Publié le 19/11/2021
Réquisitionner des libéraux pour colmater les brèches de l’hôpital ? La DGS met le feu aux poudres

Paris, le vendredi 19 novembre 2021
– Dans une note « DGS urgent » transmise le 17 novembre, le ministère de la santé souligne « les difficultés à remplir les tableaux de garde ou à maintenir une offre de soins complète (…) rencontrées dès cet automne dans les établissements » et en particulier dans les services d’urgence.
Est-ce aux libéraux de sauver l’hôpital public ?
Dans ce contexte, la DGS formule une série de recommandations qui ont trait aux établissements eux-mêmes (gestion interne des personnels, appel aux volontaires… ), à « la solidarité territoriale » (appel aux volontaires..), et à la coercition !
Ainsi, « Si, à l’issue (des consultations et démarches), le tableau de garde reste incomplet, le conseil départemental de l’ordre des médecins adressera un rapport au directeur de l’ARS. Ce rapport (…) dressera la liste des médecins susceptibles d’exercer la permanence des soins, dont l’adresse et les coordonnées téléphoniques professionnelles sont précisées. Le directeur général de l’ARS communique ces éléments au préfet de département (…) afin que celui procède, le cas échéant, aux réquisitions prévues » indique la DGS.
Quand le gouvernement se rétracte…pour proposer pire !
Cette menace de réquisitions a provoqué (comme on pouvait s’y attendre) l’ire des médecins.
Dans un communiqué commun de praticiens hospitaliers et de jeunes médecins*, trois syndicats évoquent un « message glaçant de la part du ministère » qui met en évidence que « l’hôpital public ne peut plus soigner correctement tout le monde » et qui illustre « l’échec cinglant » du Ségur.
“On s’inquiète au niveau de l’exécutif. Réquisitions annoncées« , commente pour sa part le Dr Jérôme Marty, président de l’UFML-S, sur Twitter. Il soulève “On remarquera que les libéraux sont juste bons à être réquisitionnés (pas de primes et ou autres arrangements économiques pour eux). Ça va pas le faire« , poursuit-il.
Ce DGS-Urgent a finalement été annulé et remplacé hier en fin de journée avec une modification qui prévoit l’exclusion des internes de la majoration des indemnités de gardes ! “C’est pire que du mépris”, fustige la vice-présidente en charge de la médecine hospitalière de Jeunes médecins sur Twitter.
L’hiver sera chaud…
*Syndicats APH, Jeunes médecins et l’INSI
F.H.
Six mois obligatoires dans un désert pour être conventionné : l’Assemblée retire l’amendement
Par Marion Jort le 19-11-2021

En commission des Affaires sociales, les députés ont retiré l’amendement 41 bis A du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, déposé par la sénatrice Corinne Imbert, qui conditionnait le conventionnement des jeunes médecins libéraux à six mois d’exercice obligatoire en zone sous-dotée.
C’est le point final à la bronca des médecins qui dure depuis près d’une semaine : jeudi 18 novembre, un amendement au PLFSS, déposé par le rapporteur général Thomas Mesnier, a été adopté à l’Assemblée, supprimant ainsi un amendement déposé par Corinne Imbert et voté au sénat le 12 novembre dernier. Ce dernier prévoyait, en effet, que le conventionnement des jeunes médecins serait conditionné à six mois de remplacement obligatoire dans des zones sous-dotées.
Les syndicats d’internes et de jeunes médecins avaient dénoncé une mesure qui ne rendait pas service à la médecine libérale, craignant l’abandon des spécialités de premiers recours au profit de spécialités hospitalières, non-soumises à l’amendement voté par le Sénat.
L’amendement du Sénat au #plfss2022 obligeant les jeunes médecins à exercer 6 mois en désert médical est retiré par la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale !
Merci à @MESNIERThomas pour ce bon sens qui manque visiblement à de nombreux parlementaires pic.twitter.com/T5dMJGW4sJ
— Paracétamed (@Paracetamed) November 18, 2021
Trois ans dans un désert pour chaque jeune médecin : qui dit mieux?
Le texte sera examiné deuxième lecture par les députés le 22 novembre prochain.
Commentaires Dr Jean Scheffer:
L’ire des médecins libéraux devant une éventuelle réquisition peut se comprendre, mais si les urgences hospitalières sont surchargées c’est aussi en raison d’une garde libérale souvent déficiente ou inexistante dans de nombreux territoires après 20h. Depuis la non obligation de la participation à la garde libérale, plus de 50% de ces derniers n’y participent pas. Comme il est dit, parfois il est préférable de balayer devant sa porte.