Hôpital: « on va réorganiser les choses » (Macron)

Après le Ségur, Emmanuel Macron promet « d’aller encore plus loin » pour l’hôpital    

Par M.J. le 13-04-2022 

En déplacement à Mulhouse mardi 12 avril, Emmanuel Macron a promis, s’il est réélu, d’aller « encore plus loin » dans les efforts faits par le Gouvernement pour « réinvestir dans l’hôpital public ».

Le Président-candidat a choisi Mulhouse, ville du Haut-Rhin sévèrement frappée par la crise Covid il y a deux ans, pour aborder les sujets de santé, à onze jours du second tour de l’élection présidentielle. C’est d’ailleurs à l’hôpital de Mulhouse qu’il avait promis, en 2020, “un plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières”, qui a donné lieu au Ségur de la santé.  

Interpellé par un personnel d’accueil du service des urgences de l’établissement dans cette période d’entre-deux tours sur des revalorisations insuffisantes, Emmanuel Macron a défendu son bilan. « Je suis venu il y a deux ans, ici j’ai pris un engagement pour réinvestir dans l’hôpital, on a réinvesti comme la nation n’avait jamais réinvesti dans l’hôpital, on a augmenté les salaires entre 183 et 400 euros par mois », a-t-il débuté. Coupé par une soignante lui demandant d’améliorer ses conditions de travail, le Président a assuré que jamais autant n’avait été fait pour l’hôpital durant un quinquennat “que ce qu’on a fait là”. Mais, devant les professionnels de santé inquiets et épuisés, il s’est engagé à “aller encore plus loin”.  

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“Sauvez-nous”, “donnez les moyens à l’hôpital », l’a supplié un aide-soignant et représentant syndical. “On va tous se battre”, a promis Emmanuel Macron, devant des professionnels sceptiques.   

Pris à partie par des soignants à Mulhouse, Emmanuel Macron défend la hausse des rémunérations, « une première étape » : « On ne le ressent pas, lui répondent-ils. Maintenant « on va réorganiser les choses », promet le président candidat. pic.twitter.com/jxlCZgRdnm

— franceinfo (@franceinfo) April 12, 2022

[avec France Bleu] 

Dossier : Élection présidentielle 2022

Présidentielle : à Mulhouse, Emmanuel Macron dit vouloir « aller encore plus loin » pour l’hôpital

Mardi 12 avril 2022 à 12:38 – Mis à jour le mardi 12 avril 2022 à 16:45 –  Par  La rédaction de France BleuFrance Bleu AlsaceFrance BleuFrance Bleu ElsassFrance Bleu Lorraine NordFrance Bleu Belfort-Montbéliard

Mulhouse

https://www.francebleu.fr/infos/politique/presidentielle-emmanuel-macron-a-la-rencontre-de-soignants-a-mulhouse-ce-mardi-1649759882

Emmanuel Macron était à Mulhouse (Haut-Rhin) ce mardi pour son deuxième déplacement d’entre-deux-tours. Il y rencontre des soignants avant d’aller à Strasbourg dans la soirée.

Emmanuel Macron a été interpellé par de nombreux soignants ce mardi à Mulhouse.
Emmanuel Macron a été interpellé par de nombreux soignants ce mardi à Mulhouse. © AFP – Ludovic MARIN / AFP

Emmanuel Macron n’a pas choisi Mulhouse par hasard pour son deuxième déplacement d’entre-deux-tours ce mardi. Une visite axée sur la problématique des soignants, dans une ville où il s’était rendu il y a un peu plus de deux ans, alors que la commune était particulièrement meurtrie par l’épidémie de coronavirus. 

Le 25 mars 2020, le président de la République avait visité les installations de l’armée déployées devant l’hôpital mulhousien débordé par les malades du Covid. Il avait salué la “mobilisation exemplaire” des soignants et s’était engagé à lancer, « à l’issue de cette crise, un plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières ». 

Ce mardi, il a retrouvé des personnes qu’il avait rencontrées il y a deux ans, comme Mauricette, agente d’accueil au service des urgences de l’hôpital. Elle compte bien rappeler au président candidat ses promesses. « Le Ségur de la santé n’est pas suffisant”, déclarait-elle ce matin, sur France Bleu Alsace, “il faut une refonte de notre système de santé.”

Interpellé par des soignants sur la situation à l’hôpital

A son arrivée, le président-candidat a été interpellé devant l’hôpital de Mulhouse par deux soignants sur la situation à l’hôpital. Un échange qui a duré une quinzaine de minutes, où il a tenté de défendre son bilan dans le domaine de la santé. « Moi je suis venu il y a deux ans, ici j’ai pris un engagement pour réinvestir dans l’hôpital, on a réinvesti comme la nation n’avait jamais réinvesti dans l’hôpital, on augmenté les salaires entre 183 et 400 euros par mois »explique Emmanuel Macron. 

