Emmanuel Macron réélu : les réactions à chaud de la santé
(Interviews)
25/04/2022
Émis par : Le Quotidien du médecin

À l’issue du second tour de la Présidentielle 2022, qui a vu la réélection d’Emmanuel Macron, les journalistes du Quotidien du médecin ont interrogé les acteurs du secteur de la santé. Sélection :
Après la victoire de Macron, les hospitaliers veulent « continuer le combat »
Les enjeux des 100 premiers jours du nouveau gouvernement : la FEHAP (secteur privé solidaire en santé) présente ses propositions
25/04/2022
Émis par : FEHAP L’hospitalisation lucrative –
La période des 100 premiers jours revêt un caractère majeur car elle donne le ton du prochain quinquennat. C’est pourquoi, la FEHAP souhaite des actions fortes dès son démarrage.
Elle revendique, sans attendre, une réforme de la gouvernance et l’adoption de deux lois, l’une de programmation pluriannuelle en santé, l’autre sur l’autonomie. Cette période décisive doit également être consacrée à renforcer l’action déjà engagée sur l’attractivité des métiers du soin et de l’accompagnement.
Sur le plan de la gouvernance, la FEHAP souhaite que le pilotage de la stratégie de santé au plan national soit revu. Elle appelle également de ses vœux l’identification d’un ministère en charge du pilotage de l’autonomie et responsable de la cinquième branche.
Le financement du système de santé doit passer par une loi de programmation en santé
La fédération souhaite que les 100 premiers jours donnent lieu à l’adoption d’une loi de programmation en santé, permettant de donner une visibilité pluriannuelle sur les priorités et les financements, à l’instar de ce qui existe pour les armées.
Une telle loi permettrait de déterminer par avance les moyens que compte mettre en œuvre le gouvernement pour répondre aux besoins identifiés sur le territoire. Elle offrirait l’opportunité de mettre en avant le champ de la prévention.
La prévention : un enjeu de société
Seules 2% des dépenses de santé sont actuellement consacrées à la prévention. C’est insuffisant. Il faut accompagner les citoyens pour qu’ils puissent prendre soin de leur santé, en développant des consultations bilans à des âges clés. Elles permettront de donner des conseils adaptés suivant les risques encourus par la personne.
Un enjeu de parcours de santé : chaque citoyen suit un parcours de santé à un moment ou un autre de sa vie. En tant qu’acteur de la politique de santé, notre responsabilité est de le rendre le plus fluide et adapté aux besoins des personnes.
Pour cela, la prévention joue un rôle majeur. Allouer des moyens financiers à la hauteur des enjeux est une condition sine qua non pour une balance juste et équitable entre qualité de l’offre et besoins des populations. D’autres évolutions sont également à privilégier comme favoriser le soutien au domicile ou encore repenser la notion de « référent en santé » qui repose aujourd’hui sur le médecin traitant et qui mériterait d’être élargi à d’autres professionnels.
L’attractivité des métiers du soin et de l’accompagnement : il faut agir vite et fort !
Désaffection, pénurie, déficit d’image, erreur d’orientation, manque de souplesse, iniquité, autant de maux dont souffre le secteur de la santé, quel que soit son statut. L’heure n’est plus aux constats mais à l’action. C’est pourquoi la FEHAP propose dès à présent de :
- Augmenter rapidement le nombre de professionnels pour le mettre en adéquation avec les besoins,
- Diversifier les recrutements, par exemple en développant l’alternance et la professionnalisation, ainsi que la validation des acquis de l’expérience (VAE),
- Adapter Parcoursup et revenir aux entretiens de sélection pour l’accès aux métiers de la santé. Une mesure destinée à mettre un terme à l’érosion rapide des effectifs dans les IFSI après la rentrée, en lien avec une mauvaise adéquation des recrutements par rapport aux besoins,
- Développer les passerelles pour favoriser les reconversions vers le secteur,
- Prolonger l’effort financier pour rattraper le niveau de rémunération de nos voisins européens,
- Favoriser une plus grande équité de traitement entre les professionnels de santé travaillant à l’hôpital public et dans le secteur privé solidaire, de manière à permettre aux acteurs du service public de recruter dans des conditions identiques,
- Créer des postes d’assistants médicaux qui permettraient d’optimiser les temps médicaux et faire reconnaître les métiers de la coordination comme des métiers de santé,
- Mettre en place une politique du logement pour les professionnels en leur donnant un accès prioritaire, leurs emplois étant non délocalisables et incompatibles avec le télétravail,
- Développer des crèches municipales qui ferment à 22 heures pour les professionnels appelés à travailler hors des plages horaires classiques, comme les infirmiers ou les aides-soignants.
