Transition écologique et défis économiques (Dossier II)

La fracture Nord-Sud menace le combat pour le climat

« Transition écologique, défis économiques » (5/5). Les économies en développement manquent de financement pour lutter contre le réchauffement et s’adapter à ses conséquences. 

Par Julien Bouissou Publié le 23 octobre 2021 à 00h27 – Mis à jour le 23 octobre 2021 à 06h59  

Temps de Lecture 6 min. 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/23/la-fracture-nord-sud-menace-le-combat-pour-le-climat_6099601_3234.html

QUENTIN FAUCOMPRÉ

Le manque de solidarité entre Etats riches et pauvres risque de freiner la lutte contre le changement climatique. Lors de la Conférence de Paris sur le climat de 2015 (COP21), les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars (86 milliards d’euros, au cours actuel) par an d’ici à 2020 à destination des nations en développement. Seuls 80 milliards de dollars ont été redistribués en 2019, selon les derniers chiffres publiés en septembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ce montant ne devrait guère être plus élevé en 2020.

Un chiffre « décevant », a reconnu Yannick Glemarec, le directeur du Fonds vert pour le climat, dont le rôle est d’aider les pays désargentés à financer la lutte contre le réchauffement de la planète. L’objectif est pourtant « important pour établir un climat de confiance », a-t-il ajouté, à quelques jours de l’ouverture de négociations cruciales. Alors que la COP26 doit se tenir à Glasgow (Ecosse), du 31 octobre au 12 novembre, les pays du Sud se laisseront plus difficilement convaincre par de nouvelles promesses si celles d’hier n’ont pas été tenues

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Et ce, d’autant que l’enveloppe des 100 milliards de dollars est jugée insuffisante. « Savoir comment parvenir à cet objectif va être un sujet de discussion important à Glasgow, souligne Simon Wilson, directeur de la communication du Fonds vert pour le climat, mais il faut en réalité des milliers de milliards de dollars pour financer la transition vers une économie décarbonée. » Lors d’une réunion virtuelle, le 30 septembre, le ministre indien des affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar, a remarqué que la somme de 100 milliards de dollars n’atteignait même pas le budget des droits de retransmission de la Ligue professionnelle de football américain (NFL).

Si la Chine, les Etats-Unis et l’Union européenne concentrent à eux seuls environ la moitié des émissions mondiales de CO2, une partie importante de la bataille pour le climat va se jouer dans les pays à bas et moyen revenu. « Les économies en développement ne reçoivent qu’un cinquième des investissements mondiaux dans l’énergie propre, alors qu’elles pourraient représenter 80 % de la croissance des émissions au cours des prochaines décennies », a rappelé Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un entretien accordé au Monde en octobre.

Manne des investissements privés

Cette transition coûte cher : il faut construire des parcs solaires ou d’éoliennes, de nouvelles infrastructures urbaines ou de transport, dans des pays où le coût du capital est plus élevé qu’ailleurs. La Banque mondiale chiffre les besoins en investissement entre 1 000 milliards et 2 000 milliards de dollars par an, dans les seules nations en développement.

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« Ils font face à un choix cruel : celui de s’endetter encore davantage pour agir contre le réchauffement, ou de revoir à la baisse leurs ambitions par manque de ressources », avancent plusieurs organisations originaires des pays du Sud dans un rapport coordonné par l’ONG kényane Power Shift Africa et intitulé « COP26 : Delivering the Paris Agreement », paru en juillet. Dans le monde, des dizaines de pays affaiblis par la pandémie de Covid-19 sont déjà proches d’une crise de la dette.

Dans un rapport publié en octobre, le Fonds monétaire international note que les investissements estampillés « durables » ont doublé ces quatre dernières années

Reste la manne des investissements privés. Comment rediriger une partie des milliers de milliards de dollars de dépôts rémunérés à des taux d’intérêt très faibles, voire négatifs, en Europe et aux Etats-Unis vers les pays émergents qui ont besoin d’investir dans la lutte contre le dérèglement climatique ?

Dans un rapport publié en octobre, le Fonds monétaire international (FMI) note que les investissements estampillés « durables » ont doublé ces quatre dernières années, pour atteindre les 3 600 milliards de dollars dans le monde. Toutefois, ceux destinés au climat n’en représentent qu’une petite fraction, évaluée à 130 milliards de dollars.

« Les investissements “verts” sont pourtant moins volatils et moins risqués, mais ils ne sont rentables que sur le long terme », explique Tobias Adrian, responsable du département marchés monétaires et de capitaux au FMI. A cela s’ajoutent certains obstacles spécifiques aux marchés en développement, comme l’absence d’information sur les émissions de carbone par entreprise et par secteur ou un environnement politique ou réglementaire instables. « Les financements pour réduire les émissions de CO2 dans les pays en développement se concentrent dans seulement quelques secteurs, dont celui de l’énergie, car il est difficile d’investir dans d’autres comme celui de la construction, fragmenté entre de multiples acteurs », reconnaît Gagan Sidhu, du groupe de réflexion CEEW, sis à Delhi.

