Public/privé : la FHF (re)déterre la hache de guerre

Paris, le vendredi 3 décembre 2021
– La loi RIST d’avril 2021 prévoit que soit remis dans les semaines à venir un rapport sur les rémunérations des médecins hospitaliers dans tous les secteurs.
Dans l’attente de ce document, le 18 novembre, la FHF (Fédération hospitalière de France) a adressé au ministère de la santé une missive dans laquelle elle pointe des « écarts de rémunération à travail égal » entre hôpital public et privé à but lucratif qui entretiendrait une concurrence déloyale.
Les auteurs du texte y mettent en particulier en avant les mérites de l’hôpital public dans la crise sanitaire qui ne seraient pas récompensés à leur juste valeur (malgré le Ségur). Ils dénoncent : « Des offres d’emploi dans le secteur privé, sous forme salariée, peuvent à titre d’exemple proposer à des gériatres des rémunérations mensuelles de 6 000 euros net pour quatre jours hebdomadaires, soit presque le double de rémunération d’un jeune PH à temps plein dans le secteur public ».
Premier syndicat poly-catégoriel à être monté au créneau, le SML (Syndicat des médecins libéraux) qui rappelle judicieusement « que l’hôpital public n’aurait pas pu faire face sans la participation des médecins libéraux du privé » dans la crise Covid.
En outre, le SML souligne que les médecins libéraux du privé n’ont en rien bénéficié du Ségur de la Santé contrairement aux cliniques qui « ont ainsi limité l’activité des médecins et des chirurgiens pour ne pas avoir à rendre ces aides. Pour les médecins libéraux, confrontés à l’arrêt brutal de leur activité et au ralentissement de celle des cliniques privées, ce fut alors la double peine ».
Il s’agit peut-être là du point essentiel qu’aura méconnu la FHF : être fonctionnaire, salarié du privé ou libéral ne représente pas la même prise de risque.
Les petites manœuvres de la Fédération hospitalière de France (SML médecins libéraux )

https://www.lesml.org/fr/216-les-articles-du-sml.php?id=575
Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, la Fédération hospitalière de France (FHF) s’émeut « des écarts de rémunérations à travail égal » entre les médecins exerçant dans le secteur privé et ceux exerçant dans le secteur public, « au détriment d’un hôpital public fortement fragilisé », soutient-elle.
Elle souligne que, malgré les revalorisations majeures du Ségur de la Santé, l’hôpital connaît des « tensions sociales fortes » dont l’aggravation s’expliquerait, selon elle, « par une situation d’iniquité forte vis-à-vis des acteurs privés, qui ont eux aussi bénéficié de revalorisations majeures… » La FHF souligne l’importance qu’elle attache au rapport prévu par la loi Rist, qui doit porter sur les écarts de rémunération entre les différentes carrières médicales. C’est, dit-elle un enjeu de transparence sur l’utilisation des fonds publics, un enjeu d’équité et un enjeu pour « préserver l’avenir de l’hôpital public ».
À en croire la FHF, tous les malheurs de l’hôpital proviendraient de l’existence d’un secteur privé, jugé trop concurrentiel. Le SML tient à rappeler que, d’une part les médecins exerçant en clinique n’ont rien reçu du Ségur de la santé à la différence des propriétaires des établissements privés, et que ces médecins ont subi de plein fouet les déprogrammations, qui, contrairement à ce que soutient la FHF, ont frappé le secteur privé autant que le secteur public. En réalité, la FHF allume des contre-feux pour masquer l’échec du Ségur et, surtout, l’incapacité des hôpitaux à se réorganiser pour répondre aux légitimes demandes de son personnel à bénéficier de meilleures conditions de travail. Au lieu de lorgner sur le pré du voisin, la FHF ferait mieux de revoir les outils qui lui permettraient de faire prospérer le sien. Les rémunérations sont une partie de la question, mais aussi l’organisation des équipes, l’accueil de son personnel, sa prise en considération.
Covid : le président de la FHF appelle au report des congés des médecins libéraux
Par Louise Claereboudt le 13-12-2021

