Faute de moyens et suite à la fermeture prolongée des urgences ces de la clinique de l’Ormeau, les médecins des urgences et du Samu de l’hôpital de Tarbes menacent de démissionner.

Hôpital de Tarbes : face au manque de moyens, les médecins des urgences et du Samu menacent de tous démissionner 

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Les médecins des urgences et du Samu de l’hôpital de Tarbes estiment aujourd’hui ne plus avoir les moyens d’exercer leur travail correctement, faute d’effectifs suffisants. Ils menacent de démissionner si des engagements ne sont pas pris par la direction de l’hôpital.Publié le 20/09/2021 à 17h57

S'ils n'obtiennent pas des moyens supplémentaires, 32 des 34 médecins des urgences et du Samu de l'hôpital de Tarbes, menacent de démissionner.
S’ils n’obtiennent pas des moyens supplémentaires, 32 des 34 médecins des urgences et du Samu de l’hôpital de Tarbes, menacent de démissionner. • © MaxPPP/PHOTOPQR/LA DEPECHE DU MIDI/LAURENT DARD

Hautes-PyrénéesTarbes

Ils sont tiraillés entre leur mission de service public et leur épuisement. Mais déterminés aussi à se faire entendre. 32 des 34 médecins des urgences et du Samu de l’hôpital de Tarbes menacent aujourd’hui de démissionner en bloc s’ils n’obtiennent pas des moyens supplémentaires.

Une activité accrue des urgences

« La situation sanitaire est complexe dans les Hautes-Pyrénées » explique Stéphane Lère, chef du pôle des urgences de l’hôpital de Tarbes et directeur médical du Samu des Hautes-Pyrénées. « Comme dans beaucoup de départements ruraux, le manque de médecins généralistes se traduit par une activité accrue des urgences. Il y a aussi une suractivité des urgences avec la crise du Covid et un manque de personnel. Il y a un épuisement des équipes. » 

Sans compter la fermeture des urgences de la polyclinique de l’Ormeau, décidée cet été et prolongée en septembre, qui se traduit « par 30 à 40 passages supplémentaires par jour aux urgences de l’hôpital« .

Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens d’assumer toutes nos missions. On les assume, mais mal.

Stéphane Lère, chef du pôle des urgences à l’hôpital de Tarbes

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Manque d’effectifs

Les médecins ont fait les comptes. Il manque aujourd’hui 8 postes de médecins urgentistes à l’hôpitalCette absence est en grande partie due à la conjoncture : il n’y a pas de candidats pour ces postes. Mais elle est aggravée par le manque de personnel paramédical et le manque d’équipements techniques. 

« Comme partout, l’activité des urgences et du 15 augmente de 5% par an mais à moyens humains constants », explique Stéphane Lère. « Nous avons besoin des recruter des auxiliaires de régulation médicale au Samu, des infirmiers, des aides-soignants et des manipulateurs radio aux urgences. Et on a besoin de matériel. Il faudrait par exemple un scanner supplémentaire. Il y en a un seul à l’hôpital de Tarbes, qui sert à la fois aux activités quotidiennes et aux urgences. » 

Un ultimatum

Toutes ces requêtes, les médecins des urgences et du Samu les ont mises par écrit. Dans un courrier adressé le 2 septembre 2021 au directeur de l’hôpital, au directeur de l’Agence Régionale de Santé (ARS), au préfet des Hautes-Pyrénées, au président du Conseil de l’ordre et au président de la Commission médicale du centre hospitalier, ils listent les effectifs et les moyens matériels supplémentaires indispensables pour assurer correctement leur mission. Et fixent un calendrier. Faute de réponse favorable de la part de leur direction, tous les chefs de service démissionneront le 4 octobre prochain. Ensuite, le 1er novembre, tous les médecins des urgences et du 15 démissionneront à leur tour ou demanderont leur mutation. 

Beaucoup de praticiens sont en poste depuis des années. On est très attaché à cet hôpital et c’est très dur d’aller jusque là. C’est un crève-coeur pour nous mais actuellement, on n’a plus d’autre bras de levier, hélas, pour se faire entendre.

Stéphane Lère, chef de pôle du service des urgences de l’hôpital de Tarbes

« C’est un mouvement apolitique, asyndical » souligne-t-il encore. « On tient à ce que nos demandes soient uniquement au bénéfice des patients du département. Mais faute de réponse, on ira jusqu’au bout, quitte à bloquer le système. Il n’y a pas de réponse malgré nos alertes depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ce n’est pas un caprice de notre part ».

Les médecins des urgences et du Samu attendent aujourd’hui un calendrier et des engagements clairs. Une première réunion avec la direction de l’hôpital a eu lieu la semaine dernière, sans résultat. Une autre est prévue le 29 septembre. 

Sollicitée, la direction de l’hôpital n’a pour l’instant pas répondu aux demandes de France 3 Occitanie.

L’ARS « très consciente des difficultés »

De son côté, l’Agence Régionale de Santé se dit « très consciente du problème« . « Nous ne sommes qu’en copie du courrier adressé à la direction de l’hôpital mais on travaille avec elle depuis plusieurs mois pour voir comment on peut avancer sur l’organisation des urgences et ce qu’on peut proposer. Il y a beaucoup de problèmes avancés qui ne peuvent pas se résoudre du jour au lendemain : pour les sous-effectifs dans le médical, nous sommes limités par les ressources et c’est une situation nationale. Ensuite, il y aussi un principe de réalité, la tenue d’un budget. L’enveloppe globale allouée par l’ARS au centre hospitalier est en augmentation ces dernières années et il est demandé à la direction de l’hôpital un effort de rationalisation sur sa répartition« , explique Manon Mordelet, directrice par interim de l’ARS des Hautes-Pyrénées.

