Covid-19 : la France n’est pas à l’abri d’une quatrième vague cet été
Des modélisations de l’Institut Pasteur montrent qu’une levée trop rapide des restrictions entraînerait un rebond épidémique dès juin, dont l’ampleur serait déterminée par le rythme de vaccination et la contagiosité des variants.
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Plus on s’en rapproche, plus la perspective d’un déconfinement mi-mai semble s’éloigner. Avec toujours près de 6 000 patients hospitalisés en réanimation, et 30 000 nouveaux cas de Covid-19 par jour, la France est dans une situation nettement moins favorable qu’au 11 mai 2020, lors du premier déconfinement (plus de 2 600 patients se trouvaient alors en soins critiques et avec 1 000 à 2 000 contaminations quotidiennes). Et le déploiement de la vaccination ne suffira pas à éviter une nouvelle vague dès l’été si les mesures de restriction sont levées trop vite, comme le révèlent des modélisations de l’Institut Pasteur mises en ligne le 26 avril.
Les scientifiques ont établi différents scénarios de déconfinement d’ici le 1er juillet, en s’appuyant sur ce qui a été observé au cours de l’été 2020 (à ce moment-là, une grande partie des lieux publics avaient rouvert et les déplacements étaient libres). Selon eux, une quatrième vague pourrait s’amorcer dès le mois de juin, si la contagiosité du variant britannique – désormais dominant – reste 60 % supérieure à celle du variant historique. Sa hauteur pourrait même dépasser celle de la troisième vague si la vaccination n’accélère pas et se poursuit au rythme de 350 000 doses par jour.

Analogie avec la situation de l’été 2020
« Si on lève les mesures de freinage de façon plus progressive, le rebond sera décalé à une période où on aura davantage vacciné et où la reprise épidémique sera moins importante », souligne Simon Cauchemez, modélisateur à l’Institut Pasteur et membre du conseil scientifique, en rappelant que le premier déconfinement s’était fait par étapes.
Différents scénarios sont ainsi présentés avec des taux de reproduction du virus – le « R » dans le jargon – compris entre 1 et 1,3 pour la période allant jusqu’au 1er juillet. Une accélération de la vaccination, au rythme de 500 000 injections quotidiennes, permettrait d’aplatir davantage les courbes avec, dans le scénario le plus favorable, un rebond « à peine perceptible ».
L’analogie utilisée par les scientifiques avec la situation de l’été 2020 a cependant des limites. En juillet-août 2020, les écoles étaient fermées, ce qui ne sera a priori pas le cas en mai-juin de cette année. Autre différence : le port du masque devrait rester la règle, ce qui n’était pas le cas il y a un an. Enfin, même si le déconfinement de 2021 devait ressembler à celui de 2020, le comportement des Français ne sera sans doute pas le même, avec le risque que l’envie de « passer à autre chose » l’emporte sur la prudence.
Des éléments difficiles à anticiper
Plusieurs éléments, difficiles à anticiper, jouent aussi dans l’évolution de l’épidémie. D’abord, l’impact du climat : les scientifiques supposent que le virus est moins transmissible l’été, mais sans certitude. Dans l’hypothèse où, pendant l’été, le variant britannique – aujourd’hui dominant – ne serait « que » 40 % plus transmissible, la trajectoire de l’épidémie serait bien plus favorable quel que soit le scénario envisagé, « mais l’effet du climat sur la transmission n’est a priori pas suffisant pour éviter un rebond de l’épidémie », préviennent les auteurs de l’étude.
Ensuite, l’étendue de la vaccination : dans leur scénario, les modélisateurs prennent pour hypothèse un taux d’adhésion à la vaccination de 85 % chez les plus de 65 ans et de 70 % chez les moins de 65 ans, avec un rythme d’administration des doses soutenu tout au long de l’été. Cependant, ces chiffres sont, de l’aveu même des scientifiques, « optimistes ». Selon les derniers résultats de l’enquête CoviPrev menée par Santé publique France, un peu moins de 60 % des Français ont l’intention de se faire vacciner.
