Ils mentent tous hormis Delphine Batho (perdante de la primaire des verts): la plupart des candidats à l’élection présidentielle prétendent concilier la poursuite de la croissance et la préservation de l’environnement

« La “croissance verte” pourrait n’être rien d’autre qu’un mythe, qu’il faudrait sans doute qualifier de “fake news” »

CHRONIQUE

auteur

Stéphane Foucart

La plupart des candidats à l’élection présidentielle prétendent concilier la poursuite de la croissance et la préservation de l’environnement. Une récente note de l’Agence européenne pour l’environnement souligne l’incompatibilité de ces deux projets, relève dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».

Publié aujourd’hui à 01h46, mis à jour à 06h51    Temps de Lecture 4 min.

 https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/03/la-croissance-verte-pourrait-n-etre-rien-d-autre-qu-un-mythe-qu-il-faudrait-sans-doute-qualifier-de-fake-news_6096893_3232.html

Chronique. Une fois n’est pas coutume, la décroissance s’est brièvement installée dans le débat public, en particulier à la faveur de la primaire écologiste, remportée le 28 septembre par Yannick Jadot. Le mot même a un tel pouvoir excommunicateur, et agit comme un si puissant repoussoir pour une majorité de l’opinion et des dirigeants qu’il est très rare de voir des responsables politiques, fussent-ils écologistes, le reprendre à leur compte dans leurs discours ou leur programme.

On les comprend : les dernières semaines ont montré qu’il était politiquement et médiatiquement moins coûteux de se livrer à un révisionnisme de bas étage que d’interroger le dogme de la croissance ad vitam aeternam du produit intérieur brut (PIB). Eric Piolle, également candidat à la primaire écologiste, ne s’y est pas trompé et a affiché une posture prudemment agnostique, tandis que Yannick Jadot a préféré s’inscrire dans le cadre de la « croissance verte » – dont nul ne sait à ce jour si elle existe réellement.

Décryptage : La décroissance : d’où vient ce concept politique qui fait débat à la primaire écologiste ?

A l’inverse, les candidates Delphine Batho et, dans une certaine mesure, Sandrine Rousseau ont affirmé leur volonté de rompre avec ce qui demeure, pour l’écrasante majorité d’entre nous, le principal indicateur du succès des politiques publiques. La probabilité que ce positionnement fasse florès hors de l’écologie politique est très faible : historiquement, toutes les remises en cause de l’exigence de croissance et tous les travaux académiques montrant l’inanité de cet indicateur (il en existe un très grand nombre) ont suscité un intérêt bref et souvent confidentiel, avant de disparaître de l’horizon.

Découplage « impossible »

« La croissance est ancrée dans la culture, la politique et les institutions, résume dans une note récente l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), une instance officielle de l’Union dont les productions demeurent consultatives. Dans le monde entier, la légitimité des gouvernements est indissociable de leur capacité à assurer la croissance économique et à créer des emplois. » L’idée d’un monde économiquement stationnaire nous est impensable.

Dans sa note, l’EEA propose un état des lieux du débat sur les liens entre environnement et croissance du PIB. Première information : depuis 1970, à l’échelle mondiale, la croissance économique est, sans grande surprise, très étroitement corrélée à l’empreinte des sociétés sur leur environnement et à leurs émissions de gaz à effet de serre. Les rares périodes de diminution de l’impact de nos activités coïncident avec les crises économiques – autrement dit de la récession pour les uns, ou de la décroissance pour les autres.

Ainsi, jusqu’à présent, la croissance a toujours été alimentée par une augmentation des flux de matières et d’énergie, c’est-à-dire par la consommation et la transformation de ressources naturelles. A aucun moment de l’histoire récente le PIB n’a grimpé en même temps que l’empreinte de l’humanité sur son environnement chutait. Au point, dit l’EEA dans sa note, que « le découplage entre la croissance et la consommation de ressources pourrait être impossible ». La « croissance verte » pourrait n’être rien d’autre qu’un mythe – qu’il faudrait sans doute qualifier de « fake news » si l’on prenait au sérieux les lois de la thermodynamique.

Puissance des mécanismes de marché

L’agence note que, en 2019, malgré des réglementations parmi les plus ambitieuses au monde, seuls 12 % des ressources matérielles utilisées en Europe provenaient du recyclage. La circularisation complète des économies est impossible, estime en outre l’EEA. Pourtant, malgré ce faisceau d’indices, la grande majorité de l’opinion et des dirigeants continue de croire compatibles la poursuite indéfinie de la croissance économique, d’une part, et la préservation du climat et de la biodiversité, d’autre part.