« Un défi de financement »

« Il faut de bonnes politiques, de bonnes réglementations et de bonnes incitations pour que l’argent serve à atteindre les objectifs de l’accord de Paris », résume Stéphane Hallegatte. Pour cet économiste à la Banque mondiale spécialisé dans l’adaptation au changement climatique, « c’est un défi de financement plutôt qu’un défi économique qui se pose ».

Les coûts d’une centrale à charbon sont équivalents à ceux d’un parc solaire sur le long terme, mais l’investissement de départ est beaucoup plus important pour le solaire. Il faut donc adapter le système financier afin qu’il valorise les bénéfices à longue échéance. Cela passe par un usage de la « finance mixte », où les investissements publics jouent le rôle de catalyseur ou privilégient les nouvelles technologies, par définition plus risquées.

Les intérêts des pays riches et pauvres ne coïncident pas toujours. Si les premiers favorisent les investissements destinés à réduire les émissions de CO2, les seconds veulent en utiliser une partie pour se protéger des conséquences du dérèglement climatique. En 2016, les Nations unies ont évalué le coût d’adaptation au réchauffement du climat à un montant compris entre 140 milliards et 300 milliards de dollars chaque année d’ici à 2030, dans les seules économies en développement.

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Il faut construire des digues dans certaines régions, investir dans une agriculture résiliente aux sécheresses ailleurs… Or, d’après les chiffres de l’OCDE, les deux tiers des financements des pays riches sont consacrés à des projets d’« atténuation » du changement climatique, contre un tiers seulement pour des projets d’adaptation, alors que l’accord de Paris prévoit un équilibre entre les deux. Ils sont aussi aux deux tiers constitués de prêts, alors que les pays en développement considèrent que les nations fortunées ont plutôt une dette envers eux, eu égard à leur responsabilité dans le dérèglement climatique.

« Les pays en développement sont les premières victimes du réchauffement », souligne Tobias Adrian, du FMI, comme l’illustrent les inondations survenues au Népal et en Inde à la mi-octobre, les pires depuis un siècle, qui ont fait au moins 190 morts.

Après la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux nouvelles conditions climatiques, un troisième volet est en train d’émerger, celui de la compensation des dommages causés par le réchauffement climatique. Les inondations dans le sud de l’Inde, en 2018, avaient coûté 3,5 milliards d’euros, une somme trente fois plus élevée que le budget du Fonds d’indemnisation pour les catastrophes du pays. Plusieurs ONG des Etats du Sud, dont Power Shift Africa, réclament la création d’un fonds mondial censé couvrir ces pertes et la nomination d’un représentant spécial chargé de cette question.Retrouvez tous les articles de la série « Transition écologique, défis économiques »

Alors que la COP26 débute le 1er novembre à Glasgow, en Ecosse, Le Monde tente de répondre à deux questions : comment financer la transition écologique ? Et qui va payer ?

Julien Bouissou

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Alors que la COP26 débute le 1er novembre à Glasgow, en Ecosse, Le Monde tente de répondre à deux questions : comment financer la transition écologique ? Et qui va payer ?

*Orsted, récit d’une transition écologique à marche forcée d’un énergéticien danois

« Transition écologique, défis économiques » (4/5). Le groupe, dont 85 % de la production reposait en 2009 sur les énergies fossiles et 15 % sur le renouvelable, a réussi à inverser la balance pour devenir le numéro un mondial de l’éolien offshore. 

Par Anne-Françoise Hivert(Copenhague, Danemark, envoyée spéciale)Publié le 22 octobre 2021 à 02h13 – Mis à jour le 22 octobre 2021 à 16h28  

Temps de Lecture 5 min. 

https://www.lemonde.fr/energies/article/2021/10/22/orsted-recit-d-une-transition-ecologique-a-marche-forcee-d-un-energeticien-danois_6099444_1653054.html

QUENTIN FAUCOMPRÉ

Comme toute bonne histoire, celle-ci commence par un échec retentissant. En 2002, la compagnie d’énergie danoise Elsam inaugure Horns Rev1, le premier parc éolien offshore commercial du monde, en mer du Nord : 80 turbines d’une puissance totale de 160 mégawatts (MW) sont installées à 14 km des côtes du pays. Mais, conçues pour être implantées sur terre, elles se révèlent vite inadaptées aux conditions extrêmes de l’offshore. Les avaries s’enchaînent. Finalement, en 2004, les pales et les nacelles sont démontées, pour être réparées au sec. Torben Kenneth Hansen, ingénieur électrique, se rappelle : « Nos collègues des centrales à charbon demandaient, en rigolant, à quoi servaient ces longues cheminées en mer, sans fumée, qui ne produisait pas d’électricité. »

