« Les vaccins moins efficaces face au variant Omicron ? Ce que disent les études en vie réelle »
Libération et Le Parisien
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Date de publication : 20 décembre 2021Nicolas Berrod note en effet dans Le Parisien que « certaines de ses mutations lui permettent de se faufiler plus facilement parmi les personnes vaccinées ou précédemment contaminées. […] Les études en laboratoire ont toutes convergé sur un point : les taux d’anticorps neutralisants avec deux doses sont très fortement réduits à Omicron ».
Le journaliste précise que « deux travaux en vie réelle ont également été publiés, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Un constat s’impose : Omicron pose bien un sacré défi dans la mesure où il rend les vaccins moins protecteurs. Mais les rappels devraient être assez efficaces ».
Il explique ainsi que « l’étude britannique […] s’est penchée sur l’efficacité contre l’infection symptomatique. Avec Delta, elle était de 64% près de 6 mois après avoir reçu deux doses de Pfizer. Avec Omicron, ce taux chute à 34%. Si on a été vacciné avec AstraZeneca, ce qui est le cas d’environ 3,4 millions d’habitants en France, on tombe autour de… 0% ».
« Ces résultats «sont cohérents» avec les taux d’anticorps neutralisants observés, écrivent les auteurs de l’étude, le plus souvent membres de l’agence sanitaire UK Health Security Agency. Estimant que ces données de laboratoire étaient «catastrophiques», l’immunologue Sandrine Sarrazin se dit de son côté «agréablement surprise» de constater «que le vaccin Pfizer garde une certaine efficacité» », continue Nicolas Berrod.
La spécialiste indique que « cela prouve que ce n’est pas uniquement lié aux anticorps, mais aussi avec lymphocytes T, par exemple ».
Le journaliste poursuit : « La bonne nouvelle, c’est qu’une dose de rappel de vaccin Pfizer permet de retrouver un niveau bien plus satisfaisant. Deux semaines après cette troisième injection, l’efficacité grimpe à 76% avec trois doses de Pfizer et à 71% avec un schéma AstraZeneca complet puis une dose de Pfizer. […] Ceci pourrait faire penser qu’un rappel supplémentaire spécifique contre Omicron, sur lequel travaillant les fabricants, pourrait être pertinent dans quelques mois ».
Nicolas Berrod ajoute que l’Afrique du Sud « dispose de davantage de recul. C’est pour cette raison que le plus grand organisme privé d’assurance maladie du pays, Discovery Health, a déjà pu communiquer de premières données sur le risque de forme grave ».
Le journaliste retient que « deux doses de vaccin Pfizer sont efficaces à hauteur de 70% contre l’hospitalisation en cas d’infection par Omicron. Dans le détail, par tranche d’âge, l’efficacité varie de 59% chez personnes âgées de 70 à 79 ans à 92% chez celles de 18 à 29 ans. Ces différences pourraient notamment s’expliquer par le fait que les seniors ont été vaccinés en premier. Or, on sait que l’immunité diminue au fil du temps ».
Nicolas Berrod ajoute que « l’efficacité de deux doses de vaccin Pfizer contre l’infection s‘élève à 33%. Un taux cohérent avec celui rapporté dans l’étude britannique. […] La campagne de vaccination de rappel n’ayant pas encore débuté en Afrique du Sud (ce sera le cas à partir de janvier), l’effet d’une troisième dose n’a pas été examiné ».
« D’après des estimations de l’Imperial College de Londres parues ce vendredi, [la protection] pourrait monter jusqu’à 85 ou 90%. Avec une inconnue majeure : la durée pendant laquelle celle-ci se maintiendra », conclut le journaliste.
De son côté, Libération publie un entretien avec Antoine Flahault, épidémiologiste et professeur de médecine à l’université de Genève, qui « estime que le variant omicron sera dominant en Europe avant la fin de l’année ».
Le spécialiste souligne que « le risque de saturation hospitalière, et plus particulièrement l’encombrement des lits de réanimation, est surveillé comme le lait sur le feu par les autorités de santé. Depuis le début de la pandémie, c’est même l’indicateur phare qui a été à l’origine de la prise des décisions fortes, couvre-feux ou confinements ».
« La vague delta, très puissante, semblait avoir été bien gérée par les autorités françaises et l’on pouvait prévoir, sans saturation excessive des hôpitaux, un pic de contaminations le 15 décembre suivie d’une décrue accélérée par les fermetures des écoles, des universités et de beaucoup d’entreprises avec les fêtes de Noël. L’arrivée du variant omicron vient bousculer ce scénario et il est encore difficile de prévoir comment cela va se traduire en termes d’afflux des cas graves vers les hôpitaux. Ce qui se passe à l’étranger, aux frontières du pays sera à ce titre riche d’enseignements », note Antoine Flahault.
L’épidémiologiste indique que « la rapidité de la progression du variant omicron à Londres, en Ecosse ou au Danemark laisse penser qu’il devrait s’installer rapidement dans toute l’Europe continentale et y devenir la souche prédominante avant la fin de l’année ».
Il souligne que « sur le plan épidémiologique, la période actuelle est délicate. En cas de nouvelle vague liée au variant omicron, c’est sur un plateau élevé, tant de circulation virale que de formes sévères hospitalisées que les nouveaux cas et les nouvelles hospitalisations se produiraient en France. Or on sait qu’omicron répond mal à certains traitements d’usage hospitalier, comme certains anticorps monoclonaux, qui étaient censés réduire les formes sévères de la maladie ».