Varenne agricole de l’eau: une parodie de consultation

Varenne agricole de l’eau : cinq organisations dénoncent « une parodie de consultation »

Eau  |  20 octobre 2021  |  Dorothée Laperche  |  Actu-Environnement.com

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Varenne agricole de l'eau : cinq organisations dénoncent « une parodie de consultation »

© Minicel73

Alors que se tient, ce mercredi 20 octobre, un point d’étape des groupes de travail du Varenne agricole de l’eau, cinq organisations déplorent la manière dont l’événement a été organisé.

La Confédération paysanne, la Fédération nationale d’agriculture biologique, l’UFC-Que Choisir, France Nature Environnement et le Réseau Action Climat estiment, en effet, que ce Varenne constitue « une parodie de consultation »« De nombreuses parties prenantes ont été délibérément écartées des groupes de travail, notamment des syndicats agricoles, les syndicats professionnels représentant l’agriculture biologique, plusieurs organisations environnementales et les associations de consommateurs, le débat s’en trouvant totalement déséquilibré au bénéfice des irrigants et de la vision la plus intensive de l’agriculture »,indiquent-elles. Pour mémoire, déjà, lors du lancement de l’événement, l’association FNE avait refusé d’y participer considérant que ce dernier était à visée électorale.

« L’ensemble des parties prenantes sont les bienvenues, a opposé le ministère de l’Agriculture lors d’un point presse organisé pour l’occasion, ce mercredi. Ce sont les présidents des différentes thématiques qui ont la charge de veiller à ce que l’ensemble des parties prenantes aient accès au débat. »

Lors du point d’étape de ce jour, les groupes de travail ont prévu de présenter l’avancée de leur réflexion et des réalisations déjà effectuées.

Dorothée Laperche, journaliste

Le Varenne agricole de l’eau ne fait pas l’unanimité

Le rendez-vous voulu par le chef de l’Etat pour répondre aux effets du réchauffement climatique sur l’agriculture a fait part de ses premières réflexions, malgré le boycottage de FNE et de la Confédération paysanne, entre autres. 

Par Martine ValoPublié hier à 19h45, mis à jour à 07h48  

Temps de Lecture 5 min. 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/10/21/le-varenne-agricole-de-l-eau-ne-fait-pas-l-unanimite_6099428_3244.html

Lors d’une manifestation à Epannes (Deux-Sèvres), en octobre 2020, contre un projet d’irrigation agricole.
Lors d’une manifestation à Epannes (Deux-Sèvres), en octobre 2020, contre un projet d’irrigation agricole. PHILIPPE LOPEZ / AFP

La baisse de la ressource hydrique dans la plupart des bassins-versants, les alternances répétées de sécheresse et de pluies exceptionnelles, affectent le territoire français. Comment les agriculteurs, qui y sont particulièrement exposés, vont-ils pouvoir y répondre ? Et comment résoudre l’indissociable question du partage de l’eau entre ses usagers ? Présenté comme un exercice de concertation large voulu par Emmanuel Macron, le Varenne agricole de l’eau et du changement climatique – en référence à la rue qui abrite le ministère de l’agriculture – est censé servir de cadre de réflexion et de dialogue constructif. Les conclusions et propositions de mesures concrètes qu’il doit rendre en janvier devraient se traduire dans une feuille de route de long terme, une forme de « point de non-retour », a annoncé le ministre de l’agriculture.

Trois groupes sont au travail depuis le lancement de ce dispositif le 28 mai : l’un a déjà rendu un rapport sur une réforme de l’assurance récolte, fin juillet, et devrait déboucher sur un projet de loi en décembre 2021 ou janvier 2022 ; un autre porte sur l’adaptation des filières agricoles à l’évolution des conditions climatiques ; le troisième est le plus ambitieux, puisqu’il vise à « partager une vision raisonnée de besoins et de l’accès aux ressources en eau, mobilisables pour l’agriculture sur le long terme ». Il est aussi le plus controversé.

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Mercredi 20 octobre, deux membres du gouvernement sont venus écouter les participants au Varenne – une forte majorité de représentants du monde agricole, des administrations de l’Etat, des agences de l’eau, quelques collectivités locales, des banques et assurances –, présenter leurs travaux à mi-parcours. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture, et Bérangère Abba, secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, se sont donc livrés à un jeu d’équilibriste. Il faut, certes, trouver rapidement des pistes pour sécuriser davantage les cultures – « mettre de la pression dans le tuyau », selon l’expression de M. Denormandie. Mais sans oublier une composante souvent dédaignée : l’environnement et les milieux aquatiques, qui eux aussi ont soif l’été, a rappelé Mme Abba.

