Pour la sixième fois dans la rue, les sages femmes en grève depuis le 24 Septembre, nouveau cri d’alarme « j’ai vu en 8 ans l’accueil en maternité se dégrader de façon spectaculaire »

« Le nouveau cri d’alerte des sages-femmes »

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Date de publication : 8 octobre 2021 La Croix

Jeanne Ferney explique dans La Croix qu’« en grève depuis le 24 septembre, les sages-femmes [ont manifesté ce jeudi] contre la dégradation de leurs conditions de travail à l’hôpital. Et pour avertir des risques qui en résultent pour la santé des futures mères et de leurs bébés ».
La journaliste cite Stéphanie Métairie, sage-femme à la maternité de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), qui « en 8 ans d’exercice dans cet établissement […] a vu l’accueil en maternité se dégrader «de façon spectaculaire» ».


Elle déclare : « Actuellement, nous sommes entre 65 et 70 sages-femmes, quand nous devrions être 90. Des patientes suivies chez nous doivent être transférées le jour de leur accouchement, y compris lorsque le travail a déjà commencé ».


Jeanne Ferney relève que « faute de personnels encore, dix lits réservés aux grossesses pathologiques viennent d’être fermés, « alors que cette maternité est l’une des seules de niveau 3 dans le département », c’est-à-dire adaptée aux grossesses à hauts risques. Les activités dites « secondaires », elles, ont cessé : l’hôpital ne propose plus d’échographies depuis six mois et les cours de préparation à la naissance, suspendus en raison du Covid, n’ont jamais repris ».
Stéphanie Métairie indique ainsi qu’« on envoie les patientes en ville, mais la Seine-Saint-Denis étant un désert médical, certaines se retrouvent en rupture de suivi ».


Jeanne Ferney souligne que « si la situation est particulièrement critique en Île-de-France, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes dénonce une crise généralisée et « ancienne » qui « fragilise la sécurité des femmes et des nouveau-nés ». Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français confirme ».


Le CNGOF fait savoir que « la santé maternelle et périnatale est directement menacée par cette offre de soin dégradée. Outre l’impact sur la qualité des soins, cela a aussi pour effet d’altérer plus encore l’attractivité des activités hospitalières pour les sages-femmes ».


La journaliste relève ainsi : « L’attractivité. C’est devenu le talon d’Achille de la profession. À Paris, la maternité de l’hôpital Lariboisière peine de plus en plus à recruter, selon Mickael Fortin, sage-femme ». Ce dernier observe : « Celles qui sortent de l’école ne veulent plus mettre les pieds à l’hôpital. Elles préfèrent s’installer en libéral ou aller dans des cliniques, où elles sont mieux payées ».


Jeanne Ferney ajoute que « les moins jeunes, elles, s’essoufflent. Telle Fanny Roux, 12 ans d’hôpital public derrière elle et l’envie d’aller voir ailleurs ». Elle déclare : « Je ne me vois pas rester si c’est pour rentrer tous les soirs en pleurant parce que je n’ai pas accompagné mes patientes correctement ».


La journaliste observe que « la revalorisation salariale proposée le 16 septembre par le ministre de la santé, Olivier Véran, ne suffira pas ». Stéphanie Métairie déclare : « Alors que le rapport remis en juillet par l’Igas préconise une augmentation de 200 points d’indice, nous n’avons obtenu que 20 points, soit 80 € net par mois. Dans le même temps, on continue d’étendre nos compétences : le suivi gynécologique, les IVG médicamenteuses, et bientôt, la prise en charge de l’endométriose


La sage-femme ajoute : « La qualité de l’accueil aux urgences, l’aide à la gestion de la douleur, le soutien moral, tout cela a un impact sur la façon dont les femmes vivent la naissance de leur enfant et leur parentalité ».

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Analyse

En grève depuis le 24 septembre, les sages-femmes manifestent, ce jeudi 7 octobre, contre la dégradation de leurs conditions de travail à l’hôpital. Et pour avertir des risques qui en résultent pour la santé des futures mères et de leurs bébés.