Enfin, l’efficacité des mesures de contrôle de l’épidémie qui resteront en place : le calendrier du déconfinement n’a toujours pas été précisé, de même que les restrictions qui pourraient être levées. « Ces courbes ne sont pas des prévisions, elles permettent de comprendre un peu mieux comment les différentes pièces du puzzle s’emboîtent, insiste Simon Cauchemez. La combinaison de ces trois éléments peut donner des scénarios très différents. »

L’émergence de variants
Certains paramètres, encore plus incertains, ont aussi été laissés de côté. Le modèle ne prend ainsi pas en compte l’émergence de variants – brésilien et sud-africain notamment – pour lesquels l’efficacité du vaccin pourrait être plus limitée. Et il prend pour hypothèse que les personnes infectées par le SARS-CoV-2 sont protégées contre une réinfection.
Selon d’autres travaux de l’Institut Pasteur, en moyenne un Français sur cinq a été infecté par le virus, avec d’importants écarts d’une région à l’autre : de 8 % en Bretagne à 40 % en Ile-de-France, avec des valeurs autour de 25 % pour les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-Est et Hauts-de-France, et autour de 30 % en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Des modélisations publiées début avril montraient qu’un relâchement total des mesures de restriction ne serait possible que si 90 % de la population adulte était vaccinée d’ici le 1er septembre. « Ces niveaux élevés s’expliquent par le fait que si seuls les adultes sont vaccinés, une épidémie importante est malgré tout attendue chez les enfants, contribuant à l’infection des parents et des grands-parents non protégés », expliquaient les auteurs de l’étude.
Pour parvenir à vacciner l’ensemble de la population adulte d’ici à août, il faudrait, selon le site CovidTracker, injecter plus de 590 000 doses par jour, contre un peu plus de 350 000 en moyenne actuellement. Avec une moindre proportion de la population vaccinée, des mesures de freinage resteraient indispensables pour contrôler l’épidémie, et éviter une nouvelle vague d’hospitalisations à l’automne.
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« Prématuré », « précipité », « risqué » : le déconfinement suscite critiques et inquiétudes à l’hôpital
Réanimateurs et urgentistes estiment que la situation sanitaire actuelle n’est pas compatible avec une levée des restrictions qui fait courir le risque d’une « quatrième vague ».
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« Prématuré », « précipité », « risqué »… le déconfinement dessiné, jeudi 29 avril, par Emmanuel Macron suscite critiques, inquiétudes et mises en garde dans le milieu hospitalier et en particulier chez les soignants, qui sont en première ligne depuis le début de l’épidémie de Covid-19.
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« Ce déconfinement prématuré et accéléré va très clairement compliquer la gestion de la crise sanitaire et faire courir le risque d’une quatrième vague à l’automne, alerte Djillali Annane, le président du Syndicat des médecins réanimateurs (SMR).Notre système sanitaire ne sera pas en mesure de tenir si la situation sanitaire ne s’améliore pas dans le mois qui vient. Or, permettre à tout le monde de pouvoir circuler à partir du 3 mai ne va très certainement pas freiner les contaminations, bien au contraire. »
« Gare à la précipitation », met en garde également la Fédération hospitalière de France (FHF). « Déconfiner est une perspective que tous les Français attendent avec impatience mais encore faut-il ne pas fuir la réalité, très inquiétante dans les hôpitaux publics, et déconfiner quand la situation sanitaire le permettra réellement », estime son président, Frédéric Valletoux. Or, rappellent tous les professionnels de santé, les indicateurs sont loin d’être au vert à la veille de ce déconfinement, et bien moins bons qu’avant le premier, en mai 2020.
Le nombre de nouveaux cas positifs était encore de plus de 26 500 dans les dernières vingt-quatre heures : très supérieur à l’objectif des 5 000 cas quotidiens fixé à l’automne 2020, mais jamais atteint. Le nombre de patients en réanimation stagne quant à lui autour de 6 000 depuis deux semaines, soit le double de l’objectif fixé par le chef de l’Etat fin 2020 et de la situation au moment du premier confinement. Le taux d’incidence reste également très élevé : supérieur à 300 pour 100 000 habitants et au-delà de 400 à Paris, et même de 500 en Seine-Saint-Denis.
