Cherche médecins désespérément

Dans les zones rurales du Tarn, la recherche de nouveaux médecins est une priorité. DDM, archives.

L’hôpital d’Albi est parti pour trois ans de travaux. DDM, MPV Publié le 18/01/2022 à 05:10
Le Tarn est confronté depuis de nombreuses années à un manque de médecins sur l’ensemble de son territoire, que ce soit dans sa ruralité ou dans les villes moyennes. Aujourd’hui, de nombreux praticiens vont partir à la retraite et il est toujours aussi difficile d’attirer la nouvelle génération.
S’il y a bien un sujet prégnant qui taraude le cerveau des élus tarnais, c’est bien celui des déserts médicaux. Le département manque de médecins. C’est la cruelle réalité depuis de nombreuses années.
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Sans eux, pas d’égalité de traitement selon les territoires, sans parler du manque d’attractivité, pour des personnes qui auraient l’envie de venir s’installer ici. Ce n’est pas un cas unique. Dans tous les territoires de l’Hexagone, c’est la même rengaine. Les médecins sont happés par les grandes métropoles. Ils ne veulent pas entendre parler campagne. Trop loin, trop de patients, trop d’heures de travail, malgré un salaire à la hauteur
Alors comment faire pour attirer ces hommes et femmes à qui tout le monde déroule le tapis rouge ? La concurrence est rude. Chaque département rural apporte ses arguments pour les faire venir. Dans le Tarn, c’est l’union sacrée, des communautés de communes, aux agglos en passant par le Département.
50 000 euros d’aide à l’installation dans les zones prioritaires
On ne veut pas entendre parler de territoires sans médecin. Et les offres sont alléchantes. Dans les zones prioritaires, le médecin perçoit un chèque conséquent de 50 000 euros, pour aider à son installation. Attendez, ce n’est pas fini. Tout est fait pour trouver un travail à sa compagne. Enfin, comme souvent aujourd’hui, il ne veut travailler que quatre jours par semaine, on l’installe dans un centre médical ou une maison de santé, réduisant du même coup, sa patientèle et ses gardes de week-end.
Même avec ce paquet-cadeau, c’est la galère. D’ailleurs, comme le confirmait dernièrement le président de l’ordre des médecins, Étienne Moulin, « fini le temps où l’on construisait une maison de santé avant de recruter des médecins. Beaucoup sont devenus des coquilles vides. Aujourd’hui, on fait l’inverse. On recrute avant de construire. » Reste que tout le monde sait qu’il faut aller plus loin.
Le projet de loi de Philippe Folliot
Le sénateur Philippe Folliot, lui, a une idée. L’ancien député ne connaît que trop bien le sujet. Il propose que l’installation des médecins soit calquée sur celle des pharmaciens. C’est-à-dire ? L’élu voudrait imposer une règle simple. Un médecin ne pourrait s’installer sur une zone que s’il y a une patientèle suffisante. On sait que dans les grandes villes, il y a surpopulation de praticiens. Ne pouvant pas s’installer, il devrait partir vers des zones plus rurales où le nombre de patients ne manque pas, durant un an ou deux, pour découvrir les joies de la ruralité, de ses grands espaces et de son air pur. Une décision rigide, mais qui aujourd’hui pourrait aider les zones rurales. On espère aussi, avec la fin du numerus clausus, voir le nombre de praticiens augmenter. Mais il faudra attendre quelques années pour percevoir les effets bénéfiques.
La télémédecine peut s’avérer aussi une solution efficace pour les zones les plus reculées du territoire.
La Région lance un recrutement de médecins et d’infirmiers salariés
La Région va lancer le recrutement de
200 médecins pour l’Occitanie ainsi que des infirmiers. L’objectif est de créer de nouveaux centres de santé, là où il en manque, avec une priorité : qu’aucun habitant n’habite à plus d’un quart d’heure d’un personnel de santé. Ce programme va se développer durant toute l’année 2022.