« On travaille depuis le mois d’avril sur les difficultés des urgences dans le département » poursuit Manon Mordelet, « le problème d’effectifs est lié à une conjoncture nationale, il y a une réelle dificulté à trouver des effectifs médicaux, c’est le cas partout en France et la crise du Covid a encore aggravé la situation ».

Nous sommes vraiment conscients des difficultés. De mois en mois, on travaille à trouver des solutions. C’est un travail qui prend du temps. L’ARS a déjà beaucoup travaillé avec la direction de l’hôpital et les médecins urgentistes. Des choses vont encore s’écrire. 

Manon Mordelet, directrice par interim de la délégation ARS des Hautes-Pyrénées

Pour tenter de répondre « sur le fond« , l’ARS organise ce jeudi 23 septembre une conférence territoriale de santé à Tarbes. Cette table ronde réunira des élus locaux, les membres de droit du Conseil de santé, la préfecture, des représentants syndicaux et des urgentistes pour débattre de la situation des urgences sur tout le territoire « et trouver des perspectives« .

Tarbes : fermeture des Urgences 24h/24 de la polyclinique de l’Ormeau

La direction de la polyclinique de l’Ormeau à Tarbes a annoncé lundi la fermeture de son service des Urgences 24h/24 en juillet et août. Cette décision a été prise par l’ARS Occitanie afin de privilégier le maintien de celui de Bagnères-de-Bigorre, notamment cet été, d’après la CGT.

Publié le 22/06/2021 à 17h31 •  Mis à jour le 24/06/2021 à 14h02

https://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/hautes-pyrenees/tarbes/tarbes-fermeture-des-urgences-24h-24-de-la-polyclinique-de-l-ormeau-2147998.html

Tarbes - La polyclinique de l'Ormeau comptabiliserait 9.400 passages aux Urgences chaque année. Archives.
Tarbes – La polyclinique de l’Ormeau comptabiliserait 9.400 passages aux Urgences chaque année. Archives. • © Google maps

Hautes-PyrénéesTarbes

La direction de la polyclinique a annoncé ce lundi lors d’un CSE, la fermeture de son service d’urgences 24h/24 en juillet et août. Cette décision a été prise par l’ARS Occitanie afin de privilégier le maintien de celui de Bagnères-de-Bigorre et parce que l’hôpital de Tarbes dispose d’un service d’urgence, d’après la CGT.

« Cette fermeture va engendrer une surcharge d’activité pour les autres établissements, explique Laurence Charroy, secrétaire du syndicat CGT de la polyclinique et membre du CSE. Cela risque d’allonger les files d’attente, les risques d’agression du personnel ». 

« Un risque accru de démissions »

« Le contexte est déjà très tendu, nous avons eu à déplorer une soixantaine de fermetures de lits depuis le mois d’avril à la polyclinique, poursuit-elle. Ces décisions peuvent engendrer des démissions car les gens se découragent. Or c’est déjà extrêmement difficile de recruter ».

La CGT demande aux décideurs, ARS et responsables d’établissements, de renoncer à cette fermeture programmée et de trouver les solutions afin de maintenir l’ensemble des services d’urgence du département des Hautes-Pyrénées.

Une mesure « injustifiable » pour les syndicats

Même position pour le syndicat Sud : « il n’y a pas de lieu où les urgences ne soient pas surchargées dans le département, affirme Daniel Labarre, secrétaire départemental de Sud santé. Pour nous, ce n’est absolument pas entendable« .

La CGT a interpelé l’ARS. Elle estime urgente l’embauche de praticiens hospitaliers et demande à la population de se mobiliser. Un rassemblement devrait avoir lieu devant la polyclinique en milieu de semaine prochaine. « Le but ce n’est pas de dire : qui va fermer ? C’est d’obtenir que tous les services d’urgences soient maintenus », affirme Laurence Charroy.

Une autre rassemblement a d’ailleurs eu lieu à Bagnères-de-Bigorre le 12 juin dernier. Alors que le service  des urgences du centre hospitalier de la ville avait été menacé, plusieurs centaines de personnes ont défilé dans les rues. Depuis, le maintien du service des urgences 24h/24 de Bagnères a été confirmé par l’ARS aux organisations syndicales, sans toutefois leur préciser que ce serait à la polyclinique de l’Ormeau qui ferait les frais de la fermeture pendant l’été.

Sollicitée, l’ARS n’a pas donné suite pour l’heure à notre demande d’explications. 

 

Publié par jscheffer81

Cardiologue ancien chef de service au CH d'Albi et ancien administrateur Ancien membre de Conseil de Faculté Toulouse-Purpan et du bureau de la fédération des internes de région sanitaire Cofondateur de syndicats de praticiens hospitaliers et d'associations sur l'hôpital public et l'accès au soins - Comité de Défense de l'Hopital et de la Santé d'Albi Auteur du pacte écologique pour l'Albigeois en 2007 Candidat aux municipales sur les listes des verts et d'EELV avant 2020 Membre du Collectif Citoyen Albi

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