Sans prétendre trancher la question, il s’agit en l’état d’une simple profession de foi. Elle est rendue possible par une vision du monde issue de la science économique, où la matérialité du monde tend à s’effacer, à devenir une considération de second ordre devant la puissance des mécanismes de marché et l’abstraction des jeux d’écritures comptables.

Milton Friedman, l’un des économistes les plus influents des dernières décennies, répondant à une journaliste qui l’interrogeait sur « l’illusion de la disponibilité sans limites du pétrole », fit cette remarque : « Pourquoi une illusion ? Pardonnez-moi, mais ce n’est pas limité d’un point de vue économique : vous devez séparer l’économie du point de vue physique des choses » (Economists and the Environment : A Diverse Dialogue, de Carla Ravaioli et Paul Ekins, Zed Books, 1995, non traduit).

Le rêve d’une poursuite de la croissance

L’idée qu’il soit possible d’opérer une transition rapide, des formes actuelles de croissance à une « croissance verte » sans impact sur le climat et l’environnement, tient à ce type de considération – « séparer l’économie du point de vue physique des choses ». Cette croyance irrigue toute la société, se renforce à mesure que l’on monte dans la hiérarchie sociale. Elle permet de maintenir dans les discours politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche, l’idée que l’exigence de sauvegarde du climat et de l’environnement peut cohabiter avec le rêve d’une poursuite de la croissance, moyennant quelques ajustements.

« Une réduction de la pression et des impacts sur l’environnement exigerait des transformations fondamentales, afin d’aller vers un différent type d’économie et de société, dit l’EEA, au lieu de chercher des gains progressifs d’efficience dans le fonctionnement des systèmes de production et de consommation actuels. » Pour la plus grande part d’entre nous, une telle révolution culturelle semble à ce jour impossible. Mais il suffit de se projeter dans un monde réchauffé de deux degrés supplémentaires pour se demander si nous avons vraiment le choix.

Décroissance, généalogie d’une idée

Si le constat des limites de la croissance et la critique du progrès ne sont pas nouveaux, il reste à en faire les prémisses d’un système économique et social durable et démocratique.

*« La décroissance n’est ni un programme ni même une théorie, mais une aspiration »

TRIBUNE

François Jarrige – Historien

L’historien François Jarrige retrace, dans une tribune au « Monde », les évolutions de ce concept depuis le XIXe siècle, quand il a fait surface en même temps que les premiers débats sur l’industrialisation du monde.

Publié le 24 septembre 2021 à 15h01 – Mis à jour le 26 septembre 2021 à 17h48    Temps de Lecture 4 min. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/24/la-decroissance-n-est-ni-un-programme-ni-meme-une-theorie-mais-une-aspiration_6095900_3232.html

Tribune. Chaque société a ses tabous ; ils s’accrochent parfois à des mots anodins ou étranges, comme celui de « décroissance », sans cesse repoussé et disqualifié depuis vingt ans. Anxiogène, peu mobilisateur, négatif, réactionnaire, lubie de riche ou concept (déjà) dépassé, tous les arguments éculés pour le discréditer ne peuvent résister au constat implacable, énoncé depuis des décennies maintenant, selon lequel l’extraction et l’accumulation matérielle atteignent leurs limites alors que les imaginaires dominants de la croissance nous poussent vers l’abîme.

Les grands médias s’intéressent aujourd’hui à la décroissance après des décennies de silence ou de déni. Ils y sont évidemment poussés par la force des choses, alors que le dernier rapport du GIEC conclut que « le changement climatique se généralise, s’accélère et s’intensifie ». Les pires prévisions, répétées depuis des décennies par ceux qui se disaient « décroissants », ne cessent de se confirmer, alors que s’impose l’urgence d’une réduction massive des émissions de CO2, c’est-à-dire de la plupart des flux de matières qui constituent le fondement de nos existences.

Décryptage : La décroissance : d’où vient ce concept politique qui fait débat à la primaire écologiste ?

La décroissance n’est ni un programme d’action précis ni même une théorie, mais une aspiration née de la conscience aiguë des contradictions et impasses qui caractérisent nos modes de vie, nos infrastructures et nos imaginaires. Ce terme s’inscrit à la fois dans la longue durée des débats sur l’industrialisation du monde, et dans les temporalités plus courtes de l’évolution de l’écologie politique depuis les années 1970.

Externalités négatives

Longtemps, l’idée même de croissance économique n’avait aucun sens, la croissance renvoyant d’abord à la biologie pour décrire l’augmentation de taille des êtres vivants. Le terme fut repris par la théorie économique. Jusqu’au XIXe siècle, les sociétés vivaient dans un monde relativement stable, gérant la pénurie et des ressources contraintes. Dès les débuts de l’essor industriel, de nombreux doutes sont exprimés à l’égard du projet d’expansion continue de la production, et de nombreuses alertes sont formulées contre le projet moderne d’artificialisation du monde.

