Tour de France de la crise hospitalière

Pénurie de soignants : par manque d’infirmiers spécialisés, le bloc opératoire de l’hôpital de Compiègne fonctionne à la moitié de sa capacité

Sur les huit salles de bloc opératoire de l’hôpital de Compiègne, à peine la moitié sont ouvertes tous les jours. En cause : la difficulté de recruter des infirmiers spécialisés.

Publié le 17/11/2021 à 19h39

https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/oise/compiegne/penurie-de-soignants-par-manque-d-infirmiers-specialises-le-bloc-operatoire-de-l-hopital-de-compiegne-fonctionne-a-la-moitie-de-sa-capacite-2339536.html

L'hôpital de Compiègne.
L’hôpital de Compiègne. • © FTV

OiseCompiègneNoyon

« C’est une situation de désarroi pour les chirurgiens, pour nous tous, on est malheureux de ne pas pouvoir faire fonctionner notre outil de travail« , admet Catherine Latger, directrice du centre hospitalier de Compiègne-Noyon. La moitié des salles de bloc opératoire de son hôpital sont fermées, faute d’infirmiers spécialisés pour assurer les interventions chirurgicales. Non pas à cause d’une vague de démissions ou de suspensions, mais plutôt des « départs naturels » en mutation ou en retraite par exemple qui ne sont pas remplacés, par manque de candidats. 

Prioriser les interventions chirurgicales

« On a sept postes d’infirmiers anesthésistes à pouvoir, et six d’infirmiers de bloc opératoire. Ça représente 30% de personnel manquant. Certains jours on arrive à ouvrir cinq ou six salles grâce aux intérimaires, mais ce n’est pas tout le temps, avec l’effectif qu’on a, nous sommes assurés d’ouvrir seulement trois ou quatre salles.« 

Alors chaque jour, les chirurgiens établissent un ordre de priorité pour choisir quelles interventions auront lieu et lesquelles seront annulées. Priorité est donnée aux urgences vitales, à la cancérologie et aux interventions pédiatriques. « C’est doublement problématique parce que du fait du Covid, on avait déjà déployé les infirmiers anesthésistes en réanimation, donc on avait déjà déprogrammé des interventions et pris du retard« , explique Catherine Latger.

Les listes d’attente s’allongent, et les patients n’ont pas d’autres choix que de prendre leur mal en patience. « C’est embêtant, par exemple en orthopédie, un problème de genou, ce n’est pas une urgence vitale, mais en attendant de se faire opérer les gens ne peuvent pas vivre leur vie normalement, ils ne peuvent pas travailler« , regrette-t-elle. 

Un problème d’attractivité partout en France

D’après la directrice, le problème qui se ressent à Compiègne se retrouve dans beaucoup d’hôpitaux publics de France, qui n’attirent pas les candidatures de ces précieux infirmiers spécialisés… et encore moins depuis le début de la crise sanitaire. « On n’a pas eu de nouvelles candidatures en 2020 ni en 2021. On arrive à fonctionner avec des intérimaires mais ça ne peut pas suffire.« 

Depuis début novembre, des collectifs d’infirmiers anesthésistes essaient d’ailleurs de tirer la sonnette d’alarme sur leur situation. En faisant grève, ils dénoncent leurs salaires trop bas en comparaison de la pénibilité de leur travail et de leur spécialisation. Autant d’arguments qui rebutent les professionnels à s’engager dans l’hôpital public. « Il y a eu des rallonges budgétaires pour mieux les rémunérer, mais ce n’est pas suffisant semble-t-il. Mais ce n’est pas qu’une question d’argent, il y a un problème d’attractivité plus général, estime Catherine Latger. On essaie de communiquer auprès des professionnels pour valoriser ce qui existe et attirer par exemple les Parisiens qui veulent quitter la région parisienne pour aller dans des villes comme les nôtres, où il fait bon vivre, où la vie est moins chère et avec une communauté hospitalière à taille humaine. »

Intervention dans les écoles d’infirmiers, cabinets de recrutement, annonces sur les plateformes : la directrice assure multiplier les actions pour attirer des professionnels, sans succès. « La seule lueur d’espoir, c’est qu’un nouveau bloc opératoire doit ouvrir en 2023, avec des meilleurs locaux, et ça va être un élément d’attractivité fort qui peut convaincre certains de revenir à l’hôpital public, parce que ça compte, d’avoir de bonnes conditions de travail.« 

