Hautes-Pyrénées : un plan pour soigner les urgences hospitalières
e préfet a présenté un plan pour soigner les urgences. Photo Joël Boyé
Publié le 03/12/2021 à 19:51
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Le conseil territorial de santé a présenté dix pistes de travail pour améliorer la situation des services des urgences sur le département.
« La situation des urgences est extrêmement tendue, dans un contexte d’insuffisance de médecins qui n’est pas lié à des problèmes budgétaires mais à des problèmes de recrutement. Notre département a des difficultés à attirer, recruter et conserver des professionnels de santé dans ses services d’urgence ». Partant de ce constat fait par le préfet Rodrigue Furcy et la déléguée de l’Agence régionale de santé Manon Mordelet, le conseil territorial de santé, instance démocratique sanitaire regroupant professionnels hospitaliers, usagers et organisations syndicales, qui s’est réuni vendredi pour la seconde fois « sur l’épineux sujet des urgences » a présenté plusieurs pistes de travail. À commencer par l’amélioration du recrutement des urgentistes « pour couvrir le service des urgences de Bagnères et soulager celui de Tarbes », et l’accentuation d’arrivée d’internes et des médecins juniors qui, « une fois formés sur le département, peuvent rester aux urgences ou s’installer en médecine de ville ». L’Agence régionale de santé (ARS) confirme aussi « l’éligibilité totale du département dès 2022 aux aides maximales à l’installation de médecins ». Pour faciliter la régulation des patients et renforcer la coopération entre la médecine de ville et les hôpitaux, le conseil territorial de santé propose aussi « le développement d’un dispositif de réorientation des patients pris en charge par les urgences et le 15 vers un « pool » d’une vingtaine de médecins volontaires, « l’accompagnement d’un projet de centre de soins non programmés spécialisé en petite traumatologie afin de désengorger les urgences », le déploiement du service d’accès aux soins (SAS) notamment par « la régulation téléphonique de toutes les demandes de soins non programmés de tous les patients du territoire », l’adaptation de la permanence des soins ambulatoires et le déploiement de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Tarbes Adour « qui aura pour mission de structurer les soins de premier recours sur le bassin de vie qu’elle couvre notamment par la mise en place d’un secrétariat dédié à l’orientation des soins ». « Pour éviter le retour des patients aux urgences », est envisagé le développement de l’hospitalisation à domicile, avec un projet de prise en charge des sorties d’urgence par l’association Résapy. De manière notamment à « prendre en charge les situations complexes pour soulager les professionnels de santé, sociaux et médico-sociaux », la plateforme territoriale d’appui va être transformée en dispositif d’appui à la coordination. Enfin, un comité d’attractivité médicale qui regroupera « tous les acteurs du département, dont les présidents des EPCI et les représentants des maires », va être créé pour essayer de résoudre les problématiques d’installation et de démographie médicale.
Les urgences de la polyclinique de l’Ormeau définitivement fermées
En plus « de l’afflux de patients liés aux maladies hivernales et au Covid » qui a conduit la direction du centre hospitalier de Tarbes-Lourdes à déclencher le Plan blanc, la situation des urgences hospitalières est encore aggravée par la fermeture définitive de celles de la polyclinique de l’Ormeau.« Le groupe Elsan n’a pas souhaité le maintien de l’autorisation pour son service des urgences » a précisé la déléguée de l’ARSManon Mordelet.
Pour l’hôpital de Marmande, ils se sont mobilisés ce samedi
Prochain rendez-vous le 10 pour le collectif, à l’occasion de son hebdomadaire réunion devant l’hôpital. DDM – MORAD CHERCHARI
Publié le 04/12/2021 à 15:34
l’essentiel
Ce samedi 4 décembre, une mobilisation a eu lieu devant l’ARS. Celle-ci vise à défendre l’hôpital de Marmande et le maintien de son service d’urgence.
Malgré la pluie, ils sont une quarantaine à s’être réunis devant l’ARS. Ils, ce sont des salariés du centre hospitalier intercommunal Marmande Tonneins (Chic), des usagers et citoyens. Au 108 boulevard Carnot, ils sont venus pour rappeler l’urgence du Chic et « l’absolue nécessité de garder un système de santé solidaire pour tous ».