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La question de la décroissance émerge surtout au XXe siècle, lorsque la croissance devient l’idéologie dominante et l’horizon principal. Le projet moderne d’accumulation matérielle s’intensifie en effet au milieu du XXe siècle ; de nouveaux critères économiques s’imposent afin de la mesurer et d’en faire une référence pour l’action publique (c’est le fameux PIB). C’est ce qui pousse certains observateurs et intellectuels à tenter d’ouvrir la « boîte noire » de la croissance, de pénétrer dans son fonctionnement, d’évaluer ses effets et ses impasses.

Alors que la théorie économique héritée du XIXe siècle s’était développée en laissant de côté les effets délétères sur la nature, la question des « externalités négatives » émerge ainsi avec Arthur Cecil Pigou (1877-1959), qui propose l’instauration des premières taxes sur les pollutions. L’économiste germano-américain Karl William Kapp (1910-1976) décortique, de son côté, les coûts sociaux et environnementaux de la croissance, alors qu’à la fin des années 1960, le Britannique Ezra J. Mishan publie The Costs of Economic Growth (1967), un traité ambitieux qui annonce les théories hétérodoxes de la bioéconomie. La pollution y est analysée comme un frein à la poursuite du développement.

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Le débat s’intensifie surtout dans les années 1970, à la suite des chocs pétroliers, des crises énergétiques et des alertes écologistes formulées dans un contexte de vives conflictualités sociales. En 1972, le rapport Meadows sur les « limites à la croissance » suscite d’abondants débats. L’opposition entre croissance et décroissance surgit en lien avec l’essor d’une économie hétérodoxe nourrie par la théorie des systèmes et l’écologie fonctionnelle.

Nouveau paradigme

Le mathématicien et économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen (1906-1994) publie des travaux majeurs qui remettent en cause l’orthodoxie économique, comme les illusions des promoteurs du « développement durable ». A leur place, il propose un nouveau paradigme autour d’une « perspective bioéconomique » qui vise à réduire l’empreinte matérielle en contestant la folie de la croissance soutenue par la science économique, qu’elle soit d’inspiration marxiste ou néoclassique. Mais cet auteur fut mis de côté dans les années 1980 alors que la mondialisation, couplée à l’informatisation du monde, devait inventer une « croissance verte » censée être immatérielle.

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Le concept de « décroissance » ressurgit dans le champ politique et militant au début du XXIe siècle, pour qualifier un sous-groupe de l’écologie politique attaché à la critique du développement économique comme objectif cardinal. Le terme lui-même a été inventé par le philosophe Jacques Grinevald pour contrer les opérations idéologiques de « greenwashing ». L’économiste et philosophe Serge Latouche a été l’un de ses principaux promoteurs en France.

Le thème s’impose parmi les déçus de l’écologie institutionnelle, il gagne en audience dans un fourmillement d’expérimentations et de querelles. Plusieurs conceptions s’affrontent, alors que les tentatives pour circonscrire cette constellation complexe se multiplient. Mais la « décroissance » est surtout un « mot-obus », une stratégie discursive provocatrice qui entend porter l’attaque au cœur du système idéologique dominant, en laissant peu de prise aux récupérations. C’est en France que le mot a sans doute le plus circulé.

Lire la chronique de Stéphane Lauer : L’écologie face au piège de la décroissance

Une nouvelle phase s’ouvre aujourd’hui : le terme circule de plus en plus dans divers pays, les initiatives se multiplient et la décroissance devient à la fois un thème dans le débat présidentiel, mais aussi un programme de recherche académique qui mobilise économistes, ingénieurs, chercheurs en philosophie et en sciences sociales. L’enjeu est toujours de dénaturaliser la « croissance », qui demeure la boussole des politiques publiques et la cause des crises écologiques à répétition que nous vivons. Alors que les plans de relance continuent de célébrer la croissance comme seul horizon, il s’agit de rompre avec cette évidence pour rouvrir le champ des possibles, et imaginer d’autres façons de vivre dans un monde « post-croissance ».

François Jarrige est maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de Bourgogne.

  • François Jarrige(Historien)

**« La décroissance sera certes une récession, mais elle ne sera pas une dépression »

TRIBUNE

Michel Lepesant – Philosophe

Le philosophe Michel Lepesant plaide, dans une tribune au « Monde », pour la mise en place d’une « société « inversée » et pour une décroissance démocratiquement choisie.