  • Jeanne Ferney, 
  • le 07/10/2021 à 06:48 
  • Modifié le 07/10/2021 à 13:59

Lecture en 3 min.

https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Le-nouveau-cri-dalerte-sages-femmes-2021-10-07-1201179313

Le nouveau cri d’alerte des sages-femmes
Manifestation de sages-femmes le 5 mai 2021, à Toulouse.PATRICK BATARD/ABACA

Ce jeudi 7 octobre, il n’y aura pas de sage-femme à la maternité de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Elles seront à Paris, pour manifester contre leurs difficultés croissantes à exercer leur métier. Pendant 24 heures, médecins, internes en gynécologie et infirmiers prendront le relais pour accompagner les futures mères. « Les urgences seront assurées. La dernière chose qu’on veut, c’est qu’un drame survienne, et c’est justement pour cela qu’on….

« Ce métier ne fait plus rêver » : les sages-femmes de nouveau dans la rue  

Par A.M. le 08-10-2021 

https://www.egora.fr/actus-pro/conditions-d-exercice/69363-ce-metier-ne-fait-plus-rever-les-sages-femmes-de-nouveau-dans#xtor=EPR-3-1%5BNews_En_Bref%5D-20211008-%5B_1%5D

Jugeant les mesures récemment annoncées par le Gouvernement insuffisantes, des milliers de sages-femmes ont manifesté jeudi 7 octobre à Paris, pour la sixième fois depuis le début de l’année.  

« Sages-femmes en voie d’extinction », « Mise à mort des sages-femmes », « Les sages-femmes se saignent – Stop à l’hémorragie »… Les pancartes hissées hier, de la gare Montparnasse au ministère de la Santé, par quelque 3 500 sages-femmes révélaient le mal-être d’une profession en manque de reconnaissance et en mal d’attractivité.  

« Les conditions de travail se dégradent. Le métier ne fait plus rêver. Des sages-femmes démissionnent », égrène Caroline Cutuil, sage-femme libérale à Grenoble, venue manifester à l’appel de plusieurs organisations (ONSSF, UNSSF, ANESF, CGT, CFDT, CFTC…). « Au vu de la technicité des études que nous faisons, des compétences et des responsabilités que nous avons, c’est clair que débuter à 1.600 euros… c’est juste plus possible », avait détaillé, avant la mobilisation, Anick Rabaud, sage-femme de PMI exerçant dans le sud de la France. 

Les dernières revalorisations annoncées par le Gouvernement (une prime de 100 euros net et une augmentation mensuelle de 100 euros brut, en plus des 183 euros du Ségur) sont jugées insuffisantes alors que les compétences des sages-femmes ont été considérablement élargies ces dernières années. Les maïeuticiennes réclament une revalorisation salariale à la hauteur, des effectifs suffisants à l’hôpital, ainsi que l’ajout d’une 6e année d’étude « pour pouvoir étaler nos cours et nos stages et approfondir nos connaissances », a précisé Emie Jourdain de l’Association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF). 

Le cabinet du ministre de la Santé Olivier Véran devait recevoir jeudi chacun des syndicats et organisations professionnelles de sages-femmes « l’ayant souhaité », a-t-il indiqué à l’AFP. 

[avec AFP] 

« Un métier passionnant, des conditions déplorables » : une nuit avec les sages-femmes d’une maternité de Nancy

Appelées à manifester ce jeudi, les sages-femmes demandent une revalorisation de leur salaire et une reconnaissance de leur statut médical. 

Par Nithya PaquiryPublié hier à 09h57, mis à jour hier à 10h22  

Temps de Lecture 5 min. 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/10/07/un-metier-passionnant-des-conditions-deplorables-une-nuit-dans-une-maternite-de-nancy_6097450_3224.html

Anne, sage-femme, s'occupe d'un bébé né lors d'une nuit à la maternité de Nancy, le 2 octobre 2021.
Anne, sage-femme, s’occupe d’un bébé né lors d’une nuit à la maternité de Nancy, le 2 octobre 2021. MATHIEU CUGNOT POUR « LE MONDE »

C’est un ballet incessant de blouses blanches et vertes. Il est 20 heures, à la maternité régionale universitaire de Nancy. Des centaines de faire-part de naissances couvrent les murs attenants à la salle de garde et les photos de nouveau-nés semblent regarder le va-et-vient des sages-femmes, auxiliaires de puériculture et médecins.