L’urgence est là. Mais les territoires ruraux du département ne sont pas les seuls impactés. Les villes aussi sont touchées. À Graulhet, le départ de deux médecins pose de vrais problèmes. À Carmaux, c’est compliqué. En réalité, c’est compliqué partout…
50000 Tarnais sans médecin traitant en 2022, 100 000 en 2023
À Albi, l’âge des praticiens inquiète. À quand un vrai renouvellement ? Et on ne parle pas des spécialistes. Pour un rendez-vous chez un ophtalmo, c’est plus de six mois. Les pédiatres se font rares. Les gynécologues encore plus. Trouver un médecin traitant devient un chemin de croix. À tel point que l’opposition municipale appelle à la création d’une maison de santé publique.
Aujourd’hui, malgré les efforts de tous, la situation reste très compliquée. Imaginez. En 2022, 50 000 Tarnais sont sans médecin traitant. Ils pourraient être 100 000 l’an prochain.
Les hôpitaux du Tarn nord profitent du Ségur pour se moderniser
Lors de sa visite dans le Tarn en août dernier, le ministre de la Santé Olivier Véran avait annoncé plusieurs enveloppes budgétaires à destination des structures hospitalières du département, permettant de financer en partie le désendettement ainsi que des projets de modernisation.
L’hôpital d’Albi est parti pour trois ans de travaux. Les 16 millions d’euros vont être utilisés à bon escient pour lutter contre la vétusté des bâtiments et réaménager des services. Ainsi en hématologie-oncologie le potentiel d’accueil des patients sera multiplié par un tiers ; le service de réanimation sera restructuré pour moduler ses capacités d’accueil de 12 jusqu’à 16 lits. L’unité de soins longue durée (USLD) sera modernisée. Enfin les travaux de reconstruction des urgences démarrent cette année. En attendant la fin prévue en 2024, le service va déménager cette année dans des locaux plus récents.
De nombreux changements sont aussi envisagés dans les hôpitaux de Gaillac et Graulhet, reliés à l’hôpital d’Albi. À Graulhet, les 2,60 M€ vont pour partie financer le désendettement de l’établissement (1,60 M€) et pour le reste aider à engranger des travaux. L’Ehpad Saint-François (d’une capacité de 50 places) va être reconstruit. L’ancien hôpital du centre-ville va être réhabilité pour accueillir des consultations de médecins généralistes et des spécialistes de l’hôpital d’Albi.
Extension de la réanimation au CHIC
À Gaillac, l’hôpital a été réhabilité en 2021 et l’Ehpad Saint-André rénové. Pour cette année, une aide d’1 M€ a été annoncée par Olivier Véran pour le projet de maison de santé pluriprofessionnelle, avec un espace pour de la radiologie et des consultations de médecins spécialistes venant là aussi du CH Albi.
Pour l’hôpital de Castres-Mazamet, 2022 est l’année où un nouveau bâtiment est sorti de terre pour accueillir une 2e IRM. Celui-ci est en cours d’installation et sera opérationnel en février. À terme, le CHIC sera équipé de 2 scanners et 2 IRM flambant neufs.
L’établissement prévoit aussi cette année de développer de nouvelles capacités d’hôpital de jour en cardiologie, vasculaire, pneumologie, gériatrie puis en neurologie. En réanimation, le CHIC a eu l’autorisation d’extension de deux lits en plus et un lit de soins continus : la capacité du service va ainsi être portée à 10 lits de réanimation et 6 lits de surveillance continue.
Enfin, plusieurs changements sont à prévoir à Lavaur : l’Ehpad sera transféré près du centre Philippe Pinel et à sa place, le court séjour gériatrique sera étendu. En 2023, le service aura gagné 10 lits. Dans le centre Pinel, pour lutter contre la vétusté, au moins deux bâtiments devront être détruits et reconstruits.
Démographie médicale: pour le président de l’ordre l’équilibre ne devrait pas arriver avant 2025
Le président de l’ordre des médecins du Tarn, Étienne Moulin, fait le point sur cette problématique forte des déserts médicaux.
On imagine que le manque récurrent de médecins dans le Tarn, est votre principale préoccupation.
J’y pense le matin, la journée et même la nuit. D’autant que l’on est dans un papy-boom inquiétant pour la profession. Je suis à la recherche incessante de solutions pour être attractif. Je ne supporte pas de voir qu’une partie de la population se retrouve sans médecin traitant.
