Un collectif de professionnels de la périnatalité exerçant en Ile-de-France demande des mesures d’urgence.

« N’attendons pas que des catastrophes surviennent dans nos maternités »

TRIBUNE

Collectif

Les risques de pénurie de personnels et les conditions de travail dans les maternités nécessitent des mesures d’urgence de la part des autorités, alerte, dans une tribune au « Monde », un collectif de professionnels de la périnatalité exerçant en Ile-de-France.

Publié aujourd’hui à 11h00, mis à jour à 11h42    Temps de Lecture 3 min. 

Les professionnels de santé de la périnatalité (sages-femmes, infirmières, gynécologues obstétriciens, auxiliaires de puériculture, pédiatres) sont extrêmement inquiets du risque que les pénuries de personnels font peser sur les femmes enceintes, les mères et leurs enfants. Aujourd’hui, et après avoir, à de multiples reprises, alerté nos tutelles ces dernières années, nous, chefs de service et membres de l’encadrement des maternités d’Ile-de-France, maternités universitaires et non universitaires participant au service public, voulons alerter sur cette situation extrêmement préoccupante.

Depuis des années, la périnatalité souffre des organisations et conditions de travail imposées par des tutelles loin du terrain. L’activité d’urgence qui constitue une part importante de cette médecine n’est pas reconnue comme telle et le personnel colmate, tant qu’il peut, sous l’œil de nos tutelles qui savent mais ne proposent rien de décisif. Maintenant, le bateau coule et toujours aucune proposition efficace ne nous est faite pour tenter d’éviter le naufrage.

Lire aussi la tribune :  Pérenniser « les 1 000 jours » et développer le périnatal

En effet, la situation ne cesse de s’aggraver et le personnel soignant fuit ces conditions de travail. Ceux qui restent voient leurs conditions d’exercice devenir encore plus dures, le cercle vicieux est enclenché… Malgré nos alertes régulières auprès de l’agence régionale de santé d’Ile-de-France et le ministère, ceux-ci ne semblent pas prendre la mesure de la gravité de la situation et l’urgence.

Repenser le modèle de nos maternités

La plupart des maternités d’Ile-de-France qui participent au service public vivent ces pénuries en dépit du soutien souvent apporté par les directions hospitalières. Dans certaines maternités, ce sont jusqu’à 30 % des postes de sages-femmes qui sont aujourd’hui vacants. Les maternités sont obligées de limiter certaines activités de consultation, faute de professionnels. Des unités de néonatalogie ont dû fermer, faute de pédiatres. Les plannings de garde ne sont pas remplis et ne pourront vraisemblablement pas l’être. Les prévisions pour les mois à venir sont alarmantes. Outre les habituelles fermetures de lits, ce sont des unités entières d’hospitalisation qui risquent de fermer avec la réduction de l’offre de soins qui va avec. Comment maintenir la qualité des soins quand les effectifs sont amputés à ce point ? Comment imaginer, dans pareille situation, que cela n’ait pas d’impact sur la sécurité des mères et des enfants ? Que peuvent les professionnels de santé lorsqu’ils ne sont plus assez nombreux pour accompagner le travail d’une femme enceinte ? Que dire à des parents lorsque la naissance d’un enfant né prématurément ne peut être organisée dans une maternité dotée d’une unité de néonatalogie en raison de fermetures de lits ?

Lire aussi la tribune : « Les sages-femmes sont indispensables à la santé des femmes et des enfants » Les professionnels de santé ne pourront pas – en plus d’assumer au quotidien une activité déjà disproportionnée par rapport aux moyens dont ils disposent aujourd’hui – être tenus responsables des accidents liés à la pénurie qui surviendront immanquablement. Nos autorités de tutelle devront prendre leurs responsabilités

Mais n’attendons pas que des catastrophes surviennent. Il est urgent que des solutions à court terme soient trouvées pour permettre aux services de retrouver les effectifs de professionnels nécessaires pour couvrir les besoins médicaux des femmes enceintes et de leurs nouveau-nés. Il est tout aussi urgent de repenser le modèle de nos maternités pour qu’elles soient des lieux où les professionnels retrouvent le sens de leur métier et où femmes enceintes et nouveau-nés soient en sécurité.