Aujourd’hui, ce qui n’est plus qu’une anecdote dans la brève histoire de l’offshore éolien en dit beaucoup sur le chemin parcouru. L’épisode refroidira longtemps le secteur. En 2006, quand Elsam fusionne avec cinq autres compagnies énergétiques danoises, pour former DONG (Danish Oil and Natural Gas) Energy, ce sont les énergies fossiles qui constituent le plus gros du portefeuille d’activités de la nouvelle compagnie : l’exploration et l’extraction de gaz et de pétrole en mer du Nord, ainsi que l’exploitation d’énormes centrales à charbon, responsables d’un tiers des émissions de CO2 au Danemark.

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Il faudra moins de quinze ans à DONG Energy pour réussir une des métamorphoses les plus impressionnantes du secteur et devenir le numéro un mondial de l’éolien offshore, avec un tiers des parts de marché. Rebaptisé « Orsted » en 2019 – du nom du physicien danois Hans Christian Orsted (1777-1851), à l’origine de la découverte de l’interaction entre électricité et magnétisme –, le groupe danois tire aujourd’hui plus de 98 % de ses revenus de la production d’énergie renouvelable. Entre 2007 et 2020, il a baissé de 86 % ses émissions de CO2, tout en doublant presque son résultat d’exploitation (18,1 milliards de couronnes en 2020, soit 2,4 milliards d’euros).

Le rapport Stern de 2006

Mais revenons en 2006, année de naissance de DONG Energy, une compagnie contrôlée à 76,5 % par l’Etat, qui réalise près de 9 % de son chiffre d’affaires sur le marché danois. « Nous étions convaincus que nous devions croître dans chacun de nos secteurs d’activité », se rappelle Jakob Boss, alors assistant exécutif du PDG, Anders Eldrup. Sauf que le vent commence à tourner : « Le débat sur le changement climatique est arrivé », explique M. Boss, aujourd’hui vice-président chargé de la stratégie chez Orsted.

Il y a d’abord le rapport Stern, publié en 2006, « qui disait qu’il serait moins cher, pour les entreprises, d’agir que d’attendre, car les conséquences du changement climatique allaient être bien pires que les investissements nécessaires pour transformer le système ». En 2008, l’Union européenne adopte son paquet énergie climat 2020. Objectif : baisser la consommation d’énergie et les émissions de CO2de 20 % avant 2020 et accroître d’autant la part du renouvelable dans la consommation finale brute.

En décembre 2009, Copenhague doit accueillir la COP15 sur le climat. Le Danemark se présente volontiers comme un pionnier dans la lutte contre le réchauffement climatique, mais ses centrales à charbon font tache sur la carte postale. En septembre 2008, Anders Eldrup publie un plaidoyer, dans le journal Politiken, en faveur d’« un système énergétique complètement différent », où le renouvelable remplacera les énergies fossiles. Un an plus tard, juste avant l’ouverture de la COP15, DONG Energy, qui produit 85 % de son énergie à base d’hydrocarbures et 15 % à base d’énergies renouvelables, s’engage à inverser le mix d’ici à 2040. Et, dans la foulée, la compagnie renonce à construire une gigantesque centrale à charbon à Greifswald (nord de l’Allemagne).

« Les salariés ne comprenaient pas vraiment »

Malgré les débuts laborieux du parc Horns Rev1, l’énergéticien décide de miser sur l’éolien offshore : un secteur d’activité balbutiant, mais ils « en voy[aient] le potentiel, à condition de presser les prix vers le bas », raconte Jakob Boss. En 2009, DONG Energy acquiert A2SEA, la société danoise d’installation et de service de parcs éoliens offshore, et passe commande de 500 turbines de 3,6 MW à l’allemand Siemens.

Ce changement de stratégie n’est pas du goût de tout le monde. « Les salariés qui travaillaient dans les centrales thermiques ne comprenaient pas vraiment », révèle Torben Kenneth Hansen. Certaines centrales sont converties à la biomasse, d’autres fermées. En mars 2012, le licenciement soudain d’Anders Eldrup – officiellement en raison des rémunérations démesurées de ses collaborateurs – fait planer le doute sur l’adhésion du conseil d’administration au plan éolien.

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D’autant que, cette année-là, la compagnie vacille, sous la chute des prix du gaz.« Nos revenus ont plongé d’un tiers, et notre dette a augmenté d’autant », souligne Jakob Boss. Avec du recul, la crise aura du bon. Elle va accélérer la transition, par le biais d’un programme qui prévoit la baisse de 20 % des coûts, un recentrage sur quatre des douze secteurs d’activités de l’entreprise, avec des désinvestissements massifs dans le gaz et le pétrole et l’arrivée de nouveaux investisseurs : des fonds de pension, mais aussi la banque Goldman Sachs, qui entre au capital de l’entreprise, non sans provoquer une crise politique en janvier 2014, avec l’implosion de la coalition gouvernementale.