Pourtant tout le monde travaille dans la même direction.
Absolument. Le seul et vrai problème, c’est que les jeunes médecins ne veulent pas venir. Mais on s’accroche. Exemple. Nous mettons en place un dispositif d’appui coordonné avec le département, l’ARS et l’assurance maladie. Avec ce dispositif, on espère attirer de nouveaux médecins qui n’auront plus à faire des journées à rallonge et s’occuper le soir de la paperasse, de rechercher une place en Ehpah ect…
Il y a aussi la création de nouvelles maisons de santé.
C’est le cas à Cordes, à Lescure-d’Albigeois, dans le Grand Albigeois. On travaille chaque jour pour améliorer la situation.
Il y a aussi une forte attente avec la fin du numerus clausus.
C’est essentiel. Mais les premiers effets ne se feront sentir qu’en 2025. C’est l’année où on pourrait avoir une franche amélioration.
Et la téléconsultation ?
C’est une bonne solution. Mais aujourd’hui, elle est faite par des groupes privés. Résultat, le médecin est anonyme et change à chaque consultation. On travaille sur autre modèle. Une téléconsultation tarno-tarnaise, avec des médecins volontaires du département. C’est essentiel pour un bon suivi. Autre point important. On veut proposer une consultation en présentiel une fois par an. On pourrait très vite devenir pilote dans ce secteur.
Optimiste pour la suite ?
Heureusement. Tout le monde est soudé pour supprimer ces déserts médicaux. C’est notre force pour réussir.
*La pharmacie de Murat-sur-Vèbre possède une borne de téléconsultation augmentée
**Le succès de la maison de santé pluridisciplinaire de Réalmont
Vincent Vidal
Société, Albi, SantéPublié le 16/01/2022 à 05:09

Le 10 mars 2022 à Albi, le RES organisera, en partenariat avec le Conseil départemental, un colloque national sur le thème « Maladies Infantiles, Habitat et Perturbateurs Endocriniens ».
Les perturbateurs endocriniens, compte tenu de leur particularité d’agir principalement pendant la grossesse, apparaissent de plus en plus comme une cause majeure des maladies de l’enfant. Les données scientifiques de plus en plus nombreuses montrent un lien fort entre exposition maternelle, mais aussi exposition de l’enfant, et maladies infantiles comme l’asthme, le TDAH (Troubles du Déficit d’Attention et d’Hyperactivité), les troubles du langage, l’obésité, la puberté précoce…
L’environnement intérieur est une des principales sources d’exposition dans la mesure où c’est un lieu majeur d’émission des grandes familles de Perturbateurs Endocriniens et que nous y passons 90 % de notre temps.
Le colloque organisé par Réseau Environnement Santé à Albi le 10 mars, s’inscrit dans l’alerte lancée par le Haut Conseil de la Santé Publique et le Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age dans leur avis du 15 octobre 2019 : « Les données sur l’enfant sont nombreuses mais dispersées, incomplètes et manquent d’exploitation, de synthèse et de visibilité. L’effort de recherche sur les conditions de développement de l’enfant dans son milieu de vie (psychologique, affectif, social, cognitifs et déterminants sociaux) n’est pas à la hauteur des enjeux pour son bien-être et son avenir. Un effort de recherche accru doit porter sur les effets des perturbateurs endocriniens et le développement global des enfants. Ceci passe par le développement de la biosurveillance et des travaux sur le lien entre ces expositions et les atteintes à la santé dans cette population particulièrement exposée et sensible que sont les enfants. »
Dimensions scientifique et politique
Ce colloque aura deux dimensions : une scientifique pour diffuser les données les plus récentes aux acteurs de la protection de l’enfance ; et une politique pour faire état des leviers que peut mobiliser une collectivité territoriale comme le département du Tarn, premier département signataire de la charte « Villes et Territoires sans perturbateurs endocriniens ».
Ce colloque s’adresse aux professionnels et associations de la petite enfance et aux acteurs de la construction et de l’habitat, ainsi qu’aux collectivités qui peuvent agir notamment par le levier de la commande publique.Les places étant limitées, inscription obligatoire en ligne via la billetterie HelloAssoLa Dépêche du midi
*Murat-sur-Vèbre. La pharmacie Pagès accueille sa borne de téléconsultation

Yannick Pagès devant sa borne de réalité augmentée. – © DR
PAR LE PROGRÈS SAINT-AFFRICAIN LE 14 NOVEMBRE 2021
Depuis juin, la pharmacie Pagès s’est équipée d’une borne de téléconsultation augmentée.