« Il est très risqué de déconfiner maintenant dans une région comme l’Ile-de-France », estime le professeur Annane, chef du service de réanimation à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine). Tant qu’on ne redescendra pas sous les 8 000 voire 5 000 contaminations par jour, la tension en “réa” restera très élevée. Dans mon service, on ne fait que du Covid, et on refuse des patients tous les jours. »
Le représentant des réanimateurs craint aussi qu’en desserrant trop vite l’étau des restrictions le gouvernement ne précipite l’arrivée en France de variants comme celui venu d’Inde, dont un premier cas a été détecté le 29 avril dans le Lot-et-Garonne et deux autres dans les Bouches-du-Rhône. « On veut faire comme le Royaume-Uni et Israël mais ils ont déconfiné beaucoup plus lentement et avec des niveaux d’incidence nettement plus bas », rappelle le patron du SMR.
Retard dans la vaccination
Ces deux pays étaient aussi bien plus avancés sur le plan de la vaccination. Pour la FHF, « il est urgent de renforcer et de consolider la stratégie vaccinale » pour atténuer la pression hospitalière, avant d’envisager une « levée progressive des mesures de restriction ». Aussi demande-t-elle au gouvernement d’ouvrir sans attendre la vaccination à toute la population.
« La question n’est pas le confinement, dont les effets ont finalement été assez limités, mais comment on rattrape notre retard en termes de vaccination, la meilleure arme, avec des mesures barrières efficaces, pour lutter contre l’épidémie, estime Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et urgentiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny. Tant qu’on reste au rythme actuel, ce sont des personnes en plus en réanimation et des morts en plus. »
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M. Prudhomme, également membre de la CGT-Santé, dénonce une « stratégie complètement incohérente ». Il en veut pour exemple le cas des écoles : « Avant de rouvrir, il aurait d’abord fallu vacciner les enseignants et les personnels. » Pour l’urgentiste, le chef de l’Etat n’est pas le seul en cause : « Les dirigeants européens portent une lourde responsabilité dans leur incapacité à se coordonner pour que les laboratoires pharmaceutiques produisent en masse et au meilleur coût. »
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« Ne pas confondre vitesse et précipitation » : la FHF inquiète des modalités de déconfinement
Par Marion Jort le 30-04-2021

Alors qu’Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes du déconfinement de la France dans la presse quotidienne régionale jeudi 29 avril, la Fédération hospitalière de France alerte sur les conséquences graves d’une sortie de crise trop rapide. Elle appelle à renforcer la stratégie vaccinale et de dépistage pour préserver les services hospitaliers.
Si les Français se sont réjouis des annonces de déconfinement présentées jeudi 29 avril par Emmanuel Macron dans la presse quotidienne régionale, la Fédération hospitalière de France (FHF) alerte, elle, sur des conséquences graves d’une sortie de crise mal anticipée. Dans un communiqué, Frédéric Valletoux, son président, rappelle que le nombre de décès journaliers dus au Covid “oscille entre 200 et 400” et que près de 6.000 patients sont encore en réanimation.
Ainsi, afin de “rendre palpable la perspective d’une levée progressive des mesures de restrictions », la fédération plaide pour un renforcement massif de la stratégie vaccinale. Elle demande, en ce sens, que la vaccination soit d’abord ouverte “à tous ceux qui le souhaitent”, “tout en mettant en place un dispositif renforcé pour accompagner les personnes âgées ou à risque non encore vaccinées”.