Plusieurs plans sociaux

FILE – In this Aug. 15, 2016 file photo, three wind turbines from the Deepwater Wind project stand off Block Island, R.I. Ørsted U.S. Offshore Wind, a division of a Denmark-based developer, is opening a hub on Monday, March 2, 2020, in Providence, R.I., that its executives hope will help accelerate the takeoff of the industry in the United States. (AP Photo/Michael Dwyer, File)

Plusieurs partis politiques s’interrogent sur la stratégie de DONG Energy. Et pourtant, la direction tient bon. En 2013, elle s’engage à baisser ses prix entre 30 % et 40 %, pour être au niveau de l’électricité conventionnelle d’ici à 2020. « Nous savions que c’était nécessaire pour que l’éolien offshore devienne une technologie énergétique compétitive sur le long terme », relate le vice-président chargé de la stratégie.

Mission accomplie dès 2016, avec deux contrats remportés aux Pays-Bas aux tarifs les plus bas du marché. La même année, Orsted entre en Bourse (l’Etat danois conserve 50,4 % des actions). Et, finalement, l’objectif fixé pour 2040 est atteint… en 2019 : le renouvelable compte alors pour 86 % de l’énergie produite par la compagnie, qui réalise 90 % de son chiffre d’affaires hors du Danemark.

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Au fil des ans, plusieurs plans sociaux ont été mis en place, notamment dans les centrales. Jakob Boss récuse l’idée d’une transition faite sur le dos des salariés, dont le nombre – autour de 6 500 dont 60 % au Danemark – n’a pas changé. Certains ont pu se reconvertir au sein de l’entreprise : « Les compétences ne sont pas si différentes », constate Torben Kenneth Hansen. Orsted a aussi beaucoup misé sur la formation en interne : « Ce n’est pas comme si on pouvait aller à Pôle emploi et recruter des ouvriers spécialisés dans la maintenance de turbines offshore », remarque M. Boss.

Après avoir fermé sa dernière centrale au charbon à Esbjerg (Danemark) en 2023, Orsted prévoit d’atteindre la neutralité carbone en 2025. Objectif pour l’avenir : rester le numéro un de l’offshore éolien et se positionner sur l’onshore, le solaire et l’hydrogène « vert ».Et soudain, l’économie se décarbone

Si l’humanité veut limiter le réchauffement climatique à 2 °C, de nombreux secteurs économiques sont appelés à basculer brutalement. L’automobile, avec le passage aux véhicules électriques, entame ce virage, et les secousses sont déjà violentes. Les bâtiments, qu’il faut mieux isoler et chauffer de façon moins polluante, sont beaucoup plus en retard. Dans chaque cas, cela signifie de fortes pertes d’emplois dans les secteurs déclinants et de nombreuses créations pour ceux qui en profiteront. Dans ce quatrième épisode de notre série sur les défis économiques de la transition écologique, nous revenons sur ces industries qui font face à un soudain changement.

Certains sont optimistes. Le cabinet McKinsey prévoit que, dans l’Union européenne, la neutralité climatique, d’ici à 2050, créerait 11 millions d’emplois et en détruirait 6 millions. Mais même ce scénario – qui reste très hypothétique – demande d’accompagner les reconversions pour éviter la casse sociale. Pour les gouvernements, échouer à cette tâche risquerait de provoquer des réactions sociales parfaitement justifiées, qui pourraient bloquer l’effort climatique. Le mouvement des « gilets jaunes » en France a servi d’avertissement.Retrouvez tous les articles de la série « Transition écologique, défis économiques »

Alors que la COP26 débute le 1er novembre à Glasgow, en Ecosse, Le Monde tente de répondre à deux questions : comment financer la transition écologique ? Et qui va payer ?

Anne-Françoise Hivert(Copenhague, Danemark, envoyée spéciale)

Pour le directeur général de l’Organisation internationale du travail, « il faut un consensus social pour que la transition écologique réussisse »

Dans un entretien au « Monde », Guy Ryder estime que, « sans mesures fortes d’accompagnement, les situations peuvent devenir dramatiques ». 

Propos recueillis par Rémi BarrouxPublié le 22 octobre 2021 à 10h25 – Mis à jour le 22 octobre 2021 à 12h01  

Temps de Lecture 5 min. 

Guy Ryder, le directeur général de l’Organisation internationale du travail, à Pékin, en novembre 2019.
Guy Ryder, le directeur général de l’Organisation internationale du travail, à Pékin, en novembre 2019. FLORENCE LO

Guy Ryder est directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), une agence des Nations unies, qui regroupe les représentants des gouvernements, des employeurs et des salariés de 187 Etats membres. L’ancien dirigeant syndical britannique explique à quel prix peut se faire la transition écologique de l’économie mondiale.