Publié le 24 septembre 2021 à 15h00    Temps de Lecture 4 min. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/24/la-decroissance-sera-certes-une-recession-mais-elle-ne-sera-pas-une-depression_6095899_3232.html

Tribune. Le verdict du rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 9 août, est clair : « Les preuves des changements observés dans les phénomènes extrêmes tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation. » Il rejoint celui du récent rapport conjoint du GIEC et de l’IPBES (la plate-forme des Nations unies pour la biodiversité et les écosystèmes), publié en juin 2021, et dont les premiers mots sont : « Le changement climatique et la perte de biodiversité sont deux des problèmes les plus urgents de l’anthropocène »c’est-à-dire depuis l’avènement des hommes comme principale force de changement sur terre.

Les rapports du GIEC et de l’IPBES fournissent le cadre. Nous n’éviterons pas un monde à + 1,5 °C (entre 2030 et 2040), explique le GIEC, même si dans son scénario le plus optimiste, la température pourrait être stabilisée avant de décroître à 1,4 °C vers la fin du siècle. La question politique est par conséquent celle d’une solution responsable : cesser de faire de la croissance du produit intérieur brut (PIB) la boussole à l’aune de laquelle toutes les politiques devraient être évaluées.

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Cette boussole est biaisée car elle oriente nos vies sous la domination de la seule activité économique. La mise sous tutelle de toute vie sociale correspond à la victoire d’un concept : l’indicateur du PIB, qui est devenu une idéologie au service du monde de la croissance.

Aujourd’hui, tout gain de croissance est corrélé à une dégradation de l’empreinte écologique (EE). Pire, le seuil de dépassement des plafonds de l’insoutenabilité écologique n’est pas devant nous mais derrière nous : en 2021, le « jour du dépassement » est le 29 juillet. Désormais chaque humain doit se sentir responsable et d’efforcer de repasser sous ce seuil : c’est cela qui s’appelle la « décroissance ». Et appelons un chat un chat : même si toute récession n’est pas qu’une décroissance, la décroissance est bien une espèce de récession.

Croissance et récession sont des notions économiques antagonistes. Une récession correspond au recul de l’activité économique, mesurée par le PIB, pendant au moins deux trimestres consécutifs. Quand une récession est « grave et durable », elle devient une dépression.

La fin du fétichisme

Or la décroissance entraîne forcément un recul de la croissance économique. Quelle devra être la durée de ce recul ? Le temps de revenir à une EE soutenable. En France, l’EE est de 1,8 par rapport à la biocapacité française (et de 2,9 par rapport à la biocapacité mondiale). Avec un taux de décroissance de 10 % par an, il faudra près de 40 trimestres de récession si on part d’une EE de 2,9. Il s’agit d’un calcul grossier, mais il donne un ordre de grandeur pour comprendre que la décroissance sera une récession.

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Pour autant, cette décroissance aura-t-elle pour conséquence une récession grave et durable ? Durable, oui, mais grave ? Economiquement, la décroissance durable du PIB sera importante, mais cela correspondra aussi à un allègement du poids que l’économie fait peser sur la vie sociale. Refuser d’assumer la décroissance comme une récession, cela consiste à rester prisonnier des cadres idéologiques des partisans de la croissance.

Si l’on se place du point de vue de la vie sociale et non de la comptabilité économique, la décroissance – décrue durable de la croissance – ne sera pas grave. Une vie où chacun sera émancipé de la course permanente à l’innovation, où chacun pourra préférer les dimensions du commun, de la coopération, de la convivialité, de la sérénité plutôt que de fétichiser l’individualisme, la concurrence, la rivalité, l’agitation…

La décroissance sera certes une « récession », durable, mais elle ne sera pas une « dépression » si elle réussit à s’émanciper du tout-économique. Et, pour cela, elle devra être démocratique et choisie. Là où la croissance est sans limites, la décroissance n’est pas, elle, une décroissance vers le zéro. La décrue des extractions, des productions, des consommations, des déchets – dans le cadre retrouvé d’une empreinte écologique juste et responsable – n’est pas une fin en soi.

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Les finalités sont une décroissance forte des inégalités sociales et la remise sur ses pieds d’une société aujourd’hui inversée. Seraient alors combattues l’invisibilisation et la dévalorisation de la sphère de la reproduction sociale (les activités du soin et de la socialité primaire auxquelles sont aujourd’hui assignées les femmes), et donc le patriarcat…

En attendant, il est à craindre une campagne présidentielle durant laquelle les partisans du capitalisme comme ceux qui le critiquent faussement – les partisans de la « croissance soutenable » et du « pacte vert » – rivaliseront pour esquiver la solution responsable d’une décroissance démocratiquement organisée et voulue.

