Des assises de la psychiatrie ne permettant pas un sursaut d’attractivité pour la psychiatrie publique: les psychologues et les psychologues les psychiatres-soignants du « Printemps de la Psychiatrie » insatisfaits

Santé mentale : les annonces d’Emmanuel Macron saluées par les soignants et les associations présents aux assises, mais pas par les psychologues, ni par les psychiatres et soignants du « Printemps de la Psychiatrie »

Depuis plusieurs mois, les professionnels du secteur psychiatrique alertaient sur l’état de la santé mentale des Français. 

Par Nithya PaquiryPublié hier à 11h15, mis à jour à 16h37  

Temps de Lecture 5 min. 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/09/29/sante-mentale-les-annonces-d-emmanuel-macron-saluees-par-les-soignants-et-les-associations_6096443_3224.html

Emmanuel Macron après son discours aux Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, à Paris, le 28 septembre.
Emmanuel Macron après son discours aux Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, à Paris, le 28 septembre. GONZALO FUENTES / REUTERS

Au terme de deux jours de tables rondes, Emmanuel Macron clôturait, mardi 28 septembre, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie par l’annonce de diverses mesures, parmi lesquelles le remboursement de consultations de psychologues pour tous et la création de 800 postes supplémentaires au sein des centres médico-psychologiques (CMP).

Des annonces attendues par ce secteur exsangue, miné par le manque d’attractivité, notamment pour les psychiatres (30 % des postes de praticiens hospitaliers sont vacants dans le public), et devant faire face à une demande et une détresse croissante des patients. Deux ans de crise sanitaire auront autant aggravé que mis au jour une situation déjà complexe en termes de santé mentale. Selon le dernier volet de l’enquête CoviPrev de Santé publique France, entre le 31 août et le 7 septembre, 15 % des Français présentaient un état dépressif. C’est cinq points de plus qu’en période hors Covid. Plus que jamais, comme l’a rappelé à diverses reprises au cours de ces deux derniers jours le gouvernement, les enjeux de psychiatrie et de santé mentale sont « l’affaire de tous ».

Lire l’enquête : Après le Covid-19, la crainte d’une « vague psychiatrique »

C’est donc en vue de toucher le plus grand nombre que le président de la République a annoncé le remboursement de consultations de psychologues par la Sécurité sociale, « pour toute la population à partir de l’âge de 3 ans », sur prescription uniquement. Cette mesure, prévue pour 2022, s’organisera dans le cadre d’un forfait de 10 séances, renouvelable une fois et comprenant une première consultation bilan, prise en charge à hauteur de 40 euros. Les suivantes seront, elles, plafonnées à 30 euros. Le financement sera partagé avec les complémentaires santé, à un niveau pour le moment inconnu. Si l’initiative était crainte par les psychologues, qui considèrent que le tarif est insuffisant, elle est pleinement assumée par le chef de l’Etat, qui y voit « une tarification réaliste », répondant à une « demande sociale », qui reposera sur la base du volontariat pour les praticiens. Pour sa mise en place, le gouvernement envisage de déployer 50 millions d’euros en 2022, puis 100 millions par an à partir de 2023.

Meilleur encadrement de la jeunesse

Doctors and a psychologist (L) meet with a patient’s relative at the palliative care unit of the Argenteuil hospital in the suburbs of Paris on July 22, 2013. AFP PHOTO / FRED DUFOUR (Photo by FRED DUFOUR / AFP)

Par ailleurs, Emmanuel Macron a annoncé vouloir « compléter la feuille de soins de 2018 » sur la psychiatrieSi, entre 2018 et 2021, 1,4 milliard d’euros avaient été consacrés au renforcement des soins hospitaliers, ce sont 1,9 milliard d’euros qui seront débloqués à partir de 2022. Pour un meilleur accès au soin, le gouvernement s’engage à la création de 800 postes dans les CMP – 400 seront consacrés aux CMP infanto-juvéniles, 400 autres au soin des adultes. Une manière de raccourcir les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous qui peuvent atteindre en moyenne dix-huit mois « dans les territoires qui sont le plus en tension ».

Afin d’aller dans le sens d’un meilleur encadrement de la jeunesse, des maisons des adolescents, telles qu’il en existe déjà 118 sur l’ensemble du territoire, seront créées de façon à ce qu’on en compte au moins une par département. Permettant d’accueillir des jeunes en souffrance mentale ou somatique, elles sont, d’après le président de la République, un « élément-clé pour éviter la détérioration de certaines situations connues ». Concernant les personnes âgées, 20 équipes mobiles seront mises en place au sein des Ehpad et dans les structures médico-sociales.

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Enfin, Emmanuel Macron prévoit de débloquer 80 millions d’euros dans le cadre du « programme d’investissements d’avenir », notamment en neurosciences, en intelligence artificielle ou dans les dispositifs médicaux qui permettront, selon lui, « des améliorations du soin au quotidien, et une transformation de nos pratiques ». Douze postes d’enseignants-chercheurs en psychiatrie doivent également être créés entre 2022 et 2025.

Du côté des représentants des malades et de leurs familles, le message délivré par le président a été plutôt bien accueilli. « On salue un discours apaisé et apaisant. C’est important pour nous, pour les proches, qu’il ne soit pas sécuritaire à l’égard de la santé mentale », a ainsi souligné Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), qui s’était notamment exprimée lors de l’état des lieux en ouverture des assises.