Pour Michel Ceruti, porte-parole du collectif urgence Marmande Tonneins, dans le désert médical lot-et-garonnais, la priorité est celle des moyens humains. Dans l’appel à mobilisation, il rappelle que soixante-seize professionnels de santé manquent à l’hôpital de Marmande, parmi lesquels on compte trente-six médecins dont onze urgentistes et quarante infirmières. « Le ministre a annoncé huit millions et demi de travaux pour moderniser les urgences. Ça fait deux ou trois ans qu’on l’attend, il y a très longtemps que les besoins sont exprimés, mais on ne va se plaindre de la modernisation, entame-t-il. Cela dit, hier, lors de notre rassemblement à Marmande, le personnel nous a encore parlé du manque de personnel. » Manque de personnel qui est le fruit d’un déficit d’attractivité expliquent les mobilisés du jour.
Le libéral bien plus attractif
Parmi eux, Nathalie, une Marmandaise infirmière exerçant dans le libéral. Récemment, elle a souhaité intégrer l’hôpital public. « J’étais même prête à venir à Agen mais les conditions salariales ne sont pas possibles, confie-t-elle. J’ai quinze ans d’ancienneté. On m’a proposé un poste à 2 100 € net. J’ai un DU (diplôme universitaire) cicatrisation quand même, j’apporte un plus. Quand j’étais dans le libéral, je gagnais 3 500 € en ayant payé mes charges. Il n’y a pas photo. »
Nathalie a passé des entretiens d’embauche sans trouver chaussure à son pied. « Je vais rester dans le libéral, dit-elle, presque désolée. J’ai essayé de travailler en HAD (hospitalisation à domicile), c’est l’hôpital qui va au domicile des gens. On fait des kilomètres pour aller les voir… On ne prend pas soin des soignants et donc des patients parce qu’on n’a pas le temps.»
Venue avec elle, Annie est particulièrement alarmée par la situation de l’hôpital public. « Il faut au moins valoriser les diplômes », souffle-t-elle. Originaire de La Réole (33), elle raconte : «On n’a plus que deux médecins et ils sont âgés. S’ils partent c’est la catastrophe. Pour les spécialistes c’est pareil, on va devoir faire 200km pour un ophtalmo, c’est inadmissible, on paye des impôts. »
Quelle solution d’urgence ?
Également présente en tant qu’écologiste, Maryses Combres partage cette colère. « Il faut revoir le format de gouvernance des hôpitaux qui sont gérés comme des entreprises, pointe-t-elle. Il faut recadrer l’objectif de l’hôpital : est-il là pour soigner des gens ou économiser du fric ? C’est de l’argent public. Quand je vois que parallèlement on met plus de quatorze milliards sur une LGV… S’ils avaient été mis sur l’hôpital, là on serait dans l’intérêt général. »
Les défenseurs du Chic sont par ailleurs force de proposition de gestion de crise. « Il faut développer une coopération entre l’hôpital et les médecins généralistes de ville, explique Michel Ceruti. Il faut économiser tout le travail administratif de ces derniers pour qu’ils se consacrent exclusivement au médical. Compte tenu la pénurie, ils ont de plus en plus d’administratif à gérer. » Par ailleurs, lui et les collectifs continuent de se mobiliser tous les vendredis pour faire le point sur la situation.
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Carcassonne. Le docteur Mustapha Amirou, l’un des nouveaux hommes forts de l’hôpital
ABONNÉS
Mustapha Amirou (à gauche) et Samir Hacene (à droite), président et vice-président de la CME. Christophe Barreau
Publié le 04/12/2021 à 05:14
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Consultée et informée sur les thématiques majeures de l’organisation et du fonctionnement hospitalier, la commission médicale d’établissement (CME) contribue à la politique d’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins. Rencontre avec le docteur Mustapha Amirou et Samir Hacene, respectivement nouveau président et vice-président de la CME.