Au CHU de Rennes, un service d’urgences « à bout » se met en grève

Face à une affluence inédite de malades, ces urgentistes rennais disent ne plus pouvoir bien prendre en charge les patients. Devant l’hôpital, ces soignants témoignent.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/au-chu-de-rennes-un-service-durgences-a-bout-se-met-en-greve_fr_6196b060e4b0f398af02701d


Par Pierre Tremblay

HÔPITAL – Ils sont ”à bout”. Depuis lundi 15 novembre, le service des urgences du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine) est en grève illimitée, alors que ses soignants réclament des renforts face à une augmentation importante de patients.

En plus de la cinquième vague du Covid-19 qui pointe à l’hôpital, soignants et syndicats avancent plusieurs causes à cette affluence record, comme la saturation de la médecine de ville, la fermeture récente de services d’urgence de nuit dans les hôpitaux périphériques ou encore le manque de lits, pointé du doigt par un rapport publié en septembre par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article, des soignants et aide-soignantes rencontrés sur place par Le HuffPost, lors d’un rassemblement de soutien organisé devant l’hôpital jeudi 18 novembre, ont l’impression de ne plus avoir les moyens nécessaires pour bien exercer leur mission.

On est tout à bout. J’ai des collègues qui craquent. C’est difficile de finir les journées.Antone, infirmier aux urgences

Mercredi, une réunion avec la direction n’avait pas permis de mettre un terme au mouvement. “Les urgences ont obtenu deux postes supplémentaires d’aides-soignants de nuit et un poste de brancardier de jour, alors que le service espérait un poste de nuit. Ça ne peut pas convenir”, a expliqué Nathalie Loinsard, représentante de la CGT, à Actu Rennes. En plus de la “réouverture de lits pérennes” et un “plan massif d’embauche”, la CGT réclame des augmentations de salaire à hauteur de 300 euros pour tous.

Comme souvent dans le milieu hospitalier, cette grève reste symbolique et n’affecte pas l’offre de soins, les soignants pouvant être réquisitionnés pour assurer la continuité du service. Peu d’urgentistes, notamment les médecins, étaient d’ailleurs présents devant l’hôpital ce jeudi. “On ne peut pas abandonner le service. On ne peut pas sortir dehors pour manifester. Donc, c’est très difficile pour nous de se faire entendre”, explique Antoine, infirmier aux urgences.

Malgré tout, plusieurs dizaines de leurs collègues hospitaliers également en grève ce jeudi (psychologues, infirmiers anesthésistes, techniciens supérieurs hospitaliers et techniciens hospitaliers) sont venus soutenir le mouvement. Celui-ci se poursuit ce vendredi.

A l’hôpital de Pontivy, les médecins alertent sur les risques de fermeture de plusieurs services

Lits supprimés, services menacés de fermeture, après les syndicats de soignants et les élus, c’est au tour des médecins de l’hôpital de Pontivy d’alerter sur la situation critique que connaît leur établissement, faute d’effectif. Une situation partagée par la plupart des établissements publics de santé de la région.

Publié le 20/11/2021 à 18h13

https://france3-regions.francetvinfo.fr/bretagne/morbihan/pontivy/a-l-hopital-de-pontivy-les-medecins-alertent-sur-les-risques-de-fermeture-de-plusieurs-services-2343829.html

Le Centre Hospitalier du Centre Bretagne à Pontivy
Le Centre Hospitalier du Centre Bretagne à Pontivy • © FTV

MorbihanPontivy

« Les établissements du CHCB (Centre Hospitalier du Centre Bretagne) peinent de plus en plus à assurer la continuité/permanence des soins en raison d’une impossibilité de pallier le manque d’effectifs médicaux et paramédicaux« . Après les syndicats et les élus il y a un mois, c’est au tour des médecins de la commission médicale du CHCB d’alerter sur la situation critique de l’hôpital de Pontivy ce 19 novembre.