Michel Lepesant, philosophe, est membre de la Maison commune de la décroissance, auteur de « Politique(s) de la décroissance » (Utopia, 2013).Décroissance, généalogie d’une idée

Michel Lepesant(Philosophe)

***« En opposant la décroissance à la croissance verte, on continue de maintenir le PIB au cœur de nos réflexions »

TRIBUNE

Aurore Lalucq – Economiste et eurodéputée

L’enjeu n’est plus le développement matériel de nos sociétés, mais la transition écologique et sociale, rappelle l’économiste et eurodéputée Aurore Lalucq dans une tribune au « Monde ».

Publié le 24 septembre 2021 à 15h00 – Mis à jour le 27 septembre 2021 à 08h49    Temps de Lecture 4 min. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/24/en-opposant-la-decroissance-a-la-croissance-verte-on-continue-de-maintenir-le-pib-au-c-ur-de-nos-reflexions_6095897_3232.html

Tribune. Le débat sur la croissance arrive à la fois au pire et au meilleur moment. Au meilleur, car il est plus que temps de nous interroger sur les finalités de notre modèle économique. Au pire, car notre débat public est incapable de supporter la moindre nuance. Or c’est bien de nuance qu’il va falloir nous armer si nous voulons éviter l’impasse à laquelle nous conduit l’opposition entre croissance verte et décroissance.

D’un côté, les tenants de la décroissance nous expliquent qu’il est urgent de « décroître » du fait de la corrélation entre croissance et émissions de gaz à effet de serre (GES). S’ils ont raison sur le diagnostic, ils négligent trop la manière dont ce discours peut être perçu.

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En effet, pour bon nombre de personnes, la référence à la décroissance agit comme un repoussoir, véhiculant un imaginaire de privation. Ses détracteurs ne manquent d’ailleurs pas de la caricaturer comme un retour forcé à la bougie. Un discours particulièrement efficace, car nous avons été collectivement conditionnés par l’importance de la croissance et par la peur de sa disparition.

Difficile par ailleurs de parler de réduction de la consommation à des personnes qui n’ont jamais pu totalement y goûter. Et si cela est vrai en France, ne parlons même pas des pays qui n’ont pas eu accès aux mêmes possibilités de développement, car nous les avons privés de leur « droit à polluer ».

Vision partielle

De l’autre côté, les hérauts de la croissance verte nous expliquent qu’il serait possible de découpler émissions de GES et croissance, autrement dit de produire plus en polluant moins, et ce, grâce au progrès technique. Malgré des innovations certaines, la promesse du découplage permis par une rupture technologique reste à l’état de chimère.

L’Agence européenne de l’environnement estime que le découplage semble « peu probable », rappelle qu’« aucun consensus scientifique n’a jamais émergé au fil des années » et que, pour atteindre nos objectifs climatiques, nous allons être obligés de mettre la croissance de côté.

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Parier sur le découplage serait donc irresponsable, alors que toute la communauté scientifique s’accorde sur l’urgence d’agir pour limiter l’impact du dérèglement climatique. Mais on ne peut pour autant disqualifier en bloc la logique qui sous-tend ce discours, à savoir la peur de renoncer à la prospérité. Mais croissance et prospérité vont-elles encore de pair ? Rien n’est moins sûr tant on observe, dans nos économies développées, un décrochage entre l’évolution du produit intérieur brut (PIB) et celle du bien-être depuis plus de quarante ans.

Tentons de reposer les termes du débat : un indicateur est fait pour indiquer si les politiques publiques vont dans le bon sens. Or, au cœur du débat autour de la croissance se niche la question du PIB, un indicateur instauré aux Etat-Unis après la crise de 1929 pour suivre la relance de Roosevelt et mesurer la production.

Décryptage : La décroissance : d’où vient ce concept politique qui fait débat à la primaire écologiste ?

Le PIB agrège des éléments à la fois positifs et négatifs pour la société. D’où le fameux discours de Robert Kennedy, qui dira du PIB qu’il comptabilise positivement la destruction des forêts, la fabrication d’armes, mais laisse de côté la santé et l’éducation de nos enfants. Le PIB donne une vision partielle, voire déformée, de la réalité. Mesurant uniquement les flux, il peut nous donner l’illusion de nous enrichir, alors même que nous détruisons notre patrimoine naturel. Le problème, c’est qu’il est devenu bien plus qu’un indicateur.

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Sa généralisation, au lendemain de la seconde guerre mondiale, coïncide avec le début d’une ère de développement matériel sans précédent, les « trente glorieuses ». C’est le début de la consommation de masse, l’accès pour une grande partie de la population à l’eau courante, au chauffage central… Le PIB devient synonyme de prospérité et de plein-emploi. Un objet fétiche auquel nous sommes attachés de manière quasi affective.