Accompagner le vieillissement de la population & des personnes les plus fragiles
Une loi sur l’Autonomie : le mirage doit devenir réalité.
Longtemps promise, toujours attendue, une loi en faveur de l’autonomie doit voir le jour très rapidement pour allouer des financements à la cinquième branche de la Sécurité sociale.
Il faut accroître le taux d’accompagnement dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et dans les unités de soins de longue durée (USLD).
Société inclusive : la différence doit être perçue comme une richesse pour la société
Des efforts sont faits mais restent insuffisants. Il faut aller plus loin. A l’école tout d’abord, en renforçant la formation des enseignants sur la question du handicap, mais aussi au travail de façon à faciliter l’intégration des personnes porteuses de handicap.
Aussi la FEHAP préconise la création d’un label de territoire inclusif.
L’accessibilité doit être considérée au sens large, en intégrant également l’accès à des logements et à des transports adaptés, et plus globalement aux services et aux activités auxquels tout citoyen peut légitimement aspirer.
La FEHAP souhaite une remise à niveau équitable des moyens d’accompagnement pour les adultes en situation de handicap. Elle plaide pour une revalorisation de la prestation de compensation du handicap (PCH), de l’allocation adulte handicapé (AAH) et de l’aide aux enfants handicapés (AEH) à hauteur de la revalorisation des salaires, avec un dispositif d’indexation, à l’instar du SMIC, suivant le coût de la vie.
Faire reculer la précarité
Plus de 11 millions de personnes pauvres, soit plus de 16% de la population. 300 000 personnes sont aujourd’hui sans domicile fixe, 2,2 millions en attente d’un logement social.
Le constat est accablant : les chiffres de la pauvreté sont encore trop hauts, les droits fondamentaux des personnes ne sont pas garantis, la pauvreté se pérennise avec une certaine invisibilité sociale.
Pour contribuer à remédier à cette situation, la FEHAP propose de :
- Renforcer les moyens financiers pour l’insertion professionnelle des personnes précaires et des jeunes,
- Réaffirmer et renforcer l’inconditionnalité de l’accès à un hébergement de qualité et le maintien dans ce dernier,
- Faire du vieillissement des personnes précaires un enjeu des politiques publiques,
- Renforcer l’accès à un parcours de soin de qualité des personnes précaires,
- Créer une politique pluriannuelle de l’hébergement des personnes en situation de précarité.
La sanctuarisation et clarification de la notion de service public
Après une crise sanitaire aussi inattendue que bouleversante, la notion de service public n’a jamais été autant mise sur le devant de la scène. Tantôt hissée pour porter les couleurs d’un secteur, tantôt revendiquée pour obtenir une égalité de traitement, tantôt brandie pour porter des valeurs fortes de solidarité nationale.
Même si sa raison d’être est intouchable, elle risque de se fragiliser si elle n’est pas clarifiée.
Quels acteurs doivent assurer cette mission de service public ? Seraient concernés les établissements publics et les établissements du secteur privé solidaire, le critère d’utilité sociale étant privilégié. La non rémunération des actionnaires et l’encadrement des rémunérations des dirigeants sont ainsi des critères centraux de l’économie sociale et solidaire à promouvoir dans ce cadre.
Cette réaffirmation du service public doit s’accompagner d’une révision des modes de financements des activités de façon à assurer l’équité de traitement entre acteurs exerçant une mission de service public, au même titre que les dépassements d’honoraires qui doivent être encadrés.