La solution de l’ARS est inopérante

Le 21 octobre dernier, soutenant l’appel à l’aide des soignants, la maire de Pontivy, Christine le Strat, qui est aussi présidente du conseil de surveillance de l’hôpital avait demandé le soutient de l’ARS (agence régionale de santé) : « C’est inenvisageable que nous fermions des services et que nous obligions des patients à faire 50 ou 60 km pour se soigner. Nous attendons que l’Etat et l’ARS nous aide et nous dote de moyens.« 

La solution proposée par l’ARS : faire jouer la solidarité entre les hôpitaux. Que les établissements les mieux dotés envoient leurs praticiens prêter main forte aux moins dotés.

Sauf qu’aujourd’hui, des hôpitaux qui ne savent que faire de leurs praticiens, ça n’existe plus. Au CHU de Rennes, les services d’urgence et de pédiatrie ont appelé au secours ces dernières semaines, et pendant l’été, l’hôpital de Fougères a dû fermer ses urgences à plusieurs reprises faute de personnel. 

« Des demandes de renfort ont été formulées auprès des établissements de santé environnants, mais les coopérations médicales et les rapprochements exigés par l’ARS Bretagne n’ont pas pu aboutir. Elles ne peuvent pas répondre à l’urgence d’une situation qui touche tous les établissements publics de santé » constate Marie-Hélène Aleman Trévidic, pharmacienne hospitalière et présidente de la commission médicale du groupement hospitalier du Centre-Bretagne, qui représente 30 à 40 % des médecins du groupement.

Plusieurs services menacés de fermeture

Maternité, pédiatrie, urgences, selon ces médecins, plusieurs services de l’hôpital de Pontivy sont menacés de fermeture. En soins de suite et de réadaptation, 50 lits ont déjà fermé et 20 de plus « vont l’être dans les jours prochains.« 

La direction du CHCB reconnaît que « les difficultés sont de plus en plus réelles » et déclare se mobiliser « au quotidien pour mettre en œuvre des solutions de remplacement et maintenir la continuité des soins, en lien étroit avec l’ARS« 

Une loi qui accroît encore les inquiétudes

Même si le ministre de la santé Olivier Véran a reporté son application à 2022, la Loi Rist qui a pour objectif de plafonner les rémunérations des médecins intérimaires embauchés dans les hôpitaux publics ne fait qu’accroître l’inquiétude, notamment dans les petits hôpitaux comme à Pontivy, qui ne fonctionnent encore que grâce à ces intérimaires. « En anesthésie, les médecins intérimaires ne poursuivront pas leurs missions au tarif réglementé par la loi Rist, le maintien des programmes opératoires sera compromis » craint la commission médicale.

Appel à mobilisation

Les médecins appellent la population du centre Bretagne  » à se joindre à leurs futures actions pour lutter contre la menace de fermeture des services de soin.« 

Une manifestation contre les déserts médicaux est notamment prévue devant le ministère de la santé le samedi 4 décembre prochain.

Services pédiatriques: sans solutions à long terme, le risque d’effondrement du système

Par Joséphine Codron le 20.11.2021 à 15h00 Lecture 4 min.

https://www.challenges.fr/entreprise/sante-et-pharmacie/services-pediatriques-sans-solutions-a-long-terme-le-risque-d-effondrement-du-systeme_789251

Les services de pédiatrie sont surchargés de gastro-entérites, de bronchiolites et autres infections virales. « On ne sait pas ce que va donner la grippe » prévient le Dr Emmanuel Cixous, qui pointe les risques de voir l’hôpital craquer.

Hôpital

Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’AP-HP, craint une situation catastrophique pour les établissements publics si rien n’est fait pour pallier le manque d’effectifs.GILE MICHEL/SIPA

« Ce n’est pas dans quelques années, mais dans quelques mois que l’on peut avoir un effondrement de l’hôpital ». Ce vendredi 12 novembre 2021, son diagnostic a fusé sur France Info: Rémi Salomon, président de la commission médicale de l’AP-HP, craint une situation catastrophique pour les établissements publics si rien n’est fait pour pallier le manque d’effectifs. En témoigne le report, le 21 octobre dernier, de la mise en application des sanctions contre le dépassement du tarif des médecins intérimaires à l’hôpital. Prévues par la loi RIST, elles veulent limiter le recours à l’intérim qui coûte très cher à l’hôpital public. Mais elles pourraient être, à court terme, une menace pour celui-ci.