L’Organisation internationale du travail travaille sur la transition écologique depuis de nombreuses années. Quel en sera le coût en termes d’emplois ?

Il est difficile de donner des chiffres dans l’absolu, car cela dépend évidemment des politiques qui seront mises en œuvre par les gouvernements. Si on se réfère aux objectifs de l’accord de Paris [conclu en décembre 2015, lors de la COP21], et en prenant comme référence 2030, on estimait que la mise en œuvre de l’accord pouvait générer 24 millions de nouveaux emplois. Auxquels on ajoutait 78 millions d’emplois liés au passage à des modes de consommation et de production durables, soit un peu plus de 100 millions, ce qui permettait de dresser un bilan positif de la transition écologique.

Mais ce qui a été fait jusqu’à présent est très insuffisant. Et si les tendances du réchauffement climatique persistent, l’OIT estime que 2,2 % du nombre d’heures travaillées dans le monde seront perdus en raison du stress thermique, soit une perte de productivité équivalente à 80 millions d’emplois à temps plein.

Selon vous, les réponses ne sont pas à la hauteur du défi ?

En effet, et un deuxième élément vient aggraver le tableau. Dans leurs réponses actuelles, les Etats ne prennent pas suffisamment en compte les politiques sociales nécessaires à la mise en œuvre de cette transition. Pour la COP26, la conférence climatique en Ecosse [elle se tient à Glasgow, du 1er au 12 novembre], cette question de la « transition juste », la dimension sociale portée par l’OIT, n’est pas assez présente.

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C’est pourtant un élément essentiel pour la réussite de la transition écologique, la décarbonation de l’économie, car les coûts sociaux peuvent en être élevés. Si aucune anticipation n’est faite, les populations réagiront négativement, et cette transition sera bloquée. Il faut un consensus social pour que cela réussisse. Sans mesures fortes d’accompagnement, les situations sur le terrain peuvent devenir dramatiques.

La question des compétences est essentielle, pour préparer les jeunes, stimuler l’innovation et pouvoir exploiter les possibilités d’emplois

Enfin, il faut dire que les 100 milliards de dollars [86 milliards d’euros], un objectif fixé par la COP21 de Paris, n’ont jamais été atteints. Or, cette question du financement de la transition écologique, du Nord vers le Sud, est essentielle. L’accord n’a pas été respecté. Si on veut que cette transition réussisse, il faut identifier les zones concernées et en répartir la charge, le coût.

Quelles mesures doivent être prises pour réduire les effets négatifs sur l’emploi ?

Il faut, bien sûr, que les mécanismes de dialogue social soient renforcés pour forger ce consensus nécessaire à la lutte contre le changement climatique. La question des compétences est aussi essentielle, pour préparer les jeunes, stimuler l’innovation et pouvoir exploiter les possibilités d’emplois. Enfin, il faut renforcer les systèmes de protection sociale dans le cadre des politiques de lutte contre le changement climatique.

Où se situent les éléments de tension sur l’emploi engendrés par cette transition ?

Les secteurs de l’économie liés aux énergies fossiles, charbon et pétrole, sont directement touchés, bien sûr. L’industrie lourde doit aussi nécessairement changer dans ses modes de production. Nous estimons, à l’OIT, que 5 millions de travailleurs, qui perdront leur poste en raison de la concentration de certaines industries, pourront trouver un emploi dans la même profession dans une industrie du même pays.

Mais d’autres secteurs, qui ne sont pas autant responsables directement des émissions de CO2, vont aussi être touchés, telle l’agriculture… La réaffectation des travailleurs vers des emplois « verts » nécessite la mise en place de politiques et d’actions spécifiques.

Quels exemples pouvez-vous avancer de politiques de transition réussies ?

En Espagne, la disparition du secteur minier, dans les Asturies [Nord-Ouest], un bassin historique, s’est accompagnée, grâce au dialogue entre le gouvernement et les autorités locales, de reconversions industrielles et d’un développement du tourisme rural. Au Danemark, l’échéance pour l’abandon définitif de l’extraction de combustibles fossiles, d’ici à 2050, s’accompagne de plans « pour une transition équitable » des travailleurs concernés. On peut citer aussi l’accord tripartite mis en place en Allemagne pour la fermeture des mines de charbon de la Ruhr, comprenant notamment une réduction socialement acceptable du personnel et un ensemble de mesures pour les mineurs touchés.