Présidentielle 2022 : les corps intermédiaires doivent retrouver leur place dans le dialogue social et sociétal pour la santé
(Communiqué syndicats de Praticiens Hospitaliers APH, CPH, Avenir Hospitalier )
Imprimer la listeRecherche25/04/2022
Émis par : APH, AH, CPH
25 Avril 2022 http://uro4.mjt.lu/lnk/AVMAAFR_DO4AAcvUEH4AAADksiMAAAAFGcMAAFxuAAW0UABiZ-JTBn_AHLkqQl2Q54PoszOx3AAFeLU/22/DG7QRjwhuSwRtqbvL2_VtQ/aHR0cHM6Ly90b3V0ZS1sYS52ZWlsbGUtYWN0ZXVycy1zYW50ZS5mci8xOTIxODgvbGVzLWNvcnBzLWludGVybWVkaWFpcmVzLWRvaXZlbnQtcmV0cm91dmVyLWxldXItcGxhY2UtZGFucy1sZS1kaWFsb2d1ZS1zb2NpYWwtZXQtc29jaWV0YWwtcG91ci1sYS1zYW50ZS1jb21tdW5pcXVlLw
Action Praticiens des Hôpitaux, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, prend acte des résultats de l’élection présidentielle et félicite le Président pour sa réélection.
Depuis cinq ans, l’insécurité sanitaire gagne du terrain, les déserts médicaux s’étendent, les maltraitances et les souffrances s’installent. Cette évidence est niée par une gouvernance aveuglée par les concepts de rentabilité et d’équilibre financier intenables.
La santé est la deuxième préoccupation des Français.
Assurer et promouvoir un accès aux soins de qualité pour tous et en tout point du territoire fait partie de notre mission.
Les conditions d’exercice professionnel sont et resteront notre priorité constante pour assurer nos obligations de soignants.
Les représentants syndicaux sont des citoyens engagés tout autant aux côtés de leurs mandants que de tous les acteurs de la société. Ils seront les partenaires des changements qui s’imposent si les conditions d’un dialogue social digne de ce nom sont remplies. À défaut, ils seront à côté de tous celles ou ceux qui luttent pour faire entendre leur souffrance et dénoncer les insuffisances des décisions politiques.
Les corps intermédiaires sont le ciment du lien social pour bâtir le renouveau que nous attendons. Praticiens hospitaliers mais également Citoyens, nous défendons les valeurs de la République et de l’État de Droit.
La place de l’hôpital public dans le système de santé doit être au centre des concertations.
Nous demandons au Président des mesures urgentes pour restaurer l’attractivité pour l’hôpital :
- Démocratisation de la gouvernance
- Revalorisation de la permanence des soins et du temps de travail
Et surtout un premier message fort : attribution immédiate des 4 ans d’ancienneté à tous les praticiens hospitaliers nommés avant le 1er octobre 2020.
Soyez assuré qu’Action Praticiens des Hôpitaux, union d’Avenir Hospitalier et de la Confédération des Praticiens des Hôpitaux, tiendra sa place et jouera son rôle, que ce soit aux côtés ou en face des pouvoirs publics.
L’INPH prendra toutes les initiatives, y compris unitaires, pour conduire à la signature d’un « Ségur 2 » tant attendu (Communiqué praticiens hospitaliers)
25/04/2022
L’INPH prend acte de la réélection de Monsieur Emanuel MACRON.
Pendant la campagne, l’hôpital public a souvent été cité et des engagements ont été en faveur de ses personnels.
L’INPH rappelle que les accords de SEGUR de juillet 2020 représentaient une première étape sur la refondation du système de santé.
L’INPH prendra toutes les initiatives, y compris unitaires, pour conduire à la signature d’un « SEGUR 2 » tant attendu.
Rendez-vous est pris.
Impact de la Covid-19 sur les soignants : Jeunes Médecins plaide en faveur d’une communication transparente des données
(Communiqué Jeunes Médecins)
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Émis par : Jeunes Médecins
Le 23 avril 2020, en pleine période épidémique, Jeunes Médecins demandait au Ministre des solidarité et de la santé de lui communiquer le nombre de décès quotidien recensés parmi le personnel soignant depuis le début de la crise sanitaire et le nombre d’arrêts maladie touchant le personnel soignant du fait de la COVID-19.