Choix ni anecdotique, ni technocratique

S’il est nécessaire d’accepter que le PIB représente tout cela dans l’imaginaire collectif, il nous faut entendre le rejet qu’il provoque. Pour toute une génération, la croissance va, en effet, de pair avec la mise en péril de notre existence.

Lire la chronique de Stéphane Lauer : L’écologie face au piège de la décroissance

Ce débat n’est pourtant pas indépassable. En opposant la décroissance à la croissance verte, on continue de maintenir le PIB au cœur de nos réflexions. Or l’enjeu, aujourd’hui, n’est plus le développement matériel de nos sociétés mais la transition écologique et sociale. De passer du toujours plus au mieux. De partager les richesses plutôt que de poursuivre une croissance sans fin qui nourrit aujourd’hui les inégalités.

Il faudra ainsi décroître dans certains secteurs polluants et encourager dans le même temps le développement d’activités dont l’impact est positif en matière écologique et sociale. Pour y parvenir, nous avons besoin d’indicateurs sociaux et environnementaux à même de guider nos politiques. Il nous faudra également étudier les conséquences pratiques d’un changement de modèle : par quoi remplacer le PIB dans les négociations collectives et le vote du budget ? Comment financer notre modèle social ? Et quid des marchés financiers, dont l’existence même est intrinsèquement liée à une croissance perpétuelle ?

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Ce choix d’indicateur n’est ni anecdotique ni technocratique. Il renvoie à un véritable choix de société et nous conduit à nous interroger sur ce qui compte vraiment. A repenser notre rapport à la nature, à l’idée de limite. A réfléchir à comment et par quoi remplacer ce qu’Ivan Illich appelle notre « ethos de l’insatiabilité ». Et, plus largement, à redéfinir notre vision de la prospérité. Autant de questions majeures qui ne nous permettent pas de nous perdre dans de faux débats ni de faire semblant de ne pas nous comprendre.

Aurore Lalucq est économiste et députée européenne (Alliance progressiste des socialistes et démocrates)

Aurore Lalucq(Economiste et eurodéputée)

****« Les débats des Verts sont loin de refléter la profondeur du champ de la décroissance »

TRIBUNE

Timothée Parrique – Economiste

Même si les cinq candidats à la primaire des écologistes ont tous pris position sur le sujet, leur réflexion demeure encore embryonnaire, observe l’économiste Timothée Parrique, dans une tribune au « Monde ».

Publié le 24 septembre 2021 à 15h00    Temps de Lecture 3 min. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/09/24/les-debats-des-verts-sont-loin-de-refleter-la-profondeur-du-champ-de-la-decroissance_6095896_3232.html

Tribune. Au cours des débats à la primaire d’EELV, un mot est souvent revenu : « décroissance ». Les cinq candidats ont tous pris position sur la question. Si la députée Delphine Batho en a fait son cheval de bataille, ses concurrents sont apparus sur la réserve. Eric Piolle se dit « ni croyant dans la croissance ni croyant dans la décroissance ». Yannick Jadot « se fout complètement » de la question, tout comme Sandrine Rousseau, qui estime que « la décroissance, ça n’a pas tellement de sens économique, en vrai », constat partagé par Jean-Marc Governatori. Le sujet est pourtant en train de devenir incontournable chez les écologistes, au risque, malheureusement, de s’enliser dans quatre faux débats.

Décryptage : La décroissance : d’où vient ce concept politique qui fait débat à la primaire écologiste ?

La croissance est-elle positive ou négative ? La décroissance est bien plus qu’une simple réduction du PIB. Sur ce point, le véritable clivage se situe aujourd’hui entre l’« économisation » du monde et sa « déséconomisation », c’est-à-dire le constat, partagé au cours des débats des Verts, que certaines activités seraient mieux organisées en dehors de la logique de l’accumulation monétaire. L’objectif serait alors de construire une économie du bien-être qui ne soit pas obnubilée par l’argent, une économie où la production serait socialement utile et écologiquement soutenable : moins de PIB, certes, mais plus d’égalité, de convivialité et de soutenabilité.

Pour ou contre le PIB ? Il y a un consensus chez les écologistes sur le fait que le PIB mesure mal ce qui compte vraiment. Ce qu’il faut changer, ce n’est donc pas la mesure, mais le système que l’on cherche à mesurer. L’économie ressemble à une voiture lancée à pleine vitesse contre un mur écologique. L’urgence est de la ralentir avant l’accident. Le véritable apport de la décroissance est de mettre l’accent sur des stratégies socialement acceptables pour ralentir cette économie hors de contrôle. Réduction du temps de travail, garantie de l’emploi, redistribution des richesses, relocalisation de la production, rationnement du budget carbone… C’est une économie alternative – et un chemin de transition – à concevoir entièrement.