Élu le 8 novembre dernier à la présidence de la CME, succédant ainsi à Sonia Lazarovici, Mustapha Amirou exerce au sein du centre hospitalier de Carcassonne depuis quatre ans. Néphrologue de formation, c’est dans les Alpes qu’il réalise ses études et entame sa carrière. En 2017, changement de décor, il se rapproche des Pyrénées, intègre le centre hospitalier de Carcassonne, devient chef de service et chef de pôle avant « d’avoir aujourd’hui l’honneur de représenter mes collègues à la tête de la CME« , déclare-t-il.
Réélu à la vice-présidence de la CME, le docteur Samir Hacene est, lui, chef de service de radiothérapie à l’hôpital de Carcassonne et président du centre de coordination de cancérologie (CCC) qui couvre l’ensemble du territoire Ouest audois.
La CME est avant tout « une représentation médicale. Elle élabore le projet médical de l’établissement. Le travail s’organise en sous-commissions et, une fois par mois environ, les membres de la CME se réunissent. Des réunions durant lesquelles nous échangeons et abordons les problèmes que nous rencontrons au sein du centre hospitalier et nous élaborons, bien sûr, les stratégies à développer par la suite« .
Samir Hacene, vice-président de la CME insiste, « les réunions – mensuelles pourrait-on dire – se font en relation directe avec la direction et notamment en présence du directeur général et la direction des affaires médicales. Ce binôme, CME – direction, obligatoire en effet, est surtout indispensable pour tendre, en symbiose, vers le développement de projets au sein du centre hospitalier« .
Réunissant au total une cinquantaine de personnes, « chaque collège est représenté. Les chefs de pôle, les chefs de service, les praticiens hospitaliers, les titulaires et les contractuels« , explique Samir Hacene. Et d’insister « les sages-femmes sont d’ailleurs fortement impliquées. Elles se sont grandement mobilisées pour les élections de la CME dans le cadre de leur collège et sont très impliquées également au sein des sous-commissions avec deux représentantes à la CME. N’oublions pas qu’elles sont considérées comme du personnel médical« .
Comme pour toute élection, présenter sa candidature pour être à la tête de la CME passe par l’élaboration d’un projet, mais « on ne prend pas une telle fonction par hasard« , souligne Mustapha Amirou. « On est, en général, déjà impliqué dans une vie hospitalière. Personnellement, je pense qu’après 30 ans passés dans les hôpitaux c’est un processus normal. Je peux peut-être apporter quelque chose de différent à l’hôpital. On atteint aussi une maturité, un certain recul qui permet de mener des projets en soi, faire des propositions etc.« . « Le président ou moi-même, avons, de fait, un passé d’implication au sein de différentes instances au niveau des différents centres hospitaliers dans lesquels nous avons exercé », souligne d’ailleurs Samir Hacene.
À l’aune de la crise sanitaire, alors que le centre hospitalier fait face à « un manque de moyen humain » et que « la situation au niveau des ressources humaines est très tendue« , pour reprendre les mots d’Alain Guinamant, le directeur de l’hôpital, s’exprimant dans nos colonnes, la CME « a joué un rôle fondamental dans la mobilisation des médecins notamment en ce qui concerne les astreintes et les gardes Covid pour aider les collègues en difficulté« . Au-delà du rôle de coordination, Mustapha Amirou insiste : « La CME est aussi là pour proposer une organisation. Et c’est en effet de prime importance pour faire face aux tensions liées au manque de personnel« .
Aujourd’hui, « heureusement ou malheureusement, je ne sais pas, on a déjà connu cette situation de crise. Une organisation a donc été mise en place et les protocoles sont aujourd’hui établis. Pour l’instant, face au regain de l’épidémie, on ne fait que réactiver l’ensemble de ces systèmes« , explique le président. « Le directeur a d’ailleurs réactivé la cellule de crise et, trois fois par semaine environ, nous nous réunissons pour faire le bilan sur la situation : les places disponibles, le nombre d’hospitalisation de la veille etc.« , indique Samir Hacene. « Le but est donc d’avoir une vision globale permettant d’agir au plus vite« , conclut le président, Mustapha Amirou.