Cette demande d’information anonymisée correspondait à un besoin légitime de transparence, de suivi épidémiologique, d’organisation des forces de soins et des moyens de protection sur tout le territoire.
Néanmoins, silence total de l’administration, le Ministre refuse de nous communiquer ces données.
Devant un tel mépris, alors que le contexte de crise justifiait totalement cette demande et que Jeunes Médecins était dans son rôle d’évaluation des risques pour garantir la sécurité au travail de ses adhérents, nous avons décidé de saisir la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) qui a émis un avis défavorable. Nous avons ensuite contesté cet avis devant le tribunal administratif en décembre 2020.
A nouveau, silence total du Ministre.
Une audience est prévue le 13 mai prochain, Jeunes Médecins plaidera devant le tribunal administratif afin que ces données soient dorénavant transmises intégralement et en toute transparence lorsque le contexte épidémique l’exige.
Nous ne pouvons pas admettre que de telles données restent opaques, confidentielles et entre les seules mains du ministère de la santé.
Contact presse
Emanuel Loeb
Président Jeunes Médecins
president@jeunesmedecins.fr
Accès aux soins : « Contrairement à ceux que veulent dire certains, la médecine générale est au rendez-vous »
(Conférence de presse MG France)
Par Marion Jort le 28-04-2022 Egora.fr

A l’occasion de la réélection d’Emmanuel Macron, le syndicat MG France a organisé une grande conférence de presse pour établir une liste de sujets prioritaires à traiter concernant la médecine libérale. Son président est aussi revenu en détail sur la question de l’accès aux soins, plaidant pour ne pas perdre de temps dans des concertations “qui ont déjà eu lieu”.
“Nous sommes satisfaits de l’issue de l’élection”, a déclaré le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, en préambule de la conférence de presse ce jeudi 28 avril. “Pour autant, il y a un message à entendre à travers ce vote. Beaucoup de territoires, urbains ou ruraux, se sentent exclus. Ce sentiment d’exclusion repose sur le fait que les Français estiment que les services de la République ne sont pas au rendez-vous, et la santé en fait partie », a-t-il insisté. Pour cette raison, le généraliste souhaite que la question de l’accès aux soins soit traitée prioritairement par le futur ministre de la Santé. “C’est fondamental et cette question laissée en suspens a des effets dévastateurs dans les territoires concernés. Les indicateurs de santé ne sont pas bons, des maladies se développent…”, souligne-t-il, rappelant qu’il n’existe “pas de solution miracle”.
Pour autant, le Dr Jacques Battistoni a tenu à balayer les critiques faites à l’encontre des généralistes.“Contrairement à ce que veulent dire certains, la médecine générale est au rendez-vous”, a-t-il affirmé. A ses yeux, les généralistes ont une place prépondérante dans l’accès aux soins pour “relayer les informations, gérer les éléments de santé qui interfèrent les uns avec les autres”. “Il est essentiel, important de conserver la possibilité pour la population, d’avoir un accès à un généraliste”, a–t-il dit. “Bien sûr, ils ont besoin d’être confortés dans leurs fonctions.”
Accords interprofessionnels avec l’Assurance maladie
Interrogé sur les délégations de tâches et transferts de compétences vers d’autres professionnels de santé, le président de MG France s’est montré ferme. “Est-ce que c’est à la loi de se mêler d’organiser le partage des tâches à l’intérieur de corps de métiers existants ?”, s’est-il agacé. “La loi dit-elle à un artisan, quand il travaille avec un apprenti ou un collaborateur, ce qu’ils doivent faire ou qui doit faire quoi ? Evidemment non. Nous, ce que nous disons, c’est que c’est aux professionnels de santé entre eux de s’organiser, dans une logique gagnant-gagnant et pas de lobbying.” MG France souhaite donc des négociations et des accords interprofessionnels entre deux professions et l’Assurance maladie (Cnam), point qu’il souhaite intégrer dans le PLFSS 2023. “Sur la question par exemple des IPA et de leur modèle économique pour celles qui travaillent en libéral : on ne peut pas imaginer mettre en place un accord entre la Cnam et les infirmières sans que nous-même nous mettions en place un accord parallèle entre les médecins et la Cnam pour voir comment faire. Sur ce sujet-là en particulier, il faut qu’on puisse faire un accord tripartite et organiser la rémunération de chacun. On ne peut pas faire les choses séparément. Avec les pharmaciens c’est la même chose : dans le cadre du dépistage, nous souhaitons que les pharmaciens, dans un premier temps, incitent fortement le patient à aller voir le médecin traitant”, illustre le Dr Battistoni.