Il est alors interpellé par un aide-soignant sur son salaire : « Monsieur Macron, j’ai 1.776, 58 euros, vous voulez voir ma fiche de paie ? J’ai trente ans d’établissement comment vous expliquez cela ? (…) Les 183 euros on ne les ressent pas ». 

« Améliorez nos conditions de travail Monsieur Macron ! » ajoute une soignante. « On a jamais fait autant pour l’hôpital durant un quinquennat que ce qu’on a fait là » a notamment défendu Emmanuel Macron, promettant d’« aller encore plus loin ».

Pris à partie par des soignants à Mulhouse, Emmanuel Macron défend la hausse des rémunérations, « une première étape » : « On ne le ressent pas, lui répondent-ils. Maintenant « on va réorganiser les choses », promet le président candidat. pic.twitter.com/jxlCZgRdnm— franceinfo (@franceinfo) April 12, 2022

Au cours de son bain de foule, Emmanuel Macron a également été interrogé sur la situation des soignants non vaccinés qui ne peuvent plus exercer depuis le 15 septembre« Je sais que ça a été très mal vécu par celles et ceux qui ne voulaient pas se faire vacciner, mais il n’y avait pas d’autre choix, a-t-il déclaré. On va, je pense, sortir de la phase épidémique aiguë. (…) Si on continue sur cette tendance, on va revenir sur une phase endémique. On pourra revenir autour de la table et réintégrer les personnels suspendus. »

Après une heure avec le public, Emmanuel Macron a été reçu au centre Alister (Association pour l’information scientifique et technique de rééducation), un centre spécialisé, comme son nom l’indique, dans la rééducation et le handicap. Il a échangé avec un groupe de professionnels de santé dont Marc Noizet, chef du service des urgences de l’hôpital de Mulhouse.

Emmanuel Macron rencontre des soignants à Mulhouse le 12 avril 2022.
Emmanuel Macron rencontre des soignants à Mulhouse le 12 avril 2022. © AFP – LUDOVIC MARIN

Voir aussi :

Régulation à l’installation des médecins, PDSA, assistants médicaux : ce qui vous attend si Macron est réélu   

Par Marion Jort le 17-03-2022 

A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron a présenté lors d’une grande conférence de presse organisée à Aubervilliers ce jeudi 17 mars, son programme sur différents dossiers stratégiques : la défense, les retraites, les inégalités. Il a également détaillé ses priorités pour la santé, parmi lesquelles figurent la prévention et la lutte contre les déserts médicaux.  

Il aura fallu attendre une heure pour entendre parler de santé. C’est l’air grave, devant plus de 300 journalistes accrédités, que le chef de l’Etat, candidat à sa réélection, a présenté les grandes lignes de son programme aux Docks d’Aubervilliers, près de Paris. “Le projet que je présente, c’est un projet de cohérence, d’émancipation, qui se nourrit des crises que nous avons traversées ces dernières années”, a-t-il prévenu en préambule. “Je crois que nous sommes à un moment de bascule où nous pouvons véritablement changer les choses”, a assuré Emmanuel Macron, sans cacher que la « tyrannie des choses” pouvait bousculer le quotidien des Français. Une référence directe à la crise du Covid et la guerre en Ukraine, qui animent l’actualité.  

Malgré cela, “nous avons de grandes transformations à vivre”, a assuré le candidat La République en marche (LREM) en promettant, s’il est réélu pour cinq ans, des mesures qui seront mises en œuvre “avec une méthode nouvelle”. “Avec vous n’est pas qu’un slogan”, a-t-il martelé, avant de dévoiler les trois grands axes de sa campagne : faire de la France une nation plus indépendante, valoriser une société plus unie autour du “vivre mieux” et de la lutte contre les inégalités ; et consolider le pacte républicain.  

Les 15 idées des médecins libéraux pour améliorer l’accès aux soins

“Le Ségur n’a pas permis de régler le problème de fond” 

Si de la crise sanitaire il a été question, le Président n’a pour autant pas fait de la santé l’un des axes forts et indépendants de sa campagne. Inclue dans son deuxième axe portant sur “une société plus unie”, c’est par le biais de l’égalité entre tous les citoyens qu’il a amené ses principales propositions. “Si nous voulons une société plus unie, il faut davantage lutter contre les inégalités à la racine”, a justifié Emmanuel Macron, en promettant toutefois de faire de la santé “un chantier majeur” du prochain quinquennat.  

Le chef de l’Etat est parti d’un premier constat : l’investissement financier ne suffit pas. “On le voit, même avec le Ségur de la santé, on n’a pas réglé le problème de fond”, a-t-il concédé. “Il faut qu’on arrive à remobiliser différemment les énergies et redonner la possibilité à celles et ceux qui travaillent sur cela au quotidien d’adapter les mesures aux réalités de terrain. Nous devons sortir des guerres de position dans laquelle nous sommes.” Puis, d’embrayer avec une question rhétorique : “Comment va-t-on réussir à changer de méthode pour faire bouger les choses avec toutes les parties prenantes ?”  

