La rentabilité est la cause d’un licenciement d’une praticienne généraliste dans un centre de santé en Dordogne

Une médecin généraliste licenciée par son centre de santé car elle n’était « plus rentable »

Par L.C. le 19-08-2022

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La Dre Angélique Roby, médecin généraliste, a été licenciée par son centre de santé, situé au Buisson-de-Cadouin, en Dordogne. La structure avance d’importantes difficultés économiques l’ayant contrainte à prendre cette décision.

La Dre Angélique Roby, médecin généraliste, a été licenciée lundi 8 août pour motif économique par le centre de santé Saint-Vincent-de-Paul du Buisson-de-Cadouin (Dordogne). Un choc pour la praticienne qui avait été embauchée en avril 2021 à mi-temps. Contacté par Sud-Ouest, le président de l’association qui gère le centre, l’ancien maire Mérico Chies, explique que la structure, qui salarie une vingtaine d’autres personnes (infirmières, aides-soignantes et personnels administratifs), était en péril et que seul ce licenciement économique permettait de ne pas baisser le rideau. « Depuis le début, ce poste était en déficit chronique et mettait en péril les finances du centre », a-t-il déclaré à nos confrères.

« On m’a dit que je n’étais plus rentable car je passais trop de temps avec mes patients », s’est offusquée la médecin généraliste dans les colonnes de la Dordogne Libre, fin juillet. Un argument réfuté par la direction dans la presse locale. « Nous n’avons pas à nous immiscer dans la manière de fonctionner du médecin […] Nous en sommes les premiers navrés, mais si nous maintenons un tel déficit, nous devrons fermer dans deux mois », a commenté Mérico Chies dans la Dordogne Libre.

Alors que les déserts médicaux se creusent partout en France, la nouvelle de ce licenciement a particulièrement ému la patientèle de la généraliste. Une patiente a même lancé une pétition pour demander à l’ARS le maintien du poste de la généraliste. « Nous apprécions tous la qualité professionnelle de ce praticien et nous sommes choqués d’apprendre son futur départ de ce lieu », peut-on lire dans la pétition signée par « un collectif de patients ». Malgré plus de 1.500 signatures récoltées, cela n’a pu faire pencher la balance en sa faveur.

Auprès du journal Sud-Ouest, l’association gérante assure avoir proposé à la praticienne de rester dans les locaux, mais en étant installée à son compte, en échange d’un loyer. De son côté, la Dre Angélique Roby crie au mensonge.

[avec La Dordogne Libre et Sud-Ouest]

Publié le 19/08/2022

Quand les déserts médicaux n’empêchent pas les raisons économiques de primer 

Périgueux, le vendredi 19 août 2022 –

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Une généraliste de 43 ans a été licenciée par le centre de santé qui l’employait au motif que son poste n’était pas viable économiquement.

On dit généralement que le métier de médecin offre une grande sécurité de l’emploi et c’est sans doute l’un des arguments qui pousse chaque année de nombreux jeunes gens à entamer des études de médecine. Mais les médecins ne sont en réalité pas à l’abri de connaître le chômage et la dure loi du marché du travail.

C’est ce qu’a découvert à ses dépens le Dr Angélique Roby, généraliste de 43 ans exerçant au centre de santé Saint-Vincent-de-Paul dans la petite ville de Le Buisson-de-Cadouin en Dordogne. Après 16 mois d’activité dans le centre, elle a en effet été licenciée pour motif économique le 8 août dernier.

Une situation financière fortement dégradée

Selon le Dr Roby, qui a répondu aux questions de la presse locale et de nos confrères du Quotidien du Médecin, c’est en juin dernier que la nouvelle direction du centre de santé, géré par une association à but non lucratif, lui a pour la première fois fait part des difficultés économiques de la structure.

« On m’a dit qu’il fallait que je prenne plus de patients à l’heure, j’en voyais entre 2 et 3, il fallait que je passe à 4 ou 5 » explique la généraliste qui a immédiatement refusé : « Ce n’est pas ma conception de la médecine, je ne vends pas des sardines sur un marché, je m’occupe d’êtres humains ».

Pour sauver son poste, le Dr Roby a proposé d’embaucher une assistante pour lui dégager du temps médical, tandis que le département a offert de prendre en charge le salaire de la généraliste. Rien n’y a fait et le médecin a finalement été mis à la porte.

Alors que la polémique enfle dans la région en manque de médecins (seuls deux généralistes exercent dans la commune), le centre de santé tente de se dédouaner. Selon la direction, elle n’avait pas d’autre choix que de se séparer du Dr Roby, au vu de la situation financière fortement dégradée du centre de santé.

« C’était soit la licencier pour motif économique, soit cesser l’activité du centre et de ses 25 salariés » assure l’association. « Bien sûr ce n’était pas une décision agréable à prendre mais c’était une question de survie ».

L’ARS de Nouvelle-Aquitaine confirme d’ailleurs que « l’activité médicale du centre est insuffisante pour garantir sa viabilité économique ».

La nouvelle direction de l’association, qui a pris en main le centre de santé en début d’année, rejette la responsabilité du délitement financier de la structure sur ses prédécesseurs : « le médecin a été embauché contre l’avis du trésorier de l’association qui estimait que le centre ne pourrait pas équilibrer financièrement cette activité ».

La généraliste « se laisse un peu de temps pour réfléchir »

Pour le reste, la direction du centre de santé rejette les accusations portées contre elle par son ancien employé. Elle n’aurait ainsi jamais demandé au Dr Roby de doubler son nombre de consultations, car « nous n’avons pas à nous immiscer dans la manière de fonctionner du médecin ».

Si l’association a refusé l’aide financière du département, c’est parce que « ces subventions ne couvraient pas le déficit du médecin ». Enfin, le directeur de la structure assure avoir proposé au Dr Roby de continuer à exercer au sein du centre mais à son compte et moyennant un loyer, ce que cette dernière dément.

Une pétition en ligne de patients du centre de santé demandant la réintégration du Dr Roby a déjà recueilli plus de 1 500 signatures mais il est peu probable qu’elle fasse infléchir sa position. Désormais, la généraliste hésite entre s’installer en libéral ou intégrer un autre centre et « se laisse un peu de temps pour réfléchir et savoir quelle suite donner à ma carrière ».

Cette triste mésaventure illustre les différentes facettes des difficultés de la lutte contre les déserts médicaux.

Quentin Haroche

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Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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