« Cercle vicieux »

« Avec cette loi, les intérimaires iront vers le privé, où ils seront mieux payés. Or, si l’on perd les intérimaires, on devra fermer des services », estime Emmanuel Cixous, pédiatre depuis bientôt 30 ans. Également président du syndicat national des pédiatres en établissement hospitalier (SNPEH), il tire sur la sonnette d’alarme: « Sur le principe, bien sûr qu’on est agacé par les rémunérations trop élevées des médecins intérimaires, mais cette loi s’attaque à une conséquence et non à la cause, et ça pourrait, à court terme, aggraver la difficultés des services ». Et la situation se tend encore davantage dans les services de pédiatrie avec le retour des maladies hivernales. « Durant la pandémie, ça a été plus calme, mais les virus sont restés en bruit de fond et depuis le printemps, avec le relâchement des gestes barrières, on a des épidémies qui ont commencées plus tôt et plus fort ».

LIRE AUSSIMaladies hivernales, premier test grandeur nature en téléconsultation

C’est le cas de la bronchiolite du nourrisson qui sévit partout en France ces dernières semaines. « En ce moment, nous sommes blindés de gastro-entérites, de bronchiolites et autres infections virales. On ne sait pas ce que va donner la grippe », redoute le pédiatre. Et si les enfants sont moins souvent gravement malades, les traiter requiert un savoir-faire et des moyens plus importants. « Leur cas peut s’aggraver très vite et il faut alors, soit le perfuser pour éviter la déshydratation, soit l’oxygéner si c’est une maladie respiratoire. Et pour faire cela, il faut des lits avec sortie d’oxygène, du matériel et surtout du personnel » explique Emmanuel Cixous. Car perfuser un enfant est plus complexe que de perfuser un adulte. Il faut également rassurer les parents inquiets. « Il y a une pression psychologique importante en pédiatrie. Les gens ne restent pas, car il n’y a pas de reconnaissance. L’hôpital n’attire plus, ils ne sont pas tous remplacés, et la charge s’intensifie sur ceux qui restent, c’est un vrai cercle vicieux ».

« Du saupoudrage »

Un cercle vicieux qui ne pourra être stoppé que par des solutions à long terme. « C’est vrai qu’il y a eu le numerus apertus (nouveau système qui augmente le nombre de places en seconde année de médecine, ndlr), mais on n’en verra les effets que dans quelques années, et peut-être pas en pédiatrie », se désole Emmanuel Cixous. « Les moyens, les conditions de travail, les rémunérations ne donnent pas envie aux gens de rester. Mais qui soignera nos enfants demain? Il faut agir, et pas avec des fausses bonnes solutions comme restreindre les rémunérations des intérimaires en premier lieu. Il faut de vrais moyens pour rendre l’hôpital public a nouveau vivable et attractif ».

Des moyens à la hauteur de l’enjeu. Pour le pédiatre, les 4.000 lits annoncés il y a plus d’un an par le ministre de la Santé lors du dernier Ségur de la santé ne sont que « du saupoudrage ». À court terme, la solution reste la prévention afin de réduire le nombre d’enfants qui se rendent aux urgences. « On pourrait généraliser plus de vaccins de l’enfant. Il faut jouer sur tout ce qu’on peut pour réduire l’incidence des maladies. On a un vaccin contre la grippe, il est essentiel que les gens se vaccinent, car ce sont bien souvent les adultes qui contaminent les petits enfants. Et surtout maintenir les gestes barrières et des comportements de logique et d’hygiène, comme préconisé dans de nombreuses campagnes récentes. Mais même avec ça, on reste dans la peur que, chaque hiver, le système craque » prévient Emmanuel Cixous.

Hôpitaux universitaires de Strasbourg : pronostic vital engagé ?