« On ne parle pas des patients »

Parmi les mesures annoncées, le volet consacré à la prévention, prévoyant la mise en place de campagnes d’information sur les maladies mentales, les addictions, et les risques encourus, en partenariat avec l’éducation nationale, semble répondre aux attentes. « On s’est retrouvés là-dedans », affirme Marie-Jeanne Richard, tout comme Bénédicte Chenu, secrétaire générale de l’association du Collectif Schizophrénies : « On soutient le projet d’un institut de stimulation cérébrale, important pour les personnes schizophrènes, bipolaires ou dépressives. »A

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L’Unafam apporte toutefois un bémol sur l’orientation du discours présidentiel, très tourné vers les professionnels. « On ne parle pas des patients. Je regrette qu’on n’ait pas davantage décloisonné le sanitaire et le médico-social, alors que, lors des assises, on a bien insisté sur l’importance d’avoir un chez-soi, un accès à l’emploi, pour les personnes malades », a souligné Marie-Jeanne Richard.

A propos de l’engagement central d’Emmanuel Macron de rembourser des consultations de psychologue, on se réjouit d’un plus grand accès aux soins pour les plus démunis. Pour autant, Bénédicte Chenu s’interroge sur les modalités « Est-ce au médecin traitant de définir ça ? Le psychologue pourrait déterminer les besoins. Tout cela est très cadré, il ne faut pas protocoliser la prise en charge des psys, ni généraliser. » Un point sur lequel la rejoint Anne Enot, pédopsychiatre et directrice de deux centres médico-psychologiques en Isère, qui rappelle la charge de travail supplémentaire pour les médecins généralistes et alerte sur le revers que pourrait représenter la mise en place de forfaits : « On ne peut pas se limiter à un nombre prédéfini de séances. Chez certains patients très malades, dépressifs, suicidaires, c’est la perspective d’un prochain rendez-vous qui les tient. » Pour la praticienne, le déploiement de 800 postes supplémentaires n’est pas suffisant : « Sachant qu’il y a environ 1 760 CMP adultes en France, 400 soignants divisés par 1 760, cela ferait à 0,22… Ça va pas faire énorme ! »

Nithya Paquiry

Psychologue sur prescription, CMP, post partum… les annonces de Macron aux Assises de la santé mentale   

Par Louise Claereboudt le 29-09-2021 

https://www.egora.fr/actus-pro/politique-de-sante/68959-psychologue-sur-prescription-cmp-post-partum-les-annonces-de?nopaging=1

Dégradée lors de l’épidémie de Covid-19, la santé mentale des Français constitue un véritable enjeu de santé publique. Lors des Assises de la psychiatrie et de la santé mentale, les 27 et 28 septembre, le président de la République a ainsi annoncé une série de mesures pour pallier le manque de prise en charge et d’accompagnement des personnes en souffrance psychique. 

C’est un des fléaux que la crise sanitaire a permis de mettre en lumière : la santé mentale des Français s’est considérablement dégradée ces dernières années, et en particulier depuis l’épidémie de Covid. Etats dépressifs, addictions, idées suicidaires, troubles psychiques, isolement… Face à la hausse de l’ensemble de ces indicateurs, le président de la République avait annoncé en janvier 2021 l’organisation d’Assises de la psychiatrie et de la santé mentale avant l’été afin d’apporter des réponses à ce véritable enjeu de santé publique.

Préparées par le Gouvernement, et par un comité d’orientation rassemblant 16 personnalités qualifiées reconnues, ces Assises se sont finalement tenues les 27 et 28 septembre, en présence d’Emmanuel Macron. Un total de 30 mesures ont ainsi été annoncées, certaines plus attendues que d’autres. Zoom sur les principales annonces.

Pensées suicidaires : un numéro national 

1 Français sur 5 est touché chaque année par un trouble psychique (13 millions de personnes au total), 64% des Français ont déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique, le taux de suicide est l’un des plus élevés des pays européens de développement comparable (il s’agit même de la 2e cause de mortalité chez les 10-25 ans), les Français sont les plus gros consommateurs de psychotropes au monde…

Le constat est sans appel, malgré le tabou persistant autour de la santé mentale. Avec plus de 23 milliards d’euros par an, les dépenses remboursées au titre de la souffrance psychique et des maladies psychiatriques sont le premier poste de dépenses de l’Assurance maladie, avant les cancers et les maladies cardiovasculaires. Le Gouvernement entend de fait “lever ce tabou”, en développant les campagnes de communication “généralistes” mais aussi “ciblées” vers les publics fragiles.

Un numéro national de prévention du suicide sera disponible dès le 1er octobre à l’ensemble de la population, 24h/24, sept jours sur sept, pour offrir “une prise en charge sanitaire des personnes ayant des idées suicidaires, depuis les premières idées de mort jusqu’à la crise suicidaire”. Les appels seront assurés par des professionnels de santé, en lien avec le Samu.

La lutte contre la souffrance au travail fait elle aussi partie intégrante du programme du Gouvernement pour les futures années avec, notamment, le renforcement du rôle des Services de prévention et de santé au travail (SPST) en matière de prévention des risques psychosociaux et de promotion de la santé mentale.

Les consult’ psychologues remboursées à certaines conditions

A également été décidée dès 2022, la prise en charge de consultations de psychologues de ville (libéraux ou salariés) pour…

les Français de plus de 3 ans sous certaines conditions. Cette prise en charge se fera dans le cadre d’un forfait – renouvelable – de 8 consultations remboursées, la première séance étant à 40 euros et les suivantes à 30 euros. “Une avancée majeure pour la Sécurité sociale”, a souligné Olivier Véran sur France Inter ce mercredi 29 septembre.

