Communiqué de presse Montreuil, le 18 octobre 2021
Catastrophe annoncée aux urgences
CGT Union Fédérale des Médecins, Ingénieur.e.s, Cadres et Technicien.ne.s Collectif médecin
Le manque de médecins à l’hôpital public et plus particulièrement dans les services d’urgence est connu depuis de nombreuses années et les différents gouvernements sont restés sourds aux revendications des praticiens. Face à cette incurie, la situation s’est aggravée ces dernières années avec une fuite accélérée des médecins de l’hôpital public, épuisés et désabusés face à une absence de perspectives d’amélioration de leur situation.
La seule réponse du gouvernement actuel a été de se focaliser sur l’intérim avec une vision strictement financière, avec comme objectif de limiter le niveau des rémunérations. Mais il faut rappeler à ces libéraux qui nous gouvernent et qui nous expliquent que la loi du marché qu’ils mettent en avant s’applique ici brutalement : ce qui est rare est cher, les médecins sont rares, donc ils sont chers !
Il faut sortir très rapidement de cette impasse au risque d’assister à la veille de l’hiver à la fermeture partielle, voire totale de près de 150 à 200 services d’urgences en France.
La première exigence est le report de la loi dite Rist de plafonnement des tarifs de l’intérim.
La deuxième exigence est d’éviter la fuite des médecins des hôpitaux publics en valorisant la pénibilité liée au travail de nuit, des week-ends et des jours fériés, en augmentant les indemnités de garde et de temps de travail additionnel. Ainsi, l’intérim deviendra bien moins intéressant financièrement et les médecins qui ont quitté l’hôpital pourraient y revenir.
Troisième exigence : il est urgent de réguler l’installation des médecins en ville et leur affectation dans les établissements hospitaliers. Il s’agit d’une mission essentielle de l’Etat afin que le principe constitutionnel d’égalité de traitement de tout citoyen quel que soit son lieu de résidence sur le territoire soit respecté.
Enfin, la question politique que constitue l’avenir de notre système de santé est centrale aujourd’hui. La crise a montré que nous avions besoin d’un service public mieux armé, avec notamment plus de personnel et de moyens matériels, financé par une sécurité sociale qui prenne en charge l’ensemble des besoins de la population. Les médecins de l’Hôpital public ont été très nombreux avec les personnels à défendre cette vision lors du grand mouvement qui a débuté en 2019. Ils continueront demain à défendre cet objectif avec la population qui a applaudi aux fenêtres lors du confinement et que nous appelons à se mobiliser aujourd’hui pour être enfin entendus.
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RÉTROPÉDALAGE SUR L’INTERIM HOSPITALIER :
LE POINT D’ORGUE DANS L’INCAPACITÉ DU GOUVERNEMENT À COMBLER LA PÉNURIE MÉDICALE HOSPITALIÈRE

Communiqués de presse du Mercredi le 13 octobre, 2021
RÉTROPÉDALAGE SUR L’INTERIM HOSPITALIER :
LE POINT D’ORGUE DANS L’INCAPACITÉ DU GOUVERNEMENT
À COMBLER LA PÉNURIE MÉDICALE HOSPITALIÈRE
Communiqué de presse du 13 octobre 2021
L’application des sanctions contre les dépassements de tarifs des intérimaires à l’hôpital (« loi Rist ») sera en application le 27 octobre 2021, entraînant la fuite des intérimaires vers d’autres modes de remplacement. Déjà, des établissements publics de santé annoncent des fermetures de services d’urgences, des déprogrammations opératoires : l’hôpital ne pourra supporter cette énième attaque. L’application de cette mesure brutale, sans préalable visant à augmenter réellement l’attractivité hospitalière, c’est l’abandon de la santé de la population !
L’intérim hospitalier, c’est le dada de notre ministre, depuis qu’il a rédigé, député, un rapport sur le sujet en 2013. Il est scandalisé par les rémunérations excessives demandées par certains intérimaires pour venir remplacer, dans des établissements peu attractifs pour des conditions géographiques ou d’équipements, à certaines dates compliquées de l’année etc. Nous aussi.
Il crie haut et fort que le Ségur est une réussite. Après le scandale du reclassement des praticiens hospitaliers, qui prive les praticiens « fidèles au poste » d’une bonification de 4 ans d’ancienneté, après une réforme – pourtant nécessaire – de la gouvernance d’une telle timidité que tout est fait pour que rien ne change, c’est maintenant la réforme du statut de praticien hospitalier qui est sur le point de sortir : elle n’a pour but que de libéraliser l’exercice en incitant les praticiens à aller à la clinique et à morceler leur activité sur plusieurs établissements. C’est le « beurre dans les épinards » de notre précédente ministre, c’est la mort du service public hospitalier. Notre ministre sait-il au fond de lui que le Ségur n’était pas à la hauteur de ses ambitions ? Nous, nous le savons, nous le vivons, les patients en souffrent.
Les mesures de plafonnement de l’intérim ne peuvent s’appliquer qu’après avoir restauré une attractivité hospitalière pour les praticiens. D’ailleurs, c’était le deal : faire en sorte que le taux de vacance de postes soit réduit drastiquement pour ensuite limiter les tarifs de l’intérim. Nous le répétons depuis des mois, nous l’avons encore répété lors d’une réunion en urgence le 1er octobre avec la DGOS : impréparation, absence d’étude d’impact… mais maintien du dispositif ! C’est maintenant le Premier Ministre lui-même qui est obligé d’intervenir pour arrêter le massacre organisé, dans l’intérêt de la population.
