Fonction publique: la  » Cour des Comptes » dénonce le nombre d’arrêts de travail alors qu’il existe un mal-être profond.

La Cour des comptes alerte sur l’augmentation des arrêts maladie des fonctionnaires

Les arrêts de travail pour maladie ont connu entre 2014 et 2019 « une croissance régulière et soutenue », constate la Cour dans un rapport publié jeudi 9 septembre. Le nombre de jours a progressé de 21 %. 

Par Benoît Floc’hPublié le 10 septembre 2021 à 11h22 – Mis à jour le 10 septembre 2021 à 19h22  

https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/09/10/la-cour-des-comptes-alerte-sur-l-augmentation-des-arrets-maladie-des-fonctionnaires_6094140_823448.html

Les absences pour congé maladie ont augmenté dans la fonction publique, alerte la Cour des comptes dans un rapport publié jeudi 9 septembre. La juridiction financière presse donc les employeurs publics de mettre des mesures en œuvre pour inverser la tendance.

Comme dans le privé, mais plus que dans le privé. Dans l’ensemble de la fonction publique, les arrêts de travail pour maladie ont connu entre 2014 et 2019 « une croissance régulière et soutenue », constate la Cour. Le nombre de jours a progressé de 21 %, passant en moyenne par agent de dix jours en 2014 à douze en 2019. C’est notamment le cas dans les collectivités locales. Sur une semaine donnée, 4,9 % des agents ont été absents au moins un jour pour raison de santé en 2016. En 2019, la part était de 5,2 %. Dans le privé, on est passé de 4,3 % à 4,4 %.

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Les arrêts ont un coût, précise la Cour des comptes : selon le mode de calcul retenu, cela représente entre 11,1 milliards d’euros et 11,9 milliards d’euros par an (sans compter les sommes engagées pour organiser le remplacement). En outre, les arrêts de travail pour maladie de courte durée « peuvent perturber de façon importante la vie quotidienne des services publics, en altérant parfois significativement la qualité du service rendu aux usagers », rappelle-t-elle. Et ce n’est pas indifférent dans la manière dont les citoyens jugent l’administration. « Ces arrêts, ajoute la Cour, soulèvent également d’importantes questions en matière de prévention des risques et de désinsertion professionnelle. »

La Cour conseille de frapper au portefeuille

La Cour demande donc « des actions résolues ». En particulier pour ce qui concerne les arrêts de courte durée. « La multiplication, prévient-elle, d’arrêts maladie de courte durée dans un service public peut être le signal d’un dysfonctionnement général qui doit appeler la vigilance des gestionnaires. »

Elle conseille de frapper au portefeuille, estimant que la possibilité pour les employeurs publics de moduler certaines indemnités en fonction des absences doit être activée lorsque la fréquence des arrêts maladie est trop élevée ou le motif de pure convenance. De même, la Cour conseille également davantage de contrôles des arrêts, lesquels sont aujourd’hui « peu nombreux ». Au passage, elle rappelle que le jour de carence, rétabli en 2018 après quatre ans d’abrogation, permet de diminuer le nombre des arrêts de courte durée. Mais, pour ce qui est de l’ensemble des absences pour raison de santé, elle reconnaît que les études statistiques disponibles « peinent à faire émerger un consensus sur l’efficacité du jour de carence ».

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A propos des arrêts de longue durée, la Cour conseille d’unifier les deux congés qui existent actuellement (de longue durée ou de longue maladie). Le système est jugé inefficace, confus et trop complexe. La juridiction propose que le sujet soit abordé dans le cadre des négociations sur le champ de la protection sociale complémentaire. Elle suggère d’ailleurs, à cette occasion, d’améliorer la politique de prévention.

Pour ce qui est de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, par ailleurs, la Cour des comptes salue la mise en œuvre, dans l’urgence, de « dispositifs inédits et pragmatiques » qui « semblent de façon générale avoir répondu aux besoins » des agents. « Les pouvoirs publics ont été réactifs pour s’adapter aux effets de la crise sanitaire », note-t-elle.

Benoît Floc’h

Les agents publics perdent le sens de leur travail, alerte un collectif

Un groupe de réflexion, Nos services publics, a publié une enquête, lundi, qui révèle que 80 % des agents publics interrogés se déclarent « confrontés à un sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail ». 