Cette mesure doit néanmoins s’inscrire dans un parcours de soins : les enfants, adolescents et adultes en souffrance psychique légère à modérée devront être “adressés par leur médecin” aux psychologues. Une décision qui n’est guère du goût de ces derniers, qui refusent que ce remboursement soit conditionné à l’avis du médecin.

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Cela représente un coût de 660 millions d’euros sur cinq ans. La mesure fera l’objet d’une évaluation d’ici 2050, “dans l’optique de poursuivre l’intégration des psychologues dans le parcours en santé mentale”.

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Création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques

Seront également créés 800 postes dans les centres médico-psychologiques (CMP) dès l’année prochaine, dont “la moitié en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent”, s’est félicité le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet. Objectif : réduire significativement les délais d’attente. En effet, selon le chef de l’Etat, dans certains territoires, ces délais peuvent être “supérieurs à 18 mois”.

Parmi les autres mesures liées à l’augmentation des moyens, nous pouvons également citer  la création d’une maison des adolescents dans chaque département, la mise en place de 20 équipes mobiles pour la prise en charge des personnes âgées en Ehpad et dans les structures médico-sociales, et la création de 12 postes d’enseignants chercheurs en psychiatrie supplémentaires entre 2022 et 2025.

Repérage systématique de la dépression post-partum

Dans le cadre de la mise en œuvre la stratégie des 1 000 premiers jours de l’enfant et le déploiement d’une offre de psychiatrie en périnatalité, Aurélien Taquet a annoncé l’instauration début 2022 d’un repérage systématique de la dépression post-partum – grâce à un entretien postnatal, dont 100.000 mères, chaque année, en seraient victimes (environ 15% d’entre elles). “C’est un combat de santé publique, et, je dirais même, politique.”

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Développement de la recherche en santé mentale

Alors que la recherche française en santé mentale et psychiatrie représente “seulement 2 à 4% du budget de la recherche biomédicale, plusieurs annonces ont été faites pour améliorer l’attractivité du secteur et développer les recherches en France : lancement d’un programme de recherche (80 millions d’euros sur 5 ans), création de l’institut de stimulation cérébrale de Paris, du centre E-CARE de prise en charge et de recherche sur l’enfant, ainsi que le développement de l’usage du numérique en santé mentale.

Au total, l’ensemble des mesures décidées lors des Assises représentent un coût global pour les finances publiques de près de 1,9 milliard d’euros sur 5 ans, soit 380 millions par an en moyenne.

La psychiatrie développée dans le cadre du SAS
Alors que le Service d’accès aux soins (SAS) doit être généralisé dans les prochains mois, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie ont souhaité compléter le dispositif en y intégrant une régulation psychiatrique 24h/24, 365 jours par an. Cette régulation sera effectuée par des infirmières de psychiatrie, supervisées par une psychiatre, et coordonnée par un professionnel “en lien avec l’offre de soins psychiatriques du département ». 5 départements seront d’emblée concernés par la mise en place de cette régulation spécifique. Le coût de cette mesure atteint 1,2 millions d’euros en 2022 et 2,4 millions d’euros par an dès 2023.

Emmanuel Macron annonce le remboursement de consultations de psychologue sur prescription médicale

Le remboursement, à hauteur de 30 à 40 euros, concernera tous les Français dès l’âge de 3 ans, a annoncé le chef de l’Etat, mardi, en clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. 

Le Monde avec AFPPublié le 28 septembre 2021 à 17h08, mis à jour à 16h35  

Temps de Lecture 4 min. 

https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/09/28/les-consultations-chez-un-psychologue-seront-remboursees-sur-prescription-medicale-a-hauteur-de-30-a-40-euros-a-partir-de-2022-annonce-emmanuel-macron_6096326_3224.html

Emmanuel Macron, à la convention nationale sur la santé mentale et la psychiatrie, à Paris, le 28 septembre 2021.
Emmanuel Macron, à la convention nationale sur la santé mentale et la psychiatrie, à Paris, le 28 septembre 2021. GONZALO FUENTES / AP

En clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, mardi 28 septembre, le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé plusieurs mesures, dont le remboursement de consultations de psychologue et la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques.

« La pandémie a révélé l’importance du sujet de la santé mentale », a déclaré le chef de l’Etat en clôture de ces Assises de la santé mentale, reconnaissant que « pendant longtemps, les moyens mis n’ont pas été à la hauteur ».

Selon les derniers résultats de l’enquête CoviPrev publiés le 17 septembre, 15 % des Français montrent des signes d’un état dépressif (+ 5 points par rapport à la situation hors épidémie), 23 % des signes d’un état anxieux (+ 10 points) et 10 % ont eu des pensées suicidaires au cours de l’année (+ 5 points). L’isolement, les angoisses, les violences intrafamiliales dans l’intimité des confinements ont été les détonateurs de nouvelles souffrances.

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« Un mépris profond de notre profession »

Pour répondre à la forte demande de soins, l’Assurance-maladie remboursera donc dès l’an prochain des consultations de psychologues libéraux « pour toute la population à partir de l’âge de 3 ans ». Cette prise en charge se fera toutefois sous conditions : les patients devront être « adressés par prescription médicale dans le cadre d’un forfait de consultation », la première séance étant facturée 40 euros et les suivantes 30 euros chacune, le tout renouvelable l’année suivante si besoin.

