Election présidentielle 2022 : Christian Estrosi appelle la droite à combattre Zemmour « de toutes ses forces »
Dans « Le Journal du dimanche », le maire de Nice estime que son ancienne famille politique a « déserté le combat » face au polémiste et sa « version de l’extrême droite corrigée des variations saisonnières ».
Temps de Lecture 2 min.

« [Eric] Zemmour ce n’est pas De Gaulle, c’est à peine sa rature » : le maire de Nice Christian Estrosi (anciennement Les Républicains, LR) appelle la droite, dans une tribune au Journal du dimanche (JDD) du 24 octobre, à « combattre de toutes ses forces » le polémiste d’extrême droite.
Face à l’émergence médiatique de « cette version de l’extrême droite corrigée des variations saisonnières », M. Estrosi estime que « c’eut été à la droite, dont il entend siphonner les électeurs, de mener la riposte ». Mais « elle a hélas déserté ce combat », regrette-t-il.
« Lorsque j’entends Eric Zemmour se réclamer [du général de Gaulle] et affirmer qu’il reconstruit le RPR, je ne ris plus. C’est l’indignation qui me submerge », écrit l’édile niçois. « Eric Zemmour prétend que Pétain a sauvé les juifs de France. Honte à lui », poursuit M. Estrosi. Toujours pas officiellement déclaré candidat, le polémiste est donné, par les sondages, au coude-à-coude avec Marine Le Pen pour disputer le second tour.
Lire le décryptage : un paysage politique plus morcelé que jamais
« Eric Zemmour plaide pour la confusion des droites, et certains, au sein de mon ancienne famille politique, pactisent avec cette folie. Il n’y a pas de continuum entre la droite républicaine et l’extrême droite, il y a une irréversible différence de nature », affirme le fondateur du mouvement La France audacieuse. « Il est le partisan d’une nationalité racialisée, rejetant de la communauté nationale quiconque n’aurait pas la peau suffisamment blanche. La droite, si elle avait un tant soit peu de courage, aurait pu et dû rappeler l’attachement des dirigeants du RPR puis de l’UMP au droit du sol », argue M. Estrosi.
« Gaullistes, il ne nous faut pas simplement affirmer que nous n’avons rien à voir avec lui, ni avec ses anathèmes, c’est trop peu, juge celui qui a quitté LR en mai et qui soutient Emmanuel Macron. Il faut les combattre de toutes nos forces, au nom du passé, au nom de l’avenir. »
Lire l’analyse : sLe Pen-Zemmour : bataille pour l’électorat populaire
Pour Larcher, Zemmour n’est pas raciste

S’exprimant également dans les colonnes du JDD, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR) estime, lui, qu’Eric Zemmour n’est pas raciste mais qu’il « hystérise le débat ».
Interrogé sur le fait de savoir si Eric Zemmour était raciste, M. Larcher répond : « Non, mais je n’aime pas sa façon de réécrire l’histoire. Il hystérise le débat. Il divise, il fracture, alors qu’il faut rassembler ». Selon le sénateur, « il abîme la nation, alors qu’il prétend la réhabiliter », or « la France, ça ne peut pas être “haïssez-vous les uns les autres” ».
Pour autant, M. Larcher juge que M. Zemmour « aborde de vraies questions », par exemple, « nos capacités d’intégration et d’assimilation sont saturées ». Le parlementaire reconnaît aussi qu’il constitue « un phénomène électoral ». « C’est un miroir que nous tendent des millions de Français, qui nous reprochent nos renoncements, notamment sur la question migratoire, l’insécurité et l’identité », explique-t-il. A ses yeux, « il n’y aurait ni phénomène Le Pen ni phénomène Zemmour si nous avions mieux traité ces questions ».
Gérard Larcher rend hommage au dernier président de la droite classique en date : « Quand Nicolas Sarkozy avait voulu ouvrir le débat sur l’identité nationale, on s’interrogeait, moi le premier. Mais il avait raison. »
Lire l’enquêtre :
derrière Eric Zemmour, l’indispensable Sarah Knafo
Le Monde avec AFP