Une sage-femme se précipite au bloc opératoire. En l’absence de l’infirmière d’astreinte, elle assiste l’obstétricien lors d’une césarienne. Cette fois-ci, l’intervention doit se faire dans les trente minutes. C’est un « code orange ». L’expression résonne avec l’affichette collée à la porte de la salle de garde : « Sages-femmes. Code noir. » Une couleur pour signifier toute la colère de la profession, appelée à manifester, jeudi 7 octobre.

Parmi les principales revendications : une revalorisation des rémunérations, l’augmentation des effectifs et une prise en considération, enfin, du statut médical des sages-femmes. Au sein de l’établissement nancéien, elles devaient être une quarantaine sur cent à participer à la mobilisation nationale.

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Pour l’heure, Claire, Anne et Fabien démarrent leur garde de douze heures en trombe. Une stagiaire et deux auxiliaires de puériculture les accompagnent pour gérer les sept salles d’accouchement. « La nuit, c’est compliqué, on est en sous-effectif comme dans de nombreuses maternités », constate Fabien. Claire renchérit : « Ce n’est pas évident, des relèves comme ça. Des patientes partout et personne aux urgences depuis 18 heures. »

Coordinatrice de la salle de naissances, Valérie George comprend les revendications. Elle rappelle que les effectifs de sages-femmes sont ici, comme dans les autres maternités, « normés » en fonction du nombre d’accouchements à l’année, selon des décrets datant de 1998, bien que « la profession et les pratiques aient énormément évolué. »

« Vraie responsabilité médicale »

Le métier n’attire plus. « Les jeunes ne veulent plus travailler à l’hôpital à cause des nuits, des week-ends et préfèrent le libéral. Pour la première fois cette année, nous n’avons pas réussi à recruter de remplaçantes d’été. » La rémunération n’est plus jugée à la hauteur. « Une jeune sage-femme est payée 1 600 euros net, souligne la coordinatrice, après cinq ans d’études, dont une première année de médecine », et la profession n’est pas reconnue dans le code de la santé publique comme médicale. « Pourtant, devant le tribunal, on a une vraie responsabilité médicale »,rappelle Valérie George. Les récentes négociations, l’augmentation de 100 euros promise par le ministre de la santé, Olivier Véran ? « Une aumône. » Pour poursuivre dans le métier aujourd’hui, c’est évident qu’« il faut l’aimer », dit-elle. Pour elle, c’est « viscéral ».

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En salle de garde, on parle également de ce « métier passion ». Ce qui fait tenir Fabien et Anne ? « L’ambiance, les collègues. On fait un métier passionnant, mais dans des conditions déplorables. » Pour le seul homme sage-femme de la garde, en exercice depuis treize ans, il n’y a pas de doute quant au manque de considération vis-à-vis de la profession : « On est encore sous un système patriarcal. En France, on n’est que 24 000 dont 98 % de femmes. Ce sera difficile d’être entendus. On n’est pas connus, donc pas reconnus. On n’est plus des sages-femmes qui ont fait deux ou trois années d’études avec la tenue de bonne sœur ! »

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Des pleurs s’élèvent au loin, rompant le silence. « C’était un bel accouchement ! »Claire revient de « la numéro 6 ». L’enfant, prématuré, est arrivé par le siège et présentait une pathologie cardiaque, la sage-femme était donc accompagnée de médecins. Pour autant, c’est elle qui surveillait les rythmes cardiaques de la maman et de l’enfant, qui a guidé le père au moment de couper le cordon et s’est chargée d’emmener le nouveau-né auprès des pédiatres.