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Cette transition peut et doit être une chance. Une étude conjointe de l’OIT et de la Banque interaméricaine de développement suggère que la transition vers une économie zéro carbone en Amérique latine et dans les Caraïbes créerait 22,5 millions d’emplois d’ici à 2030. Une autre de nos études avec la Commission économique pour l’Europe des Nations unies indique que l’écologisation du secteur des transports pourrait créer jusqu’à 15 millions d’emplois dans le monde, dont un tiers en Europe. Citons encore le secteur des énergies renouvelables, qui, en Asie-Pacifique, représenterait 14 millions de créations d’emplois d’ici à 2030.

A l’inverse, quels seraient les exemples d’échec ?

Quand j’étais dirigeant syndical, je me souviens qu’à l’occasion d’une COP qui se tenait en Pologne, il y a une douzaine d’années, j’étais allé parler des emplois « verts », de la transition écologique. Quand j’ai rencontré les syndicats des mineurs en Silésie [Sud-Ouest], notamment Solidarnosc, mon discours n’a pas du tout été accepté, un moment difficile. Mais les mineurs, en Silésie, ne voyaient aucune alternative à leur activité.

C’est cette alternative qu’il faut préparer, ce qui n’a pas été fait pour la sidérurgie en France ou pour le secteur minier au Royaume-Uni, où, deux à trois générations plus tard, les familles de ces salariés continuent à vivre dans la difficulté. Je comprends parfaitement que les travailleurs et leurs familles soient inquiets comme lors de tout nouveau bouleversement. Mais ce n’est pas la première fois qu’une perturbation du monde du travail se fait, cela exige juste une réponse collective mondiale.Retrouvez tous les articles de la série « Transition écologique, défis économiques »

Alors que la COP26 débute le 1er novembre à Glasgow, en Ecosse, Le Monde tente de répondre à deux questions : comment financer la transition écologique ? Et qui va payer ?

Rémi Barroux

***ELA, le syndicat basque qui a placé la transition écologique au cœur de sa stratégie

Face à l’urgence climatique, l’organisation, née en 1911, avance « la nécessité d’un changement de système de production, de distribution et de consommation ». 

Par Rémi Barroux(Bilbao, envoyé spécial)Publié le 22 octobre 2021 à 10h27  

Temps de Lecture 4 min. https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/22/ela-le-syndicat-basque-qui-a-place-la-transition-ecologique-au-c-ur-de-sa-strategie_6099491_3234.html

Les dirigeants d’ELA, Mitxel Lakuntza (à droite) et Leire Txakartegi, à Saint-Sébastien (Pays basque espagnol), le 12 octobre 2021.
Les dirigeants d’ELA, Mitxel Lakuntza (à droite) et Leire Txakartegi, à Saint-Sébastien (Pays basque espagnol), le 12 octobre 2021. JUAN HERRERO / EFE

Transformer radicalement le modèle productif face à l’urgence climatique. Dès son point 2 (sur trente-six), dans la résolution d’orientation qui sera votée par les 750 délégués de son prochain congrès, lequel se tiendra à Bilbao, les 24 et 25 novembre, le syndicat Euskal Langileen Alkartasuna (Solidarité des travailleurs et travailleuses basques – ELA) aborde la question de la transition écologique.

C’est donc une priorité pour le syndicat basque, qui avance « la nécessité d’un changement de système de production, de distribution et de consommation permettant de répondre à la nécessité de faire décroître l’utilisation des ressources ». Cette mue du syndicat en faveur d’une « transformation sociale, écologiste, démocratique et féministe » ne date pas d’hier. Elle n’est pas anodine pour ELA, qui est le premier syndicat du Pays basque, avec 36,08 % des délégués, devant les Commissions ouvrières (19,95 %), LAB (Langile Abertzaleen Batzordeak, Comité des travailleurs patriotes basques), autre syndicat basque dans la mouvance nationaliste (19,29 %), et l’Union générale des travailleurs (réputée proche du Parti socialiste ouvrier espagnol, le PSOE), à 14,17 %… ELA revendiquait 100 925 militants à jour de cotisation en août 2021, un nombre appréciable rapporté au million de travailleurs que compte le Pays basque.

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Dans cette région, marquée par son passé minier, sidérurgique et naval, et où l’industrie (énergie, transports…) reste importante, ELA ne semble pas souffrir de son engagement écologique. « Il est difficile de savoir si notre positionnement écologiste nous apporte des voix ou nous en fait perdre, souligne Mitxel Lakuntza, l’actuel secrétaire général, âgé de 45 ans – et candidat à un nouveau mandat. Mais nous ne pouvons pas proposer notre projet de société aux travailleurs sans intégrer cette question essentielle. »

« Une critique globale du système »

Pour autant, la question environnementale n’est pas toujours l’élément principal mis en avant par le syndicat. Mercredi 20 octobre, à la sortie de l’entreprise ATP Aero (1 200 salariés), qui fabrique des turbines pour les moteurs d’avion Rolls-Royce, à proximité de l’aéroport de Bilbao, Mickael Carrero, 46 ans, assure que c’est à l’entreprise de penser la mutation du secteur. « Ce n’est pas au syndicat de le faire. Lui doit se concentrer sur nos conditions de travail. » 

Gaizka Aldazabal, délégué syndical ELA – qui compte onze des vingt-trois délégués de l’entreprise –, le confirme. « Il y a des licenciements, et ce que les travailleurs attendent de nous, c’est qu’on les défende. Et ELA apparaît comme le syndicat indépendant, intègre et proposant une critique globale du système », affirme ce syndicaliste de 42 ans.

