Covid-19 : le candidat-vaccin du franco-autrichien Valneva en bonne voie
Le laboratoire de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) vient de publier des résultats positifs de phase 3 de son produit. Il lui reste maintenant à transformer l’essai clinique en décrochant des commandes.
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« C’est une très bonne nouvelle, nous sommes très contents », se félicite Franck Grimaud, directeur général de Valneva. Un mois après la résiliation surprise, par le gouvernement britannique, d’une commande de 100 millions de doses, le laboratoire franco-autrichien a dévoilé, lundi 18 octobre, des résultats initiaux de phase 3 « positifs » pour son candidat-vaccin contre le Covid-19.
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L’essai clinique, mené sur environ 4 000 adultes au Royaume-Uni, et qui comparait le vaccin de la biotech de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) à celui du laboratoire britannique AstraZeneca, « a non seulement démontré un niveau de génération d’anticorps neutralisants supérieur à celui du vaccin d’AstraZeneca, mais aussi un meilleur profil de tolérance statistiquement, ce qui en fait un vaccin à la fois très efficace et très sûr », détaille M. Grimaud. Des résultats d’autant plus satisfaisants selon le patron de la biotech qu’ils démontrent également que son candidat-vaccin, réalisé à partir d’une souche Wuhan du virus, protège également contre le variant Delta, aujourd’hui dominant.
Aucun contrat ferme
Un soulagement pour la société franco-autrichienne après le coup de massue infligé par le Royaume-Uni. Mi-septembre, Londres avait brutalement mis fin, − sans préciser ses raisons −, à son contrat avec Valneva, rompant un accord qui devait représenter jusqu’à 1,4 milliard d’euros de ventes pour le laboratoire, ce qui avait fait dégringoler ce dernier de plus de 40 % en Bourse. « Compte tenu de la maturité du programme de vaccination britannique − plus de 80 % de la population est désormais doublement vaccinée et une campagne de rappel est en cours − les retards dans le calendrier de livraison qui était convenu avec Valneva ne sont plus alignés avec le programme de vaccination », expliquait au Monde, quelques jours plus tard, une source britannique proche du dossier.
Un épisode désormais clos pour la biotech, même si des négociations sont encore en cours sur les termes du divorce, notamment pour ce qui est du devenir de la future usine de production de vaccins à Livingston (Ecosse), qui avait été financée par le gouvernement britannique. Cette dernière pourrait se montrer particulièrement utile à Valneva en cas de gros volumes de commandes.
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Car le laboratoire, bien qu’il n’ait à ce jour aucun contrat ferme, espère profiter des bons résultats annoncés lundi pour décrocher des commandes. Des discussions sont en cours avec plusieurs Etats et institutions, dont, entre autres, la Commission européenne − depuis plusieurs mois −, et le programme Covax. « Nous avons également un certain nombre de manifestations d’intérêt en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord, et en Amérique du Sud », note M. Grimaud.
Un marché très encombré
Malgré un marché déjà très encombré, les vaccins à ARN messager de Pfizer-BioNTech et Moderna ayant raflé de nombreuses commandes, le laboratoire est optimiste. Il mise sur la particularité de son candidat-vaccin, seul produit en développement contre le Covid-19 en Europe qui fonctionne sur une technologie dite du « virus inactivé » et adjuvanté. Ce procédé, plus « traditionnel » que celui de l’ARN messager, et déjà utilisé dans la fabrication de vaccins depuis plusieurs décennies, pourrait permettre de convaincre certains réfractaires à la vaccination. Il présente également l’avantage d’être stockable à des températures entre 2 et 8 degrés, compatibles avec un réfrigérateur classique
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La production du vaccin a débuté il y a plusieurs mois, mais Valneva doit maintenant obtenir l’approbation des autorités réglementaires. Un dossier est en cours auprès de l’agence de santé britannique (MHRA), crucial pour lui ouvrir les portes de pays hors de l’Europe qui se calquent sur la décision de la MHRA. Une demande sera aussi déposée dans les prochaines semaines auprès de l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour une utilisation en première vaccination sur les plus de 18 ans (des études complémentaires sont en cours pour une utilisation sur les enfants et les adolescents, et en rappel).
Valneva espère obtenir une homologation au premier trimestre 2022, pour pouvoir livrer à l’Europe, dans la foulée, ses premiers flacons. A condition que le contrat avec l’Union européenne soit rapidement signé. « La balle est maintenant dans le camp de la Commission », estime M. Grimaud.
Zeliha Chaffin