Qualité ou quantité ? Les débats autour de la décroissance s’embourbent souvent dans des listes de « plus » ou de « moins » : plus de panneaux solaires et de pistes cyclables, moins de pesticides et de pollution, etc. Chacun fait ses courses, mais on oublie que les crises environnementales sont avant tout une affaire d’échelle. Passé une certaine taille critique, toute activité économique aussi désirable soit-elle devient écologiquement problématique.

Lire la chronique de Stéphane Lauer : L’écologie face au piège de la décroissance*****

Pour les décroissants, l’économie d’un pays comme la France est démesurée par rapport aux capacités des écosystèmes. En situation d’obésité écologique, réduire les volumes de production et de consommation est la manière la plus sûre d’alléger nos impacts ; d’où la notion d’une décroissance vers une économie stationnaire, dont la taille permettrait de satisfaire les besoins de tous sans dépasser les limites planétaires.

L’environnement ou le social ? La décroissance dépasse de loin la question environnementale, car il existe aussi des limites sociales à la croissance. Toute économie fonctionne avec un budget temps limité. Le but de l’économie devrait être de libérer du temps pour des activités intellectuelles, culturelles et spirituelles, et pas de produire encore et toujours plus. Une économie en poursuite d’une croissance infinie se retrouve dans la même position que Sisyphe, condamné à pousser son PIB jusqu’à épuisement social (et écologique), et puis à recommencer.

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La décroissance recouvre plusieurs réalités : une stratégie de transition, un mouvement, une mosaïque de pratiques, une idéologie, une théorie et un domaine d’étude. Au sein du mouvement écologiste, si Delphine Batho la défend, les autres candidats s’y opposent, mais connaissent mal le sujet, qu’ils réduisent à une croissance négative du PIB. Les débats des Verts sont par conséquent loin de refléter la profondeur du champ de la décroissance, qui fait aujourd’hui partie des grandes idées qui façonnent l’écologie politique.

Timothée Parrique est docteur en sciences économiques, auteur d’une thèse sur la décroissance (« The Political Economy of Degrowth », 2019). Décroissance, généalogie d’une idée

Timothée Parrique (Economiste)

*****L’écologie face au piège de la décroissance

CHRONIQUE

auteur

Stéphane Lauer – éditorialiste au « Monde »

L’innovation et la technologie ne sont pas les ennemies de la cause environnementale. Surmonter les défis écologiques sans elles revient à proposer un projet de décroissance qui mènera à une impasse.

Publié le 06 juillet 2020 à 02h27 – Mis à jour le 06 juillet 2020 à 13h59    Temps de Lecture 4 min. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/07/06/l-ecologie-face-au-piege-de-la-decroissance_6045290_3232.html

Chronique. Parmi les combats que le nouveau maire Europe Ecologie-Les Verts (EELV) de Bordeaux, Pierre Hurmic, a menés au cours de sa carrière politique, la lutte contre les lignes de train à grande vitesse fut sans doute l’un des plus acharnés. Pourtant, ce mode de « transport de niche et de riches qui ne profite qu’aux métropoles », selon lui, a sans doute joué un rôle dans sa victoire lors des élections municipales du 28 juin. Le TGV a contribué à réveiller « la belle endormie » qu’était Bordeaux en accélérant un changement sociologique de la population, sans lequel ce bastion de droite réputé imprenable pendant soixante-treize ans n’aurait sans doute jamais basculé dans le camp écologiste.

Quelle ironie ! La modernité et la technologie seraient donc parfois susceptibles, malgré elles, de faire avancer la cause environnementale. Pour être honnête, ces derniers jours, on avait fini par croire que les deux étaient définitivement incompatibles.

Lutte contre la 5G

Il y a eu d’abord cette improbable polémique sur les dangers potentiels de la cinquième génération de téléphonie mobile (5G). Que voulez-vous, Pierre Hurmic« n’aime pas les techniques imposées ». Il n’est pas le seul : à Strasbourg, Lyon ou encore Besançon, les maires écologistes fraîchement élus ont fait de la lutte contre la 5G leur cheval de bataille.

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Il est plus facile de nourrir des thèses ésotériques sur la propagation des ondes ou d’affirmer comme le maire EELV de Grenoble, Eric Piolle, que la 5G sert surtout à regarder du porno, que d’expliquer ce que cette technologie peut apporter, parfois de façon contre-intuitive, au développement durable : l’essor des villes intelligentes appelées à devenir moins gourmandes en énergie, permettre la circulation des véhicules autonomes afin de réinventer les déplacements dans les centres urbains, encourager la télémédecine ou l’enseignement à distance, dont la récente pandémie a montré toute l’utilité.

