L’ANSM a édicté une série de mesures et prononcé des sanctions à l’encontre de l’IHU de Marseille dirigée par le Pr Didier Raoult.

Publié le 14/06/2022

La chute de la maison Raoult 

Marseille, le mardi 14 juin 2022

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L’ANSM a édicté une série de mesures et prononcé des sanctions à l’encontre de l’IHU de Marseille dirigée par le Pr Didier Raoult.

Plus de deux ans après s’être rendu célèbre en défendant l’utilisation de l’hydroxychloroquine (HCQ) contre la Covid-19, le Pr Didier Raoult est toujours sous le feu des projecteurs, pas nécessairement pour de bonnes raisons. Depuis plusieurs mois, le scientifique marseillais est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises la très stricte législation sur les recherches impliquant la personne humaine (RIPH). Trois études menées au sein de l’Institut Hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille qu’il dirige ont notamment été pointées du doigt, l’équipe du Pr Raoult et son équipe ayant conduit ces recherches sans avoir obtenu l’autorisation préalable d’un comité de protection des personnes (CPP), comme la loi le prescrit.

Un projet de recherche suspendu

En avril dernier, l’Agence de sécurité sanitaire (ANSM) avait déjà rendu un rapport au vitriol sur ces expérimentations « sauvages », menaçant l’IHU et son autorité de tutelle, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), de sanctions administratives si les recherches menées n’étaient pas mises en conformité avec la loi. Face au manque de réactivité de l’IHU, l’ANSM n’a pas eu d’autre choix que de prendre une série de mesures contraignantes ce lundi.

En premier lieu, l’ANSM a décidé purement et simplement de suspendre un projet de recherche consacré à l’acquisition de pathologies associées aux voyages chez des étudiants en médecine. Cette étude, qui impliquait des prélèvements vaginaux et rectaux sur les patients, n’avait pas fait l’objet d’une demande d’autorisation auprès d’un CPP. Aucun nouveau participant ne pourra être inclus dans la recherche et plus aucune donnée collectée ou analysée. Les patients déjà inclus vont être informés de cette décision, ainsi que les revues scientifiques ayant publié les résultats de cette étude, afin qu’elles les rétractent.

L’IHU quasiment placé sous tutelle

L’ANSM a également décidé de prendre contre l’IHU et l’AP-HM des mesures préventives pour éviter toute nouvelle violation de la réglementation sanitaire, qui s’apparentent à une quasi-tutelle. Les deux organismes se voient ainsi enjoints de « mettre en œuvre un programme de formation du personnel concerné à la réglementation des RIPH qui devra être dispensée par un organisme extérieur », ce qui signifie en creux que l’ANSM considère que le Pr Raoult et son équipe ne sont pas suffisamment formés en la matière.

En outre, l’ANSM indique que désormais, l’IHU aura l’obligation, avant de mener tout projet de recherche, de qualifier ce projet au regard du code de la santé publique et de consulter un CPP et éventuellement l’ANSM afin d’obtenir leur avis favorable « dans le but d’assurer la protection des personnes qui se prêtent à la recherche ». Enfin, l’IHU devra désormais « systématiquement fournir à l’ANSM, dans un délai d’un mois, des bilans exhaustifs sur les publications référencées et les recherches prospectives et rétrospectives en cours » ainsi qu’un bilan des recherches effectuées lors des cinq dernières années.

L’ANSM le précise, cette batterie de mesures ne clôt pas le dossier de l’IHU. D’autres investigations sont en cours, notamment concernant des essais menés sur des traitements alternatifs à la tuberculose sans que le consentement des patients ait été correctement recueilli.

En outre, le procureur de la République a été saisi des divers manquements à la réglementation sanitaire observés. Rappelons que le Pr Raoult, qui devrait prendre sa retraite à l’IHU cet été, doit également prochainement être jugé en appel par le conseil de l’Ordre à la suite du blâme reçu en décembre dernier. Didier Raoult n’a donc pas fini d’alimenter la controverse et la polémique.

Quentin Haroche

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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