Quant aux « psychologues qui veulent pratiquer hors de ces parcours de soin », ils pourront « continuer à le faire », a assuré le président. Avec cette prise en charge, Emmanuel Macron a dit accéder à « une demande historique », en concédant que « toute la profession des psychologues n’était pas totalement ravie », y voyant « une forme de paradoxe ».

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« C’est absolument scandaleux ce qu’on vient d’entendre, ça marque un mépris profond de notre profession et de la population », s’est de fait insurgé Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du Syndicat national des psychologues (SNP), vent debout notamment contre le passage obligatoire par un généraliste pour bénéficier de ce forfait.

« Les psychologues veulent défendre leur indépendance vis-à-vis de la médecine », a aussi expliqué Laurent Laporte, de la CGT, lors d’un rassemblement devant le ministère de la santé, organisé peu avant les annonces présidentielles. « On voudrait être associés, on ne l’est pas, ils décident de tout sans nous, avec des médecins », a abondé Christine Manuel, du SNP.

80 millions d’euros « dédiés à la santé mentale »

Toujours dans l’optique d’améliorer l’accès aux soins, 800 postes seront créés dans les centres médico-psychologiques « à partir de l’année prochaine » pour « réduire au maximum les délais d’attente », a également annoncé M. Macron. « Dans les territoires qui sont le plus en tension », ces délais d’attente sont actuellement « supérieurs à dix-huit mois, pendant lesquels évidemment la santé des personnes souffrantes se dégrade », a relevé le chef de l’Etat.

S’y ajouteront la création de 20 équipes mobiles pour la prise en charge des personnes âgées en Ehpad et dans les structures médico-sociales, la mise en place d’une maison des adolescents dans chaque département et de 100 places en accueil familial thérapeutique sur deux ans.

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Un autre effort budgétaire sera fait en matière de recherche, avec une enveloppe de 80 millions d’euros « dédiée à la santé mentale » dans le cadre du quatrième programme d’investissements d’avenir. Les innovations engendrées, notamment en neurosciences, en intelligence artificielle ou dans les dispositifs médicaux, permettront, selon le chef de l’Etat, « des améliorations du soin au quotidien et une transformation de nos pratiques ».

Le reproche d’une orientation sanitaire

Dans un communiqué, la Fédération hospitalière de France s’est globalement réjouie des annonces d’Emmanuel Macron, y voyant la confirmation d’une réforme « indispensable pour mettre fin au sous-financement historique » de la psychiatrie publique.

En ouverture des Assises, lundi, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait annoncé que le nouveau numéro national de prévention du suicide entrerait en fonctionnement vendredi. Mardi matin, le secrétaire d’Etat chargé de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, a, lui, promis l’instauration, début 2022, d’un repérage systématique de la dépression post-partum, qui toucherait entre 15 et 30 % des mères.

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Succession de tables rondes et de conférences avec des acteurs du secteur, les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie devaient apporter des réponses concrètes aux maux psychiques des Français et à la détresse de ceux qui les soignent. Annoncées par Emmanuel Macron le 14 janvier, d’abord prévues en juillet, elles se sont finalement tenues ces 27 et 28 septembre, en visioconférence.

Beaucoup d’acteurs, notamment associatifs, ont regretté une orientation surtout sanitaire et l’absence de débats des acteurs de l’accompagnement social et médico-social. Le Collectif Schizophrénies – qui regroupe des patients, des familles et les principales associations concernées par cette maladie – a aussi déploré la surreprésentation des psychiatres dans ces Assises, tandis que la participation des usagers et des proches reste limitée.

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Le Monde avec AFP

Publié le 29/09/2021

Clôture des Assises de la santé mentale : d’importants moyens déployés mais des psychologues déçus 

Paris, le mercredi 29 septembre 2021

https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/cloture_des_assises_de_la_sante_mentale_dimportants_moyens_deployes_mais_des_psychologues_decus__189367/document_actu_pro.phtml

– Le Président de la République, Emmanuel Macron a clos hier les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie qui étaient organisées depuis la veille en visio-conférence. Elles ont réuni de nombreux acteurs de ce secteur pour évoquer ses attentes majeures. Emmanuel Macron a rappelé en guise de propos liminaire comment la pandémie avait une nouvelle fois mis en lumière la crise traversée depuis de nombreuses années par la psychiatrie et l’offre de soins en santé mentale. Aussi a-t-il promis un important effort qui doit concerner l’ensemble de la population.

En 2022… si tout va bien pour E Macron

D’abord, afin de faire évoluer les regards sur les troubles psychiques et encourager la demande de prise en charge, plusieurs campagnes d’information, en partenariat avec l’éducation nationale, seront lancées qui concerneront les maladies mentales et les addictions. Cette disposition a su séduire les associations de patients. Par ailleurs, le programme dévoilé par Emmanuel Macron s’appuie sur d’importants moyens : 1,9 milliards d’euros seront débloqués à partir de 2022 (après 1,4 milliards entre 2018 et 2021 qui ont notamment contribué au renforcement des soins hospitaliers)… à condition que la future équipe gouvernementale s’inscrive dans les pas du gouvernement actuel.