Signataires : les chefs de service gynécologie-obstétrique non universitaires (Cegorif) et universitaires (Collégiale) des maternités d’Ile-de-France et les responsables sages-femmes.

Aly Abbara, Longjumeau ; Abdellatif Arsalane, Meaux ; Jean-Marc Ayoubi, hôpital Foch, Suresnes ; Pr Elie Azria, hôpital Saint-Joseph, Paris ; Joseph Bakar, Mantes-la-Jolie ; Denis Bardou, Saint-Maurice ; Joëlle Belaisch-Allart, Sèvres ; Abdel Hakim Bellache, Provins ;Alexandra Benachi, hôpital Antoine-Béclère, Clamart ; Pr Jean-Louis Benifla, hôpital Lariboisière, Paris ; Karen Bonnet-Chea,Fontainebleau ; Stéphane Bounan, centre hospitalier de Saint-Denis ; Laure-Marie Bontoux, Neuilly-sur-Seine ; Pr Lionel Carbillon, hôpital Jean-Verdier, Bondy ; Pr Pierre-François Ceccaldi, hôpital Beaujon, Clichy-sur-Seine ; Sandrine Colliaut-Espagne, hôpital Porte-de-l’Oise, Beaumont-sur-Oise ; Jessica Dahan-Saal, maternité Les Bluets, Paris ; Hélène Dauphin, Aulnay-sous-Bois ; Mohamed Derouich, Argenteuil ; Benoît De Sarcus, centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre ; François Devianne, groupe hospitalier d’Orsay ; Mahmoud Diab,Arpajon ; Pr Marc Dommergues, hôpital La Pitié-Salpêtrière, Paris ; Pr Arnaud Fauconnier, centre intercommunal Poissy-Saint-Germain ; Pr François Goffinet, maternité Port-Royal, Paris ; Pr Bassam Haddad,centre hospitalier intercommunal de Créteil ; Thierry Harvey, groupe hospitalier Les Diaconesses, Paris ; Thierry Jault, Melun ; Félicia Joinau-Zoulovits, groupe hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil ; Pr Gilles Kayem, hôpital Trousseau, Paris ; Pr Martin Koskas, hôpital Bichat, Paris ; Christine Louis-Sylvestre, Institut mutualiste Montsouris ; Pr Dominique Luton, hôpital Bicêtre, Le Kremlin-Bicêtre ; Pr Laurent Mandelbrot, hôpital Louis-Mourier, Colombes ; Isabelle Matheron, centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges ; Sihem Mazouz, centre hospitalier de Rambouillet ; Ali Nabi, Coulommiers ; Bénédicte Paindaveine, Gonesse ; Pr Christophe Poncelet, centre hospitalier de Pontoise ; Bruno Renevier, centre intercommunal André-Grégoire, Montreuil ; Aude Ricbourg, centre hospitalier de Versailles ; Luc Rigonnot, hôpital Sud francilien, Corbeil-Essonnes ; Pr Olivier Sibony, hôpital Robert-Debré, Paris ; Kenza Snini,Etampes ; Pr Cyril Touboul, hôpital Tenon, Paris ; Caroline Trichot,Hôpital franco-britannique, Levallois-Perret ; Pr Yves Ville, hôpital Necker, Paris ; Vincent Villefranque, hôpital Simone-Veil, Eaubonne ; Sylvie Voyeme, hôpital de Meulan ; Estelle Wafo, centre hospitalier de Marne-la-Vallée-Jossigny.

Collectif

Fermetures de lits ou de maternités à l’approche de l’été : « L’accident est imminent », alertent les gynécos

Par Sandy Bonin le 01-06-2022

https://tracker.egora.fr/u/nrd.php?p=XYBlorZBtz_32750_3901044_1_20&ems_l=3861934&i=1&d=Rzd4R2dKN0QlMkZGbWx6WVFMTGUyUVJ0aEpwbCUyQklINWRRVUhLVHNubWZPbTJiZEVjaHhGdWRXTFExZVZhZkU3MWhKT2hSdXFrY0I0Zjcxc2o2a1NXU1RRJTNEJTNE%7CMjAyMi0wNi0wMi1FbmJyZWY%3D%7CMjAyMg%3D%3D%7CMDY%3D%7CMDI%3D%7CMTMxOTE2MTY0%7CWFlCbG9yWkJ0eg%3D%3D%7CNWQ0NjNjMjI2MDFiYzA0MDE%3D%7C&_esuh=_11_b68a91dbc4bf17c1f79d0f74ab4ce0b6fe052a1343dbdc06cc011305e42aa460

