Le vaccin Moderna déconseillé comme 3e dose, la HAS s’explique
Dans une interview au « Journal du Dimanche », la présidente de la Haute autorité de Santé dit vouloir attendre les résultats d’une étude européenne. Un moyen de se prémunir contre tout risque juridique.

CORONAVIRUS – La nouvelle en a un surpris plus d’un ce vendredi 15 octobre. Dans un avis qui n’a été commenté par aucun responsable sanitaire de haut rang, la Haute autorité de Santé expliquait déconseiller l’utilisation du vaccin contre le Covid de Moderna en tant que troisième dose.
En cause, l’attente des conclusions d’une étude menée par l’Agence européenne du médicament quant à l’efficacité de ce sérum fonctionnant grâce à la technologie de l’ARN messager. Mais pas uniquement.
En effet, comme l’explique dans les colonnes du Journal du Dimanche de ce 17 octobre la présidente de la Haute autorité de Santé Dominique le Gudulec, c’est le fait que la situation sanitaire soit désormais “sous contrôle” qui pousse la HAS à vouloir revenir aux “règles normales”.
Une alerte venue du nord
Car d’ordinaire, l’instance indépendante attend toujours l’autorisation de mise sur le marché de l’institution européenne pour se prononcer. Une habitude à laquelle elle a dérogé ces derniers temps face à la nécessité d’intensifier la campagne de vaccination.
En outre, une alerte est arrivée des pays scandinaves ces derniers jours. Au nord de l’Europe (Finlande, Suède, Norvège et Danemark), on a décidé la semaine dernière de ne plus recommander le vaccin de Moderna aux jeunes de moins de 30 ans en raison de quelques cas d’inflammation cardiaques “qui restent très rares, jamais mortelles et se soignent bien” (des myocardites et des péricardites) détectés chez de jeunes hommes.
Maintenant “que des professionnels de santé de 20 ou 30 ans peuvent avoir accès à une troisième dose”, Dominique le Gudulec dit donc vouloir être absolument certaine avant de recommander l’utilisation à cet effet du produit de Moderna. “Nous voulons être certains qu’il n’y a pas de contre-indications, et donc un réel bénéfice par rapport au risque, chez ces gens jeunes pour lesquels le Covid-19 est en général bénin.”
En clair, une décision qui s’explique par la volonté -dans un contexte d’accalmie sanitaire- de vouloir éviter toute prise de risque et d’assurer ses arrières juridiquement.
Dose de rappel contre le Covid : suspension du vaccin de Moderna
Par Marielle Ammouche le 18-10-2021

La Haute Autorité de santé (HAS) recommande de ne pas effectuer la dose de rappel contre le Covid avec Spikevax, le vaccin de Moderna. Seul Comirnaty, le produit de Pfizer/BioNtech est autorisé pour le moment dans cette indication.
Actuellement, seul Comirnaty a obtenu une extension d’AMM pour les rappels (avis du 5 octobre). En effet, il persiste encore des « inconnues » concernant le rappel avec Spikevax, affirme la HAS. Les questions portent en particulier sur la dose à administrer : pleine dose ou demi-dose ; ainsi que sur la limite d’âge.
En outre, des signaux récents de sécurité, à type d’augmentation des cas de myocardites et péricardites après la deuxième injection du vaccin de Moderna, ont été émis par les pays scandinaves. Les données semblent cependant montrer que ces événements sont rares, et « spontanément résolutives dans la quasi-totalité des cas ».
La HAS conseille donc d’attendre l’avis de l’agence de santé européenne et l’extension d’AMM de Spikevax.
La dose de rappel conter le Covid est actuellement préconisée pour les personnes âgées de 65 ans et plus, celles présentant des comorbidités, les professionnels du secteur de la santé, du médico-social et du transport sanitaire, et l’entourage des personnes immunodéprimées.Sources : Haute Autorité de santé, 15 octobre 2021.