En complément, la FHF demande également à mettre en place des schémas territoriaux de vaccination, afin de “prévenir tout risque de ralentissement de la campagne vaccinale cet été”. Elle considère, en effet, qu’il faut anticiper les congés des professionnels de santé “qui risquent d’être contaminants”. Il faudrait donc, selon elle, planifier les congés de chaque vaccinateur sur chaque territoire de manière à ce que la vaccination ne soit pas perturbée. Variant « indien » : ce que l’on sait
Tester-tracer-isoler
Enfin, la FHF alerte sur une baisse importante du nombre de dépistages effectués en France, alors que la présence des variants se renforce sur le territoire. Cela met en danger “l’exercice de prévision et d’anticipation des capacités hospitalières nécessaires au traitement des malades”, écrit Frédéric Valletoux, qui préconise donc faire de la pédagogie et que la stratégie nationale “tester-alerter-isoler” fasse l’objet d’une évaluation “au regard de l’assouplissement des restrictions”.
“Le Gouvernement prépare le déconfinement et multiplie les interventions sur ce sujet. Déconfiner est une perspective que tous les Français attendent avec impatience, encore faut-il ne pas fuir la réalité, très inquiétante dans les hôpitaux publics, et déconfiner quand la situation sanitaire le permettra réellement. Pour réussir la sortie de crise, le pays doit renforcer et consolider sa stratégie vaccinale”, conclut le président de la FHF.
Covid-19 : à l’approche du déconfinement, les indicateurs épidémiologiques toujours dans le rouge
Près de 6 000 personnes sont toujours hospitalisées en réanimation, contre 2 000 lors du déconfinement de mai 2020.
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Le plan de déconfinement annoncé jeudi 29 avril par le président de la République est à l’image de la situation épidémique : très incertain. Dans un entretien accordé à plusieurs titres de la presse quotidienne régionale, Emmanuel Macron s’est engagé à autoriser dès le 19 mai la réouverture des terrasses de café, les musées et les salles de spectacle, tout en décalant le couvre-feu à 21 heures. Mais la levée des restrictions pourra être retardée en cas de « situation sanitaire départementale dégradée », a-t-il mis en garde.
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Près d’un mois après le début du troisième confinement, les indicateurs épidémiologiques sont pourtant encore tous dans le rouge. Au niveau national, le taux d’incidence du Covid-19 dépasse les 300 cas par semaine pour 100 000 habitants, bien au-delà du seuil d’alerte, à 50 cas pour 100 000, et du point bas atteint après le deuxième confinement, à 100 cas pour 100 000. A deux semaines du début du déconfinement, près de 6 000 personnes sont toujours hospitalisées en réanimation, et Santé publique France a comptabilisé la semaine dernière en moyenne 30 000 nouvelles contaminations par jour.
Lors de son adresse au Français le 24 novembre 2020, le président de la République s’était fixé comme objectif d’atteindre 5 000 contaminations par jour et environ 2 500 à 3 000 personnes en réanimation pour sortir du deuxième confinement mi-décembre. Le premier objectif n’a jamais été atteint, et les mesures de freinage ont été levées alors qu’on comptabilisait encore près de 20 000 cas par jour. Le 11 mai, à l’issue du premier confinement, les scientifiques estiment qu’il y avait entre 1 000 et 2 000 contaminations quotidiennes, et dès le 18 mai 2020, le nombre de patients en réanimation était passé sous le seuil de 2 000.
Des portes de sorties
« Même si le confinement était prolongé, cet objectif ne serait pas atteint avant le début du mois de juillet, et mi-juin 3 000 patients seraient encore hospitalisés en soins critiques », estime Mircea Sofonea, épidémiologiste à l’université de Montpellier. Le calendrier version 2021 n’a donc rien à voir avec celui de 2020. « Ces niveaux d’incidence et d’occupation hospitalière n’auraient jamais donné lieu à un tel optimisme dans le calendrier », poursuit le chercheur, en rappelant que les mesures sont levées bien plus rapidement que l’an passé.
Les restrictions de déplacements prendront fin dès le 3 mai, alors qu’il y a un an, la limite était de 100 kilomètres autour du domicile. Et les élèves de primaires sont retournés en cours dès le 26 avril alors qu’il avait fallu, en 2020, attendre le 22 juin pour que les écoles accueillent de nouveau tous les élèves. « La décrue va être bien plus lente dans les services sous tension, ce qui retarde aussi la prise en charge des autres pathologies », regrette le scientifique, selon qui nous sommes« dans une forme d’impasse ».