La crise hospitalière ne touche pas que les urgences. Le Syndicat des gynécologues-obstétriciens de France (Syngof) tire la sonnette d’alarme à l’approche de l’été. Fermetures de lits voire de maternités… « L’accident est imminent, en particulier en termes de périnatalité », préviennent les gynécologues. 

« La fermeture des lits et des maternités par manque de gynécologues obstétriciens, de pédiatres, de médecins anesthésistes réanimateurs, de personnels paramédicaux et plus récemment de sages-femmes, atteint un niveau critique qui met en danger les femmes », écrit le principal syndicat de gynécologues dans un communiqué

« L’accident est imminent, en particulier en termes de périnatalité », alerte le syndicat qui souligne « l’absolue nécessité d’écoute des soignants afin de maintenir la qualité des soins, d’éviter les fermetures estivales inopinées de maternités à bout de personnels et de souffle, ou pire, les fermetures définitives après accidents graves ». 

Fermetures de maternités : le nombre de lits passe sous le seuil des 15.000

Le Syngof cite l’exemple de l’ARS de Bretagne, qui désire « anticiper au mieux toutes difficultés relatives à la permanence et la continuité des soins en période estivale présentant un afflux touristique important ». L’agence a donc demandé aux établissement de santé du territoire de lui « transmettre régulièrement » avant l’été « les fermetures de lits envisagées (et) le plan de continuité d’activité ». 

« La périnatalité est en grande souffrance : gynécologues obstétriciens, médecins anesthésistes réanimateurs, pédiatres néonatologistes se découragent. Nombre de jeunes sages-femmes désertent rapidement les salles de naissance, pourtant leur cœur de métier », déplore le Syngof qui estime que « l’hémorragie n’est pas près de se tarir ». 

Vision globale- Solution globale ( Dr Jean SCHEFFER)

C’est au tour des maternités de lancer un SOS. Mais chacun voit « midi à sa porte ». Il s’agit d’un problème global qui nécessite une solution globale .

Les déserts médicaux ne sont pas exclusivement des les zones rurales et dans les quartiers. Il sont aussi dans les Hôpitaux avec 30 % des postes vacants (40% dans les hôpitaux généraux), dans les hôpitaux psychiatriques, les CMP, les PMI, la médecins scolaire, médecins du travail, santé publique, médecine pénitentiaire…

Le manque des médecins est partout, dans toutes les disciplines, dans toutes les formes d’activité, salariées et libérales. Il s’agit donc à mon sens de voir l’ensemble des problèmes et de les solutionner en même temps, ce qui est possible.

La solution c’est un Clinicat-Assistanat pour tous, en fin d’internat, obligatoire pour tous les futurs généralistes et les futurs spécialistes, d’une durée de 3 ans.  L’activité serait partagée entre divers établissements à l’image des assistants partagés actuels entre CHG et CHU: entre CHU et CHG pour les futurs spécialistes; entre CHG-CHU et PMI, CMP, santé publique, santé scolaire, médecine pénitentiaire, médecine du travail… ; entre CHG et centres de santé et maisons de santé… Il  s’agit donc par un seul et même dispositif de solutionner en quelques années l’ensemble des manques criants et urgents de médecins dans tous les domaines, dans toutes spécialités, sans pénaliser une catégorie, les futurs  généralistes par exemple, ou les étudiants en médecine peu fortunés, obligés de s’installer dans un désert pour se payer ses études. Il faudra définir par région, département et territoire, les manques les plus urgents en généralistes et spécialistes, et en tirer les conséquences sur la répartition par spécialité pour la première année d’internat.

La motivation de ma proposition et le contexte actuel sont plus amplement explicités sur le lien:

« Vision Globale -Solution globale « :  https://1drv.ms/w/s!Amn0e5Q-5Qu_sAoKetf_T8OKk2Io?e=C9jccc

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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