À l’occasion d’une interpellation de Catherine Trautmann lors du conseil municipal de ce lundi, l’assemblée municipale a brossé le portrait d’hôpitaux universitaires en très mauvaise posture.Par Les Dernières Nouvelles d’Alsace – 17 nov. 2021 à 06:00 | mis à jour le 17 nov. 2021 à 16:24 – Temps de lecture : 2 min  |    |  Vu 22332 fois

https://www.dna.fr/sante/2021/11/17/hopitaux-universitaires-pronostic-vital-engage

Les HUS, au service Infectiologie.  Photo archives DNA /Laurent RÉA

Sans surprise, l’ancienne maire de Strasbourg et ancienne présidente du conseil d’administration des hôpitaux universitaires de la ville (HUS) a démarré son propos en rappelant « les dysfonctionnements liés au manque de moyens général dans les établissements hospitaliers, manque de moyens mis en lumière par le Covid »…

En chiffres, la dette des HUS s’élève à 479 M€, soit un record de France, que le Ségur de la santé a accepté de résorber de 188 M€ sur neuf ans. « C’est trop peu d’efforts de…

Dans les hôpitaux de la Manche, de nombreux infirmiers anesthésistes en grève pour défendre leur statut

Jeudi 18 novembre 2021 à 18:47 –  Par  Lucie ThuilletFrance Bleu CotentinManche

https://www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/dans-les-hopitaux-de-la-manche-de-nombreux-infirmiers-anesthesistes-en-greve-pour-defendre-leur-1637256551

« Nous faisons partie des oubliés du Ségur de la Santé » : dans les hôpitaux de la Manche, de nombreux infirmiers anesthésistes participent au mouvement de grève, débuté le 2 novembre et demandent une meilleure reconnaissance de leur niveau de formation, d’autonomie et de responsabilité.

Les infirmiers anesthésistes en grève réclament "un meilleur statut qui corresponde au niveau de formation, d'autonomie et de responsabilité". Photo d'illustration
Les infirmiers anesthésistes en grève réclament « un meilleur statut qui corresponde au niveau de formation, d’autonomie et de responsabilité ». Photo d’illustration © Radio France – Romain Berchet

C’est une grève quasi-invisible pour le grand public. Et pourtant, dans les blocs opératoiresdes hôpitaux manchois, une très grande majorité des infirmiers anesthésistes participent à un mouvement de grève nationale depuis début novembre. A Saint-Lô, quelques interventions ont dû être reportées mais il s’agit surtout de débrayages ponctuels le matin. A Avranches et Cherbourg, il y a peu d’incidence sur les opérations chirurgicales car les grévistes sont « réquisitionnés » et donc travaillent.

Ces infirmiers anesthésistes réclament une meilleure reconnaissance de leur niveau d’autonomie et de leurs responsabilités dans  le bloc opératoire et veulent que leur statut évolue vers celui d’auxiliaires médicaux en pratique avancé.

Ce qui a mis le feu aux poudres, c’est le Ségur de la Santé. 

Nous faisons partie des oubliés du Ségur. Or on a été beaucoup sollicités pendant cette période du Covid donc nous sommes très déçus. Nous voulons une reconnaissance à la hauteur de notre formation puisque nous faisons deux ans de plus de spécialisation en anesthésie « , explique Sophie, infirmière anesthésiste à Saint-Lô

Pour une meilleure reconnaissance

Le gouvernement souhaite augmenter le nombre d’infirmiers en pratique avancée, ces infirmiers qui peuvent réaliser un certain nombre d’actes ou de soins délégués par les médecins, pour leur faire gagner du temps.  Or « ce sont des choses que nous faisons déjà au quotidien » clament les grévistes qui souhaitent que cela soit mieux reconnu :

Le médecin anesthésiste ne peut pas être dans plusieurs salles d’opération en même temps. Donc une fois le patient endormi, nous sommes ses yeux et ses mains. Et si on rencontre un problème, on fait appel à lui. Donc cela nécessite un raisonnement clinique, une connaissance parfaite de nos patients et une adaptation de l’anesthésie, détaille l’un des grévistes de l’hôpital Pasteur de Cherbourg.

Leur crainte, c’est que leur formation – spécifique par rapport aux autres infirmiers avec deux ans de spécialisation en anesthésie – ne soit revue à la baisse. Ils réclament donc un statut différent d’auxiliaire médical.

Lucie Thuillet

Lucie ThuilletFrance Bleu Cotentin

Les techniciens des hôpitaux refusent d’être les « oubliés » du Ségur

Cette fois, ce sont les techniciens des hôpitaux qui ont protesté ce mardi contre l’absence de revalorisation de leur catégorie avec le Ségur. © Crédit photo : Archives AFP


Lecture 1 min
Accueil Sud Ouest Éco Social


Cette fois, ce sont les techniciens des hôpitaux qui ont protesté ce mardi contre l’absence de revalorisation de leur catégorie avec le Ségur.


