurs 1 et 4 de la centrale de Cattenom, en Moselle, seront reconnectés au réseau électrique respectivement les 1er et 14 novembre. Le numéro 3 reprendra du service le 11 décembre, tandis que la tranche numéro 1 de la centrale de Penly (Seine-Maritime) ne sera reconnectée que le 23 janvier.
Malgré ce nouvel aléa, EDF a tenu à maintenir sa prévision de production nucléaire pour 2022 entre 280 et 300 térawattheures (TWh), même si, finalement, comme l’a a reconnu un porte-parole, jeudi 25 août, la production devrait plus « probablement » atteindre le bas de cette fourchette. A la mi-mai, déjà, EDF avait déjà dû réviser son estimation de production nucléaire annuelle.
Records absolus
Alors que la guerre en Ukraine fait rage et que Vladimir Poutine menace de fermer le robinet des livraisons de gaz, ce retard ne peut que contribuer à nourrir une flambée des prix de gros de l’électricité déjà inédite en France. Depuis des mois, les tarifs s’envolent, battant des records absolus. Jeudi 25 août, ils ont atteint 900 euros le mégawattheure, pour livraison l’an prochain, contre moins de 100 euros il y a un an, et moins de 50 euros en moyenne dans les années précédentes. Affolé par les courbes, un gestionnaire d’actifs d’un fonds américain commentait en ces termes, vendredi 26 août, dans un tweet, l’impact de l’annonce d’EDF : « Pour 2023, les prix se négocieraient à 900 euros le MWh avec des prix d’hiver supérieurs à 1 500 euros (soit 30 fois le prix moyen sur cinq ans) », s’est-il alarmé
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Lors d’un point de presse, jeudi 25 août, le ministère de la transition énergétique a, pour sa part, jugé que le délestage (ou coupures d’électricité) serait « uniquement une solution de dernier recours ». Néanmoins, les particuliers et petites entreprises en France vont d’ores et déjà être incités à modérer leur consommation d’électricité lors des pics de demande liés au froid, en échange de tarifs avantageux le reste de l’année, a ajouté le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher. A cette fin, l’exécutif veut relancer et élargir une offre similaire à ce que des générations de Français clients d’EDF ont connu sous le nom de « Tempo », laquelle incite à baisser le chauffage certains jours lors des pointes hivernales.
Concrètement, les clients qui le souhaitent pourront payer un tarif très avantageux à l’année, à condition qu’en cas de pic (entre vingt à trente jours « rouges » par an) ils réduisent voire coupent leur consommation. Ces particuliers ou PME seraient prévenus la veille du pic et si, le jour J, ils consomment, le tarif sera alors beaucoup plus élevé que durant les autres journées. Pour aider les fournisseurs d’électricité à proposer ces formules dites « d’effacement tarifaire » ou « de retrait du réseau », l’Etat a prévu de lancer un appel d’offres afin de sélectionner les plus efficaces en matière d’économies d’énergie.
Marjorie Cessac