La vaccination de cette population infantile soulève inévitablement de nombreuses interrogations éthiques, les opinions sont contrastées.

Publié le 23/09/2021

Exclusif : les professionnels très partagés sur la vaccination contre la Covid des moins de douze ans 

Paris, le jeudi 23 septembre 2021

https://www.jim.fr/medecin/actualites/pro_societe/e-docs/exclusif_les_professionnels_tres_partages_sur_la_vaccination_contre_la_covid_des_moins_de_douze_ans__189280/document_actu_pro.phtml

– Les preuves de l’efficacité de la vaccination contre la Covid pour éviter les formes graves de la maladie abondent chaque jour. Ainsi, les vaccins sont-ils devenus le premier outil de la lutte contre l’épidémie et de ses conséquences redoutables sur la plupart des systèmes de santé.

Cependant, concernant le risque de contamination et de transmission, les résultats apparaissent plus décevants. Face au variant Delta notamment, la protection apportée par la vaccination est en effet nettement inférieure à ce qui était espéré, voire même à ce qui était attendu en s’appuyant sur les résultats des premières études. Par ailleurs, compte tenu de la moindre propension des personnes vaccinées à se faire dépister, la proportion de celles infectées par SARS-CoV-2 en dépit de la vaccination ne peut être précisément évaluée.

Faut-il continuer à croire en l’immunité collective ?

Dans ce contexte, l’attitude peut être de privilégier la vaccination des personnes les plus à risque de forme grave de Covid, tout en la recommandant aux autres personnes adultes. Elle peut également s’orienter vers une couverture vaccinale la plus large possible, afin d’optimiser l’effet sur la circulation du virus. Il semble que ce soit le choix qu’a fait la France, dont les taux de vaccination des plus âgés bien que très élevés sont moins satisfaisants que dans nombre de pays occidentaux comparables. Cette stratégie se heurte cependant à l’impossibilité de vacciner une part importante de la population : les moins de 12 ans.

Des opinions contrastées

La vaccination de cette population infantile soulève inévitablement de nombreuses interrogations éthiques, qui sont du même ordre que celles concernant les adolescents, mais qui sont encore accrues concernant les moins de 12 ans. Aussi, on constate sans surprise que sur cette question les professionnels de santé sont très partagés.

Un sondage réalisé sur notre site, qui a recueilli 1090 réponses, signale ainsi que 44 % des professionnels de santé recommanderaient la vaccination contre la Covid aux moins de 12 ans si un des vaccins recevait une autorisation de mise sur le marché dans cette tranche d’âge. Ils sont a contrario 47 % à répondre qu’ils ne recommanderaient pas une telle vaccination, tandis qu’une proportion importante (plus élevée que dans nos autres sondages), 10 %, préfèrent ne pas se prononcer probablement faute d’études disponibles dans la « vraie vie ».

Sondage réalisé sur le site JIM.fr du 5 au 21 septembre 2021

Protéger les jeunes enfants d’un risque… très limité

Les arguments en faveur de la vaccination des enfants reposent d’abord sur la volonté de s’approcher de l’immunité collective, même si beaucoup désormais mettent en doute la possibilité d‘atteindre ce graal. Par ailleurs, même si les cas graves de Covid ont été très rares chez l’enfant (sept décès d’enfants de moins de 10 ans ont été recensés depuis le début de l’épidémie en France, toujours associés à des comorbidités sévères qui sont déjà des indications de la vaccination), des hospitalisations n’ont pas toujours pu être évitées, tandis que certains évoquent la possibilité de formes longues dont l’évaluation quantitative est cependant complexe.

Les enfants, boucs émissaires constants de l’épidémie

Cependant, les arguments en défaveur d’une vaccination des plus jeunes, ne manquent également pas de robustesse et font écho à ceux qu’avait mis en avant le Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) à propos des adolescents au printemps. L’institution écrivait : « Sachant qu’un nombre significatif d’adultes, dont des personnes présentant des comorbidités, ne procèderont pas à la vaccination, est-il éthique de faire porter aux mineurs la responsabilité, en termes de bénéfice collectif, du refus de vaccination d’une partie de la population adulte ? » questionnait le CCNE. Il mettait également en garde contre le risque qu’après avoir été fréquemment tenue responsable de l’épidémie (ce que n’ont jamais permis de confirmer les chiffres de contamination des jeunes enfants, au sein des écoles notamment), la jeunesse soit rendue responsable d’une trop faible couverture vaccinale. Le même raisonnement peut également s’appliquer aux moins de 12 ans.

Vers un passe sanitaire dès 5 ans ?