Invité sur France 2, le président de la Fédération hospitalière de France a appelé ce samedi 11 décembre au report des congés des médecins libéraux durant les fêtes de Noël afin d’éviter de surcharger l’hôpital, qui fait face à une 5e vague de Covid-19.
« L’hôpital ne peut pas être le seul rempart contre l’épidémie »,a déclaré Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France, dans l’émission Les 4 vérités de Télématin, appelant l’ensemble des soignants (libéraux et professionnels du privé) à se mobiliser pour éviter la surcharge de l’hôpital. On sait que les prochaines semaines vont être très difficiles […] que la période hivernale est aussi celle des autres épidémies » avec « des services d’urgences pédiatriques débordés par la bronchiolite », a-t-il expliqué. Il faut retrouver une sorte d’« union sacrée sanitaire », alors que « vague après vague, hôpital fait de plus en plus face tout seul » à l’épidémie.
« Je voulais évoquer le fait qu’en cette fin d’année, on puisse avoir de la visibilité sur la permanence de soins, c’est-à-dire que, territoire par territoire, le Gouvernement demande aux Agences régionales de santé de fixer la permanence des soins de veiller et de veiller à ce que tous les cabinets libéraux ne ferment pas en même temps », a-t-il évoqué. « Ce n’est pas le cas dans les grandes villes, mais dans les villes moyennes, souvent, en fin d’année, on voit un afflux aux urgences car les Français ne trouvent plus de réponse dans la médecine de ville » qui « est fragile » et « traverse une crise, elle aussi ».
« Il faut peut-être que l’on reporte des congés aussi dans la médecine de ville pour faire face à ces derniers jours de l’année qui vont être compliqués », a suggéré le président de la FHF. « Dans les hôpitaux des territoires les plus touchés, ça va être le cas », a-t-il ajouté, rappelant que l’activation des plans blancs permet aux directeurs des établissements de santé de réquisitionner le personnel, de reporter les congés, voire de rappeler des personnes qui sont en vacances. « Cette mobilisation générale contre cette 5e vague, il faut qu’elle soit le fait de l’ensemble des soignants, quel que soit leur statut. »Déprogrammations : le ministère annonce une aide pour les médecins touchés par une baisse d’activité dans les hôpitaux privés
Frédéric Valletoux a souligné l’importance de travailler main dans la main, alors que « l’épuisement, la fatigue fait que l’absentéisme est un peu plus élevé » à l’hôpital, de l’ordre de « 10 à 12% d’absentéisme, c’est-à-dire 3, 4, voire 5 points de plus qu’habituellement », a-t-il indiqué, ajoutant que des personnels ont aussi « quitté le métier », des soignants qui « manquent », ce qui provoque la fermeture de lits. « L’hôpital a dû réduire la voilure à cause du manque de soignants », a déploré le président de la FHF, qui plaide par ailleurs pour la vaccination obligatoire pour tous.
« Aucune leçon à recevoir »
Dans un communiqué, l’UFML-S a dénoncé les propos du président de la fédération. « Mr Frédéric Valletoux, nous ne vous devons rien », a déclaré le syndicat du Dr Jérôme Marty. « Le soutien à nos consœurs et confrères hospitaliers, nous le faisons sans vous, tout au long de l’année. La lutte contre le Covid-19, nous l’avons faite sans vous, y compris quand nous n’avions aucun moyen. Où étiez-vous alors ? » a-t-il lancé.
« Mr Valletoux, vous êtes à la tête de la FHF depuis plus de 10 ans. Si vous aviez des solutions pour l’hôpital public et au-delà pour la médecine cela se saurait. Les médecins libéraux ne sont pas les objets d’un coup politique et votre petite carrière dans ce marigot ne les intéresse pas », a-t-il encore lâché, appelant les libéraux et hospitaliers à ne pas être « les pions de l’administration ni des fédérations hospitalières ». « Nous avons une éthique, une déontologie et aucune leçon à recevoir. »
[avec France 2]
Un avis sur « La FHF dénonce le manque d’attractivité des praticiens pour les hôpitaux en raison de la différence trop importante de revenus entre l’activité à l’hôpital et en cliniques lucratives ou cabinets privés »