Publié le 19/04/2022
Qualité des soins en psychiatrie : la HAS appelle à des améliorations

Paris, le mardi 19 avril 2022
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– La Haute autorité de santé publie des Indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) en psychiatrie en hospitalisation complète et en CMP (Centre médico-psychologique).
Ces indicateurs sont relatifs à la prise en charge de la douleur somatique, à l’évaluation cardiovasculaire, à l’évaluation gastro-intestinale, au repérage et à la prise en charge des addictions et à la lettre de liaison à la sortie.
Lettre de sortie : d’importantes lacunes
L’indicateur « évaluation et prise en charge de la douleur » concerne tous les patients hospitalisés plus de 7 jours à temps plein. La moitié des patients (54 %) ont bénéficié d’une évaluation de la douleur et de sa prise en charge, et parmi les patients présentant au minimum une douleur somatique d’intensité modérée, près de 7 patients sur 10 ont été pris en charge dont 67 % été réévalués. Ces chiffres sont très insuffisants puisque, comme le rappelle l’Agence « toute prise en charge hospitalière doit évaluer et prendre en charge la douleur des patients et améliorer leur confort de vie en hospitalisation ».
Autre indicateur propre à l’hôpital : la qualité de la lettre de liaison à la sortie, rendue obligatoire par un décret de 2016. Seulement 40 % patients s’en voient remettre une dont moins de la moitié contiennent les informations nécessaires à une bonne coordination concernant le traitement médicamenteux de sortie (44 %) ou identifient le médecin traitant (46 %). En revanche, les éléments autour de la synthèse de séjour sont retrouvés dans plus de 85 % des dossiers.
Sur ce point, la HAS rappelle qu’une « lettre de liaison de qualité à la sortie contribue à une meilleure coordination avec l’aval » et qu’une importante amélioration est attendue.
Evaluation gastro-intestinale et cardio-vasculaire : très largement oubliées
Concernant l’évaluation gastro-intestinale, les résultats sont très mauvais : 18 % des 9 806 dossiers analysés contiennent les deux évaluations prévues par les recommandations, du transit et de la déglutition. Or, rappelle la HAS, la consommation de psychotropes, et plus particulièrement des antipsychotiques, peut entraîner des troubles du transit (constipation, fécalome, occlusion intestinale…) et des troubles de la déglutition (liées à des dyskinésies oro-faciales). « Ces troubles peuvent également survenir à distance de la mise en œuvre d’un traitement. Un travail de prévention est donc nécessaire pour tout patient hospitalisé, avec une recherche active des troubles du transit et de la déglutition ».
L’évaluation cardiovasculaire est aussi souvent lacunaire : par exemple, dans seulement la moitié des dossiers, sont retrouvés les résultats des bilans glycémiques et lipidiques.
Au sein des CMP, l’insuffisance de l’évaluation cardio-vasculaire et métabolique est encore plus marquée, antécédents et facteurs de risques sont colligés à hauteur de 22 % et 18 % respectivement.
Concernant le repérage et la prise en charge des addictions au tabac, à l’alcool et au cannabis, 6 patients sur 10 bénéficient d’une évaluation du tabagisme, et 5 sur 10 du cannabis et de l’alcool. L’aide à l’arrêt est proposée à seulement 3 patients sur 10 pour le tabac et 5 patients sur 10 pour le cannabis, mais à 7 patients sur 10 pour l’alcool. Au sein des CMP, les chiffres relatifs au repérage et à la proposition d’aide sont bien plus faibles : le repérage des addictions au tabac ou à l’alcool n’est effectué que pour deux patients sur 10, et pour moins de deux patients sur 10 en ce qui concerne le cannabis et l’alcool.
Ces indicateurs seront de nouveau mesurés en 2023.
Xavier Bataille
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