Pas besoin d’une “grande messe” de concertation
Alors qu’une grande concertation a été promise par Emmanuel Macron pour définir un plan de route pour les cinq années à venir, le président du syndicat regrette, lui, que cette idée engendre une “perte de temps”. “Sur la question de l’accès aux soins notamment, plusieurs outils à disposition des médecins existent déjà. On n’a pas besoin d’une grande messe à partir du moment où les outils existent et qu’on les connaît. On a besoin de déployer sur les territoires une force de réaction rapide”, considère-t-il, insistant sur le fait que l’un des principaux soucis des généralistes aujourd’hui était la perte de temps médical. “On veut exclure l’idée de refaire des états généraux, passer des mois à s’interroger. Cet exercice, on l’a déjà fait, on sait ce qu’on doit faire, on ne va pas trouver de solution miracle. En revanche, si cela permet d’affiner la boîte à outils, cela peut être intéressant.”
Médecins : combien vous serez en 2050
A l’heure actuelle, le syndicat estime que les territoires perdent environ 700 à 800 généralistes par an, entre les départs en retraite, les fermetures de cabinet. “La médecine générale est encore là, mais il faut passer une période difficile de 10 à 12 ans”, a reconnu le Dr Battistoni.
L’antenne de la Faculté de Médecine de Zagreb va bien ouvrir à Orléans (scolarité à 12.000€)
« Ce nouveau quinquennat doit marquer un nouveau départ, la médecine libérale doit être davantage écoutée »
Par Marion Jort le 27-04-2022

La conférence nationale des URPS médecins libéraux appelle Emmanuel Macron, réélu le 24 avril, à prendre des actions significatives “marquant la prise en compte de la vision des libéraux dans la formulation de la politique de santé”.
Dans un communiqué, le président de la conférence nationale des URPS médecins libéraux, le Dr Antoine Leveneur, a tenu à féliciter le président réélu, tout en rappelant que les médecins libéraux attendent “des actions significatives” de la part du nouveau Gouvernement.
“Ce nouveau quinquennat doit marquer un nouveau départ ; la médecine libérale doit être davantage écoutée et prise en compte, et ce dès la définition des politiques de santé”, a-t-il notamment écrit. A ses yeux, “la pandémie a révélé les tensions critiques qui traversent notre système de santé”. “Ces dernières années ont été marquées par une défiance accentuée envers les professionnels et une perte de cohérence des organisations. Les professionnels libéraux ont un sentiment de désorientation, d’épuisement professionnel, de perte de sens. Il est essentiel de les associer fortement et rapidement aux nouvelles orientations”, insiste-t-il.
Le généraliste dresse un bilan en demi-teinte du précédent quinquennat : “les déploiements de nouvelles organisations structurantes (communautés professionnelles territoriales de santé -CPTS-, équipes de soins spécialisées) puis du service d’accès aux soins ont été menés à marche forcée, sans considération du facteur humain d’une part, et avec des périmètres mal définis source de télescopages et de perte de lisibilité, d’autre part ». Il est ainsi essentiel, à ses yeux, “qu’une démarche de concertation et de négociations décentralisée, puisse désormais effectivement être mise en place.”
Le Dr Antoine Leveneur rappelle enfin que plusieurs propositions de priorités ont été émises par la conférence nationale URPS médecins libéraux pendant la campagne. “Il est essentiel qu’on ne répète pas les pratiques du premier quinquennat du Gouvernement de M. Macron”, affirme-t-il avant de conclure : “Nous avons bien noté le discours du Président s’agissant de la volonté de changer de méthode ; nous attendons que ce dernier se traduise dans les faits, et ce dès la définition des axes stratégiques de la politique de santé. Il est urgent que le ‘Nous Tous’ et la volonté de ‘libérer les forces entrepreneuriales’ se concrétisent”.