Des tarifs décevants pour les psychologues mais sans surprise

Ces fonds permettront notamment de financer la prise en charge des consultations de psychologues, sur prescription médicale. Un forfait de dix séances (renouvelable une fois) pourra ainsi être prescrit à toute personne dès l’âge de trois ans. Ces séances bénéficieront pour la première d’un remboursement à hauteur de 40 euros et pour les suivantes de 30 euros. Si le dispositif global a été salué, certains mettent en garde contre un risque de protocolisation à outrance. De leur côté, les psychologues n’ont pas caché leur déception quant aux tarifs annoncés et ce qu’ils ressentent comme une « soumission » au pouvoir médical, même si Emmanuel Macron a assumé ce tarif raisonnable pour les finances de l’État et a rappelé que les psychologues pourront par ailleurs continuer à exercer en dehors de ce cadre.

De nombreux nouveaux postes ouverts

L’important effort annoncé doit également permettre la création de 800 postes, dont 400 dans les centres médico-psychologiques adultes. S’il s’agit d’une ambition forte, en vue de répondre aux délais d’attente qui ne cessent de s’allonger, sans de nouvelles mesures destinées à renforcer l’attractivité des carrières, elle risque de demeurer lettre morte. 400 autres places concernent les CMP infanto-juvéniles. L’objectif en effet d’Emmanuel Macron et du gouvernement est de répondre aux besoins de la population à tous les âges de la vie.

Mieux repérer la dépression du post-partum

Ainsi, le secrétaire d’État chargé de l’Enfance et des familles a annoncé le lancement d’un appel à projets doté de 10 millions d’euros afin de « conforter l’offre en psychiatrie périnatale » en « ouvrant cinq à dix nouvelles unités de soins conjoints parents-bébé et en créant quinze à vingt nouvelles équipes mobiles ». Dans ce cadre également, a été annoncée la mise en place d’une consultation systématique de repérage de la dépression post-partum à partir du début de 2022. Cette consultation sera réalisée par une sage-femme et pourra être renouvelée pour les personnes à risque. Adrien Taquet a rappelé l’importance d’un tel dispositif en soulignant que si l’on considère que 15 % des femmes souffrent de dépression du post-partum chaque année, seules 5 % disent avoir été diagnostiquées. Pour les adolescents, par ailleurs, la création de nouvelles maisons des adolescents (118 existent aujourd’hui) a été annoncée.

Tonalité apaisée

A l’autre extrémité de la vie, pour les plus âgés, le Président de la République a évoqué la création de 20 équipes mobiles auprès des Ehpad et dans les structures médico-sociales. Si nous l’avons évoqué, les psychologues ont manifesté leur déception (attendue) et si du côté des personnels hospitaliers on espère d’autres mesures pour accroître l’attractivité des carrières (alors que 30 % des postes de praticiens hospitaliers sont vacants dans le public), la tonalité des annonces a été globalement saluée. « On salue un discours apaisé et apaisant. C’est important pour nous, pour les proches, qu’il ne soit pas sécuritaire à l’égard de la santé mentale », a par exemple commenté Marie-Jeanne Richard, présidente de l’Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam), citée dans Le Monde.

Aurélie Haroche 

Ce que l’on sait du remboursement de consultations de psychologie annoncé par Emmanuel Macron

Le président a clos les Assises de la santé mentale, mardi 28 septembre, avec l’annonce emblématique de la prise en charge pour tous d’un forfait de séances avec un psychologue. Tous les professionnels ne sont pas convaincus. 

Par Julien LemaignenPublié hier à 19h32, mis à jour hier à 20h13  

Temps de Lecture 5 min. 

https://www.lemonde.fr/sante/article/2021/09/30/ce-que-l-on-sait-du-remboursement-des-consultations-de-psychologie-annonce-par-emmanuel-macron_6096639_1651302.html

Emmanuel Macron prononce le discours de clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, au ministère des solidarités et de la santé, à Paris, le 28 septembre.
Emmanuel Macron prononce le discours de clôture des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, au ministère des solidarités et de la santé, à Paris, le 28 septembre. GONZALO FUENTES / AFP

Parce que la santé mentale est « l’affaire de tous », Emmanuel Macron a annoncé en clôture des Assises sur le sujet, mardi 28 septembre, le remboursement de consultations de psychologues pour tous les Français. Si cette annonce a été scrutée avec intérêt tant par les professionnels d’un secteur déshérité que par les associations de malades, il subsiste des interrogations relatives aux modalités de sa mise en œuvre et à l’efficacité attendue.

  • De quoi parle-t-on ?

A partir de 2022, selon l’annonce du président, des consultations de psychologues pourront être remboursées intégralement si elles sont réalisées sur prescription d’un médecin, dans le cadre d’un tarif conventionné entre le psychologue et l’Assurance-maladie. D’après Patrick-Ange Raoult, secrétaire général du Syndicat national des psychologues (SNP), il n’est pas prévu que les psychologues puissent pratiquer des dépassements d’honoraires, à la différence d’un médecin conventionné de secteur 2. La première consultation coûtera 40 euros, et les suivantes, 30 euros. Cette prise en charge sera limitée dans le temps, avec un forfait de dix séances renouvelable une fois. Le financement sera partagé avec les complémentaires santé, sans qu’on sache encore dans quelle proportion.

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Selon le ministère des solidarités et de la santé, l’ensemble des enfants âgés de 3 ans ou plus, des adolescents et des adultes présentant des « troubles dépressifs et anxieux d’intensité légère à modérée » sont concernés, ainsi que leurs familles. Les psychologues participeront sur la base du volontariat, qu’ils exercent en libéral ou comme salariés d’un centre ou d’une maison de santé. Ils pourront continuer à exercer par ailleurs leur activité en appliquant leurs tarifs propres, sans remboursement.