© Mathieu Cugnot / Divergence. France, Nancy le 2 octobre 2021. Clemence Remy, sage femme lors d’une nuit ˆ la marternitŽ de Nancy. Depuis dŽbut septembre, un mouvement national de protestation sՎtait dŽroulŽ partout en France pour dŽnoncer le sous-effectif, le manque de rŽmunŽration et de reconnaissance. La profession demande Žgalement une revalorisation du statut en tant que profession mŽdicale. Les sages-femmes assurent non seulement la surveillance de la grossesse, la pratique de l’accouchement, les soins post-natalitŽ pour la mre et l’enfant, mais elles peuvent aussi rŽaliser des consultations de contraception, des suivis d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) mŽdicamenteuses, des suivis gynŽcologiques de prŽvention ainsi que des activitŽs liŽes ˆ l’assistance ˆ la procrŽation mŽdicale.

Selon Rémi Pillot, l’obstétricien en charge de l’accouchement, les sages-femmes sont « indispensables » et leur statut médical indéniable. « Elles flirtent en permanence avec la pathologie. Surtout ici, en maternité de niveau 3. » Etat civil, carnet de santé, résultats des examens cliniques, taille, poids… A présent, c’est quarante-cinq minutes d’administratif qui attendent Claire.

« Respirez tranquillement, je vais compter votre respiration… » Au deuxième étage, Magali, sage-femme depuis 1996, est en charge des suites de couches. Il est 1 heure du matin et pour la deuxième fois de la nuit, elle rend visite à une patiente en postopératoire. Cette nuit, elle gère seule avec deux auxiliaires de puériculture un service comptant 21 lits. « Mais c’est plutôt 25, 26, sans augmentation de personnel… Et je n’ai pas 21 patientes mais deux fois plus ! Avec les bébés… », précise la sage-femme.

Au même étage, un bureau se détache dans l’obscurité du long couloir desservant les chambres. C’est celui de Charlotte, sage-femme de l’anténatale. « Aux Assises de la santé mentale, on a évoqué la dépression post-partum. Or, le processus commence bien avant que la femme ne tombe enceinte. Si demain il n’y a plus de sages-femmes pour les suivre, s’en occuper, leur fournir des soins de qualité, que se passerait-il ? », explique-t-elle.

© Mathieu Cugnot / Divergence. France, Nancy le 2 octobre 2021. Fabien, sage femme de 36 ans, depuis 13 ans ˆ la maternitŽ de Nancy lors d’une nuit ˆ la marternitŽ de Nancy. Depuis dŽbut septembre, un mouvement national de protestation sՎtait dŽroulŽ partout en France pour dŽnoncer le sous-effectif, le manque de rŽmunŽration et de reconnaissance. La profession demande Žgalement une revalorisation du statut en tant que profession mŽdicale. Les sages-femmes assurent non seulement la surveillance de la grossesse, la pratique de l’accouchement, les soins post-natalitŽ pour la mre et l’enfant, mais elles peuvent aussi rŽaliser des consultations de contraception, des suivis d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) mŽdicamenteuses, des suivis gynŽcologiques de prŽvention ainsi que des activitŽs liŽes ˆ l’assistance ˆ la procrŽation mŽdicale.

Fabien revient de sa pause dîner, abandonnant un dessert à peine entamé : il y avait une urgence à la salle 4. A 2 heures du matin, le calme règne. En salle de garde, « on s’est mis en mode nuit ». Anne et Claire ont tamisé l’ambiance pour ne laisser que quelques lampes de bureau allumées. « Nos patientes sont en cours de travail », explique Claire. L’occasion de récupérer un peu, car « entre 3 heures et 5 heures, c’est la période la plus dure », selon Fabien.

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Le téléphone sonne. On descend une patiente en salle 3. Puis c’est l’interphone des urgences. « On a failli s’ennuyer ! » Le ballet reprend. On remplit des formulaires, des infirmières et des auxiliaires de puériculture vont et viennent. Quand les premiers rayons du soleil viennent heurter les fauteuils relaxants qui font face à la salle de garde, ceux-ci n’ont pas été occupés de la nuit. Le bilan de Fabien, Claire et Anne se résume à six naissances et 9 euros chacun (le montant de la garde de nuit). Les trois sages-femmes sont debout, comme il y a douze heures, attendant la relève sur le pas de la porte.

Nithya Paquiry

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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