Par ailleurs, les incertitudes quant aux conséquences sociales de cette hypothétique vaccination des plus jeunes en termes de gestion de l’épidémie ont probablement une influence sur la position des professionnels de santé. Le passe sanitaire sera-t-il étendu aux plus jeunes ? Dans un tel cas cela voudra dire que l’on met en place un dispositif fort pour inciter à une vaccination dont l’intérêt direct pour les concernés est très limité, alors que pendant des années n’ont pas été rendus obligatoires des vaccins dont l’intérêt direct pour l’enfant était majeur et que restent facultatifs des vaccins offrant une protection certaine (contre la méningite B par exemple). Surtout, appliquera-t-on au niveau du primaire la stratégie qui prévaut aujourd’hui pour les plus de 12 ans : à savoir l’éviction des enfants non vaccinés face à un cas d’infection par SARS-Cov-2 dans une classe ? Ce qui est déjà contesté (y compris par le Conseil scientifique) pour les plus grands, ne pourra être que d’autant plus discuté pour les plus jeunes pour lesquels l’école à distance est plus difficile et qui ont encore moins de possibilité de s’opposer à la décision de leurs parents.

Des résultats à conforter dans la vie réelle

Autant d’éléments qui expliquent les réponses contrastées à notre sondage, résultats qui ont en outre évolués sensiblement  durant les 3 semaines où il est resté ouvert en ligne, nos lecteurs forgeant parfois leur avis au fil de l’eau en se basant sur les données de la littérature les plus récentes (ce que laisse également transparaître l’importante proportion de professionnels de santé ayant préféré ne pas se prononcer). Les récentes annonces des laboratoires Moderna et Pfizer/BioNTech sur les résultats positifs (en termes sérologiques) de leur vaccin chez les jeunes enfants ne sont probablement pas encore suffisants pour complètement emporter la conviction, en raison notamment de leurs trop faibles effectifs pour évaluer leur efficacité sur les différentes formes cliniques, sur la contamination et sur la transmission.

Aurélie Haroche 

Publié le 03/09/2021

Vaccination des enfants de moins de 12 ans contre la Covid : ces pays qui ont déjà franchi le Rubicon

Paris, le vendredi 3 septembre 2021

https://www.jim.fr/e-docs/vaccination_des_enfants_de_moins_de_12_ans_contre_la_covid_ces_pays_qui_ont_deja_franchi_le_rubicon_188994/document_actu_pro.phtml

L’ouverture de la vaccination aux moins de 12 ans suscite la polémique.

Ainsi, alors que des essais cliniques sont en cours pour évaluer l’innocuité et l’efficacité des vaccins dans cette population, les uns pointent un intérêt collectif et individuel faible quand les autres parlent d’une étape essentielle pour atteindre l’immunité collective. 

Malgré les interrogations qui demeurent, quelques états ont déjà franchi le pas. La Chine, en premier lieu, qui s’est très vite montrée favorable à la vaccination des plus jeunes en annonçant dès le mois de juin que les laboratoires Sinovac et Sinopharm allaient distribuer leurs vaccins aux mineurs de 3 à 17 ans. Et la Chine étend sa campagne de vaccination aux 3-12 ans en ce début septembre.
 Aux Émirats arabes unis, pays en pointe (en ce qui concerne toutefois la vaccination) le ministère de la Santé émirien a décidé au début du mois d’août que les enfants de 3 à 17 ans recevront des doses du vaccin chinois Sinopharm. Selon Reuters, le gouvernement s’est appuyé sur des essais cliniques et une « évaluation rigoureuse » pour autoriser ce produit à destination des plus jeunes.
À Cuba, qui a développé ses propres vaccins, le ministre de l’Éducation a indiqué ce mardi que les écoles ne rouvriront pas tant que tous les enfants du pays ne seront pas immunisés. Ainsi, dès aujourd’hui, les enfants et adolescents de 2 à 18 ans vont recevoir les vaccins cubains Abadala et Soberana. Les adolescents commenceront à être vaccinés vendredi, puis les 2 à 11 ans à partir du 15 septembre, dans le cadre d’une campagne « intensive ».

Au Venezuela, le président Nicolas Maduro a promis ce mardi que « tous les enfants, adolescents et jeunes du Venezuela » seront vaccinés dès le mois d’octobre. Une campagne pour immuniser les 3-18 a donc été lancée, alors que le pays accuse un taux de vaccination très bas. Ainsi, selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), seuls 11 % de la population a reçu les deux doses de vaccins administrées sur le territoire, le russe Spoutnik V et le chinois Sinopharm.
En Israël, si la décision n’est pas encore prise, l’extension du passe sanitaire aux enfants de 3 à 12 ans serait le premier signe d’une future campagne de masse dans cette tranche d’âge de la population.

Et en France ?

Hier, lors d’une visite d’une école dans le XIIIe arrondissement de Marseille, Emmanuel Macron a répondu aux questions des élèves sur ce sujet, et a assuré vouloir ouvrir la campagne de vaccination pour les moins de 12 ans dès que les scientifiques auront donné leur aval.
Déjà en août, le professeur Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale indiquait « ce n’est pas exclu qu’on vaccine les enfants, disons entre 5 et 12 ans, dans quelques mois, mais si l’épidémie est contrôlée et qu’il y a très peu de cas ça ne sera peut-être pas nécessaire ». 

Compte tenu de l’avancée des essais des vaccins Pfizer et Moderna dans cette tranche d’âge, cette campagne pourrait commencer d’ici 4 à 6 mois…

Xavier Bataille

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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