Le dispositif doit être précisé dans le cadre de l’examen au Parlement du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Il s’accompagne de la création de 800 postes dans les centres médico-psychologiques.

  • Quel est le besoin ?

Selon le dernier volet de l’enquête CoviPrev de Santé publique France, entre le 31 août et le 7 septembre, 15 % des Français présentaient un état dépressif. C’est cinq points de plus qu’avant le début de la pandémie. Et 23 % montrent des signes d’un état anxieux, un « niveau élevé », selon cette enquête, supérieur de dix points au niveau hors épidémie, et en hausse.

Selon la Fédération nationale de la Mutualité française, la crise sanitaire a encouragé le développement des remboursements de consultations de psychologie par les mutuelles, qui ont trouvé leur public : 512 000 adhérents ont demandé au moins un remboursement entre la fin mars et la fin août 2021, alors qu’ils n’étaient que 200 000 pour l’ensemble de l’année 2019.

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  • Combien ça coûte ?

Le gouvernement envisage de consacrer à cette mesure 50 millions d’euros en 2022, puis 100 millions par an, ce qui satisfait à une préconisation de la Cour des comptes dans son rapport de février sur « Les parcours dans l’organisation des soins de psychiatrie ». Applaudissant l’expérimentation du dispositif dans quatre départements, la Cour chiffrait alors à 85 millions d’euros son extension à l’ensemble du territoire. En observant la situation dans d’autres pays, elle estimait même que le dispositif pourrait engendrer un gain net « grâce à la baisse de prescriptions d’arrêts de travail notamment, ainsi qu’à celle de la prescription de psychotropes ».

« Aller voir un psychologue quand vous avez un trouble dépressif, c’est une action préventive », abonde Séverine Salgado, la directrice générale de la Mutualité française, qui cite une étude du Journal of Mental Health Policy and Economicsparue en 2013, selon laquelle un euro d’argent public dépensé dans une psychothérapie pour dépression peut conduire à une économie brute de près de deux euros.

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  • Qu’a-t-on appris de l’expérimentation dans quatre départements ?

Un dispositif proche de celui qui a été présenté mardi est testé depuis 2018 dans les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, le Morbihan et les Landes. Il ne vise que les patients âgés de 18 à 60 ans. Plus de 30 000 personnes en ont bénéficié, selon un rapport de l’Assurance-maladie publié en juillet. Quelque 58 % des généralistes de ces départements ont participé, ainsi que 45 % des psychologues agréés par les agences régionales de santé. En moyenne, un patient a suivi neuf séances d’accompagnement, avec une durée moyenne de prise en charge de quatre mois. « Les retours des professionnels démontrent la faisabilité (…) du dispositif, son bon niveau d’acceptation (…) et des premiers éléments d’efficacité pour les patients », se félicite l’Assurance-maladie.

  • Qu’en pensent les psychologues et les médecins ?

Tous les professionnels ne partagent pas cette satisfaction. Patrick-Ange Raoult, du SNP, critique notamment le passage par une prescription du médecin. Selon lui, non seulement cette étape obligée n’améliore en rien l’accessibilité des soins psychologiques, mais elle représente aussi une « déqualification » et une « emprise médicale » sur les psychologues, qui ne doivent pas être réduits à une « position d’auxiliaires médicaux ».

Ensuite, il y a la question de la rémunération. Selon M. Raoult, une séance classique de psychologie est facturée 60 euros en moyenne. En la plafonnant à moitié moins dans le dispositif conventionné, « on sait quels professionnels vont se porter volontaires : les jeunes en mal d’insertion et prêts à tout. Ça ne va pas intéresser les vieux professionnels aguerris, c’est une psychologie pour les pauvres ».

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Jean-Paul Hamon, le président d’honneur de la Fédération des médecins de France, estime que cette mesure est une « goutte d’eau » et craint, lui aussi, une « dégradation de la qualité de prise en charge des patients, quelle que soit la qualité des psychologues ». Il voit dans l’annonce présidentielle un contre-feu pour détourner l’attention de la véritable urgence, à savoir la « désertification » de la psychiatrie, « spécialité qui n’attire plus ». Et de rappeler que 71 postes d’internat en psychiatrie n’ont pas été pourvus cette année.

Pour Jacques Battistoni, le président du syndicat de médecins généralistes MG France, c’est une « bonne chose » que d’« augmenter la palette de solutions pour les patients ». Aujourd’hui, la santé mentale représente 20 à 30 % des consultations des généralistes, considère-t-il : la possibilité d’envoyer un patient chez le psychologue est à même d’« alléger » cette charge de travail, car, en l’absence de psychothérapie, les médecins « revoient les gens plus souvent ».

Julien Lemaignen

Remboursement des consultations sur prescription : les psychologues refusent l' »inféodation » médicale    

Par Louise Claereboudt le 30-09-2021 

https://www.egora.fr/actus-pro/politique-de-sante/68973-remboursement-des-consultations-sur-prescription-les-psychologues?nopaging=1

Lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, les 27 et 28 septembre, Emmanuel Macron a annoncé le remboursement des consultations de psychologues de ville pour tous les adultes, sur prescription médicale. Une décision qui a fait monter au créneau les psychologues qui annoncent un boycott de la mesure, dénonçant un “besoin déplacé de préséance médicale”.