Peu importe si les maires n’ont pratiquement aucun levier pour réglementer l’implantation des antennes relais de 5G sur leur territoire, comme l’a rappelé le Conseil d’Etat dans une décision d’octobre 2011. Faire semblant d’avoir la main sur le sujet en menaçant de décréter des moratoires est sans doute beaucoup plus facile et plus payant sur le plan électoral que d’imaginer comment mettre l’innovation au service de l’environnement.

Bonneteau énergétique

La politique à courte vue a aussi fini par l’emporter dans l’interminable feuilleton sur la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin). Une alliance électorale de circonstance entre le Parti socialiste de François Hollande et EELV remontant à 2012 a conduit à une fermeture définitive du site, contestable aussi bien sur le plan économique qu’environnemental.

Les climatologues du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ainsi que l’Agence internationale de l’énergie (AIE), affirment pourtant qu’il sera impossible de limiter le réchauffement climatique de 1,5 °C, comme le préconise l’accord de Paris sur le climat, sans augmenter considérablement la production nucléaire.

La France se paie donc le luxe de s’astreindre à décarboner une production d’électricité qui n’émet quasiment pas de CO2

Le nucléaire présente des défauts incontestables, notamment en matière de recyclage des déchets. Mais le remplacer par du solaire et de l’éolien, qui, à production identique, consomment plus de métaux, de ciment, tout en occupant plus d’espace au détriment de la biodiversité, pose aussi question. Sans parler de la dégradation de notre balance extérieure. Le temps que la bascule vers ces énergies renouvelables se réalise, nous serons contraints d’importer plus d’électricité, dont la légèreté de l’empreinte carbone n’a rien de garanti.

Dans cette affaire, la France se paie donc le luxe de s’astreindre à décarboner une production d’électricité qui n’émet quasiment pas de CO2. Comme si le pays avait les moyens et le temps d’investir des centaines de milliards d’euros dans ce bonneteau énergétique qui n’améliorera pas d’un iota notre bilan carbone. Les Shadoks n’auraient pas fait pire.

Au nom d’un combat antinucléaire, qui peine à s’adapter aux nouvelles contingences de la lutte contre le réchauffement climatique, on prend le risque de fragiliser la position énergétique de la France, dont les émissions de CO2 par habitant sont plutôt basses, comparées à celles des autres pays industrialisés.

Chaque source d’énergie non fossile a ses avantages et ses inconvénients. Ne pas étudier sérieusement l’équilibre entre les deux, sans dogme ni a priori, revient à se condamner à faire des choix hasardeux en jouant sur la méconnaissance de l’opinion sur ces sujets. Dès lors que 69 % des Français sont convaincus que le nucléaire contribue au dérèglement climatique, il semble difficile d’instaurer un débat apaisé et constructif.

Responsabilité des politiques

Au-delà de la méconnaissance de l’opinion, les dirigeants politiques ont aussi leur part de responsabilité dans ce gâchis. Incapables de se projeter sur le long terme, certains préfèrent surfer sur des effets d’annonce sans lendemain pour flatter des électorats volatils.

Emmanuel Macron semble vouloir de nouveau inscrire la politique en ce domaine dans le temps long en se fixant pour objectif de « réindustrialiser le pays en réinventant un modèle industriel écologique », affirme-t-il dans l’entretien qu’il a accordé à la presse quotidienne régionale le 3 juillet. C’est un premier pas dans le bon sens à condition d’être au clair sur nos priorités. « On ne peut pas parler de réindustrialisation et de relocalisation si on ne s’attend pas à ce que la France consomme plus d’énergie pour produire tout cela », a rappelé Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, lors des Rencontres économiques d’Aix-en Seine, vendredi 3 juillet, soulignant le rôle majeur que devra jouer le nucléaire

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L’innovation et la technologie ne sont pas les ennemies de l’écologie. Sans elles, surmonter les défis de la préservation de la planète revient à proposer un projet de décroissance qui mènera à une impasse. Les deux mois de confinement ont constitué un test utile pour mesurer ce que cela signifie, notamment pour les plus démunis. Ce peut être un choix, mais il faut qu’il soit clairement assumé par ses promoteurs.

Stéphane Lauer (éditorialiste au « Monde »)

Commentaire du Dr Jean Scheffer: ce dernier article de Stéphane Lauer est une critique des écologistes, un plaidoyer pour le nucléaire. Il ne dit pas un mot sur la solution à propos des déchets nucléaires (il reconnait qu’ils posent problème), sur le coût du démantèlement des centrales nucléaires à bout de souffle, du cout de construction de celles qui les remplaceront. Il sous estime fortement l’apport des énergies renouvelables. Et faire intervenir en sa faveur Dominique Reynié c’est convoquer « le monde d’avant », un dinosaure à exclure des débats sur le monde d’après.

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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