La Croix
« Covid-19 : à l’école, un protocole sanitaire jugé insuffisant »
Jeanne Ferney évoque dans La Croix « une sorte d’effet-boomerang de la vaccination. Alors que la majorité de leurs aînés ont reçu deux voire trois injections, les enfants sont désormais la catégorie de population où le Covid circule le plus. Lundi 6 décembre, le taux d’incidence chez les 6-10 ans frôlait les 1000 cas pour 100.000 habitants, soit deux fois plus que dans l’ensemble de la population ».
La journaliste note que « cette nouvelle donne a poussé le gouvernement à activer le niveau 3 du protocole sanitaire à l’école primaire. Jeudi 9 décembre, le masque redeviendra obligatoire à l’intérieur comme à l’extérieur, notamment pendant les récréations. Les activités physiques en lieu clos seront limitées et, à partir du 15 décembre, les déjeuners à la cantine pris uniquement entre élèves d’un même niveau afin de limiter les «brassages» ».
« Des mesures insuffisantes aux yeux du Pr Philippe Amouyel, tant pour enrayer la circulation du virus que pour protéger les enfants », observe Jeanne Ferney.
L’épidémiologiste remarque ainsi : « Certes, très peu font des formes graves, mais plus ils sont contaminés, plus ils risquent une hospitalisation. Depuis le début de l’épidémie, environ un enfant par jour fait un syndrome inflammatoire à la suite de l’infection. Laisser circuler le virus à l’école, c’est risquer de voir ces cas passer à 2, 3, peut-être 4. Mes collègues réanimateurs vous le diront : un enfant en plus en réanimation, c’est toujours un enfant de trop ».
La journaliste note qu’« un temps sur la table, l’option d’avancer les vacances scolaires, comme cela avait été fait au printemps dernier, n’a finalement pas été retenue ».
Guislaine David, porte-parole du syndicat enseignant SNUIPP-FSU, déclare que « pourtant, on a beaucoup plus d’élèves contaminés aujourd’hui qu’en avril 2021 et que pendant toutes les vagues précédentes ».
La professeure des écoles ajoute que « depuis le 29 novembre, la consigne n’est plus de fermer la classe pendant 7 jours quand il y a un cas positif, mais de tester tout le monde et de faire revenir les cas négatifs. Sauf qu’on ne tient pas compte de la période d’incubation qui peut durer 3 ou 4 jours. Résultat, les cas ont augmenté de 100% il y a 2 semaines, et de 50% la semaine dernière. Ce n’était vraiment pas le bon moment pour alléger le protocole ».
Catherine Hill, épidémiologiste, souligne pour sa part qu’« actuellement, on fait à peu près 200.000 tests par semaine à l’école. Sur 6 millions d’élèves, cela revient à tester une classe sur 30. C’est dérisoire ».
La spécialiste évoque les tests salivaires groupés : « Cette méthode, employée aux États-Unis, permettrait de tester tous les élèves deux fois par semaine ».
De son côté, Fabienne Kochert, présidente de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), relève que « depuis le début, on a négligé des mesures très simples et pourtant efficaces, comme l’aération », Guislaine David ajoutant : « Nous réclamons depuis des mois des capteurs de CO2 et des purificateurs d’air. Aujourd’hui, très peu d’établissements en sont équipés ».
Covid-19 : à l’école, un protocole sanitaire jugé insuffisant
Analyse
Alors que le Covid monte en flèche chez les 6-10 ans, médecins et enseignants craignent que les mesures annoncées par le gouvernement ne suffisent pas à enrayer la circulation du virus. Au risque de voir augmenter les formes graves.