“Nous refusons de participer à une mascarade qui déboucherait sur une inféodation doublée d’une paupérisation des psychologues.” Chez les psychologues, la pilule ne passe pas. Lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, les 27 et 28 septembre, le chef de l’Etat a annoncé la prise en charge par l’Assurance maladie dès 2022 des consultations de psychologues de ville (libéraux ou salariés) pour les Français d’au moins 3 ans qui présentent une souffrance psychique légère à modérée.

Emmanuel Macron a néanmoins précisé que ce remboursement serait conditionné à une prescription médicale. La mesure prendra la forme d’un forfait de 8 séances. Le montant de la première consultation sera fixé à 40 euros, puis à 30 euros pour les suivantes. Ce forfait pourra par ailleurs être renouvelé. Un dispositif dont le coût a été estimé à 660 millions d’euros sur cinq ans et qui fera l’objet d’une évaluation d’ici 2050.Santé mentale : comment fonctionne le « chèque psy » pour les étudiants 

Telle qu’imaginée par le Gouvernement, la mesure permettra aux psychologues volontaires participants à ce dispositif de conserver leur activité classique avec “avec leurs tarifs propres sans remboursement par la Sécurité sociale”. Néanmoins, le compte n’y est pas pour les représentants de la profession.

Cette décision a été dénoncée par la Fédération française des psychologues et de la psychologie qui a défendu la “liberté thérapeutique” de la profession, et réclamé “un tarif de consultation respectueux et cohérent au regard de l’engagement de la profession et de ses compétences”. Se disant “choqué” par…

“le peu de considération portée aux psychologues”, “voire le mépris d’une aumône faite à la profession”, le Syndicat national des psychologues (SNP) a également déploré, dans un communiqué, que cette “idée pertinente de remboursement s’enlise dans un besoin déplacé de préséance médicale”.

Suspension des négociations

Le SNP a fait savoir qu’il avait interpellé Emmanuel Macron et Olivier Véran. Ces derniers auraient assuré que le texte législatif qui doit encore être publié précisera qu’il s’agit d’un “adressage” et non d’une “prescription médicale”. Par ailleurs, le ministre de la Santé aurait précisé que le tarif de 30 euros correspondrait à “30 minutes”, soit “une base de 60 euros de l’heure”. Le syndicat réclame de fait un rectificatif clair, explicite et officiel.

D’ici là, le syndicat des psychologues annonce un boycott de la mesure et la suspension des négociations avec le Gouvernement. Il appelle par ailleurs toutes les organisations de la profession à organiser des Etats généraux de la psychologie.

La psychiatrie humaniste étouffée par la santé mentale de laboratoires (Communiqué du « Printemps de la Psychiatrie »)

« Plus de virtuel, moins de réel. Plus d’écran, moins de soignants et d’accompagnants sont les slogans conclusifs de ces Assises.« 

Alors que se clôturent les Assises de la santé mentale, la psychiatrie se voit refoulée de ce « moment historique ».

Résumons.

1) Aucune concertation des acteurs de terrain ne se sera tenu en dehors du questionnaire orientant les réponses dans le sens attendu par le gouvernement. Les grands débats d’ampleur n’auront pas vu le jour à part quelques remarques compatissantes et condescendantes du Ministre de la Santé sur les professionnels qui attachent et enferment les usagers de la psychiatrie publique. A l’image de toutes les pseudos concertations des dernières années, ces Assises présentent une parodie de construction démocratique pour un exercice de communication calibré.

Or, la démocratie aurait besoin que les droits fondamentaux et la Constitution soient respectés et fassent l’objet de discussion. Or, les Droits fondamentaux sont bafoués au quotidien dans les services de psychiatrie, faute de formation, faute d’une société accueillante pour les plus en difficulté, faute de moyens humains et matériels. Ces errements servent au gouvernement pour expliquer qu’il faut arrêter d’investir dans les institutions et notamment dans les dispositifs de psychiatrie publiques.

2) Pire, le gouvernement repassera un article de loi réformant la contention isolement dans le projet de loi de finance de la Sécurité Sociale 2022 (PLFSS). Les mêmes maux engendrant les mêmes remèdes, nous appelons les parlementaires à se saisir de la question sous la forme d’une saisine au Conseil Constitutionnel pour cavalier législatif. Rappelons que l’an passé, l’article 84 du PLFSS 2021 avait été déclaré inconstitutionnel par les sages quelques mois plus tard car le contrôle du juge était aléatoire. Les patientes et patients pourront continuer à rester enfermés et attachés, du moment que les procédures sont respectées, pas besoin de remettre en question ces pratiques, ce qu’elles disent du degré d’abandon des personnes les plus fragiles et du degré d’irresponsabilité du gouvernement. Plus la psychiatrie se détache des des problématiques relationnelles, plus elle attache les corps et contraint les personnes.

3) Le décret d’application réformant le financement de la psychiatrie doit paraître en fin de semaine. Il met en place une tarification de l’activité (T2A) psychiatrique avec une mesure d’égalité territoriale à la discrétion des Agences Régionales de Santé et du Ministère. Ce scandale sanitaire et financier aura les même effets destructeurs que la T2A sur la santé publique telles qu’elles ont été révélées lors de la crise covid faisant passer la psychiatrie d’une logique de soin à une gestion de flux.