Macron II : ce qui attend la médecine de ville (Médecins libéraux du SML)

https://www.lesml.org/fr/216-les-articles-du-sml.php?id=814
Quel est le plan d’Emmanuel Macron pour la médecine de ville au cours du quinquennat qui s’ouvre ? Le référent santé du candidat Macron, François Braun, chef des urgences du CHR de Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France, trace quelques pistes dans une interview donnée à Egora.
Il y a, dit-il, « trois objectifs principaux : la problématique de l’hôpital, celle de l’innovation et la souveraineté et, enfin, celle des inégalités de santé ». Au niveau des inégalités de santé, la première question qui se pose est celle de l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Pour y remédier, « pas de solution miracle », admet François Braun, « mais plutôt un panel de solutions », à court, moyen et long terme. À court terme, il s’agit de dégager du temps médical. « On voit qu’en cas d’exercice aidé, les médecins augmentent leur patientèle ». Il faut donc s’appuyer sur les assistants médicaux en simplifiant et augmentant leur recrutement. L’idéal serait « que chaque médecin qui le souhaite puisse avoir un assistant médical », précise un peu plus tard le référent Santé d’Emmanuel Macron qui mise aussi sur l’exercice pluriprofessionnel et « l’embauche d’infirmières salariées par la Sécurité sociale… ». À moyen terme, « il faut favoriser l’installation dans les déserts ». Là encore, pas de contraintes, mais le maintien des aides existantes « et la facilitation des stages dans zones sous-dotées, dès le début d’externat ». « Pour cela, il ne faut pas dénaturer la formation, il faut donc plus d’enseignants et de maîtres de stage », poursuit François Braun, mais aussi des conditions d’hébergement correctes. Enfin, à long terme : le numerus clausus, « mais il faut avoir une vraie estimation des besoins pour les quinze à trente ans qui viennent ».
L’idée de « professionnels de santé référents » est précisée. Ceux-ci serviraient « de porte d’entrée et de guide dans le système de santé » pour « les patients qui peuvent avoir besoin d’accéder à plusieurs pans (du système de santé) sans trop savoir comment faire. »
Le transfert de compétences ? Les médecins auraient tort de craindre qu’un autre professionnel « rate une pathologie. « Je pense que ce risque est limité », affirme François Braun. Mais aussitôt de préciser : « Attention, la volonté n’est pas d’imposer quoi que ce soit, mais d’instaurer un dialogue entre toutes les parties prenantes ». La grande concertation sur la santé, promise par Emmanuel Macron, pourrait être l’occasion de ce dialogue. « Ce que nous souhaitons, c’est un système basé sur la réponse aux besoins de santé. Elle est forcément collaborative entre les cliniques et l’hôpital, la ville et l’hôpital, chacun ayant son champ de compétences ». Les différents ordres professionnels seraient amenés à réfléchir aux actes à déléguer.
La rémunération des médecins ? La question de la réévaluation de l’acte « n’est pas fermée », mais l’interviewé rappelle qu’Emmanuel Macron a dit « qu’il fallait sortir du tout rémunération à l’acte ». Sur ce sujet « il n’y a pas de tabou ». Ceci sera traité lors de la prochaine convention. « Mettons-nous d’accord sur les objectifs, les outils, et comment on met cela en place… »
La permanence des soins ? « La permanence des soins ambulatoire sera mise en place dans tous les territoires dans une logique d’obligation collective ». Le concept demeure cependant encore assez vague.
Reste la question fondamentale : le financement de la médecine de ville. « Il faut mettre les moyens et nous sommes prêts à le faire. Mais on ne peut pas rénover le système de santé avec des vieux outils. Il faut changer avant », répond le référent santé d’Emmanuel Macron. Un référent qui pourrait devenir ministre ? Il ne répondra évidemment pas à cette question.