ELA prépare, « entreprise par entreprise », le recensement des postes en péril, le potentiel de nouveaux emplois et les nécessités de formation professionnelle

Alors, comment expliquer aux salariés de secteurs industriels polluants ou fortement émetteurs de CO2 que cette transition écologique est nécessaire, même si elle risque de menacer leurs emplois ? « La question, c’est de pouvoir dire à des secteurs qui vont disparaître quels seront les moyens de reconversion, quels seront les nouveaux emplois qui vont être créés », affirme Amaia Muñoa, la secrétaire générale adjointe, âgée de 47 ans. Et de préciser qu’ELA prépare, « entreprise par entreprise », le recensement des postes en péril, le potentiel de nouveaux emplois et les nécessités de formation professionnelle.

Pour Ignacio Messina Iglesias, spécialiste du lien entre syndicalisme et écologie, « il est difficile de construire un syndicat à vocation majoritaire sans penser d’abord à la fin du mois pour les salariés ». Toutefois, estime ce chercheur de l’université de Buenos Aires, le syndicat basque a intégré la crise climatique comme partie de celle du système économique, « et la critique du développement capitaliste est parfaitement assumée chez ELA ».

Soutien à des luttes locales contre divers projets

Né en 1911, d’inspiration chrétienne et proche du Parti nationaliste basque, démocrate-chrétien, – majoritaire actuellement au Parlement basque dans une alliance avec le PSOE –, ELA s’est radicalisé au cours de son histoire. Il avance aujourd’hui un projet de société global, revendiquant même, pour la première fois, la création d’une « république [basque ] souveraine et indépendante » issue d’un mouvement d’« émancipation national et de classe ».

Au lendemain de la période de clandestinité (touchant tous les syndicats) qui a prévalu durant les quarante ans de la dictature franquiste, et avec l’arrivée d’une génération militante tournant l’organisation vers le marxisme et le mouvement de la gauche patriote (Abertzale) dès le milieu des années 1970, puis le développement de l’altermondialisme dans les années 1990, les questions écologistes ont vite nourri la matrice syndicale.

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Avec l’aide d’experts, ELA a produit de la documentation sur les énergies renouvelables (en 1996), l’aménagement du territoire ou encore le problème de l’eau. En 2005, le syndicat a mené une campagne « Aller au travail sans voiture ». Il a également soutenu des luttes locales contre divers projets comme l’extension d’un port à côté de Saint-Sébastien et le centre intermodal de Vitoria… Aujourd’hui, il fait de l’opposition au projet de ligne à grande vitesse du Pays basque – 175 km dessinant un « Y » reliant Irun, Bilbao et Vitoria – un point fort de son activité ; il juge ce projet trop coûteux pour les finances publiques et il n’a, à ses yeux, que peu d’utilité sociale et économique, mais des effets très négatifs sur l’environnement.Retrouvez tous les articles de la série « Transition écologique, défis économiques »

Alors que la COP26 débute le 1er novembre à Glasgow, en Ecosse, Le Monde tente de répondre à deux questions : comment financer la transition écologique ? Et qui va payer ?

Rémi Barroux(Bilbao, envoyé spécial)

****En France, de gros retards dans les travaux de rénovation énergétique des bâtiments

Le secteur du bâtiment est le deuxième à émettre le plus de gaz à effet de serre

Par Emeline Cazi Publié le 22 octobre 2021 à 10h42 – Mis à jour le 22 octobre 2021 à 13h00  

Temps de Lecture 3 min. h

https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/22/en-france-de-gros-retards-dans-les-travaux-deh-renovation-des-batiments_6099495_3234.html

Les chiffres donnent toujours le tournis, lorsqu’on évoque la nécessité de rénover l’ensemble des bâtiments d’ici à 2050 pour les rendre les moins énergivores possible. Car, qui dit bâtiment dit l’ensemble du bâti, c’est-à-dire, les logements, mais aussi les écoles, les mairies, les hôpitaux, les usines, les piscines, les bureaux… Soit des millions et millions de mètres carrés sur lesquels intervenir, en isolant murs et toitures, en changeant des chaudières, en remplaçant des fenêtres, le tout avec l’objectif de lutter contre le réchauffement climatique. Pour rappel, le secteur des bâtiments en France est le deuxième à émettre le plus de gaz à effet de serre (28 %). Il est aussi celui qui accuse encore beaucoup de retard au regard de la feuille de route fixée.