4) La réforme de l’irresponsabilité pénale n’aura pas été discutée alors qu’elle est une rupture majeure dans les rapports entre justice et psychiatrie

5) Les promoteurs de « la santé mentale » remportent le marché avec la création de plateformes, d’applications numériques tandis que se meurent les pratiques humanistes mettant au coeur de la psychiatrie les liens thérapeutiques de confiance, la relation inter-individuelle (le temps qu’il faut), les droits des patients…

Plus de virtuel, moins de réel. Plus d’écran, moins de soignants et d’accompagnants sont les slogans conclusifs de ces Assises. Des start-up de la santé mentale pour remédier au crash down de la psychiatrie.

6) L’attractivité de la psychiatrie ne sera pas résolue par les appels séducteurs du Ministre. Si la psychiatrie et la pédo-psychiatrie connaissent une crise de vocation c’est précisément du fait de la disparition de l’interdisciplinarité avec les sciences humaines, de la déperdition du sens de l’accueil, et de la nécessité de l’écoute.

Pour celles et ceux qui sont trop malades pour se conformer au modèle de la santé mentale, cette nouvelle psychiatrie remet au goût du jour la place des soignants comme bras droit de la sécurité publique. Nouvelle forme de stigmatisation se faisant au nom de la déstigmatisation.

Ainsi, la psychiatrie se dissout d’une part dans la santé mentale positive et son bien- être de façade et d’autre part dans une cérébrologie où ce ne sont pas les interrelations humaines qui organisent les soins mais l’objectivation des cerveaux dysfonctionnels permettant de traiter des flux plutôt que des personnes.

La santé mentale telle que promue depuis dix ans par l’Institut Montaigne et FondaMental ont raflé la mise en détournant l’attention des grandes questions de société.

A l’issue de ces Assises anesthésiantes vendant du rêve pour nous condamner à un cauchemar, le Printemps de la Psychiatrie en appelle au réveil des forces réellement progressistes pour donner vie à une psychiatrie et une pédopsychiatrie dignes d’une société de droit, humaine et démocratique.

Nous voulons :
– l’abolition de la contention physique
– l’arrêt de la mise en place de la tarification de l’activité en psychiatrie
– l’arrêt de la criminalisation de la maladie mentale (réforme de l’irresponsabilité pénale, fichier Hopsyweb, croisement avec les fichiers S)
– l’arrêt de la vente à la découpe du service public au profit du privé lucratif et de start-up de la santé mentale
– le recrutement de professionnels pour répondre au besoin de soins relationnels
– un investissement dans le pluralisme des formations et des approches

Le Printemps de la Psychiatrie

printempsdelapsychiatrie@gmail.com

https://printempsdelapsychiatrie.org

Santé mentale : rendre les psychothérapies accessibles au plus grand nombre (Communiqué de la mutualité)

Imprimer la listeRecherche29/09/2021

Émis par : Mutualité Française

https://www.mutualite.fr/content/uploads/2021/09/CP_Sante-mentale_rendre-les-psychotherapies-accessibles-au-plus-grand-nombre.pdf

En annonçant la prise en charge de séances de consultations de psychologues, le président de la République répond à un besoin crucial en santé publique : rendre accessibles au plus grand nombre les soins psychologiques.

Afin de prendre en compte la réalité du coût d’une consultation, qui est en moyenne de 55 €, les mutuelles, pionnières en matière de prise en charge de ces soins, vont continuer d’œuvrer pour faire diminuer le reste à charge de leurs adhérents.

Dans son Observatoire publié en juin dernier, la Mutualité Française a montré que la santé mentale des Français se dégradait et qu’il était indispensable de rendre accessibles les soins psychiques.

Le principal obstacle à la consultation d’un psychologue, pour la moitié des Français (47%) en est le coût. Une personne souffrant de troubles mentaux en France a, en moyenne, un reste à charge avant intervention de la mutuelle de 1 300 € par an, soit 3 fois plus que les autres patients (470 euros).

Les mutuelles ont été précurseurs pour rendre accessible la psychothérapie : dès le printemps, les mutuelles ont engagé un dialogue avec les professionnels de la filière pour proposer à leurs adhérents le remboursement intégral de 4 séances de psychologue à hauteur de 60€ en 2021.

Les 1ers chiffres montrent que cette innovation sociale mise en place par les mutuelles répond à un besoin sociétal : 512.000 adhérents à une mutuelles ont demandé au moins un remboursement pour une séance chez un psychologue en 5 mois seulement, entre la fin mars et la fin août 2021, alors qu’ils étaient 200 000 en 2019, sur toute une année. Et chaque tranche d’âge a profité de ces nouvelles garanties, particulièrement les plus jeunes (215 000 demandes en 5 mois, versus moins de 82.000 demandes sur toute l’année 2019).

« La consultation d’un psychologue peut désamorcer de nombreuses situations et éviter de recourir à des solutions médicamenteuses. En tant que 2eme financeur de la protection sociale en France, les mutuelles savent faire preuve d’innovation sociale pour être au plus près des besoins en santé publique » rappelle Daniel Havis, vice-président de la Mutualité Française.

Les mutuelles vont continuer à œuvrer pour limiter le reste à charge des Français, et entretenir le dialogue avec la profession des psychologues pour rendre ces soins accessibles.

Voir aussi:

Les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie des 27 et 28 septembre: bien que très attendues, une occasion manquée réservée au cercle des habitués

https://jeansantepolitiqueenvironnement.wordpress.com/2021/09/27/20270/

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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