Par SudOuest.fr avec AFP
Publié le 16/11/2021 à 18h32

https://www.sudouest.fr/economie/social/les-techniciens-des-hopitaux-refusent-d-etre-les-oublies-du-segur-6963442.php


Quelque 150 techniciens et techniciens supérieurs des hôpitaux publics se sont rassemblés mardi aux abords du ministère de la Santé à Paris pour réclamer des hausses de salaires, se disant « oubliés » du Ségur de la santé
Cadres chargés de veiller à nourrir les patients, laver leurs draps, entretenir les équipements médicaux comme les respirateurs, maintenir l’alimentation électrique en continu des bâtiments ou encore « coder » les interventions médicales pour l’assurance-maladie, les techniciens des hôpitaux publics se déclarent en « colère » de ne pas avoir été revalorisés au même titre que les soignants.

« Sans nous, il n’y a pas d’hôpital. Olivier Véran, il faut sortir le carnet de chèques. Le Ségur, c’est aussi pour nous », ont clamé les manifestants.

Personnels d’encadrement, ils disent gagner désormais par mois « 800 euros de moins qu’un cadre paramédical, 200 euros de moins qu’un infirmier, et moins aussi qu’un aide-soignant », a déploré Rémy Senouillet, de la CGT.

Francis Dodray, 56 ans, déplore particulièrement le fait que « les primes ne compteront pas pour la retraite ». « 40 % du salaire est sous forme d’indemnités, si bien que nous perdons 48 % de notre salaire à la retraite », insiste Rémy Senouillet.

Une délégation syndicale a été reçue une heure au ministère pour présenter ses revendications mais sans rien obtenir, a expliqué le syndicaliste en évoquant une possible nouvelle journée de mobilisation.

SUR LE MÊME SUJET
« J’aime trop ce métier, mais j’y perds ma flamme » : le blues des soignants, prêts à claquer la porte https://www.sudouest.fr/france/j-aime-trop-ce-metier-mais-j-y-perds-ma-flamme-le-blues-des-soignants-prets-a-claquer-la-porte-6956071.php

Plus de 18 mois de crise sanitaire ont achevé de démoraliser de nombreux soignants, qui estiment que leurs conditions de travail n’ont jamais été si mauvaises

« On est inquiet car l’épidémie de bronchiolite est précoce et intense cette année » : à Nancy, l’hôpital d’enfants sous tension

Par  Delphine Roucaute  (Nancy, envoyée spéciale)

Publié hier à 11h30, mis à jour à 06h17

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/11/20/l-hopital-d-enfants-de-nancy-sous-tension-fait-face-a-l-epidemie-de-bronchiolite_6102957_3224.html

REPORTAGE

Alors que la région Grand-Est est en alerte épidémique pour cette maladie respiratoire infantile, les autres pathologies de l’hiver viennent s’ajouter à des services pédiatriques sous-dotés.

A quelques mètres de l’imposante barre seventies du CHRU Brabois, dans la banlieue sud de Nancy, l’hôpital d’enfants émerge de la fine pluie glaçante de cette mi-novembre. A l’entrée des urgences pédiatriques, seules quelques peluches multicolores pendues aux arbres rappellent que le lieu est dédié à l’accueil des 0 à 18 ans. La région Grand-Est est en phase épidémique pour la bronchiolite depuis un long mois, mais c’est pourtant une impression de calme qui domine dans les couloirs verts, bleus et orange où l’on baisse spontanément le volume de sa voix. Difficile d’imaginer que les quatre-vingt-trois lits qu’héberge la structure sont presque tous occupés.

Ce lundi midi, un seul enfant est en attente, et les soins prodigués concernent surtout des blessures du quotidien. « Aux urgences, le pic c’est plutôt vers 19 heures-21 heures », remarque Delphine Banton, la cadre du service, chargée d’organiser le travail de l’équipe paramédicale et de gérer la disponibilité des lits dans cet « hôpital dans l’hôpital ». Si le Covid-19 a provoqué une baisse d’activité de 30 % en 2020, le rythme habituel de soixante-dix passages aux urgences par jour s’est très vite à nouveau imposé, pour accélérer avec le retour des pathologies hivernales telles que la gastro-entérite, les rhumes, l’asthme et surtout la bronchiolite.