Le mouvement est pourtant enclenché, et le plan de relance, avec 7 milliards d’euros fléchés pour la rénovation énergétique, a donné un bon coup d’accélérateur. Mais la plupart des réserves émises dans les rapports, notamment celui du Haut Conseil pour le climat de novembre 2020, ou celui d’Olivier Sichel, directeur général délégué de la Caisse des dépôts, en mars 2021, demeurent : les financements sont là, mais il faudrait les démultiplier, les pérenniser et veiller à leur bonne utilisation.

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Or, dans la très grande majorité des cas, les subventions versées ne sont pas conditionnées à un niveau de performance à atteindre. Et aucun contrôle n’est réalisé une fois les travaux terminés. Ce qui fait dire à Maxime Ledez, chargé de recherche à l’Institut de l’économie pour le climat, qu’« entre l’objectif très ambitieux du gouvernement pour 2050 et les pratiques actuelles il n’y a pas encore d’alignement ». Ou, à Andreas Rüdinger, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales, qu’« il y a beaucoup d’argent dépensé, mais qu’il faut réfléchir à centrer les aides vers des rénovations plus performantes ».

Rénovations par à-coups au détriment de la rénovation globale

Le dispositif MaPrimeRénov’, pour les particuliers, est un bon exemple. Son déploiement à grande échelle, depuis le printemps 2020, est un succès, c’est même la Cour des comptes qui le dit. Le dispositif « répond bien aux objectifs de massification de la rénovation énergétique », ont souligné les magistrats. Ces derniers déplorent toutefois l’absence de visibilité après 2023. Et ont relevé, comme d’autres, que les rénovations par à-coups sont privilégiées, au détriment de la rénovation globale, certes plus exigeante, mais jugée plus efficace.

Ce point n’était pas au menu du ministère du logement, qui annonçait, jeudi 21 octobre, la création de la plate-forme France Rénov’pour simplifier le service public de rénovation de l’habitat, celle d’un réseau de conseillers qui accompagneront les ménages dans la réalisation de leurs travaux. Et le fait aussi que La Banque postale et le Crédit mutuel sont prêts à accorder le « prêt avance rénovation », qui consiste à ne faire payer au propriétaire que les intérêts. Le montant des travaux étant remboursés au moment de la mutation ou de la succession.

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Du côté des collectivités locales, cela bouge aussi. Dans le cadre de son plan Climat à 20 milliards d’euros, la Banque des territoires a décidé de consacrer 12,5 milliards d’euros pour aider ces dernières et les bailleurs sociaux à rénover leur bâti. Des prêts longs sont proposés, mais aussi le financement d’études pour accélérer le lancement des projets. « Il faut anticiper les échéances fixées par la loi et accélérer le mouvement », insiste Gil Vauquelin, le directeur de la transition énergétique de l’établissement. Le décret tertiaire adopté en 2019 prévoit que la consommation des bâtiments publics soit réduite de 40 % d’ici à 2030, de 50 % d’ici à 2040 et de 60 % d’ici à 2050.

Mieux former les artisans et structurer la filière

Le programme Action des collectivités territoriales pour l’efficacité énergétique, lancé, en 2018, par la Fédération nationale des collectivités, va dans le même sens. Grâce à lui, 213 audits sont en cours sur les bâtiments publics de la Métropole Aix-Marseille-Provence, avec une attention particulière portée sur les écoles. Au total, le programme, entre 2018 et 2023, aura permis de diagnostiquer 8 500 bâtiments, répartis dans 19 000 communes.

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Les travaux, c’est l’étape d’après. Celle-ci ne suit pas toujours. D’où la création de ces nouveaux emplois, les « économes de flux », qui aident les collectivités, de toutes tailles, pour peu qu’elles soient plusieurs, à décrocher les subventions, à définir le cahier des charges, à mutualiser des changements de chaudières, des chantiers d’isolation, à trouver les entreprises. Ce dernier point est encore largement perfectible. La massification de la rénovation énergétique devra nécessairement passer par une meilleure formation des artisans sur cette thématique et une structuration de la filière.Retrouvez tous les articles de la série « Transition écologique, défis économiques »

Alors que la COP26 débute le 1er novembre à Glasgow, en Ecosse, Le Monde tente de répondre à deux questions : comment financer la transition écologique ? Et qui va payer ?

Emeline Cazi

Voir aussi: Transition écologique et défi économiques (Dossier I)

https://jeansantepolitiqueenvironnement.wordpress.com/2021/10/21/transition-ecologique-et-defis-economiques-dossier/

Changement climatique : qui paiera pour sauver la planète ? L’Europe se divise sur l’élargissement du marché du carbone Les entreprises déplorent le cercle vicieux de l’envolée du prix du CO2 Le mirage de la « finance verte »

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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