Deuxième constat opéré par Emmanuel Macron : la France est à la traîne sur la question de la prévention, malgré des investissements conséquents selon lui en la matière, en citant pour exemple la stratégie cancer ou la création des bilans de santé. Enfin, troisième et dernier constat : 10% des Français n’ont pas de médecin traitant aujourd’hui, et les déserts médicaux s’aggravent.  

Comment agir ? “En laissant la liberté d’initiative aux acteurs de terrain et en utilisant plusieurs leviers”, répond le président.  

Libérer du temps médical, alléger le quotidien des généralistes  

Bien sûr, il ne sera pas possible de former autant de médecins que nécessaire pour répondre immédiatement à la problématique des déserts médicaux. Alors, pour le candidat LREM, la solution passe par des assistants médicaux pour “libérer du temps médical” et ainsi pouvoir prendre plus de patients au quotidien. Il mise également sur des infirmières salariées conventionnées dans les zones sous-dotées sur lesquelles pourront s’appuyer les généralistes libéraux.  

En complément, Emmanuel Macron souhaite créer des référents territoriaux. N’importe quel professionnel de santé pourra l’être : pharmaciens et infirmières notamment. Ils auront à leur charge diverses compétences, des “gestes simples”, a-t-il indiqué, comme le renouvellement d’ordonnance. “Ce sont des choses pour lesquelles on peut parfois attendre des mois avant de voir son médecin traitant, qui peuvent nécessiter pour certains Français de faire une heure de voiture, ou qui sont impossibles car le médecin est parti à la retraite.”Les patients n’auront donc plus besoin de consulter leur généraliste pour ces actes.  

Lutter contre les zones sous-denses  

Comme ses adversaires à l’élection, la lutte contre les déserts médicaux figure en bonne place de son programme. Emmanuel Marcon a ainsi annoncé que les médecins seront soumis à la régulation à l’installation. Déjà plébiscitée par tous les candidats, la quatrième année d’internat du DES* de médecine générale sera mise en place, avec des stages obligatoires dans les zones rurales.  

Il est aussi important pour le chef de l’Etat “d’accompagner les jeunes issus des milieux ruraux dans leur installation pour le logement et sur le plan administratif”. Si la téléconsultation et la télé-expertise seront renforcées en cas de réélection, le président entend travailler sur les permanences de soin dans les territoires moins dotés, bien qu’il n’ait pas précisé comment ni avec quels moyens.  

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Le numéro unique : la solution pour les urgences  

Parmi les priorités d’Emmanuel Macron, l’organisation des soins urgents à l’échelle du territoire. Il faudra que tous les professionnels de santé y participent “plus largement”, a-t-il annoncé, en s’appuyant sur un numéro unique qui permettra d’accéder à un rendez-vous “sous 48 heures maximum”. Le chef de l’État a pris pour exemple le service d’accès aux soins (SAS), développé par la rue de Ségur et qui “fonctionne très bien”.  

Décloisonner l’exercice ville-hôpital 

Les professionnels de santé ont peut-être l’habitude d’entendre parler de “renforcement du lien ville-hôpital”, mais Emmanuel Macron a, lui, préféré parler de “décloisonnement”. “On doit laisser faire sur les territoires, les hôpitaux, les maisons de santé pluriprofessionnelles et les libéraux comme ça a été le cas pendant la crise sanitaire”, a-t-il affirmé. “Ça s’est très bien organisé sur le moment, or, on voit que les silos sont réapparus.”  

Sur ce point, le chef de l’État a enfin plaidé pour un assouplissement de l’exercice hospitalier et libéral. “Il est frappant de voir qu’aujourd’hui, beaucoup de nos jeunes professionnels de santé hospitaliers veulent faire un peu libéral et surtout de voir que beaucoup de jeunes en libéral veulent avoir accès à un plateau hospitalier. Il faut leur en laisser la liberté”, s’est-il engagé. 

Il a enfin promis de travailler sur les sujets de santé féminin, notamment de poursuivre les efforts engagés dans la prise en charge de l’endométriose. Il a par ailleurs estimé qu’une « convention citoyenne » serait adaptée pour trancher le débat sur la fin de vie. « Sur ce sujet, je souhaite que nous puissions avancer de manière apaisée, c’est pourquoi je pense que c’est un bon sujet pour une Convention citoyenne », a-t-il fait valoir. 

Emmanuel Macron a promis de détailler rapidement ses mesures, ne pouvant “pas être exhaustif” sur son programme à l’occasion de sa présentation. “Mais je le répète, il faut changer de méthode et assumer d’avoir un objectif national avec des leviers nationaux et des solutions bâties par des acteurs locaux”, a-t-il conclu.  

*Diplôme d’étude spécialisées

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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