Cette année, l’épidémie a frappé particulièrement tôt et fort dans cette région, inquiétant les services hospitaliers dès octobre, alors que les alertes interviennent habituellement plutôt en décembre. Les vacances de la Toussaint ont apporté un court répit mais, déjà, on enregistre jusqu’à quatre-vingt-dix visites par jour toutes pathologies confondues. « On revient à des temps d’attente de six heures parfois pour les patients non prioritaires, ce qui est comparable à ce qu’on observe dans les pôles adultes du CHU, alors que le temps moyen en pédiatrie est plutôt de deux heures et demie », observe Delphine Banton.

© Mathieu Cugnot / Divergence. France, Nancy le 15 novembre 2021. Le service des urgences pŽdiatriques de Nancy est sous tension avec un rebond de l’ŽpidŽmie de bronchiolite. La rŽgion Grand Est fait partie des rŽgions les plus touchŽes par la bronchiolite avec la crainte d’une saturation des services pŽdiatriques. Olympe Neyhouser (G), MŽdecin Interne et Ludivine Rharus (D), Žtudiante hospitalier, travaillent ˆ l’unitŽ post-urgence polyvalente pŽdiatrique (UPUP) au CHRU de Nancy.

Dans cette période d’entre-deux pour la bronchiolite, les équipes se préparent à monter en charge. « On a l’habitude de gérer cette situation de saturation tous les hivers, mais ce n’est pas pour autant qu’on est équipés pour », alerte Cyril Schweitzer, le directeur du pôle enfants-néonatalogie du CHU. En pédiatrie, l’activité varie du simple au double entre l’été et l’hiver. Et comme « la boîte à CV est vide », il faut fonctionner à effectif constant et jouer avant tout sur les heures supplémentaires. « En hiver, on demande un effort pendant trois mois à l’équipe et les heures sont rendues en été, ce qui correspond en général à une semaine de congés », souligne Valérie Ratajczak, cadre du pôle enfants-néonatalogie.

Une structure pourtant privilégiée

Pourtant, la structure est dans une situation privilégiée par rapport aux voisins du CHRU ou aux autres services de pédiatrie de la région. Une seule infirmière a été suspendue à cause de l’obligation de présenter son passe sanitaire et, si quelques postes sont vacants au niveau paramédical, cela n’a entraîné aucune fermeture de lit. En 2018, presque 2 millions d’euros ont servi à rénover les urgences. Un coup de frais bienvenu dans ce bâtiment « resté dans son jus » depuis 1982. L’hôpital d’enfants bénéficiera également de l’investissement de 420 millions d’euros que l’Etat a annoncé pour la reconstruction du CHRU sur le site de Brabois dans le cadre du Ségur de la santé.

Cyril Schweitzer sait qu’il devra passer de quatre-vingt-trois à soixante-quinze lits de médecine, alors qu’une trentaine ont déjà dû être fermés depuis qu’il est devenu directeur en 2012. « Mais on a surtout besoin de mètres carrés disponibles à activer en fonction des pics d’activité, on a besoin de secteurs très accordéon, malheureusement le contexte hospitalier ne nous permet pas de nous organiser comme ça », regrette-t-il.

© Mathieu Cugnot / Divergence. France, Nancy le 15 novembre 2021. Le service des urgences pŽdiatriques de Nancy est sous tension avec un rebond de l’ŽpidŽmie de bronchiolite. La rŽgion Grand Est fait partie des rŽgions les plus touchŽes par la bronchiolite avec la crainte d’une saturation des services pŽdiatriques. Le Dr BlondŽ (D), mŽdecin, examine Elena, 5 ans admise en raison d’une crise d’asthme sŽvre.