- Jeanne Ferney,
- le 07/12/2021 à 17:32
- Modifié le 08/12/2021 à 08:25

C’est une sorte d’effet-boomerang de la vaccination. Alors que la majorité de leurs aînés ont reçu deux voire trois injections, les enfants sont désormais la catégorie de population où le Covid circule le plus. Lundi 6 décembre, le taux d’incidence chez les 6-10 ans frôlait les 1 000 cas pour 100 000 habitants, soit deux fois… (Suite abonnés)
Voir aussi:
Covid-19 : la Haute Autorité de santé recommande de ne vacciner que les enfants à risque – Le point sur les myocardites https://environnementsantepolitique.fr/2021/12/05/26002/
« Covid-19 : pourquoi tant de mesures à destination des enfants, pourtant peu à risque ? »
Date de publication : 7 décembre 2021
C’est ce que titre Le Parisien, qui note que « cette cinquième vague voit le taux d’incidence exploser chez les 6-10 ans. Pour casser les contaminations, la France se prépare à vacciner les 5-11 ans, une fois les derniers avis scientifiques rendus, si possible à partir de la fin décembre, de manière facultative. Dans les écoles, le masque devient obligatoire même dehors ».
Aurélie Sipos rappelle qu’« au début de l’épidémie de Covid-19, en 2020, les enfants étaient jugés par le ministre de la Santé Olivier Véran «peu à risque de formes graves et peu actifs dans la chaîne de transmissions du coronavirus». Presque 2 ans plus tard, seule la première partie de cette affirmation a résisté aux évolutions de la pandémie. La cinquième vague a en effet démontré le rôle des enfants dans les contaminations ».
« En conséquence, en France, les autorités «organisent toute la logistique» pour intégrer l’ensemble des 6 millions de 5-11 ans à la campagne de vaccination dès le 20 décembre, a annoncé Olivier Véran ce lundi », relève la journaliste.
Aurélie Sipos explique que « c’est encore une fois le variant Delta qui a fait bouger les lignes. Ultra-contagieux, il s’est développé dans toutes les couches de la population et, en particulier, chez les non vaccinés. Si l’Agence européenne des médicaments (EMA) vient tout juste de donner son accord pour administrer du Pfizer aux 5-11 ans, en attendant le feu vert définitif des autorités, les plus petits, non éligibles, n’ont pas pu échapper aux griffes du virus ».
La journaliste note ainsi que « depuis les vacances de la Toussaint, le taux d’incidence chez les enfants ne fait que grimper. Il explose même ces derniers jours, avec près de 955 cas pour 100.000 enfants de 6 à 10 ans (430 en population générale), selon le ministère de la Santé ».
« Une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), publiée le 2 décembre, révèle que lors de la semaine du 22 novembre au 28 novembre, sur plus de 4 millions de tests validés sur une semaine, près d’un quart des tests positifs provient des moins de 15 ans »,indique Aurélie Sipos.
La journaliste s’interroge : « Ces chiffres se traduisent-ils dans les hospitalisations ? ». François Vié le Sage, de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA), répond qu’« en pédiatrie, en ville ou à l’hôpital, la première préoccupation n’est pas le Covid-19 mais les autres maladies, comme la bronchiolite ou la grippe, qui explosent dans le nord de la France ».
Aurélie Sipos note que « si la maladie n’est pas toujours bénigne et peut également provoquer des «Covid longs» chez les enfants, elle provoque de rares formes graves. En France, 15 enfants sont en réanimation et 80 enfants de 0-9 ans sont actuellement hospitalisés en raison d’une infection au Covid-19 ».
« Pour le gouvernement, l’objectif est surtout de limiter les contaminations des jeunes vers les plus âgés, surtout à l’approche de Noël, synonyme de brassage entre générations. De nouvelles mesures ont donc été annoncées ce lundi, chez les adultes d’abord avec la fermeture des boîtes de nuit, l’incitation au télétravail… etc. Et pour les enfants. Selon Jean Castex, les écoles primaires vont passer en niveau 3 du protocole sanitaire », continue la journaliste.
Olivier Véran a ainsi indiqué : « Nous disposons de tous les feux verts pour ouvrir sans tarder la vaccination aux 5-11 ans à risque ».
Aurélie Sipos précise qu’« elle démarrera le 15 décembre. Et pour les autres ? Si le Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV) a donné son feu vert pour la généralisation à tous les enfants de moins de 12 ans, il manque encore deux validations, celle de la Haute Autorité de santé (HAS) et celle du Conseil national d’éthique. En attendant, le gouvernement organise «toute la logistique pour commencer sans délai» la campagne pour ceux qui ne sont pas atteints de pathologies ».
Un avis sur « Ecoles: un protocole sanitaire insuffisant »