Dans ce contexte, tous les espoirs portent sur la vaccination, mais au rythme actuel, l’immunité collective ne pourra pas être atteinte avant plusieurs mois. Au 27 avril, 27,7 % des Français de plus de 18 ans avaient reçu une dose de vaccin et 11,6 % étaient complètement vaccinés. Selon le site CovidTracker qui analyse les données du ministère de la santé pour vacciner l’ensemble de la population adulte (52 millions de personnes) d’ici à août 2021, il faudrait injecter plus de 593 000 doses chaque jour contre en moyenne 350 000 actuellement.
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Pour limiter le risque de quatrième vague sans revenir sur ses promesses, le chef de l’Etat s’est cependant ménagé quelques portes de sorties. « Nous pourrons actionner des “freins d’urgence” sanitaires dans les territoires où le virus circulerait trop », a-t-il expliqué, en précisant qu’« ils s’appliqueront dans une métropole ou un département en fonction de trois critères : le taux d’incidence qui dépasserait à nouveau 400 infections pour 100 000 habitants, une augmentation très brutale de ce taux et une menace de saturation des services de réanimation ».
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A ce jour, l’incidence dépasse les 400 cas pour 100 000 habitants dans huit départements : Paris, la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne, la Seine-et-Marne, l’Oise, le Val-d’Oise, l’Essonne et les Bouches-du-Rhône. Elle est en revanche en dessous de 100 dans le Finistère, les Landes et le Gers. Une déclinaison des mesures à la carte permettra de voir l’impact du relâchement sur l’incidence. « Cela permettra de rectifier le tir si besoin », indique Mircea Sofonea, en précisant que les scientifiques ne disposent toujours pas de données sur l’efficacité des différentes mesures car elles ont été combinées entre elles de façons différentes tout au long de l’année écoulée.
« La population est exténuée par un an de mesures »
Il existe aussi des incertitudes sur la façon dont les Français vont s’approprier et respecter les restrictions qui resteront en place jusqu’au 30 juin. « La population est exténuée par un an de mesures, et le risque d’écart et de plus en plus fort », souligne Pascal Crépey, épidémiologiste à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). Selon lui, il peut être préférable à ce stade de permettre aux gens de se retrouver autour d’un café en terrasse plutôt que chez les uns et les autres dans des espaces confinés.
Si en avril 2020, Emmanuel Macron avait promis le retour des « jours heureux », il se montre aujourd’hui plus mesuré. « Est-ce que je peux vous dire, les yeux dans les yeux, qu’on ne sera plus jamais débordés par ce virus ? C’est impossible », reconnaît-il. « Il semble que les vaccins dont nous disposons sont efficaces face aux variants, mais vous voyez bien que nous en découvrons de nouvelles formes chaque semaine », poursuit le chef de l’Etat, en appelant à rester vigilant.
Les dernières données de surveillance génomique – enquête « flash 7 » – publiées par Santé publique France, le 29 avril, révèlent que le variant britannique représente près de 90 % des échantillons séquencés. Le variant brésilien représente toujours moins de 1 % des cas, et le variant sud-africain un peu moins de 4 %, soit deux fois moins que lors de l’enquête « flash 6 », mais ces résultats ne sont pas définitifs.
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Les caractéristiques de ces variants sont encore mal connues, faute de données épidémiologiques solides. « Elles dépendent beaucoup de la qualité du système de surveillance. Quand les hôpitaux débordent, est-ce parce que le virus est plus contagieux et qu’il y a plus de cas ou parce qu’il entraîne plus de formes graves ? C’est difficile à distinguer », souligne Pascal Crépey. Le risque que ces variants échappent à l’immunité acquise par le vaccin est lui aussi difficile à quantifier, car les résultats des études in vitro ne permettent pas de conclure. Autant d’inconnues à prendre en compte dans la complexe équation du déconfinement.
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