Rappelons tout de même que le gouvernement a payé des médecins à des tarifs dignes du mercenariat pour vacciner la population depuis début 2021. Que les praticiens hospitaliers ont été exclus de ces tarifs. Que des services d’urgence et d’anesthésie-réanimation ont eu des difficultés aiguës à recruter des intérimaires cet été. Silence radio du ministère. Que la permanence des soins des libéraux atteint ces tarifs – et que la mission IGAS sur la permanence des soins n’a pas auditionné les organisations syndicales des praticiens hospitaliers. Incompréhensible.
Ce 12 octobre 2021, notre président déclare que les Français ne travaillent pas assez. Les praticiens hospitaliers doivent jusqu’à 48 heures par semaine à leur établissement, et en font beaucoup plus. L’intensification du travail a conduit à augmenter de 30 % son activité en quelques années. En anesthésie-réanimation, nous avons en charge désormais de manière quasi systématique deux salles d’opérations, sans compter la salle de réveil et l’accueil des patients à opérer… La reconnaissance de notre travail est une urgence pour l’attractivité hospitalière !
Alors, que faut-il faire ? La réforme du statut de praticien hospitalier passe à côté des vraies préoccupations des praticiens. Les solutions existent !
Bien sûr, il y a un problème de rémunération : une perte de 30 % de pouvoir d’achat en 30 ans, des écarts de rémunération du simple au triple (voire bien plus) entre une activité publique et l’activité libérale, une permanence des soins qui est valorisée à des tarifs inférieurs à ceux des personnels paramédicaux.
Mais il y a aussi tout ce qui se vit à l’hôpital !
- La gouvernance, qui doit être démocratique, avec des responsables managériaux élus par leurs pairs, des projets de service construits en équipe, une CME décisionnaire et non consultative
- Une stabilité des équipes pluriprofessionnelles, gage de qualité et sécurité des soins
- Une réflexion sur le temps de travail des praticiens hospitaliers : temps total de travail, décompte du temps de travail pendant la permanence des soins (24 h = 5 DJ !)… tous ces excès qui minent la vie personnelle des praticiens et détruit leur santé.
Ces solutions, le SNPHARE les porte depuis des années et les portera jusqu’à ce que le Ministère retrouve un vrai courage politique
Propositions du syndicat FO des praticiens hospitaliers pour un plan d’urgence (SNMH-FO)
Un plan d’urgence doit être adopté pour rétablir l’accès aux soins et sauvegarder l’hôpital public. Voici nos propositions :
Posté par snmh-fo le 11 octobre 2021
http://snmhfo.unblog.fr/2021/10/11/plan-durgence/
http://snmhfo.unblog.fr/files/2021/10/communique-assemblee-generale-snmh-fo-11-octobre-2021.pdf
Paris, 11 octobre 2021 – Communiqué
Plan d’urgence
Des faits atterrants :
- Un de nos correspondants nous fait savoir que dans son hôpital, en 2015, 80% des patients avec une fracture de l’extrémité supérieure du fémur étaient opérés dans les 24h et 95% dans les 48h (étude présentée devant l’ARS). En 2021, ce chiffre tombe à 0%, aucun patient n’a été opéré dans les 24h en l’absence de salle opératoire disponible. Le temps de vacations opératoires offerts a été diminué de 30 à 40% par manque d’infirmiers dans la plupart des CHU expliquant cet état de fait.
- Un directeur d’hôpital nous rapporte qu’au cours d’une seule et même journée en septembre 2021, un greffon rénal a été jeté à la poubelle par indisponibilité du bloc opératoire du fait du sous-effectif en personnel non médical, un patient avec un anévrysme de l’aorte fissuré est décédé par retard de prise en charge pour les mêmes raisons.
- Le ministère reconnaît la fermeture officielle de 5700 lits depuis le début de la période COVID. En pratique sur le terrain c’est au moins un tiers de la capacité d’hospitalisation complète qui est non fonctionnelle et les malades sont dans les couloirs aux urgences avec le cortège de retards diagnostiques et thérapeutiques que cela implique.
Un plan d’urgence doit être adopté pour rétablir l’accès aux soins et sauvegarder l’hôpital public. Voici nos propositions :
– le maintien et le renforcement de tous les SAMU Urgences de France par un plan spécifique en lieu et place du plan de fermeture annoncé.
– la levée immédiate des 30 000 suspensions consécutives à la loi du 5 août.
– la formation par promotion professionnelle de 20 000 infirmiers parmi les 250 000 aides-soignants recensés, dont 3000 infirmiers pour les blocs opératoires permettant de retrouver une situation d’avant la crise sanitaire au minimum.
– un plan de recrutement d’au moins 40 000 aides-soignants.
– la réouverture des écoles et des instituts de formation fermés dans plusieurs villes de CHU.
– l’abrogation du système actuel de sélection en première année de médecine. Retour à des cours en amphithéâtre avec des professeurs et levée effective du numerus clausus permettant aux jeunes sur le territoire français de poursuivre leurs études en France.
– l’augmentation générale des salaires à l’hôpital, la revalorisation de la permanence de soins et celle des statuts, la reprise des 4 ans d’ancienneté pour l’ensemble des praticiens hospitaliers.
– pour les médecins à diplôme étranger qui ont fait leur preuve, la réouverture des procédures d’admission au Conseil de l’Ordre avec titularisations et régularisations.
A cette heure, pas une seule de ces mesures, ni aucune autre susceptible d’améliorer la situation, n’est envisagée par le ministère de la santé. Va-t-il continuer d’organiser une répression contre les personnels médical et non-médical, aggravant encore la pénurie, entravant l’accès aux soins, dégradant encore la qualité des prises en charges ? Le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2022 est le pire de tous ceux connus jusqu’ici.
Cessons ce crime contre l'hôpital, les premières victimes sont des patients !