Par Benoît Floc’hPublié hier à 17h16, mis à jour hier à 17h36  

Temps de Lecture 2 min. 

https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/09/20/les-agents-publics-perdent-le-sens-de-leur-travail-alerte-un-collectif_6095346_823448.html

Les bureaux d’une Caisse primaire d’assurance-maladie dans le Val-de-Marne.
Les bureaux d’une Caisse primaire d’assurance-maladie dans le Val-de-Marne. LUDOVIC MARIN / AFP

Les agents publics souffrent d’une perte de sens dans leur activité professionnelle, prévient un collectif de fonctionnaires, Nos services publics. Le groupe de réflexion a publié une enquête, lundi 20 septembre, qui révèle que 80 % des agents publics interrogés se déclarent « confrontés “régulièrement” ou “très fréquemment” à un sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail ».

L’enquête a été menée entre mai et août sur Internet et sur la base du volontariat. En tout, 4 555 agents ont répondu. Ceux qui relèvent de la catégorie « A » (correspondant à des fonctions d’encadrement) sont plus nombreux que les deux autres, « B » et « C ». Le panel n’est donc pas représentatif. Mais toutes les catégories d’âge sont représentées, comme les statuts ou les secteurs d’activité. Il y a des « biais », reconnaît Arnaud Bontemps, du collectif, qui n’ont pas été redressés. Pour autant, « les résultats sont très significatifs par l’unanimité » qui s’y exprime, insiste-t-il.

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De fait, l’étude révèle « un mal-être profond ». Le collectif Nos services publics a demandé aux agents s’ils s’étaient déjà dit dans leur travail : « C’est absurde. Ou si cela a un sens, ce n’est pas celui pour lequel je me suis engagé. » Seuls 3 % disent n’avoir jamais été confrontés à un tel sentiment d’absurdité. En revanche, 48 % se sont régulièrement fait cette réflexion et 32 % très fréquemment. Soit huit agents sur dix.

Ce sentiment est plus marqué quand on progresse en âge. Les moins de 29 ans sont 22 % seulement à expérimenter une perte de sens très fréquente, contre 30 % entre 30 et 39 ans, 34 % entre 40 et 49 ans et 33 % au-delà. Il est également plus marqué dans l’éducation nationale : « 43 % déclarent être confrontés “très fréquemment” à un sentiment d’absurdité, contre 27 % parmi le total des personnes interrogées hors éducation nationale », assure Nos services publics.

L’intérêt général, un moteur

Le collectif a recueilli plus de trois mille témoignages écrits. Cela lui a permis d’identifier cinq motifs récurrents expliquant la perte de sens. Parmi ceux-ci, il y a le manque de moyens, qu’il s’agisse des outils défaillants, d’une absence de ressources ou de l’obligation de devoir baisser les « coûts ». Un fonctionnaire territorial a déploré qu’on lui demande de « faire des propositions de nouveaux projets à l’automne et d’avoir à proposer de nouvelles sources d’économies six mois plus tard ». Une professeure d’anglais en lycée note : « On m’impose de faire cours à 35 élèves par classe en donnant la priorité à l’interaction orale. »

Parmi les autres motifs figurent le manque de vision et les injonctions contradictoires, mais aussi « l’impression de servir un intérêt particulier (que ce soit celui du manager, du politique ou de l’affichage) plutôt que l’intérêt général », le poids de la structure (et de la paperasse), le manque de reconnaissance.

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Pour autant, ils restent. Ce sont le service de l’intérêt général (52 %) et l’intérêt pour la mission qu’on leur a confiée (50 %) qui les poussent à ne pas partir. C’est un moteur puissant pour les agents publics. Le collectif leur a en effet aussi demandé ce qui les avait incités à entrer dans le service public, et 68 % ont répondu « l’intérêt général ». Cependant, parmi les raisons de rester, 37 % des agents reconnaissent « la difficulté de changer » , et 35 % « la stabilité de l’emploi » (notamment dans la catégorie C).

Le collectif a eu l’occasion d’évoquer son enquête avec la ministre de la transformation et de la fonction publiques, lundi matin, lors d’une réunion sur un autre sujet. Amélie de Montchalin s’est dite « très concernée », assure Nos services publics. L’étude devait être intégralement transmise au gouvernement.

Benoît Floc’h

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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