Ne plus drainer les zones humides

L’enjeu est également de donner corps à cet exercice national, alors que l’essentiel des solutions repose sur des discussions locales, comme chacun l’a souligné au cours de la session de mercredi soir. Soixante-six « projets de territoire pour la gestion de l’eau » seraient ainsi en préparation, dont une cinquantaine proches d’être signés, a-t-il été annoncé. Il s’agit en outre de justifier la tenue d’un Varenne de l’eau, alors qu’un débat très ouvert avec l’ensemble des acteurs, intitulé les Assises de l’eau, a déjà eu lieu pendant dix-huit mois, en deux phases, en 2018 et 2019. « Elles ont été un moment de démocratie extraordinaire dont les conclusions paraissaient faire l’unanimité », témoigne Hamid Oumoussa, directeur de la Fédération nationale de la pêche en France, appelé à participer aux deux consultations successives

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Les Assises ont validé des principes de partage, d’économie de la ressource, de protection des captages et des rivières, ainsi que la nécessité de promouvoir des solutions basées sur la nature, comme de ne plus drainer les zones humides par exemple. Elles ont en outre débouché sur la publication d’un arrêté le 23 juin, qui « renforce l’encadrement et l’harmonisation » des conditions imposées avant de pouvoir exercer des prélèvements dans la ressource en période de crise liée à la sécheresse.

Toute cette effervescence autour des usages de l’eau aurait inquiété le monde agricole, laisse-t-on entendre au ministère de la transition écologique. Le Varenne aurait donc vocation à rassurer les exploitants. « Je considère ce focus sur l’agriculture comme la suite des Assises, cela ne me paraît pas anormal », assure Jean Launay, qui préside le Comité national de l’eau, une autre instance de concertation nationale. Il est chargé de diriger le groupe 3 du Varenne sur le thème du partage et l’accès à la ressource, avec Luc Servant, président de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine. « Dans l’agenda politique, l’eau n’a jamais figuré aussi haut », estime-t-il.

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Le calendrier, voilà précisément ce qui alerte les défenseurs de l’environnement. Les réelles ambitions du ministère de l’agriculture ne seraient-elles pas avant tout de faciliter le « stockage hivernal » selon la terminologie de la profession agricole ? La campagne électorale qui s’annonce ne va-t-elle pas être l’occasion de rouvrir les robinets à financements de retenues artificielles, les fameuses « bassines » ? C’est en tout cas ce qui s’était passé en 2012, à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy.

Boycottage de cinq ONG

Alors qu’elle n’est pas adepte de la politique de la chaise vide, France Nature Environnement (FNE) a dès le départ refusé de participer au Varenne de l’eau. Dans un communiqué commun avec la Confédération paysanne, la Fédération nationale d’agriculture biologique, l’UFC-Que choisir et le Réseau Action Climat, elle qualifie la démarche d’« exercice de communication du ministère de l’agriculture ». Les cinq organisations considèrent que les agriculteurs et les agricultrices, ainsi que la sécurité alimentaire, « méritent mieux » que cette « tribune offerte aux fausses solutions en matière d’accès à l’eau ». Elles dénoncent la place laissée à un modèle fortement dépendant de l’irrigation et bénéficiant de financements publics disproportionnés.

« Le maintien sous perfusion de systèmes de production dépendant de l’irrigation continuera d’accroître la vulnérabilité aux aléas climatiques des agriculteurs et des citoyens », écrivent-elles. La France compte environ 75 000 irrigants sur 400 000 exploitants, selon les statistiques officielles. Le conseil scientifique de l’Office français de la biodiversité avait lui-même mis en garde, en septembre, vis-à-vis de l’initiative du Varenne où « l’eau est trop mise en avant comme un moyen de sécuriser la production agricole, alors qu’elle est avant tout un bien commun » et contre son calendrier trop serré pour « permettre une large mobilisation » de tous les acteurs.

« On s’est déjà beaucoup impliqué dans les Assises de l’eau et voilà que le Varenne vient court-circuiter ce travail avec un risque de retour en arrière, dénonce Florence Denier-Pasquier, administrative de FNE. Sa fédération est bien placée pour mesurer ce que l’absence de consensus sur la création de stockage d’eau peut générer dans certains territoires. Elle est notamment impliquée dans un bras de fer contre la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne qui a fait creuser la retenue de Caussade (d’une contenance d’un million de mètres cubes) en toute illégalité fin 2018. L’affaire s’envenime. Elle est devenue politique à l’échelon du département et revient une fois de plus devant la justice, à Agen, le 28 octobre.

Martine Valo

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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