Au premier étage, le secteur bronchiolite, qui accueille les pathologies respiratoires, a été étoffé de plusieurs infirmières il y a une semaine. Axel, un beau bébé de 10 mois, a passé le week-end dans un petit lit à barreaux blancs entouré de moniteurs clignotants. Un saturomètre surveillant la quantité d’oxygène dans son sang fait briller son gros orteil d’une étrange lumière rouge. Fièvre, problèmes respiratoires et difficultés d’alimentation : c’est ce tableau clinique typique de la bronchiolite qui a poussé sa mère à l’emmener aux urgences. Son état s’est rapidement amélioré et n’a pas nécessité l’installation d’une sonde nasogastrique pour l’alimenter, contrairement au bébé de 17 jours accueilli dans la chambre voisine, très affaibli par cette maladie qui touche plus durement les enfants de moins de 2 mois. « On est inquiet parce que l’épidémie est précoce, intense, et on ne sait pas comment elle va évoluer », anticipe Aurore Blondé, pneumopédiatre et coréférente du secteur. A l’étage du dessus, des lits disponibles en hématologie feront office de soupape de sécurité quand l’épidémie franchira un nouveau pic.

Le retour de l’asthme

L’hiver signe aussi le retour de l’asthme en raison du froid, de l’humidité et des infections qui fragilisent les voies respiratoires. Elena a aussi passé le week-end à l’hôpital. A 4 ans et demi, elle n’a aucun antécédent d’asthme, et c’est pourtant une crise violente qui l’a conduite en réanimation, où elle a reçu de l’oxygène en continu pendant vingt-quatre heures. Un jour plus tard, la voici déjà sautillante dans son lit, les yeux plein de malice derrière ses petites boucles blondes. Il est trop tôt pour poser un diagnostic définitif, et Elena devra être suivie pour savoir si elle développe un asthme chronique ou non.

© Mathieu Cugnot / Divergence. France, Nancy le 15 novembre 2021. Le service des urgences pŽdiatriques de Nancy est sous tension avec un rebond de l’ŽpidŽmie de bronchiolite. La rŽgion Grand Est fait partie des rŽgions les plus touchŽes par la bronchiolite avec la crainte d’une saturation des services pŽdiatriques. Une infirmire pratique des soins sur Timeo, prŽmaturŽ, nŽ ˆ 7 mois, atteint d’une entŽrocolite nŽcrosante nŽonatale (ECN), maladie qui touche les enfants nŽs prŽmaturŽment, dans une chambre du service de rŽanimation pŽdiatrique du CHRU de Nancy.

Au sous-sol, la « réa » s’appréhende à pas feutrés après avoir franchi un sas où le lavage des mains est obligatoire. Dans la chambre de Timéo, prématuré né à 32 semaines avec ses frères triplés, la lumière tamisée et les chuchotements accueillent son retour du bloc, où il était opéré pour une entérocolite, l’urgence gastro-intestinale la plus fréquente chez les nouveau-nés. Son petit corps endormi se distingue dans la multitude de tubes. Dans l’espace surchauffé, ses parents fatigués assistent au bal des infirmières autour du cocon translucide.

Exceptionnellement, seuls dix lits sur quatorze sont actuellement occupés dans le service. « Mais ça nous arrive régulièrement d’être à plus de 100 % de notre capacité d’accueil : ce n’est plus conjoncturel, ça devient structurel », proteste Noël Boussard, chef des réanimations. Il n’enregistre pas de fuite de personnel comme dans d’autres services du CHU, mais entre les arrêts maladies, les congés maternité et les rattrapages d’heures supplémentaires, il y a en permanence six infirmières absentes sur quarante-deux. « Donc on est ric-rac tous les jours. Il ne faudrait pas qu’une nouvelle pathologie nous prenne d’assaut. Mais bon, on ne va pas pleurer avant de se faire battre », sourit l’anesthésiste, qui prévient : pour la cinquième vague de Covid-19, son service n’accueillera plus les adultes qu’il a pris en charge les dernières fois. D’abord pour des raisons éthiques. Il refuse de mettre en danger les enfants à cause d’adultes qui refusent de se faire vacciner. « Et, de toute façon, l’hôpital d’enfants est déjà en tension, donc on n’a plus de places pour accueillir des adultes », avertit M. Boussard.

« Néonatalogie, chirurgie : il y a une pression globale sur la pédiatrie en ce moment », acquiesce Cyril Schweitzer. De plus, l’activité en pédopsychiatrie a explosé à la faveur des confinements. Actuellement, cinq à six enfants sont hospitalisés ici parce que la plupart des lits de pédopsychiatrie sont saturés dans la région. « On est le dernier recours du territoire, conclut Cyril Schweitzer. On s’arrangera toujours pour accueillir les enfants. »Delphine RoucauteNancy, envoyée spéciale

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

Laisser un commentaire