Partant du constat qu’il est de plus en plus difficile de consulter un médecin pour les habitants de Murat-sur-Vèbre, qui voient un par un leurs médecins partir à la retraite, la pharmacie Pagès s’est équipée en juin d’une borne de téléconsultation augmentée Tessan, à l’initiative du Maire Daniel Vidal, également président de la communauté de commune. Une solution qui rencontre un franc succès puisque depuis son installation en juin, des centaines de téléconsultations ont pu avoir lieu.
La MedTech conçoit des cabines de télémédecine augmentée, donnant accès à un médecin généraliste sans rendez-vous en moins de 15 minutes en tiers payant intégral, et un rendez-vous avec un médecin spécialiste (dermatologue, gastro-entérologue…) en moins d’une semaine et sans dépassement d’honoraire. Jordan Cohen, fondateur de Tessan explique d’ailleurs que « le département du Tarn, extrêmement concerné par le désert médical, est un territoire prioritaire pour Tessan, qui met un point d’honneur à redonner accès au parcours de soins aux Tarnais ». En effet, une seconde cabine sera également inaugurée dans la commune de Viane dans les prochains jours.
Suite au succès du déploiement de cette solution, Daniel Vidal, également président de la communauté de communes CCMLHL (constituée de 10.000 habitants, au sein de 20 communes) a décidé de faciliter l’accès au parcours de soins de proximité à l’échelle de cette communauté de commune, voire, à termes, à l’échelle départementale. Il appelle ainsi les décideurs locaux et départementaux à favoriser le déploiement de ce type de solution, afin de combattre les déserts médicaux.
Aujourd’hui Tessan, créée en 2018, compte 60 collaborateurs et 250 cabines installées en France, et innove au service des patients, dans la lutte contre la désertification médicale et dans la démocratisation de l’accès aux soins de proximité. Les dispositifs Tessan sont fabriqués en Europe.
**Le succès de la maison de santé de Labastide-Rouairoux

Publié le 07/06/2018 à 08:15
En janvier 2015, la maison de santé pluridisciplinaire intercommunale accueillait ses premiers patients dans les locaux flambant neufs construits sur le site de l’ancienne gare SNCF, près du centre d’incendie et de secours. Sur 650m2, la structure comporte 4 cabinets de médecins généralistes, 3 salles d’attente, 1 cabinet de kinésithérapeute, 2 cabinets d’infirmières, 2 cabinets médicaux réservés à des intervenants extérieurs, 1 troisième pour un interne et une unité complémentaire (sage-femme, psychologue, psychiatre, diététicienne, pédicure-podologue, aide médico-psychologique). Une salle de réunion aussi où, chaque semaine, l’équipe au complet peut aborder le cas de patients nécessitant un parcours de soins spécifiques. Cette salle permet également d’organiser des ateliers de prévention et autres actions d’éducation thérapeutique animés par des internes et/ou des intervenants extérieurs. Une autre salle, aménagée pour les soins d’urgence, équipée de la télémédecine et accessible aux véhicules de secours, permet d’éviter une hospitalisation lorsque les soins nécessaires peuvent être effectués sur place. Enfin, la MSP dispose de deux studios pour l’hébergement des internes et d’un parking de 22 places.
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Le projet avait été initié en 2009 par le docteur Claude Corbaz et une poignée de professionnels de santé bastidiens soucieux de pérenniser l’offre de soins sur ce secteur rural situé à 45 minutes du centre hospitalier le plus proche (Pays d’Autan) et menacé de désertification médicale. Menace définitivement écartée aujourd’hui. Très prochainement, la communauté de communes Thoré-Montagne Noire ouvrira une annexe de cette MSP à Saint-Amans-Valtoret, dans des locaux aménagés dans une aile du château. Des permanences quotidiennes sont prévues du lundi au vendredi, assurées par des médecins ou des infirmiers.